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Botola Combien gagnent nos joueurs
actuel n°33, samedi 6 février 2010
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Ayant enregistrĂ© une inïŹ‚ation sans prĂ©cĂ©dent ces derniĂšres annĂ©es, les salaires des joueurs sont, toujours, « secret dĂ©fense » au sein des clubs de foot marocains. Une opacitĂ© qui ne nous a pas empĂȘchĂ©s de fouiller dans les poches de nos footballeurs. EnquĂȘte.

Abdelhak Ait LaĂąrif est footballeur. Ce jeune homme de 27 ans est la star du WAC cette saison. A bord de sa rutilante BMW X6 d’un blanc immaculĂ©, immatriculĂ©e Ă  Ajman, aux Émirats arabe unis, oĂč il a passĂ© les deux derniĂšres annĂ©es, AA83 (c’est son surnom) ne passe pas inaperçu. Le meneur de jeu des Rouge et Blanc brille certes par son niveau de jeu, mais aussi par son niveau de vie, digne des plus grandes stars du football mondial. À l’étranger comme au Maroc, Ait Laarif gagne bien sa vie et cela se voit. Quand nous lui posons la question sur le montant exact de ses rentrĂ©es, le joueur vedette du WAC joue les offusquĂ©s. « Aimeriez-vous que je vous demande le vĂŽtre ? », rĂ©pond-t-il poliment mais sĂšchement. Sur ce sujet, les joueurs comme les dirigeants se montrent peu bavards. « Les salaires de nos joueurs ? MĂȘme moi je ne les connais pas. Ils relĂšvent des prĂ©rogatives du prĂ©sident », nous rĂ©plique MaĂąti Warit, le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du WAC.

AprĂšs « enquĂȘte », Ait LaĂąrif touche 45 000 dirhams par mois. Du jamais vu dans un championnat national oĂč les joueurs Ă©taient bien souvent obligĂ©s d’avoir un autre ( vrai ) mĂ©tier pour rester Ă  ïŹ‚ot. La donne a bien changĂ©. Il faut dĂ©sormais s’habituer Ă  une nouvelle norme : celle voulant qu’un joueur de la Botola puisse facilement atteindre 5 000 Ă  7 000 dirhams de salaire mensuel. Faut-il pour autant s’en rĂ©jouir, connaissant le statut, et les revenus des joueurs, marocains ou autres, exerçant sous d’autres cieux ? « Il est clair que le salaire en tant que tel reste relativement bas, mais nous revenons de trĂšs loin.

D’autant que le salaire ne reprĂ©sente pas la seule rentrĂ©e d’argent du joueur. Il faut ajouter la prime de signature et les primes de match, qui varient selon le standing du club, ses objectifs et le niveau du joueur », nous prĂ©cise Rachid Ouali Alami, membre de la FĂ©dĂ©ration royale marocaine de football (FRMF). Le barĂšme des primes de match sont Ă©tablis Ă  2 000 dirhams en cas de match nul, Ă  4 000 dirhams en cas de victoire Ă  domicile et Ă  5 000 dirhams en cas de victoire Ă  l’étranger. « Mais nombre de clubs accordent nettement plus que cela », ajoute le membre fĂ©dĂ©ral. La prime de signature dĂ©pend, elle, du calibre du joueur. Une chose et sĂ»re, « le montant des primes de signatures annuelles explose depuis quatre ans. Le WAC en est l’exemple parfait », analyse Ahmed El Ghaibi, un autre membre du bureau de la FĂ©dĂ©ration royale marocaine de football et ancien prĂ©sident de l’Olympique Club de SaïŹ (OCS).

C’est que le temps est Ă  une inïŹ‚ation sans prĂ©cĂ©dent tant des salaires que des primes. Ce ne sont pas les principaux concernĂ©s qui diront le contraire. Mohamed Benchrifa, dĂ©fenseur du Fath Union Club (FUS) Ă©volue depuis treize ans au Championnat. FormĂ© au WAC, il fera ses dĂ©buts en premiĂšre division avec le Mouloudia Club d’Oujda (MCO). « C’était en 1996 et je touchais 3 000 dirhams. Aujourd’hui, les choses changent », se rappelle-t-il. Dans son club actuel, Benchrifra perçoit 10 000 dirhams.

Un grand bond en avant

Tout a commencĂ© il y a trois ans Ă  peine. La hausse des salaires a pris de l’ampleur depuis le Mercato 2007-2008, suite aux recrutements massifs opĂ©rĂ©s par des clubs comme les FAR et le WAC. Pour la saison en cours, les Rouge et Blanc disposent de la masse salariale la plus imposante du championnat : 300 000 dirhams nets auxquels s’ajoutent 100 000 dirhams en guise d’indemnitĂ©s logement pour les joueurs Ă©trangers ou originaires d’une autre ville que Casablanca.

