Attendu par la scĂšne internationale et marocaine, le festival Mawazine Rythmes du monde entend fĂȘter dignement son 10e anniversaire. Rendez-vous du 20 au 28 mai Ă Rabat.
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Fin des rumeurs. Place Ă lâinformation. Concerts, spectacles de rue, crĂ©ations originales, ateliers, exposition⊠la dixiĂšme Ă©dition du festival Mawazine rĂ©serve de belles surprises ââde Shakira Ă Joe Cocker, de Lionel Richie Ă Quincy Jones, de Kadem Saher Ă Saber RobaĂŻ en passant par Abdelwahab Doukkali, Jannat ou Hasna Zalaghââ Ă tous les passionnĂ©s de musique qui seront bel et bien au rendez-vous annuel de Rabat.
Les responsables de Maroc Cultures ont pu, un temps, sâinterroger sur lâopportunitĂ© du maintien de la traditionnelle confĂ©rence de presse de prĂ©sentation, en raison de la campagne dâhostilitĂ© lancĂ©e depuis quelques semaines par une partie du Mouvement du 20 fĂ©vrier et par la nĂ©buleuse gaucho-islamiste qui sâefforce de surfer sur le vent de contestation en cours (lire aussi lâĂ©dito en page 3 et lâencadrĂ© ci-contre).
Interrogation heureusement balayĂ©e alors mĂȘme que lâassociation organisatrice du festival avait de longue date prĂ©vu de consacrer, cette annĂ©e, une part importante de sa communication Ă la prĂ©sentation dâun business model dĂ©sormais Ă©prouvĂ©.
En dĂ©pit des turbulences environnantes, Mawazine reste fidĂšle Ă sa vocation et Ă ses ambitionsâ: permettre au plus grand nombre ââ98% des spectateurs bĂ©nĂ©ficient dâun accĂšs gratuit aux concertsââ dâassister Ă un grand festival international, servi par une qualitĂ©, une programmation et un niveau technique au plus haut des standards internationaux.
Un festival portĂ© par des valeurs universelles de diversitĂ© culturelle, de partage et dâĂ©change, de tolĂ©rance et dâouverture.
A la veille de sa dixiĂšme Ă©dition, Mawazine peut sâenorgueillir dâun bilan exceptionnel qui a vu la participation de quelque 6â600 artistes venus de 60 pays diffĂ©rents au bĂ©nĂ©fice de prĂšs de sept millions de spectateurs au cĆur de la capitale, et plus de 70 millions de tĂ©lĂ©spectateurs Ă travers le monde.
Un bilan qui ne serait pas sans lâadhĂ©sion et la participation de sponsors privĂ©s qui voient lĂ , en sâassociant Ă un plateau dâartistes reconnus sur la scĂšne internationale, une opportunitĂ© de communication Ă©vĂ©nementielle unique.
Elargir son champ de recettes
Reste que le business model, qui fait lâobjet dâun dĂ©bat nĂ©cessaire, a singuliĂšrement Ă©voluĂ©.
EntiĂšrement financĂ© Ă ses dĂ©buts par les subventions publiques et les sponsors privĂ©s lorsque son budget Ă©tait de lâordre de 3 Ă 15 millions de dirhams, Mawazine ââdont le budget avoisine aujourdâhui les 63 millions de dirhamsââ a rapidement cherchĂ© Ă Ă©largir son champ de recettes en travaillant activement sur la billetterie, mais surtout sur des «ârevenus variablesâ»â: packs, produits dĂ©rivĂ©s, loges, etc.
Ainsi, le nouveau modÚle économique permet-il depuis 2008 de voir la part des subventions publiques (9%) et des sponsors (34%) diminuer proportionnellement de façon significative, au profit de recettes en provenance des revenus variables (57%).
Une partie variable qui a, selon le directeur financier du festival, vocation à monter à quelque 80% dans les meilleurs délais. Voire, selon Aziz Daki, à un quasi-autofinancement, grùce à de nouvelle sources de recettes.
«âChaque annĂ©e, nous testons de nouvelles idĂ©es, relĂšve le directeur de la programmation. Cette annĂ©e, nous allons notamment crĂ©er un village au cĆur de Mawazine, dĂ©diĂ© Ă la restauration.â»
Le maintien de la subvention publique de 4 millions de dirhams en provenance de la ville de Rabat a par ailleurs pu, un instant, faire débat au sein des responsables de Maroc Cultures.
ContestĂ©e par la rue, cette subvention qui demeure inchangĂ©e depuis des annĂ©es, cristallise chez certains la «âdilapidationâ» des biens publics. Sâen passer en 2011 aurait Ă©tĂ© possible.
Il sâest mĂȘme trouvĂ© un ministre proche de la jeunesse pour rĂ©clamer sa suppression et ainsi Ă©vacuer un facteur de contestation. Y renoncer sous la pression ââalors mĂȘme quâil sâagit lĂ dâune donne Ă©conomique partagĂ©e par tous les organisateurs de spectacles vivants Ă travers le mondeââ aurait pourtant constituĂ© un aveu de faiblesse, Ă tout le moins de gĂȘne.
Mais surtout, un tel renoncement aurait Ă©tabli une jurisprudence risquĂ©e Ă lâĂ©gard de tous les autres festivals, et particuliĂšrement ceux qui ont un cruel besoin de subventions publiques pour exister.
Clip avec Quincy Jones
Rabat aura donc lâoccasion de vibrer Ă nouveau au(x) rythme(s) du monde. De ses musiques et de ses artistes.
Pour son dixiĂšme anniversaire, et Ă lâinitiative de Maroc Cultures, une rencontre autour de lâespoir et de la paix rĂ©unira Quincy Jones et le producteur marocain Nadir Kayat, alias RedOne, pour la crĂ©ation dâune chanson.
Boukra, câest son titre, fera lâobjet dâun clip, et sera interprĂ©tĂ©e par de nombreux chanteurs et chanteuses venus de lâensemble des pays arabes. Les recettes issues de la vente de lâalbum et du clip seront reversĂ©es Ă des associations de protection de lâenfance dans les pays arabes.
actuel, partenaire mĂ©dia de Mawazine, aura naturellement lâoccasion de revenir dans ses toutes prochaines Ă©ditions sur la programmation et les multiples initiatives musicales de lâĂ©dition 2011.
Yanis Bouhdou
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