Casablanca accueille la dix-septiĂšme Ă©dition du SIEL du 11 au 20 fĂ©vrier, lâoccasion de faire le point sur le livre marocain dâexpression française.
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Sept cent vingt exposants originaires de 38 pays et plus de 450â000 visiteursâ! LâĂ©dition 2010 du SIEL (Salon international de lâĂ©dition et du livre) Ă Casablanca avait fait le plein. Un succĂšs phĂ©nomĂ©nal qui nâocculte pas la triste rĂ©alitĂ© dâun secteur balbutiantâŠ
Pourtant la littĂ©rature francophone nâest pas nĂ©e dâhier. Le premier livre marocain dâexpression française date de 1932. MosaĂŻques ternies de Abdelkader Chatt a mĂȘme Ă©tĂ© saluĂ© par lâAcadĂ©mie française.
Ahmed Sefrioui prend la relĂšve, mais câest Le passĂ© simple de Driss Chraibi, publiĂ© en 1954, qui inaugure rĂ©ellement ce genre littĂ©raire. Tahar Benjelloun, dĂšs les annĂ©esââ70, confirme la tendance, avant de devenir le premier Marocain prix Goncourt.
Et Ă la fin des annĂ©esâ80, lâĂ©dition au Maroc commence Ă publier des auteurs marocains dâexpression française, mais avec prĂ©caution et en nombre limitĂ©. Ă titre dâexemple, et pour mieux comprendre, examinons des chiffres Ă©loquentsâ: Harry Potter a Ă©tĂ© vendu Ă plus de 400 millions dâexemplaires dans le monde et a Ă©tĂ© traduit en 67âlangues, dâaprĂšs lâagent de J.K. Rowling.
En France, un roman ordinaire bĂ©nĂ©ficie dâun premier tirage dâenviron 3â000 exemplaires. Sâil atteint les 20â000âventes, câest un vrai succĂšsâ; et on parle de best seller Ă partir de 100â000 exemplaires vendus. Mais au Maroc, il nây a mĂȘme pas de rentrĂ©e littĂ©raire ââelle laisse place Ă la rentrĂ©e scolaireââ et les avis des Ă©diteurs divergent quand il sâagit de quantifier un best seller.
Ainsi, les trois plus grandes maisons dâĂ©dition ne placent pas la barre Ă la mĂȘme hauteur. Pour Abdelkader Retnani des Ă©ditions de la CroisĂ©e des chemins, un best seller au Maroc, câest «â3â000 exemplaires vendusâ»â; selon Rachid Chraibi des Ă©ditions Marsam, câest entre 5â000 et 10â000 exemplaires vendusâ; et quant Ă Leila Chaouni des Ă©ditions Le Fennec, elle estime «âquâon ne peut pas parler de best seller si on met trois ans Ă vendre un livre, mĂȘme si câest Ă 10â000 exemplaires. Il faut Ă©valuer la quantitĂ© et la durĂ©eâ».
Câest pourquoi les Ă©crivains marocains francophones prĂ©fĂšrent publier en France. Car ils sont assurĂ©s de bĂ©nĂ©ficier du prestige de certains labels, dâune qualitĂ© de publication garantie par une direction Ă©ditoriale rigoureuse, dâun pourcentage sur le prix de vente en rapport avec le pouvoir dâachat, dâune mĂ©diatisation audiovisuelle, et enfin de toute une politique du livre qui semble absente au Maroc.
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Le manuscrit
Maltraité !
Fouad Laroui, Ă©crivain sĂ©lectionnĂ© au prix Goncourt 2010, et auteur Des dents du topographe, nous livre sa vision du travail dâun (bon) Ă©diteurâ: «âUn Ă©diteur travaille dâabord en amont. Il Ă©pluche les revues littĂ©raires, il essaie de repĂ©rer de nouveaux talents, il sonde tous ceux qui font profession dâĂ©crire (journalistes, universitaires), etc.
ParallĂšlement, il a un comitĂ© de lecture qui lit sĂ©rieusement tous les manuscrits reçus. Une fois un manuscrit retenu, il travaille avec lâauteur, lui fait des remarques pertinentes, lâaccompagne et le met Ă lâaise jusquâĂ la version finale.
Ensuite commence le travail de relations publiquesâ: lâattachĂ© de presse approche les mĂ©dias et les critiques littĂ©raires pour leur signaler la parution de lâouvrage. Inutile de prĂ©ciser quâentre-temps, un contrat a Ă©tĂ© signĂ© avec lâauteur, un Ă -valoir versĂ©, etc.
Et au cours des annĂ©es qui suivent, tous les six mois, lâĂ©diteur adresse Ă lâauteur un relevĂ© fidĂšle des ventes, des cessions de droit, etc., et lui verse ses droits dâauteur. VoilĂ donc ce quâest un vrai Ă©diteur. Avec cette dĂ©finition, vous en connaissez beaucoup au Maroc?â»
La plupart des éditeurs marocains respectent ce circuit. Ils ont tous un comité de lecture, travaillent sur le manuscrit et essaient de le promouvoir au mieux.