Toutes les autres Ă©quipes n’ont pas d’autres choix que de mettre la main Ă  la poche pour garder, ou recruter, les meilleurs Ă©lĂ©ments. « Pratiquement tous les clubs ont mis le paquet sur le registre des recrutements. La seule diffĂ©rence s’est faite au niveau des budgets. Nous assistons aujourd’hui Ă  une vĂ©ritable inïŹ‚ation avec des transferts nĂ©gociĂ©s Ă  hauteur de 1,5 et mĂȘme 2 millions de dirhams. Ces investissements Ă©manent des clubs disposant d’une assise de popularitĂ© et de spectateurs.

C’est le cas notamment pour le WAC, le Moghreb de TĂ©touan, le Mas de FĂšs, en plus du Raja », nous explique encore Rachid Ouali Alami. Les primes de signature Ă©taient Ă  60 000 dirhams par an maximum. Aujourd’hui, ce chiffre est « dĂ©risoire », le minimum est de 100 000 dirhams et avec un maximum de 300 000 dirhams. Et pour cause, la FRMF abolira, Ă  la saison prochaine, l’obligation pour un joueur, dont le contrat viendrait Ă  Ă©chĂ©ance, d’avoir l’autorisation de son club pour aller vers un autre. « Une vĂ©ritable rĂ©volution », estime Ahmed El Ghaibi. « Mais la tendance n’a aucune commune mesure avec les autres championnats. Un joueur dans les pays du Golfe gagne en un mois ce que gagne un joueur local en une saison. Et ne parlons pas des championnats europĂ©ens », dit Hassan Moumen, le manager du FUS de Rabat.

En cause, les budgets serrĂ©s de nos clubs. « S’ils ont enregistrĂ© des amĂ©liorations de taille, les budgets de nos clubs, comparĂ©s Ă  ceux de pays comme l’Egypte et la Tunisie sont nettement Ă  relativiser. Et nos clubs sont amenĂ©s Ă  rĂ©ïŹ‚Ă©chir sĂ©rieusement aux meilleurs moyens d’augmenter leurs recettes », commente le membre fĂ©dĂ©ral.

La FĂ©dĂ©ration, pour sa part, accompagne cet effort en reversant les droits de diffusion et recettes des contrats de sponsoring. « Nous sommes Ă©galement en train de travailler sur un projet de convention avec le ministĂšre de l’IntĂ©rieur pour inciter les collectivitĂ©s locales Ă  mettre la main Ă  la poche et participer au ïŹnancement des clubs. Tout comme la FĂ©dĂ©ration s’apprĂȘte Ă  signer une convention avec le ministĂšre de la Jeunesse et des Sports, portant notamment sur la formation des joueurs », insiste-t-il.

Télé et sponsoring

S’il y a une telle mobilisation, c’est que la FĂ©dĂ©ration comme les clubs n’ont dĂ©sormais plus le choix. Projet de professionnalisme oblige (il sera entamĂ© dĂšs la saison prochaine), la FIFA exige que 30% des joueurs de tout club de football gagnent au minimum 500 $ par mois chacun. Nos clubs s’y mettent. « 90% des joueurs des clubs marocains gagnent plus de 5 000 dirhams et sont sous contrat d’une durĂ©e de 1 Ă  5 ans », assure Ghaibi.

Les 10 % restant sont les joueurs juniors, qui touchent entre 2 000 et 4 000 dirhams et sont Ă©galement sous contrat. « Les Ă©quipes veulent Ă©viter que leurs espoirs partent Ă  l’étranger ou changent d’équipe sans avoir Ă  rendre des comptes Ă  leurs clubs formateurs », nous explique-t-il. Ces salaires et ces statuts demandent des moyens consĂ©quents. La Botola Ă©volue. Les sponsors suivent. De plus en plus d’entreprises ont dĂ©sormais besoin de communiquer Ă  travers le football. AprĂšs des dĂ©buts balbutiants dans les annĂ©es 1980, Ă  travers le parrainage, le sponsoring a atteint sa vitesse de croisiĂšre dans les annĂ©es 1990 pour littĂ©ralement exploser dans les annĂ©es 2000. Les recettes sont consĂ©quentes. Sur les seize Ă©quipes du championnat, seul le club des FAR de Rabat n’en a pas (besoin).

