EditoNouvelle GénérationDossierEconomiePolitiqueSociétéTendances & CulturePortraitBdVDiaporamaArchives
 
Follow actuel_maroc on Twitter
Follow actuel_maroc on Twitter
Gnaoua : Un festival de musique et d’histoire  
actuel n°148, vendredi 29 juin 2012
| More

Une folle énergie et un vent tout aussi fou. Crotales et guembri ont fait vibrer Essaouira au rythme des musiques africaines, cubaines, américaines...

 

Le festival Gnaoua a fêté cette année, du 21 au 24 juin, ses quinze ans d’existence. Quinze ans, c’est l’âge de raison entend-on dire ici et là. Mais au risque de décevoir tout le monde, on voit bien, encore une fois, que la passion l’emporte sur la raison. La passion d’une équipe, celle d’A3 Communication qui se bat tous les ans pour boucler son budget.

Une programmation précieuse, très recherchée avec les mélanges les plus improbables ! Les musiques fusent et se répondent à Essaouira. Le bastion, magnifique bâtisse du IXe  siècle, rénovée en 2011, a accueilli les issaoua de Meknès qui se sont mêlés aux qawwalî pakistanais. Fareed Ayaz et Abu Muhammed ont enflammé le Borj. La fusion des issaoua et de la musique soufie s’entendait de loin. Le temps s’arrêtait, on écoutait, figé. Même plus besoin d’aller sur place !

Ce n’est pas la première fois que le festival tente le qawwalî et les issaoua, le souvenir du passage de Fayez Ali Fayez est encore vif, toujours émouvant.

Encore une fois, le festival gnaoua a fait le choix de la résonance, résonance des musiques, africaines, orientales, certes avec moins de têtes d’affiche que l’année dernière, mais le festival creuse davantage dans l’underground et ose l’exploration, la surprise. Chose que l’on a pu vérifier autant sur les grandes scènes que lors des concerts intimistes. La résidence artistique, qui a regroupé mâalem Bdelakbir Marchane et les Querencia (New York et Cuba), en est une démonstration. Le concert, moment béni survolé par les goélands insomniaques, avait de quoi convaincre les esprits les plus réfractaires à la musique. On retiendra également la virtuosité du guitariste Sylvain Luc, le doigté du pianiste allemand Joachim Kühn et la voix incomparable d’Oumou Sangaré.

On se promène à Essaouira, d’une scène à une autre, avec toutes ces sonorités plein la tête. On veut tout voir, on suit le vent qui emporte quelques notes. Sans réfléchir, sans l’avoir choisi, on est emporté par une extase collective.

 

Le retour du forum

Le festival soigne autant sa programmation que les âmes et les corps. Plus que jamais, les organisateurs ont défendu leur engagement, ont affirmé leur différence. Neïla Tazi, directrice et productrice du festival, a instauré un nouveau rendez-vous ou plutôt a renoué avec un ancien, le forum du festival. Une plateforme, un lieu de rencontre où l’on a vu et entendu des intervenants venus d’horizons divers mais rassemblés autour de la même thématique : « Sociétés en mouvement, cultures en liberté ». Chacun en est sorti avec une phrase à méditer. Certaines discussions se sont prolongées en dehors de la salle de conférence. Mais au-delà du débat, on retiendra l’émotion et les larmes de Latéfa Ahrrare racontant ses derniers déboires.

 

L’histoire des mots

Le festival gnaoua n’est pas seulement de la musique à écouter, c’est aussi de la musique à comprendre. L’arbre à palabres, ce rendez-vous annuel, inépuisable, nous a dévoilé quelques belles histoires, ou plutôt l’histoire des mots, leur racine africaine. La rencontre très attendue avec le mâalem Abdallah Akherraz était particulièrement enrichissante. Nombreux sont ceux qui sont venus l’écouter chanter et parler aussi. Le gnaoui répondait en arabe, parfois en français mais dès que les mots lui manquaient, il dégainait son guembri pour une démonstration. « Pourquoi n’y a-t-il pas de femmes chez les gnaoua ? », s’insurge une femme du public. « Je vous invite à une lila, Madame, répond le gnaoui, vous y verrez le rôle de la femme », poursuit-il en souriant.