Les trois maisons dâĂ©dition citĂ©es plus haut produisent entre trente et quarante ouvrages par anâ: romans, essais, beaux livres, poĂ©sie, thĂ©Ăątre... Toutefois, les Ă©diteurs sâaccordent pour reconnaĂźtre les failles dâun secteur certes pionnier mais surtout dĂ©muni. En amont, le livre ne bĂ©nĂ©ficie que de subventions trop chiches ââdes «âbroutillesâ», aux dires des Ă©diteursââ du ministĂšre de la Cultureâ; et lâambassade de France, depuis quelques annĂ©es, ne dispose plus de budget. Enfin, le mĂ©tier de directeur Ă©ditorial nâexiste pas au Maroc et, en aval, celui de libraire commence Ă peine Ă Ă©merger.
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Le ministĂšre de la Culture
Absent !
Aussi impensable que cela puisse paraĂźtre, le secteur du livre ne dispose dâaucune statistique ni Ă©tude. «âNous avions demandĂ© au ministĂšre de la Culture de rĂ©aliser une Ă©tude sur la production et la distribution du livre, nous explique Leila Chaouni, et cela a peut-ĂȘtre Ă©tĂ© fait quand Mohamed Achaari Ă©tait ministre, mais nous nây avons pas eu accĂšs.
Aujourdâhui, avec Bensalem Himmich, nous nâavons toujours rienâ», poursuit-elle. Il nây a donc pas de chiffres officiels sur la production et la distribution du livre. «âCela nâa jamais Ă©tĂ© fait, le seul indice que nous ayons, câest la bibliothĂšque nationale qui, par le biais du dĂ©pĂŽt lĂ©gal, nous permet de savoir que la production est en progression constante.
Nous Ă©tions Ă 850 titres en 1987 et nous sommes Ă 2â000 titres en 2010â», explique Abdelkader Retnani, qui est non seulement Ă©diteur, mais aussi distributeur de ses ouvrages et prĂ©sident de lâAMPL, lâAssociation marocaine des professionnels du livre.
DâaprĂšs ces derniers, le soutien du ministĂšre de la Culture reste trop limitĂ©, tant en matiĂšre de subventions que de participation aux salons du livre Ă lâĂ©tranger.
Pour recueillir lâavis du ministĂšre, nous avons contactĂ© le dĂ©partement Livre, dirigĂ© par Hassan Nejmi. Nous avons insistĂ©, Ă la limite du harcĂšlement, sans rĂ©sultat.
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La distribution
DĂ©faillante !
Les deux plus gros distributeurs sont Sochepress et la Librairie Nationale. Cette derniĂšre ne diffuse pas de livres marocains. Elle distribue des livres scolaires ainsi que toute la production dâHachette puisquâelle appartient Ă ce groupe qui rĂ©unit plusieurs maisons dâĂ©dition comme Stock, Fayard, Calmann-LĂ©vy, GrassetâŠ).
Sochepress, quant Ă lui, Ă©tait il y a une dizaine dâannĂ©es le distributeur principal. Cependant, au fil du temps, les Ă©diteurs ont prĂ©fĂ©rĂ© se tourner vers de petits distributeurs. Pour Rachid Chraibi des Ă©ditions Marsam, «âSochepress retournait les livres invendus parfois dĂ©chiquetĂ©s et donc invendablesâ».
Mais ce que reprochent tous les Ă©diteurs Ă lâancien monopole, câest lâabsence dâune stratĂ©gie de valorisation et de suivi des livres en collaboration avec les librairies.
Pourtant, Sochepress continue Ă distribuer quelques maisons comme les Ă©ditions pour enfants Yomad, les Ă©ditions Tariq dirigĂ©es par Bichr Bennani, ou encore une nouvelle venue, crĂ©Ă©e en 2010, les Ă©ditions Librairie Porte dâAnfa.
Il rĂ©alise un suivi sur 800 points de vente et propose aux librairies les ouvrages en dĂ©pĂŽt-venteâ; ces derniĂšres nâayant pas Ă les payer si elles ne les vendent pas. «âLes libraires doivent aussi faire leur travail et rĂ©clamer les ouvrages.
Chacun doit assumer sa responsabilitĂ©â», explique Fatim-Zohra Abouchikhi, directrice du dĂ©partement Livre Ă Sochepress. «âNous faisons des sondages pour savoir oĂč se rĂ©alisent la majoritĂ© des ventes pour rĂ©gler notre distribution. Nous accordons des dĂ©lais aux libraires et aprĂšs un mois et demi de dĂ©pĂŽt, nous faisons un premier sondage, puis dâautres, rĂ©guliĂšrement.