Neuf clubs disposent de plus de deux sponsors. Le sponsoring rapporte 6,5 millions de dirhams Ă  un club comme le Raja et 13 millions de dirhams au WAC. « Nous estimons que le sponsoring devrait reprĂ©senter 30 Ă  35% des recettes des clubs. Sous d’autres cieux, cela est dĂ©jĂ  le cas. Et je ne vois pas pourquoi ce ne serait pas possible chez nous », afïŹrme Ouali Alami. LĂ  encore, la FĂ©dĂ©ration table sur le professionnalisme qui devrait se traduire par des rencontres attirant plus de spectateurs et offrant plus de spectacle, sur le terrain comme Ă  la tĂ©lĂ©vision. Les droits tĂ©lĂ© ne sont d’ailleurs pas en reste.

Pour les ressources ïŹnanciĂšres permanentes, les Ă©quipes se partagent une partie des 225 millions de dirhams, montant du contrat de trois ans, signĂ© en 2007 entre la FRMF et la SNRT. De cette somme, la FĂ©dĂ©ration verse chaque saison 2 millions de dirhams Ă  chaque club de premiĂšre division et 600 000 dirhams Ă  chaque Ă©quipe de deuxiĂšme sĂ©rie. Si elles se classent parmi les cinq premiĂšres, les Ă©quipes reçoivent des « primes » supplĂ©mentaires oscillant entre 700 000 dirhams et 1,5 million de dirhams. Avec cet argent, les clubs investissent dans la matiĂšre premiĂšre : les joueurs. « Les salaires et les primes de signatures des joueurs reprĂ©sentent 60 Ă  70 % des dĂ©penses des Ă©quipes. C’est le triple, en comparaison avec les trois derniĂšres annĂ©es », explique Ghaibi.

Quid de l’IR ?

« La compĂ©tition sur les meilleurs Ă©lĂ©ments poussera davantage les clubs Ă  faire signer les joueurs rapidement et avant l’échĂ©ance du contrat, prĂ©dit le membre fĂ©dĂ©ral. L’an prochain, il faut s’attendre Ă  des chiffres encore plus incroyables. » La ïŹ‚ambĂ©e prĂ©sente et Ă  venir des salaires ne proïŹ te pas Ă  l’Etat. Sans ĂȘtre exonĂ©rĂ©s, les revenus de nos footballeurs ne sont soumis Ă  aucun impĂŽt, le football ayant toujours Ă©tĂ© considĂ©rĂ© comme un secteur sinistrĂ© sur lequel il fallait fermer les yeux. LĂ  encore, la donne change. Du cĂŽtĂ© de la FĂ©dĂ©ration, on apprend que les joueurs commence ront Ă  payer l’impĂŽt sur le revenu dans le cadre d’une ïŹscalitĂ© sur les revenus sportifs.

L’annĂ©e 2010 devrait dans ce sens accoucher de propositions aux clubs et aux joueurs et, ainsi, prĂ©parer le championnat professionnel pour la saison 2010-2011. L’autre interrogation porte sur le fait que malgrĂ© le haut niveau de certains, rares sont les joueurs Ă©voluant au championnat qui peuvent espĂ©rer un jour ïŹgurer parmi les Ă©lĂ©ments de l’équipe nationale. « C’est une question purement technique qui relĂšve des compĂ©tences du sĂ©lectionneur. En matiĂšre d’équipe nationale, l’objectif premier de chaque entraĂźneur est de choisir les meilleurs Ă©lĂ©ments, ceux qu’il juge capables d’obtenir les meilleurs rĂ©sultats. Et il est pour cela libre de sĂ©lectionner les Ă©lĂ©ments qu’il veut », nous explique Ouali Alami. Une rĂ©ponse qui cache mal le constat que, tant pour les joueurs que pour l’entraĂźneur, les dĂ©cideurs sportifs n’ont d’yeux que pour ce qui vient d’ailleurs (voir l’interview avec Moncef El Yazghi).

Othmane Lazim et Tarik Qattab

Les internationaux, un autre monde

« Dans notre sociĂ©tĂ©, les mĂ©tiers de la distraction sont les mieux payĂ©s », remarque l’écrivain Jacques Attali. Les footballeurs marocains Ă©voluant dans les diffĂ©rents championnats europĂ©ens ne contrediront pas l’ex-conseiller de François Mitterrand. Alors que le SMIC en France ne dĂ©passe pas les 1 100 euros, un Chamakh gagne un total de 100 000 euros par mois cette saison. Et le jeune de 25 ans va peut ĂȘtre mieux gagner sa vie, vu que les clubs anglais se disputent ses services. Youssef Hadji, l’autre vedette marocaine Ă©voluant en Ligue 1, plus prĂ©cisĂ©ment avec l’AS Nancy, touche moins que son ami des Girondins. Son salaire mensuel atteint les 74 772 euros et la prime de match les 1 000 euros. A 29 ans, il a prĂ©fĂ©rĂ© le froid du stade Marcel Picot Ă  la chaleur des pays du Golfe, bien que des propositions plutĂŽt allĂ©chantes lui aient Ă©tĂ© faites.

