Questions à Laurent Nègre, Réalisateur de Fragile et d’Opération Casablanca.
« Ce film est une sorte de pont entre Casa, Genève et…Tokyo »
Votre premier long-métrage était un drame, le passage à la comédie n’a pas été trop abrupt ?
L’argument d’Opération Casablanca précède Fragile. Il m’a été difficile à l’époque de convaincre les partenaires de production de se lancer dans un film comme Opération Casablanca qui est un projet conséquent pour un premier long-métrage.
Avec le recul, je suis content d’être passé par la réalisation de Fragile qui m’a permis d’être plus en confiance dans mon travail. Le passage de l’un à l’autre n’a pas été abrupt : ce qui compte pour un film de ce genre, c’est de bien préparer le terrain et le scénario d’abord, puis de s’entourer de personnes qui partagent la vision du projet.
Avec Tarik Bakhari, cela a été un coup de cœur ?
J’ai eu la chance d’être accompagné, pour le casting, par un complice d’expérience, M. Mostafa Ziraoui, qui a très bien perçu le personnage. J’ai dû voir une quarantaine de comédiens à Casablanca.
Parmi eux, de nombreuses personnes de talent. Quand Tarik est entré dans la pièce, très vite, je me suis senti arriver à bon port. Les deux propositions de scènes étaient interprétées avec une extrême justesse.
Pourquoi cette volonté de tourner en dérision les clichés sur le terrorisme ?
Le cortège de clichés sur le « terrorisme arabe », c’est le triste fardeau d’un cinéma de genre (action, thriller) principalement américain, et qui me gave au plus haut point. Ce cinéma très cher, très républicain, simplifie tout et empêche de prendre du recul vis-à -vis du réel.
Ce que peut la comédie par rapport aux sujets difficiles, c’est amener un décalage vis-à -vis des clichés pour permettre au spectateur de réfléchir, et de décompresser.
On peut lire sur votre site : « La comédie est pour moi une planche de salut dans un monde qui devient chaque jour un peu plus absurde. » Le rire est une panacée ?
La panacée je ne sais pas, mais un remède homéopathique sûrement ! A prescrire d’urgence. Nuit et jour !
A travers les répliques, on a l’impression que vous maîtrisez la darija...
Maîtriser la darija, j’aimerais tellement ! Sur la base du scénario, on a pu prendre le temps avec Tarik et d’autres comédiens et intervenants, de réfléchir, de transformer des concepts, des gags en dialogues solides et réalistes vis-à -vis du personnage de Saâdi.
Pourquoi avoir choisi Casablanca pour une première mondiale ?
Avec Dan Wechsler, le producteur, on en a rêvé comme d’un pari surréaliste. Aujourd’hui, grâce aux efforts et au coup de cœur du distributeur marocain, Mégarama, ce pari est relevé et j’en suis très heureux. Je crois que ce film a du sens ici, aujourd’hui, comme une sorte de grand pont entre Casa, Genève et…Tokyo.
Propos recueillis par Bahaa Trabelsi |