Le ramassage final se fait aprĂšs six mois. Les livres sont alors dĂ©posĂ©s dans le rĂ©seau presse pour leur donner une nouvelle chance dâĂȘtre vendus. Quand le taux de vente est trop bas, nous rendons les invendus aux Ă©diteursâ», conclut-elle.
MalgrĂ© cela, certains Ă©diteurs prĂ©fĂšrent distribuer par le biais de petits distributeurs ou par eux-mĂȘmes, comme La CroisĂ©e des chemins. La maison dâĂ©dition diffuse ses titres grĂące Ă son rĂ©seau. «âJe suis Ă lâĂ©coute de tous les libraires et points de vente que jâappelle rĂ©guliĂšrement.
Et quand mes livres sortent un lundi, le vendredi, ils sont dans les librairies de tout le paysâ», explique Abdelkader Retnani. LâĂ©diteur est particuliĂšrement satisfait et optimisteâ: il a passĂ© un accord avec le groupe Virgin Megastore Ă Marrakech pour prĂ©senter ses auteurs au cafĂ© littĂ©raire une fois par mois. «âLa Fnac Ă Casablanca, câest bien aussi, dit-il. Ces groupes vont bousculer le systĂšme par leur professionnalisme.â»
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Libraire
Un métier émergent
Libraire est un métier à part entiÚre qui exige une formation et des compétences. Au Maroc, seule une poignée de librairies est dirigée par des professionnels. Ainsi, le Carrefour des livres à Casablanca a été géré pendant des années par Marie-Louise Belarbi, que tous ceux qui aiment les livres connaissent.
Signatures dâauteurs, communication, prĂ©senceâ: elle assurait son rĂŽle de promoteur du livre avec maestria. Câest Yacine Retnani qui a pris la relĂšve aujourdâhui. Avec un DUT en information et communication option MĂ©tiers du livre et un master en communication et industries culturelles obtenus Ă Paris, il a la formation adĂ©quate.
Mais il ne suffit pas dâĂȘtre formĂ©, il faut aussi ĂȘtre passionnĂ©. Et il lâest. Il faut dire quâil a grandi dans les livres, son pĂšre Ă©tant Ă©diteur et sa mĂšre gĂ©rant le Carrefour des arts. «âAujourdâhui, ce dont nous avons le plus besoin, câest de formation et de passion. Le Carrefour des livres marche bien, son chiffre dâaffaires est en augmentation et cela devrait ĂȘtre le cas de toutes les librairies si le travail Ă©tait pris au sĂ©rieuxâ», explique-t-il. Par travail sĂ©rieux, il entend organisation Ă toute Ă©preuve, promotion des livres et prĂ©sence continue.
Souad Balafrej, elle, dirige la librairie Kalila Wa Dimna Ă Rabat depuis 25 ans. «âLe libraire a un mĂ©tier ambigu. Il vend des livres et de ce fait gĂšre un commerce. Mais il est aussi un acteur de la vie culturelle dâun quartier ou dâune ville. En choisissant parmi les dizaines de livres publiĂ©s chaque mois, en les disposant dans son espace pour en mettre certains en avant, en crĂ©ant une animation autour, en fidĂ©lisant les lecteurs pour les inviter Ă frĂ©quenter un lieu dâĂ©change et de convivialitĂ©, il apporte sa contribution Ă lâanimation culturelle dâune villeâ», explique-t-elle.
A Tanger, la librairie historique des Colonnes, qui appartenait aussi Ă Souad Balafrej, vient dâĂȘtre cĂ©dĂ©e Ă Pierre Berger. Actuellement, câest la librairie Les Insolites, dirigĂ©e par StĂ©phanie Gaou-Bernard, qui a pignon sur rue dans la ville du dĂ©troitâ: 54âm2 dâoriginalitĂ©, un espace bien agencĂ© et le sourire et la disponibilitĂ© de StĂ©phanie.
«âLe libraire se trouve sur une route Ă plusieurs voies. Il doit dĂ©mocratiser le livre, et surtout accepter avec humilitĂ© quâil ne connaĂźt pas tout de ses clients. Dans un pays oĂč une partie de la population est totalement multilingue tandis quâune autre partie, encore plus grande, ne maĂźtrise pas lâĂ©crit, câest assez complexe dâĂȘtre exhaustif.
Il doit donc jongler, faire preuve dâhabiletĂ©, de patience, dâĂ©coute, dâouverture dâespritâ», nous explique-t-elle. «âUn libraire câest aussi la passerelle entre les auteurs, les artistes et le public. On se souvient dâun livre qui nous a sauvĂ©s ou changĂ© notre vie... Câest souvent grĂące Ă une rencontre ou Ă une discussion que lâon est arrivĂ© Ă âârencontrerââ ce livre.â»
Si les libraires ne disposent pas encore dâune association, ils ont nĂ©anmoins rencontrĂ© en janvier le prĂ©sident de lâAILF, (lâAssociation internationale des librairies francophones), Michel Chouiri, pour Ă©tablir un plan de travail.
