C’est sa programmation artistique qui fonde le prestige du FIFM. Pour son dixième anniversaire, et plus que jamais, la qualité est au rendez-vous.
***
Pour l’ouverture du festival, Henry’s crime réalisé par Malcolm Venville est un film original qui commence comme un thriller et finit en comédie romantique. Keanu Reeves, qui sera présent lors de la projection, incarne dans le rôle d’Henry un homme tranquille qui somnole dans une vie sans surprise. Quand il se retrouve par hasard sur les lieux d’un vol à main armée, il est embarqué par la police qui le prend pour l’un des voleurs et se retrouve derrière les barreaux. Heureusement, son compagnon de cellule est Max (James Caan), un criminel de carrière qui enseigne à Henry une chose ou deux sur l’art du crime. Henry et Max finissent même par décider de dévaliser une banque à leur sortie de prison. Et la meilleure façon d’accéder au coffre est de creuser un tunnel à partir d’un ancien théâtre. Mais le théâtre est occupé par une petite troupe qui répète une pièce de Tchekhov. Henry doit alors trouver le moyen de faire partie du casting en courtisant July…
Â
A voir ou Ă revoir
Ce sera aussi l’occasion de voir ou de revoir Subway, le film de Besson. Ou encore de découvrir le film de Nicole Garcia, Un balcon sur la mer, avec Jean Dujardin. Tourné à Casablanca, il s’agit d’un « thriller des sentiments ; un film sur la mémoire, les blessures de l’enfance », explique la réalisatrice. « Cette histoire aurait pu se passer ailleurs qu’en Algérie, poursuit-elle dans une interview, mais, je suis née à Oran et c’était intéressant d’y situer l’action du film. Et puis, c’était l’occasion de parler de cette partie de l’Histoire. C’était un fil conducteur intéressant, car le personnage a été arraché enfant à cette terre qui prête aux traumatismes, au chaos... » L’hommage rendu à Kiyoshi Kurosawa est un événement à ne pas rater. C’est Cure, réalisé en 1997, qui lance le cinéaste. Sa réputation gagne l’Occident avec des projections remarquées dans plusieurs festivals, puis avec la sortie française du film en novembre 1999. Charisma et Kaïro, qui suivront peu après, seront des succès. En 2003, son Jellyfish est présenté en compétition officielle au Festival de Cannes et en 2006, Jim Sonzero réalise Pulse, un remake de Kaïro. Enfin l’hommage au cinéma français permettra de voir défiler plus de 40 vedettes sur le tapis rouge du Palais des congrès, avec à leur tête Costa-Gavras, Catherine Deneuve et Sophie Marceau, et de revoir quelques œuvres majeures du septième art.
Bahaa Trabelsi
Â
Talal Selhami, réalisateur « La nomination, un prix en soi »
Mirages est le seul film marocain présent à la compétition officielle du FIFM. Entretien avec le cinéaste à qui on doit cette production fantastique.
Votre film est bien le seul long métrage à être en compétition cette année dans le cadre du FIFM. Quelle en est l’histoire ?
Cinq personnes aux profils très différents se retrouvent en compétition pour décrocher un emploi prestigieux à la Matsuika, une multinationale s’installant au Maroc. Après un entretien avec le PDG, les candidats se voient proposer une ultime épreuve pour déterminer le gagnant dans un lieu tenu secret. Ils acceptent et embarquent à bord d’un minibus dépourvu de vitres.
Après des heures de route, le véhicule a un accident et les candidats se retrouvent prisonniers de la carcasse de métal. Ils réussissent à en sortir en unissant leurs forces mais découvrent qu’ils sont en plein milieu du désert et que le chauffeur a disparu. Ne sachant si l’accident est réel ou si l’épreuve commence, les candidats vont errer dans le désert à la recherche d’indices et seront confrontés à des mirages les renvoyant à leurs peurs les plus profondes…
Â
Ça ressemble un peu à Lost
C’est la première fois qu’on me le dit, mais pourquoi pas. En tout cas, c’est un mélange entre aventure fantastique et thriller.
Â
Il paraît qu’il était destiné à être un téléfilm au départ ?
En effet, au début il devait s’inscrire dans une lignée de plusieurs projets de téléfilms, mais avec Nabil Ayouch (ndlr : Ali n’ Productions), on s’est engagé sur un long-métrage avec tout ce qu'il comporte comme investissements et critères.
Â
Il s’agit bien d’une coproduction ?
Oui en effet, c’est une production de Ali n’ Productions et la SNRT, en coproduction avec Wallpaper Productions. Ils nous ont donné les moyens de réussir un bon produit, car moi en tant que réalisateur je ne peux absolument pas avancer sans l’appui de mes producteurs.
Â
Comment avez-vous accueilli la nomination du film pour la compétition officielle du FIFM ?
C’est une formidable surprise, du pain bénit ! Le meilleur moyen pour nous de lancer le film au Maroc. Quand je l’ai su, le film était encore en postproduction. On a dû travailler dur pour envoyer une copie pour le festival, et puis assister à la concrétisation de presque deux ans de travail. Pour nous, cette nomination est une distinction en soi. Si ensuite un des acteurs remporte un prix, ça ne sera que du bonheur.
Â
Qu’est-ce qu’il y a après Mirages ?
Je travaille sur le projet d’un nouveau long-métrage, Oasis, un film d’action qui se passe dans le désert. Dans ma vision des choses, il est vital de réconcilier le Marocain avec un cinéma populaire de divertissement mais de bonne qualité. Aujourd’hui, je pense qu’il y a beaucoup de cinéastes qui voient les choses de la même manière que moi comme Yassine Fenan par exemple. Avec Oasis, le but est de proposer un cinéma social, populaire et intelligent.
Â
Quand ce public pourra-t-il justement découvrir votre film dans les salles ?
On travaille sur la distribution pour faire en sorte qu’il puisse être dans les salles avant l’été prochain. Mais en attendant, on va voir comment ça va se passer à Marrakech. On espère qu’il sera porté par d’autres festivals également.
Propos recueillis par Meriama Moutik |