Avec un salaire annuel brut de 2,7 millions d’euros, Mbarek Boussoufa, le milieu offensif du RSC Anderlecht est le footballeur le mieux payĂ© de Belgique. « Bouss » a le sens des affaires : alors qu’il ne devait percevoir que 15 % du montant d’un transfert Ă©ventuel, il a rĂ©ussi Ă  nĂ©gocier 30 % en cas de dĂ©part vers d’autres cieux. L’ex-Sochalien Jaouad Zairi n’a pas toujours fait les bons choix dans sa carriĂšre. DerniĂšre escale pour l’ex-international marocain : la GrĂšce et son club L’Olympiakos, oĂč il reçoit 600 000 euros par an. Tout est relatif !

 


Demain la CNSS

Le souci premier du joueur marocain reste encore de gagner sa vie et de se garantir une retraite dĂ©cente. Soit Ă©viter le sort d’un Brahim Roudani, dit Chicha, ex-joueur du WAC, qui a rendu l’ñme le lundi 5 janvier dernier, pauvre et seul. Un exemple parmi d’autres de gloires du sport qui se retrouvent dĂ©munies en ïŹ n de carriĂšre. La rĂ©forme en cours des lois et des statuts des clubs et des sportifs donnera accĂšs Ă  la CNSS, Ă  l’assurance maladie et Ă  la retraite pour les sportifs. Une premiĂšre simulation d’un systĂšme de prĂ©voyance sociale au proïŹt des joueurs a Ă©tĂ© mise en place. Le systĂšme visĂ© par la FRMF devra apporter aux joueurs « une situation plus sereine avec des revenus stables et lissĂ©s dans le temps, une couverture des Ă©vĂšnements graves qui pourraient survenir pendant leur carriĂšre (accidents, maladies, incapacitĂ©, dĂ©cĂšs), un accĂšs aux services ïŹnanciers et bancaires (prĂȘts, dĂ©duction des intĂ©rĂȘts accordĂ©s pour l’acquisition d’un logement principal) ainsi que des revenus rĂ©guliers pendant une pĂ©riode Ă©quivalente Ă  la durĂ©e de cotisation et qui correspondrait Ă  leur carriĂšre footballistique », peut-on lire dans la note de synthĂšse de la commission.


INTERVIEW Moncef El Yazghi, chercheur en sport

« Il faut imposer les footballeurs »

Pour le chercheur Moncef El Yazghi, les niveaux des salaires atteints par un grand nombre de joueurs impliquent que l’État ne doive plus fermer les yeux sur les impîts qui lui sont dus.

Le projet de réforme et de professionnalisation du football accorde-t-il la place due aux footballeurs ?

La place accordĂ©e par le projet de rĂ©forme au joueur ne sera visible qu’aprĂšs l’adoption des lois sur l’éducation physique et la professionnalisation du football ainsi que le dĂ©marrage de la ligue professionnelle, prĂ©vue pour la saison 2010-2011. Mais que l’on ne s’y trompe pas, les salaires et autres revenus des joueurs ne seront ïŹxĂ©s par aucun barĂšme. Seul un salaire minimum sera garanti tel que stipulĂ© par la Fifa. Par contre, le caractĂšre obligatoire des contrats sera introduit et ïŹxera les droits et obligations de chaque joueur. Tout comme il organisera les aspects liĂ©s Ă  l’absence, la maladie et les transferts.

Comment expliquez-vous la ïŹ‚ambĂ©e des revenus et les disparitĂ©s existant entre joueurs et clubs?