Ce dernier leur a demandĂ© de crĂ©er une association pour faciliter la mise en rĂ©seau et bĂ©nĂ©ficier de plans de formation. «âCela avance tout doucementâ», dit Yacine Retnani, Ă lâorigine de cette rencontre, mais qui a lâair plutĂŽt sceptique quant Ă la suite des opĂ©rations.
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Les solutions
Communication et professionnalisme !
La communication, dans la bouche de tous, semble ĂȘtre la panacĂ©e. Pour Leila Chaouniâ: «âLâavenir de lâĂ©dition au Maroc passe par la communication et plus particuliĂšrement par lâimplication de lâaudiovisuel dans la promotion du livre.
Le livre devrait ĂȘtre prĂ©sent aux infos, dans les Ă©missions de radioâ», explique-elle. YounĂšs Boumehdi, directeur de Hit Radio, dĂ©diĂ©e Ă la jeunesse et «âĂ 85% musicaleâ», se dit ouvert Ă la promotion du livre si les Ă©diteurs le lui demandent, et gratuitement.
«âNous avons, dans le cadre du Morning, invitĂ© Abdellah TaĂŻa ou Driss Jaidane pour parler de leurs livres. Maintenant, nous nâavons pas de crĂ©neau spĂ©cifique dĂ©diĂ© Ă une Ă©mission littĂ©raire, cela ne correspondrait pas vraiment Ă notre publicâ», explique-t-il.
De son cĂŽtĂ©, 2M a un prix pour la crĂ©ation littĂ©raire, qui en est Ă sa cinquiĂšme Ă©dition cette annĂ©e. Elle avait aussi une Ă©mission littĂ©raire francophone, «âLe temps de lireâ», animĂ©e par Adil Hajji, que peu de gens regardaient Ă cause de lâheure tardive de diffusion (Ă partir de minuit).
Et lâĂ©mission «âArts et lettresâ», animĂ©e par Omar Salim, nâa pas fait long feu. Mais 2M reste optimiste et persiste Ă vouloir crĂ©er des programmes sur le livre. Le directeur de lâantenne de la deuxiĂšme chaĂźne, M. Zrioui, nous a confiĂ© que «â2M Ă©tait en train de mettre en place des concepts dâĂ©mission sur le livre qui devraient voir le jour dâici quelques semainesâ». Hamdoullahâ!
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Et lâavenir ?
Numérique
«âLes mĂ©tiers du livre sont en mutation et appelĂ©s Ă court terme Ă de profonds changementsâ», estime Souad Balafrej. Lâintroduction du numĂ©rique dans la fabrication et dans la vente des livres, lâapparition de supports autres que le papier constituent une rĂ©volution dont on commence Ă peine Ă ressentir lâampleur.
Les pratiques culturelles ont changĂ©, le temps consacrĂ© Ă la lecture a diminuĂ©, laissant place Ă dâautres activitĂ©sâ: ordinateur, tĂ©lĂ©vision, jeux vidĂ©o. Des pans entiers de lâĂ©dition ont cĂ©dĂ© place au numĂ©rique. Les dictionnaires et encyclopĂ©dies ont leur version sur le Net, moins encombrante et surtout moins onĂ©reuse.
Il en est de mĂȘme pour les guides de voyage, pour les ouvrages de mĂ©decine et bientĂŽt sans doute pour les manuels scolaires.« Nous sommes en train de vivre une rĂ©volution aussi importante que celle de lâinvention de lâimprimerie.
Les changements, nous devons nous y adapter. Notre pays qui a connu dans les vingt derniĂšres annĂ©es une Ă©mergence de lâĂ©dition âmoderneâ, ouverte sur les problĂšmes de sociĂ©tĂ© et sur lâactualitĂ© du monde, doit maintenant se prĂ©parer Ă cette grande rĂ©volution du numĂ©rique pour en faire un instrument de dĂ©veloppement et de savoir.
Lâavenir de notre jeunesse en dĂ©pendâ», conclut Souad Balafrej, propriĂ©taire de la librairie Kalila Wa Dimna. Friands de nouvelles technologies, les Marocains sauront-il ajouter du contenu aux nouveaux contenantsâ?
Il faudra pour cela une volontĂ© au plus haut niveau. AprĂšs avoir pĂ©niblement bĂąti une industrie du livre dans le pays, il est temps dâaccĂ©lĂ©rer la mise en Ćuvre dâune nouvelle politique⊠numĂ©rique.
Moha Souag, publié au Maroc, éditions Eddif
On nâest pas toujours obligĂ© de tuer le pĂšre !
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La condition du livre au Maroc est catastrophique. Il y a dâĂ©normes lacunes dans la chaĂźne de production et de distribution du livreâ: si dans un pays de plus de trente millions dâhabitants, on nâarrive pas Ă produire et Ă vendre plus de mille exemplaires, cela ne peut ĂȘtre que le signe dâun sous-dĂ©veloppement culturel flagrant.
