Réunissant près de 6 000 enfants, le Festival international de cinéma d’animation de Meknès a été, une fois de plus, un succès. Retour sur un événement très animé, avec la Russie à l’honneur.
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Il fait beau ce matin-là dans les jardins de l’Institut français de Meknès. L’ambiance est détendue, les ateliers sont ouverts au public, certains viennent en « touriste » alors que d’autres arrivent à l’heure, prennent place et écoutent assidûment les intervenants, se prenant au jeu des questions.
Le programme du festival est chargé : master class, ateliers de formation, rencontres avec les artistes… pas le temps de s’ennuyer, juste celui de choisir une activité. Le déjeuner est servi sous une tente où on prend place au hasard des chaises vides, créant ainsi des rencontres impromptues et des discussions inopinées autour du festival.
Le réalisateur Alexey Alexeev discute avec de jeunes étudiants de technique 3D, pendant que Mohamed Beyoud, le directeur artistique du Festival international de cinéma d’animation de Meknès (FICAM), tente de rassembler les petits pour les projections ; Yan Volsy, metteur en son de films d’animation et Samuel Guillaume, un réalisateur suisse, racontent leur parcours à des professionnels présents.
Professionnels et amateurs partagent leurs expériences, leurs aventures et échangent des conseils judicieux. Il ne manque que le grand maître en la matière et invité d’honneur du festival, Alexandre Petrov, qui a préféré aller visiter la médina ce jour-là .
Un thé à la menthe avec…
17h, cafétéria de l’Institut. C’est autour d’un thé à la menthe servi aux invités et au public qu’Alexis Hunot, journaliste français, reçoit chaque jour un artiste. Pourquoi le thé ? Parce que c’est bien de chez nous : le thé c’est chaleureux, le thé ça fédère, et le thé ça désaltère.
Le concept était bien trouvé pour une rencontre aussi détendue. D’ailleurs, la théière figure sur l’affiche du festival. Public averti, professionnels, étudiants ou simples badauds, tout le monde est invité dans cet espace entièrement ouvert et en plein air.
L’ambiance est décontractée, certains prennent des notes, d’autres dessinent. L’assistance participe à la conversation avec l’invité du jour, lui posant des questions sur son parcours, ses techniques et ses méthodes de travail, rebondissant par moment sur ses propos.
Pour clore ces rencontres en beauté, la dernière est consacrée au grand maître du cinéma d’animation, accueilli en grande pompe par l’assistance. Le « meilleur pour la fin », comme l’a souligné Alexis, qui reçoit le grand Alexandre Petrov.
Malgré un français approximatif, il tente d’écouter toutes les questions le plus attentivement possible, pour y répondre le plus simplement, créant ainsi une interaction avec le public, venu nombreux ce jour-là .
Il raconte comment son stage en Arménie, après ses études, l’a sensibilisé au cinéma d’animation ou encore il confie son rapport à la réalisation. Il explique qu’il est incapable d’écrire un film, il préfère réaliser une histoire déjà écrite ; sa seule expérience en « solo » ayant été un désastre d’après lui.
Clap de fin
Mercredi 19h. Grand moment d’émotion, de joie et de rire pour cette dernière soirée qui fait salle comble. Petits et grands prennent place dans le théâtre de l’Institut ; on retrouve les réalisateurs, les producteurs, les organisateurs, les étudiants et même les enfants tout excités, accompagnés de leurs parents.
La cérémonie commence par des remerciements, puis est suivie par la diffusion de la bande-annonce du festival, réalisée par les étudiants marocains. Enfin, un making-of du festival, concocté par la chaîne de télévision publique 2M, vient faire réagir toute l’assistance. Voilà pour l’introduction.
Place au vif du sujet, le palmarès de la 11e édition du FICAM tombe : du prix du meilleur court métrage d’étudiants à la mention spéciale du jury, six récompenses ont été distribuées, dont celle qui a suscité une vive émotion dans la salle, le prix du court métrage africain.
Et pour cause, c’est le Maroc qui a été récompensé pour Pitaya*, réalisé par trois jeunes du Studio M de Casablanca. Adil Qarchi, Yassine Eddarif et Toufik Abdedaim, voilà trois noms qu’on retiendra dans le monde du cinéma d’animation marocain.
Fraîchement diplômés, les trois compères ont présenté au FICAM leur court métrage réalisé dans le cadre d’un projet de fin d’études. Présents dans la salle ce soir-là , les trois camarades ont sauté de joie à l’annonce de leur prix. Ce film, qui raconte une course poursuite dans une ville imaginaire mélangeant XVIIIe siècle et époque andalouse, se termine en happy end.
Il a été ovationné par le public, provoquant rires, réactions et émotion chez les jeunes et les moins jeunes. Désireux de continuer à travailler ensemble, nos trois acolytes veulent tenter de convaincre les boîtes de production ou les chaînes publiques de leur permettre de réaliser des films d’animation.
Enfin, Jacques Cambra, compositeur de musique pour films d’animation, nous sert un petit cadeau musical pour clore le festival. Avec de jeunes musiciens du conservatoire de musique de Meknès, ils ont composé et répété deux morceaux de musique de film pendant cinq jours, qu’ils ont présenté ce soir-là .
Le compositeur a raconté l’exploit réalisé en un temps record, celui du festival, et dont le résultat était très satisfaisant. Standing ovation pour le clap de fin. Et rendez-vous l’année prochaine pour de nouvelles aventures animées.
Zineb Bennouna
* Court métrage disponible sur Internet.
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