«We’re gonna rock Morocco like a hurricane»
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C’est l’un des must de Mawazine : les Scorpions se produiront le 24 mai à Rabat. Rencontre avec Rudolph Scenker, le compositeur des inoubliables Still Loving You et Rock you like a hurricane.
Après 47 ans de carrière, les légendes sillonnent le monde depuis deux ans avec Sting in the tail, leur dernier album, pour une gigantesque tournée d’adieu. Les « ambassadeurs du rock » feront escale à Rabat le 24 mai au festival Mawazine. En attendant, Rudolph Scenker, guitariste, fondateur du groupe en 1965 et auteur de ses plus gros tubes, nous a consacré une demi-heure pour une interview nostalgique.
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Comment se passe votre tournée d’adieu ?
Là , on revient tout juste de Russie, c’était vraiment génial. La tournée se passe super bien, mieux que ce qu’on aurait pu imaginer. Deux ans de pur bonheur, et le meilleur reste à venir. D’un autre côté, ça rend les choses encore plus difficiles car le public en redemande.
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Il en redemande car il ne veut pas vous voir partir. Comment osez-vous le quitter ?
Avec un album aussi fort que Sting in the tail et une tournée aussi fantastique, je crois que c’est le moment où jamais de faire une sortie glorieuse, triomphale et classe. Et puis notre musique, elle, n’ira nulle part. Elle restera toujours là .
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C’est la première fois que vous vous produisez au Maroc. Pourquoi avoir attendu si longtemps ?
Ah, ça fait plaisir d’entendre ça. Au Maroc, l’occasion ne s’est jamais présentée, et c’est vraiment dommage. Quand nos organisateurs en France nous ont parlé de Mawazine, et à quel point c’était énorme, nous n’avons pas hésité une seconde à y participer. Nous sommes super contents de venir au Maroc, et nous vous promettons que we’re gonna rock you like a hurricane.
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Ce sera donc votre tout premier concert au Maroc, mais on imagine que vous avez déjà eu l’occasion d’y venir ?
Vous rigolez ? Quand j’étais enfant, j’y passais toujours mes vacances avec mes parents, ils adoraient le Maroc. Rabat, Casa, Marrakech, Agadir… j’en garde de très bons souvenirs.
Que connaissez-vous de la scène musicale marocaine ?
Je me souviens des charmeurs de serpents à Jamaâ el Fna, le son de leurs flûtes me fascinait. Dans notre groupe, on adore la musique arabe et africaine en général, on s’en est beaucoup inspiré dans beaucoup de nos morceaux. Mais sinon, je sais que le Maroc a un folklore et une musique très riches. Personnellement, j’adore le guembri, ce luth utilisé par les gnaoua.
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Avez-vous une petite idée sur le rock marocain ? Vous connaissez Nass El Ghiwane, nos Rolling Stones nationaux, ou plus récemment, Hoba Hoba Spirit, Haoussa ?
Pas vraiment, mais on essaie toujours de se rapprocher de la musique locale du pays à chacun de nos concerts. Récemment, en Inde, on a joué avec un de leurs groupes rock. Le melting était très intéressant. Cela nous ferait plaisir de rencontrer un de ces groupes marocains.
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Vous ĂŞtes allemands, mais on vous a rarement entendus chanter dans votre langue maternelle...
Quand on a fondé le groupe, les Scorpions s’écrivait en allemand Skorpions… Après on avait tellement de choses à dire, à transmettre qu’on a décidé de placer un « c » à Scorpions, de chanter en anglais et d’aller « rocker » le monde (go rock the world).
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A vous voir sur scène, ça saute, ça danse, ça groove… Quel est donc votre secret ?
Vivre notre musique, la ressentir ! Elle est si vivante et pleine de passion. Et puis, nous prenons tellement de plaisir à jouer, forcément, ça se traduit sur scène.
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Avec les Stones, vous êtes l’un des rares groupes de rock à être toujours en activité en réunissant aussi bien les vieux que les jeunes…
Grâce à la technologie, à Internet et à YouTube, les jeunes découvrent nos vieux titres et s’intéressent petit à petit à notre parcours. Aujourd’hui, nous nous produisons devant des fans de 14 à 88 ans. Et puis on entend souvent des gens dire « ils ont 63 ans, que font-ils toujours sur scène ? », eh bien, quand on aime ce qu’on fait, on ne s’arrête jamais et on garde la même pêche que lorsqu’on avait vingt ans.
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En parlant de technologie, qu’est-ce qu’on peut trouver sur votre iPod… si vous en avez un ?
J’en ai un mais j’avoue ne pas trop m’en servir (rires). J’écoute plus les radios rock sur Internet. Pour un vieux mec, j’aime tout écouter (rires). J’aime bien AC/DC, Green Days, Aerosmith, les Coldplay, je trouve qu’ils font du bon boulot.
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Ces derniers temps, les gens ont tendance à confondre la bonne musique avec tout ce qui se fait de commercial…
C’est le cas, mais il y a des artistes qui sont sur la bonne voie comme Rihanna, Coldplay, et Pink que je préfère à Lady Gaga. Adèle aussi s’en sort très bien. Ou sinon dans un tout autre registre, David Guetta. A chacun ses goûts, je n’écoute pas trop l’électro ni la musique classique (rires) mais j’aime bien ce qu’il fait.
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Votre répertoire musical est légendaire, mais quelles sont les chansons qui définissent le mieux les Scorpions?
Nous chantons pour l’amour, la paix et le rock'n'roll.
Amour : Still loving you
Paix : Wind of change
Rock'n'roll : Rock you like a hurricane.
Justement, Still loving you est un hymne à l’amour ; ça vous fait quoi de savoir que la moitié des couples du monde se sont déjà embrassés sur cette chanson ?
On adore ! Elle est accusée d’avoir fait augmenter le taux de natalité dans le monde (rires). Le rock, c’est de pousser les gens à vivre une vie meilleure, à chercher l’amour et à l’apprécier. C’est ça la beauté du rock.
Wind of change, parlons-en, signifie vent de changement en français. Quel regard portez-vous sur celui qui a soufflé dans les pays arabes ?
On a toujours chanté pour la paix. Dans le monde arabe, les gens se sont réveillés et ont décidé de vivre comme tout le monde, de jouir de leur liberté et de leur dignité, et Internet a été un facteur décisif pour ça. On ne peut que les encourager et les admirer.
Politique toujours…
Ah non, si j’ai décidé de faire de la musique, c’est justement pour y échapper (rires).
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Sinon, pouvez-vous dire pourquoi vous portez toujours des lunettes de soleil la nuit ? C’est un truc de rockeur ?
(fou rire) Non, en fait, personnellement, j’égare toujours mes lunettes, du coup la meilleure manière de ne plus les perdre est de les garder toujours sur moi. Sinon, c’est rock, c’est cool, et c’est pratique pour survivre à la lumière des photographes sur scène.
Lenny Kravitz organise une grosse fĂŞte pour son anniversaire le lendemain de son concert. Vous serez de la partie ?
Bien sûr, c’est un très bon ami. C’est même moi qui l’ai incité à se servir de sa guitare, la légendaire Flying V. Vous le lui demanderez !
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Propos recueillis par Ranya Sossey Alaoui |