Son devenir est entre les mains des responsables politiques. Il est toujours temps de commencer une rĂ©volution pĂ©dagogique en introduisant la lecture Ă tous les niveaux scolaires, et en commençant par les Ă©coles de professeursâ!
Chaque pays a sa politique dâĂ©ditionâ; publier ailleurs dĂ©pend de plusieurs critĂšres que les Ă©ditions Ă©trangĂšres imposent, quâon les accepte ou pas. Publier au Maroc permet une plus grande libertĂ© dâexpression quoi quâon en penseâ! On nâest pas toujours obligĂ© de tuer le pĂšre ou de dĂ©noncer systĂ©matiquement les abus sexuels.
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Fouad Laroui, publié au Seuil, sélectionné pour le prix Goncourt 2010
Mon « Ă©diteur » ne mâa jamais versĂ© un centime !
Cela vous Ă©tonne que tout le monde cherche Ă ĂȘtre publiĂ© Ă Parisâ? Pour mon premier roman, mon Ă©diteur parisien avait fait, Ă ma demande, une coĂ©dition avec un soi-disant «âĂ©diteurâ» casablancais.
Celui-ci nâ a jamais payĂ© les droits de cession (pourtant, il avait signĂ© un contrat...), nâa jamais versĂ© un centime de droits dâauteur, nâa jamais envoyĂ© le moindre relevĂ©, ce qui fait quâon ignore combien de livres il a imprimĂ©s, vendus, etc. Il nâa mĂȘme jamais rĂ©pondu aux lettres, fax, coups de fil de lâĂ©diteur parisien, ce qui me semble le comble de la goujaterieâ!
Aâvous de tirer la conclusion. Cela dit,âje viens de signer un contrat avecâLe Fennec pour lâĂ©ditionâau Maroc de tous mes livres, une bonne dizaine au total.
Vous voyez que quand il y a des gens sĂ©rieux en face, je suis tout Ă fait partant pour publier au Maroc. JâespĂšre quâĂ lâavenir, il y aura de plus en plus de «âvraisâ» Ă©diteurs dans notre pays.
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Entretien avec Abdelkader Retnani, Ă©ditions la CroisĂ©e des Chemins, prĂ©sident de lâAPLM.
« Nous avons besoin dâun syndicat pour dĂ©fendre les intĂ©rĂȘts des professionnels »
Abdelkader Retnani est le patron des Ă©ditions la CroisĂ©e des Chemins et prĂ©sident de lâAPLM (Association des professionnels du livre marocain). Cette annĂ©e, pour le Salon du livre, il prĂ©sente 25 nouvelles publications.
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Au-delĂ de la croissance de la production, oĂč en est le livre francophone aujourdâhui ?
Il se porte plutĂŽt bien pour deux raisonsâ: dâabord parce que nous sommes en compĂ©tition avec le livre français qui est deux fois plus cher que le livre marocain, ensuite parce quâil y a lâĂ©mergence de jeunes auteurs ayant une vraie qualitĂ© littĂ©raire qui ne cesse de sâamĂ©liorer.
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Quâen est-il des subventions ?
Ă ma connaissance et depuis 2007, il nây a plus que des miettes rĂ©parties selon des procĂ©dures administratives par lâambassade de France. Et certains Ă©diteurs dont je fais partie rechignent Ă se lancer dans ces procĂ©dures. Lâambassade de France et le ministĂšre de la Culture disposent aujourdâhui de moins de ressources, austĂ©ritĂ© et budgets restreints obligent.
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Quelles sont les difficultés au niveau de la distribution ?
Elles sont Ă©normes, et pour tous les Ă©diteurs. Ceux qui passent par un diffuseur, en lâoccurrence Sochepress, lui donnent les livres. Sâil les vend, il prend 45â% Ă 50â% du prix de vente, et sâil ne les vend pas, les rend. 50â%, ce nâest pas beaucoup. Mon distributeur en France me prend 65â% sur le prix de vente. Mais en rĂ©alitĂ©, le distributeur ne se mouille pas trop. Sâil contrĂŽlait et suivait le livre, les chiffres dâaffaires seraient doublĂ©s. Il pourrait par exemple faire des tournĂ©es, incitant les libraires Ă vendre, aidant Ă leur formation.
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Libraire, câest un vrai mĂ©tier ailleurs ; quâen est-il au Maroc ?
La majoritĂ© des libraires ne sont pas formĂ©s. Il existe une filiĂšre des mĂ©tiers du livre dans les universitĂ©s de Rabat et de Casablanca, mais la plupart des laurĂ©ats, une fois dans la vie active, rejoignent des agences de communication. Il faudrait sensibiliser les propriĂ©taires aux avantages quâil y aurait Ă engager de jeunes libraires diplĂŽmĂ©s.
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Que pensez-vous de lâorganisation du SIEL sur 16 Ă©ditions ?