Quinze ans de Gnaoua, c’est aussi quinze ans à écouter les mêmes chansons disent certains. Le répertoire est connu, immuable, à quoi ça sert de le réécouter tous les ans ? « Pourquoi n’écrit-on pas de nouvelles chansons ? Pourquoi ne pas introduire de nouveaux textes ? », demande un jeune rasta. La réponse du gnaoui est sans appel, sans équivoque : « C’est le majdoub qui décide. » En effet, on oublie souvent qu’il n’y a pas de place pour la raison là où il y a la magie ! « Le gnaoui est dépositaire d’un legs », poursuit l’artiste. Il est vrai qu’on ne réinvente pas la transe…

Au festival d’Essaouira, on a développé le goût des voyages, on repart à contrecœur mais toujours avec une promesse de retour.

Amira-GĂ©hanne Khalfallah  Photos Brahim Taougar

Trois questions Ă ... Karim Ziad,  directeur artistique du festival d’Essaouira Gnaoua et musiques du monde

 Directeur artistique du festival d’Essaouira, le musicien et cĂ©lèbre batteur algĂ©rien Karim Ziad rĂ©pond aux questions d’actuel.

 

actuel. La programmation de cette année contient moins de jazz. C’est intentionnel ?

 Karim Ziad. Effectivement, cette annĂ©e il y a beaucoup de fusions africaines. L’ouverture s’est faite avec des groupes venus d’Afrique, un mĂ©lange de musiciens du Burkina, du Mali, du SĂ©nĂ©gal, qui ont fait une rĂ©sidence avec les musiciens gnaoua. On peut appeler ça une rĂ©sidence « africano-africaine ». Et, hier, il y a eu la fusion entre Oumou SangarĂ©  et le maâlem Mustapha Baqbou. C’est vrai qu’on a peut-ĂŞtre, sans le vouloir, favorisĂ© les fusions africano-africaines.

 

Même constat pour la danse, pourquoi y en a-t-il eu si peu cette année ?

Cette année, la danse n’a été représentée que lors de la soirée d’ouverture. Il y a deux ans, Step Africa, un groupe venu des Etats-Unis, avait fait une fusion de danse avec les gnaoua. Et juste avant, on avait reçu Georgia, le ballet de Géorgie. L’année dernière a été marquée par l’introduction du breakdance. Et cette année, on a eu un petit coup de mou par rapport à la danse. Je voulais inviter Sofia Boutella, c’est elle qui représente Nike dans le monde et qui danse avec Madonna… et c’est elle qui va danser sur le prochain clip (posthume, ndlr) de Michael Jackson. C’est la fille d’un de mes grands amis, un musicien algérien, Safy Boutella. Je voulais l’inviter cette année, mais je pense que l’année prochaine sera plus appropriée pour faire quelque chose de bien.

 

Des idées pour la suite ?

Il y a toujours à faire. La musique n’arrête pas d’évoluer et on évolue avec elle. On va essayer d’inventer, comme toujours, ces nouvelles couleurs, ces nouvelles directions et, en l’occurrence, pour l’année prochaine on a encore un peu de temps pour réfléchir. Je pense que les années à venir seront plutôt jazz. On essaie d’inviter des gens comme Chick Corea, Marcus Miller…

