Fait inédit, le Maroc participera cette année à Art Dubaï, une foire d’art contemporain à vocation internationale. Cette présence par l’entremise de l’Atelier 21 compensera certainement une absence remarquée lors des précédentes éditions…
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Douze de nos peintres les plus émérites, réunis ensemble sur une plateforme selecte et en pleine expansion! Du fantasme artistique à la réalité il n’y parfois qu’un pas, et ce pas est aujourd’hui sur le point d’être franchi. En quelques années seulement, Dubaï est devenue LA destination (de choix) d’une grande majorité de collectionneurs arabes et asiatiques. « Personne n’imagine combien d’hommes d’affaires et d’organismes sont passionnés d’art ici. Notre mission consiste à tout mettre en œuvre pour satisfaire les exigences de ces esthètes » explique Bettina Klein, la coordinatrice du groupe Art Dubai. C’est à deux Anglais, John Martin et Benedict Floyd, que l’on doit ce qui s’inscrit aujourd’hui comme la première et la plus importante foire du genre dans le monde arabe. Propriétaire d’une galerie à Londres, John Martin a su flairer, au cours de ses fréquents séjours à Dubaï, le potentiel fédérateur de la région en matière d’art. Plus orienté vers la finance, son associé, Benedict Floyd s’est installé dans la ville en 2006, pour y prendre la direction générale d’une firme de trading. Joignant leurs expertises, les deux hommes ont décidé de réunir chaque année plus de 80 galeries, des centaines d’artistes et surtout des milliers de visiteurs. Pour des raisons inconnues, aucun établissement marocain n’avait été jusqu’ici conviés à exposer. Les quelques peintres et plasticiens nationaux invités étaient présents à travers des enseignes étrangères : Farid Belkahia via la galerie tunisienne El Marsa, Hassan Hajjaj « recueilli» par la galerie anglaise The third Line et Mounir Fatmi « refugié » dans le carré de la galerie Paradise Row.
Un juste retour des choses La donne semble avoir changé, puisque les organisateurs de l’événement ont décidé de faire appel à l’Atelier 21 et aux gros calibres qu’elle a abrités en ses murs. « La scène artistique marocaine, et maghrébine en général, suscite aujourd’hui un intérêt considérable chez nos collectionneurs qui se réjouissent d’une telle initiative. De notre côté, nous espérons vivement que d’autres personnes voudront en apprendre davantage sur les talents que compte votre pays », reprend Bettina Klein. Fouad Bellamine, Saâd Ben Cheffaj, Hicham Benohoud, Mahi BineBine, Mourabiti, Yamou, Safaa Erruas, Mustapha Boujemaoui, Mohamed El Baz, Hakim Ghazali, Majida Khattari et Elias Selfati présenteront donc leurs travaux du 16 au 19 mars dans la capitale de l’Emirat. De quoi donner aux 25 000 visiteurs attendus un bel aperçu de ce qui se fait de l’autre côté du golfe Persique.
Un casting bien pensé
Le choix des exposants répond à une stratégie de l’Atelier 21 qui souhaite donner une vision d’ensemble de la peinture marocaine : « L’objectif est de dresser un historique de notre art à travers les œuvres de peintres de première, deuxième et troisième génération, pour arriver ensuite aux artistes contemporains. Il convient de signaler que les profils proposés ont tous reçu l’approbation du comité de sélection de la foire », nous précise Aziz Daki, directeur associé de l’Atelier 21. Celui-ci n’a pas manqué de souligner les enjeux de cette participation, organisée en collaboration avec le CCME. « C’est non seulement une grande fierté pour nous, mais cela signifie aussi que la ligne éditoriale de la galerie et ses choix artistiques génèrent conviction et respect dans des manifestations internationales, reposant sur des comités de sélection très rigoureux. » Inaugurée il y a tout juste deux ans et demi, la galerie l’Atelier 21 n’a pas hésité à mettre les bouchées doubles dès son lancement, pour se positionner sur le marché. « Dans ce métier il faut savoir prendre des risques et sortir des sentiers battus. Autrement on finit par reproduire la même chose qu’autrui, sans apporter la moindre plus-value », affirme Aziz Daki. Sans se détourner complètement du courant orientaliste ou moderne, l’Atelier 21 a montré un clair attachement à l’art contemporain, au terme de ses différentes expositions. La « maison » est d’ailleurs pour beaucoup dans l’instauration de cette nouvelle tendance chez les collectionneurs actuels. Elle est indéniablement liée à la promotion et au suivi d’artistes plasticiens non pas originaux (le mot serait un peu fade) mais exceptionnels…
Sabel Da Costa |