Il y a eu une amĂ©lioration constante sur le plan organisationnel. Et nous avons reçu des invitĂ©s prestigieux. LâannĂ©e derniĂšre, il y a eu cinq cent mille visiteurs dont quatre-vingt mille enfants non payants. Dans les stands arabophones, il paraĂźt que les chiffres de vente sont Ă©poustouflants. Selon mon expĂ©rience, 75â% des lecteurs lisent en arabe et 25â% en français. Et câest lâĂ©lite, qui dispose dâun pouvoir dâachat, qui lit en français.
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Pourquoi y a-t-il deux associations du livre, lâAPLM et lâAPL (Association pour la promotion du livre) ?
Dans le domaine francophone, la premiĂšre, câest Ă dire lâAPLM, a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e en 1987 par un groupe dont je fais partie avec Leila Chaouni, Madame Douiri, et Monsieur Akdim.
En 2003, il y a eu une scission au sein de lâassociation et câest comme ça quâest nĂ©e lâAPL. Câest une bonne chose, une association dĂ©diĂ©e Ă la promotion du livre. Mais, pour une nouvelle dynamique, il faudrait rassembler tout le monde au sein dâun syndicat pour dĂ©fendre les intĂ©rĂȘts des professionnels du livre auprĂšs des institutions.
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Le Salon du livre de Paris, câest une opportunitĂ© pour le livre francophone marocain. Que fait le ministĂšre de la Culture ?
Il paie le transport des livres. Lâambassade de France nous payait les stands jusquâen 2007, annĂ©e oĂč le Maroc nâa pas participĂ© au Salon, protestant contre le fait quâIsraĂ«l soit lâinvitĂ© dâhonneur.
Et depuis, lâambassade de France ne paie plus. En 2008, le ministĂšre de la Culture a pris en charge la totalitĂ© des charges, transport et stands. En 2010, il nâa pris en charge que 33â% des frais, 33â% ont Ă©tĂ© assumĂ©s par le ministĂšre de lâImmigration, et 33â% par le CCME. Et nous avons eu un trĂšs beau stand prestige. Cette annĂ©e en 2011, câest le grand point dâinterrogation. Ce serait malheureux de ne pas y ĂȘtre.
Propos recueillis par Bahaa Trabelsi
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Youssouf Amine Elalamy, publié au Maroc et en France
LâĂ©dition marocaine offre plus dâespace Ă lâinnovation...
La situation du livre au Maroc est liĂ©e Ă lâavenir du livre dans son ensemble. Le livre connaĂźt aujourdâhui un certain nombre de mutations Ă lâimage de celles quâa connues lâindustrie musicale ces derniĂšres annĂ©es.
Les maisons dâĂ©dition marocaines ont donc le mĂ©rite dâexister dans un contexte qui ne leur est pas toujours favorableâ: nous vivons dans un monde largement dominĂ© par lâimage et la culture numĂ©riques, et il est de plus en plus difficile de trouver des amateurs de livres parmi les jeunes gĂ©nĂ©rations.
Bien entendu, on peut reprocher Ă lâĂ©dition marocaine un certain manque de professionnalismeâ: lâabsence de correcteurs et de comitĂ©s de lecture dignes de ce nom, un livre objet de moindre qualitĂ© qui nâobĂ©it pas toujours aux normes graphiques et esthĂ©tiques.
Mais quâen est-il des Ă©diteurs Ă©trangers et occidentaux en particulierâ? Si leur fabrication du livre est irrĂ©prochable, on peut tout de mĂȘme dĂ©plorer le fait que leur professionnalisme soit souvent synonyme de dirigisme.
Par exemple, ces Ă©diteurs nâhĂ©sitent pas Ă orienter le contenu dâun roman pour rĂ©pondre aux attentes des lecteurs et, souvent, sans mĂȘme tenir compte du projet initial de lâauteur. Paradoxalement, et en lâabsence de vĂ©ritables directeurs littĂ©raires, lâĂ©dition marocaine offre beaucoup plus dâespace Ă lâinnovation et Ă la crĂ©ation.
Driss Jaydane , publié au Seuil
Pourquoi se faire Ă©diter ailleurs ?
Il y a certainement plusieurs niveaux de rĂ©ponse Ă cette question. La premiĂšre, pour un auteur francophone, relĂšve certainement du fait ââquâon a pu vĂ©rifier autrefois, mais qui tend Ă disparaĂźtre fort heureusement aujourdâhuiââ, quâĂȘtre Ă©ditĂ© au Maroc nâoffre pas la possibilitĂ© de ressentir la publication dâun livre comme un «âĂ©vĂ©nementâ», tant personnel que public. Ă©crire un livre est gĂ©nĂ©ralement un travail long, qui engage son auteur, qui le ravit et lâĂ©puise.