Propos recueillis par Nicolas Salvi

| More
Archives Tendances & Culture
N°173 : Tinghir-JĂ©rusalem fait tourner Kamal Hachkar 
N°172 : Entretien avec Monica Bellucci 
N°171 : Les Ă©toiles filantes du FIFM 
N°170 : Projetons-nous au Cube 
actuel N°169 : Les filles de Lalla Mennana : Un théâtre fĂ©ministe 
N°168 : Interview : mounir fatmi  
N°167 : Caravanserail : Le Maroc Ă  la conquĂŞte de l’Ouest  
N°166 : NumĂ©risation : Nouvelle menace sur les salles de cinĂ©ma  
N°164/165 : Art : Les expositions de la rentrĂ©e  
N°163 : Beuys Ici, l’exposition de l’automne 
N°162 : Prix de la Mamounia : Le sacre de l’instit'  
N°161 : Le Louvre 12 siècles des arts de l’Islam vous contemplent 
N°160 : 3adnane 7aqoun, un crĂ©ateur presque artiste 
N°159 : CinĂ©ma Les frères Noury font leur comĂ©die  
N°158 : Entretien avec Hicham Bahou 
N°157 : Espèces d’espace 
N°154 : Regarder La Brigade avec Adil Fadili  
N°153 : Bouanani rĂ©Ă©ditĂ© en France et au Maroc 
N°152 : RĂ©cit : On n’a pas fini de rĂ©Ă©crire l’histoire 
N°151 : Interview Mehdi Qotbi : « Un grand musĂ©e Ă  Casa d'ici 4 ans 
N°150 : Concerts : Des nuits d’ivresse spirituelle  
N°149 : Timitar : Le festival amazigh qui ne dit pas son nom  
N°148 : Gnaoua : Un festival de musique et d’histoire  
N°147 : Tatouages : Le langage des signes  
N°146 : Festival MDR 2012 : On se marre Ă  Kech 
N°145 : Exposition : Dans l’intimitĂ© du musĂ©e Slaoui  
N°144 : Mawazine Clap de fin 
N°143 : En avant Mawazine 
N°142 : Exposition : Villes paysages
N°141 : Interview :  Scorpions
N°140 : Les festivals Ă  l’ère du PJD 
N°139 : Le Grand théâtre de Casablanca : Vivement 2016 !
N°138 : Le film noir d’Anouar 
N°137 : Subjectivisme:  Croutes en stock
N°136 : ItinĂ©raire d’un Cheb singulier 
N°135 : Interview :  SaĂŻd Naciri
N°134 : Cirque   Les saltimbanques ensoleillĂ©s
N°133 : Yamou  Des Ĺ“uvres puissantes, tout en dĂ©licatesse
N°132 : CinĂ©ma cherche monteur dĂ©sespĂ©rĂ©ment 
N°131 : Le vent du nord souffle sur la peinture
N°130 : Carson Chan Â«â€‰Mettre en avant la diversitĂ© des expressions »
N°129 : Casa by night   avec Beigbeder
N°128 : Siel :   enfin la rĂ©conciliation !
N°127 : Oum  La chanteuse qui transcende les genres
N°126 : Les violons dingues,   de Younes Khourassani
N°125 : MĂ©garama   Grandeur et dĂ©cadence
N°124 : Le site archĂ©ologique de Mzora,  cherche protecteurs
N°123 : Le malhoun,  ce chant ancien si moderne
N° 122 : Biyouna,   nĂ©e star
N°121 : Le FIFM poursuit sa quĂŞte identitaire 
N° 120 : FIFM,   entre Ă©vĂ©nementiel et cinĂ©ma
N°119 : FIFM :   des premiers films Ă  l’honneur
N°118 : Hamidi, artiste bohème 
N°117 : Leftah :   ils sont tous contre la censure
N°116 : Droits d’auteur :   le rendez-vous manquĂ© du BMDA
N°115 : La source des femmes :   source de…
N°114 : RĂ©compense  La saga des prix littĂ©raires
N°113 : Exposition  Deuxième regard  ou l’expĂ©rience du troisième Ĺ“il
N°112 : CinĂ©ma  La dernière sĂ©ance
N°111 : La scène artistique arabe  ou l’esthĂ©tique de la violence
N°110 : HD Un paquebot pour l’art Ă  Anfa
N° 109 : La politique de la chaise… rouge 
N°108 : Farid Mayara, le jazz sans limites  
N°107 : Hommage Le destin de la perle noire  
N° 106 : Jawhara : wakha  
N° 104/105 : Interview Amazigh Kateb  