Une culture du livre, câest dâabord la reconnaissance de lâacte dâĂ©crire, au-delĂ de lâestampille sur la couverture. Je pense que lorsque nous dĂ©sirons ĂȘtre Ă©ditĂ©s ailleurs, câest aussi pour que ceux qui nous publient commencent par nous faire ressentir que ce que nous avons accompli doit ĂȘtre saluĂ© comme tel.
Ensuite, on discute fabrication, diffusion, lancement... Câest cela, Ă©diter, ĂȘtre Ă©diteur. Autre pointâ: un livre, câest du dĂ©sir, celui de lâauteur pour ce quâil Ă©crit, et, en retour, celui du livre pour son auteur. Et celui de la sociĂ©tĂ© aussi, qui a sa part dans ce jeu du dĂ©sir. La procrĂ©ation dâun roman, dâun essai, suppose donc que la culture dans laquelle on baigne soit une culture dĂ©sirante.
VoilĂ une bonne question Ă dĂ©battre, mais je doute quâon la pose au Salon du livreâ: dĂ©sirons-nous des livresâ? En attendant la rĂ©ponse... vous devinez la suiteâ!
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Abdellah Taïa, publié au Seuil, prix de Flore 2010
On nâencourage pas vraiment les Marocains Ă lire...
En 1997, avec trois amis, nous avons crĂ©Ă© un cercle littĂ©raire Ă Rabat. On lâa appelĂ© le Cercle LittĂ©raire de lâOcĂ©an. On se rĂ©unissait une fois par mois et on discutait, pendant plusieurs heures passionnantes, de nos textes Ă©crits en français. Des nouvelles. Cette expĂ©rience a durĂ© un an.
Câest un moment trĂšs important dans ma vie. Câest dans le cadre de ce cercle que jâai Ă©crit ma nouvelle Dâun corps Ă lâautre, qui a Ă©tĂ© publiĂ©e plus tard dans mon premier livre Mon Maroc (Ed. SĂ©guier, 2000), et que jâai compris ce qui mâintĂ©ressait vraiment dans lâĂ©criture.
La rĂ©vĂ©lation dâun moment intĂ©rieur, intime. Jamais je nâai pensĂ© quâune maison dâĂ©dition marocaine pourrait sâintĂ©resser Ă mes textes. Je nâavais pas complĂštement tort. ĂȘtre Ă Paris mâa libĂ©rĂ© de mes complexes de pauvre.
Oui, je peux tenter ma chance sans ĂȘtre systĂ©matiquement regardĂ© de haut, sans quâon me demande le nom de mon pĂšre. La France, et plus particuliĂšrement Paris, nâappartient pas quâaux Français.
Dâune maniĂšre gĂ©nĂ©rale, on a encore besoin dâune politique du livre sĂ©rieuse au Maroc. On nâencourage pas vraiment les Marocains Ă lire, en arabe comme en français. Il est temps de se pencher sur ce grand problĂšme. Il est temps que les propriĂ©taires des maisons dâĂ©dition marocaines cessent dâĂȘtre frileux, peureuxâ: quâils sâengagent eux aussi, vraiment...
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Censure et autocensure
Quand lâĂ©criture se heurte aux interdits
Le pain nu de Mohamed Choukri a Ă©tĂ© censurĂ© pendant 17 ans et nâa Ă©tĂ© autorisĂ© quâen 2000. Au Maroc, aujourdâhui, officiellement, il nây a plus de censure au niveau du livre. Lâautocensure en revanche pourrait ĂȘtre une marque dĂ©posĂ©e.
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Il nây a pas si longtemps, en novembre dernier, le livre de Abdellah TaĂŻa, Le jour du Roi, pour lequel il a reçu le prix de Flore, Ă©tait introuvable dans les librairies marocaines.
Le ministre de la Communication, Khalid Naciri, avait dĂ©menti catĂ©goriquement avoir interdit la distribution du livre de Abdallah TaĂŻa au Maroc et nous avait dĂ©clarĂ©â: «âLâinterdiction est du ressort exclusif du ministĂšre de la Communication et je peux vous assurer quâaucune mesure nâa Ă©tĂ© prise dans ce sens contre Le jour du Roi.â»
Plus tard, le livre a Ă©tĂ© effectivement distribuĂ© dans les librairies et lâauteur a mĂȘme procĂ©dĂ© Ă plusieurs signatures dans le pays. Mohamed VI, le grand malentendu nâa, lui, jamais Ă©tĂ© distribuĂ© au Maroc.
Pour Ahmed Hidass, enseignant chercheur en droit des mĂ©dias, «âofficiellement il nây a ni texte, ni arrĂȘtĂ©, ni dahir qui appliquent une censure sur les livres.
Dans la pratique, câest le ministĂšre de la Communication qui a certaines prĂ©rogatives mais, Ă ma connaissance, le ministĂšre nâa jamais interdit un livre. Apparemment, certains ouvrages sensibles ne sont tout simplement pas importĂ©s.