N° 104/105 : Lumineuse Dar BeĂŻda 
N°103 : Droits d’auteur Quand la musique est bonne 
actuel 102 : Tout l’art de Timitar 
actuel 101 : Festival Essaouira Back to basics  
N°100 : Championnat du Maroc Junior 2011 by CrĂ©dit Agricole Superbe  
N°99 : Exposition Une grappe de talents  
N° 98 : Tiken Jah Fakoly  Porte-parole du continent noir
N° 97 : Amazing Mawazine 
N° 96 : Festival MDR 2011 : il n’y aura pas que Jamel 
N° 95 : Festimode : Un Ă©vĂ©nement et des talents  
Actuel n°94 : GĂ©nĂ©ration Mawazine : La relève est lĂ  
Actuel n°94 : Mawazine : Nos coups de cĹ“ur  
N°93 : Mawazine, la parole aux artistes 
Actuel n°92 : Ficam : Une ambiance 3D  
Actuel n°91 : L’homme qui aimait une femme 
Actuel n°90 : Mawazine, au(x) ryth me(s) du monde 
Actuel n°89 : Du rire aux larmes 
Actuel n°88 : Nass El Ghiwane : Un groupe, un mythe 
Actuel n°87 : Il Ă©tait une fois Ă  M’Hamid El Ghizlane 
Actuel n°86 : Les coups de cĹ“ur des chasseurs de toiles… 
Actuel n°85 : L’Atelier 21 se paye DubaĂŻ ! 
Actuel n°84 : Casa Riders  Justiciers sur deux-roues !
Actuel n°83 : Ouverture culture Manifestes d’une gĂ©nĂ©ration perdue
Actuel n°82 : Le 17e SIEL  chasse Himmich
Actuel n°81 : Le livre au Maroc Misères et Ă©mergence 
Actuel N°72 :  Pluie de stars sur Marrakech 
Actuel n°69-70 : Tahar Ben Jelloun  « Je suis affreusement professionnel »
Actuel n°68 : Festival d’art culinaire : brie de Fès et tournedos beldi 
Actuel n°67 : Medi 1 TV se dĂ©-chaĂ®ne 
Actuel n°66 : Carla Bruni, Â« glamour mais aseptisĂ©e et muette »
Actuel n°65 : ThĂ©ories du complot : au bonheur des paranos 
Actuel n°64 : Et hop, v’lĂ  l’pop art 
Actuel n°63 : Mounir Fatmi : Â« J’ai un cĂ´tĂ© très pasolinien »
Actuel n°62 : Yamou : Peintre par nature 
Actuel n°61 : Â« Le Maroc s’interdit de penser sans peur Hassan II »  
Actuel n°60 : Des Marocains Ă  New York 
N°59 : J’aurais voulu ĂŞtre...  Ă©crivain !
N°58 : Immigration illĂ©gitime 
N°57 : 24h avec Lee Fields 
N°56 : Hindi Zahra, la Billie Holiday marocaine 
N°55 : Art marocain : de la cote au coĂ»t 
N°54 : Le jour oĂą Benohoud a repris ses pinceaux 
N°53 : France-Espagne Le match culture
N°52 : L’argent fait son cinĂ©ma 
N°51 : Jamel Academy : MDR ! 
N°50 : Carlos Santana "Le succès implique l'hĂ´nnetetĂ©"
N°49 : Elton John bĂ©nit le Maroc 
N°48 : Julio Iglesias Â«â€‰Je ne suis pas un latin lover »
N°47 : Les 7 pĂ©chĂ©s capitaux de...  Jamel Debbouze
N°46 : Moonstock Ă  Lalla Takerkoust 
N°45 : Ben Cheffaj  en impose
N°44 : Jazzablanca,  American Beauty
N°43 : Photo :  la vie quotidienne loin des clichĂ©s
N°42 : Himmich :  le ministre qui se prenait pour un Ă©crivain
N°41 : Yasmina Khadra : Ă  charge et Ă  dĂ©charge
N°40 : Tremplin: 3 Jours, 3 Scènes, 3 Styles
N°39 : Majida Khattari: Niqab ni soumise 
N°38 : L’Orient Music Express un train d'enfer
N°37 : Abdel Alaoui Le chef qui rĂ©veille la cuisine
N°36 : Hicham Oumlil Un Marocain stylĂ© Ă  New York
N°35 : Le SIEL  des Marocains d’ailleurs
N°34 : Merzak Allouache Â« Un film sur le dĂ©sespoir des jeunes »
N°33 : Mahi Bine Bine un Parisien de cĹ“ur
N°32 : Tanger Le cinĂ©ma marocain en fĂŞte
N°31 : Meriem Bouderbala Des femmes et des spectres…
 
 
actuel 2010 Réalisation - xclic
A propos Nous contacter