Il est dommage que notre pays soit trĂšs en retard en matiĂšre dâĂ©dition, en comparaison avec dâautres pays proches de nous, par exemple la Tunisie (avant la chute de Ben Ali, ndlr)â».
En rĂ©alitĂ©, le choix de la censure est arbitraire et informel. Et surtout, les publications marocaines sont supposĂ©es ĂȘtre contrĂŽlĂ©es par les Ă©diteurs eux-mĂȘmes.
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Une autocensure parfois inconsciente
Pendant les annĂ©es de plomb, lâautocensure Ă©tait dans lâair du temps. Mahi Binebine, Ă©crivain, nous raconteâ: «âĂ lâĂ©poque de Hassan II, comme beaucoup dâartistes, il mâest arrivĂ© de pratiquer lâautocensure.
Le pouvoir alors (et encore maintenant, mais dans une moindre mesure) Ă©tait tatillon sur certains sujets. Jâai situĂ© mon roman Lâombre du poĂšte, qui dĂ©nonçait lâarbitraire du Makhzen, au palais du pacha El Glaoui, dans un certain sens, un alter ego du roi dĂ©funt.
Nous pratiquions toutes sortes de ruses pour contourner la censure.â» Et en contournant la censure, on sombre forcĂ©ment dans lâautocensure.
Des annĂ©es plus tard, lâhĂ©ritage est bien lĂ . «âQuelle que soit la libertĂ© de ton que jâai pu adopter dans mon premier roman, Coup de lune, je reste intimement convaincue que mon inconscient sâest chargĂ© de censurer certaines idĂ©es que jâavais peur de dĂ©velopper par crainte de choquer, explique Abla Ababou.
Ceci dit, jâai vĂ©cu le processus dâĂ©criture comme une libĂ©ration car je nâai pas hĂ©sitĂ© Ă traiter de thĂšmes encore tabous dans notre sociĂ©tĂ© conservatrice, comme lâavortement, lâadultĂšre, ou le poids de la religion. Ă aucun moment je nâai cherchĂ© Ă mâinscrire dans le politiquement correctâ», poursuit-elle. Ce «âpolitiquement correctâ» qui sĂ©vit aussi ailleurs.
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Les limites de la société
Certains auteurs, dont, Ă leur demande, nous ne citerons pas les noms, se sont vu refuser leurs manuscrits en France pour ces raisons.
On leur aurait demandĂ© de retravailler leur texte en observant ce fameux «âpolitiquement correctâ» qui consiste, par exemple, Ă encourager lâauteur Ă dĂ©nigrer lâislam pour lâassocier aux clichĂ©s dâusage, tels la violence et le terrorisme.
Aujourdâhui, il est peut-ĂȘtre prĂ©fĂ©rable de publier au Maroc pour conserver sa libertĂ©â! Encore faut-il que lâauteur puisse dĂ©passer les limites cette fois-ci imposĂ©es par la sociĂ©tĂ©.
« Je ne sais pas comment je fais pour affronter seul le monde, le Maroc, ma famille, ceux qui disent vouloir mon bien, nous confie Abdellah TaĂŻa. Je continue malgrĂ© tout et je me dis Ă chaque fois quâil est de mon devoir de parler de ces difficultĂ©s permanentes, de ces impossibilitĂ©s scandaleuses.
Au Maroc, personne ne vous aide. Et cette guerre inutile nâaide pas Ă construire une identitĂ© libre pour le Marocain de demain.â» Le Maroc de demain est confrontĂ© Ă une tĂąche ardueâ: se regarder en face et avancer.
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Abla Ababou, publiée en France
Les Marocains ont bien les moyens de sâacheter des voitures ou des sacs de luxe !
La condition du livre francophone au Maroc est assez difficile vu le nombre rĂ©duit de lecteurs. Je ne rentrerai pas dans la polĂ©mique du prix excessif du livre en langue française car une minoritĂ© de Marocains nâhĂ©sitent pas Ă acheter des voitures, des sacs et des Ćuvres dâart Ă des prix faramineux.
Je considĂšre donc que le prix nâest pas une barriĂšre car lâamour de la lecture nâa pas de prix. Les auteurs marocains francophones ont peut-ĂȘtre leur part de responsabilitĂ© car trĂšs peu dâentre eux se placent dans lâuniversalitĂ©, surtout les femmes.
Quand on sâintĂ©resse Ă la littĂ©rature maghrĂ©bine francophone, on rĂ©alise trĂšs vite que les rĂ©cits traitent souvent des mĂȘmes thĂšmes et sont dâun exotisme dans lequel on a du mal Ă se projeter.
Ceci dit, quelques romanciers marocains francophones comme Fouad Laroui et Safia Azzeddine pour ne citer que ces noms, sâimposent comme de vrais auteurs.
Il faudrait que la liste sâallonge pour que lâon commence Ă crĂ©er un vĂ©ritable dĂ©bat autour de la condition du livre francophone.
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