Les clubs ont dĂ©sormais les moyens de s’offrir des joueurs de qualitĂ©. Un club comme le WAC de Casablanca consacre 10 millions de dirhams au mercato des joueurs. Si les clubs ont plus de rentrĂ©es, c’est notamment grĂące aux droits de diffusion. Dans le temps, les matchs du championnat n’étaient transmis qu’accessoirement par les chaĂźnes nationales. Mais depuis quelques annĂ©es, la donne a changĂ©. Notamment Ă  travers des chaĂźnes comme ART qui avait achetĂ© les droits pour quelque 27 millions de dirhams sur une durĂ©e de cinq ans. Ayant repris le ïŹ‚ambeau, la SNRT Ă©tait dans l’obligation de s’aligner. A cela s’ajoute les contrats de sponsoring conclus tant avec la FĂ©dĂ©ration qu’avec les clubs. Les disparitĂ©s concernant les joueurs sont, somme toute, logiques. Il y a des clubs qui sont plus riches que d’autres et des joueurs plus prisĂ©s que d’autres. Les petits salaires de certains joueurs s’expliquent par leur statut de dĂ©butants. Le grand Aboucharouane ou encore Zemama Ă©taient payĂ©s 1 000 dirhams Ă  leurs dĂ©buts. C’est ce seuil minimum que le professionnalisme devra relever.

Les salaires des joueurs ne sont toujours pas imposables. A quoi est due cette situation?

L’État s’est contentĂ© de fermer les yeux durant les annĂ©es 1980 et 1990, partant de la situation de crise que vivaient les clubs. MĂȘme les entraĂźneurs, dont certains sont payĂ©s 600 000 dirhams, ne payent pas d’impĂŽts. C’est ce qui encourage nombre de sĂ©lectionneurs Ă©trangers Ă  venir chez nous. L’État y perd. D’oĂč l’impĂ©ratif d’imposer les joueurs.

Rares sont les joueurs Ă©voluant au championnat qui espĂšrent rejoindre l’équipe nationale. Pourquoi ?

Je citerai l’exemple de Issam Adoua, ex-joueur du Wydad, qui n’a Ă©tĂ© appelĂ© pour jouer en Ă©quipe nationale qu’une fois parti Ă  Lens, pour dire que les dĂ©cideurs marocains prĂ©fĂšrent toujours les internationaux quand il s’agit de la sĂ©lection nationale. Le caractĂšre absurde de la dĂ©marche n’a d’égal que l’inutilitĂ© de cette dĂ©pendance. Dans leur recherche de rĂ©sultats immĂ©diats, nos sĂ©lectionneurs se reposent sur les produits ïŹnis en faisant valoir le sang marocain de certains joueurs. Cela jure avec les choix rĂ©ussis de l’Egypte ou la Tunisie qui recrutent au sein de leurs clubs. Ce qui explique les exploits de leurs Ă©quipes nationales Ă  l’échelle africaine. Quand ils font appel Ă  des internationaux, c’est en guise de valeur ajoutĂ©e. En revanche, nous avons une Ă©quipe nationale dont le gros des joueurs ne frĂŽle le sol africain qu’au moment des grands rendez-vous.


SALAIRES : des disparités importantes entre les clubs

RAJA Le syndrome «Madrassa»

Le Raja Club Athletic (RCA) fait bande Ă  part. MalgrĂ© le plus gros budget du championnat, 41 millions de dirhams, les salaires chez les Verts commencent Ă  partir de 3 000 dirhams et ne dĂ©passent pas les 6 000 ! Selon un adhĂ©rent, « le club a fait le choix de ne pas recruter Ă  des sommes mirobolantes car il dispose d’une madrassa (Ă©cole) du foot ». Un modĂšle critiquĂ© par une large partie des supporters qui pensent que les Verts auraient dĂ» « se payer » les services des meilleurs footballeurs.

WAC Le club de toutes les disparités

Si le WAC fait mieux que le Raja, il souffre de l’écart sĂ©parant petits et grands salaires, pouvant aller de 1 Ă  22. De 45 000 dirhams, les rĂ©tributions mensuelles peuvent ainsi dĂ©gringoler Ă  2 000 dirhams. Une politique salariale qui peut pousser les jeunes Ă  partir ailleurs. Le dernier cas en date, celui de Younes Belkhader qui a quittĂ© le WAC pour le Raja et qui a de fortes chances de rejoindre La Liga sous les couleurs de l’Espagnol de Barcelone. Rien que ça!

KACM Honneur aux anciens

Le Kawkab Club de Marrakech (KACM) qui tourne avec un budget de 21 millions de dirhams, dont 17,5 % sont rĂ©servĂ©s aux salaires, hors primes. Le plafond salarial est de 10 000 dirhams, « Ă  part un joueur Ă©tranger qui vient de signer », prĂ©cise Mohammed Nakil porte-parole du KACM. « Les critĂšres pour ïŹxer les salaires sont l’anciennetĂ© d’un joueur et son rendement », ajoute le dirigeant marrakchi. « Jusque lĂ , tous nos joueurs ont reçu leurs salaires et leurs primes », se rĂ©jouit-il.

MAS La crise toujours

À FĂšs, l’heure est moins joyeuse. Le Maghreb AthlĂ©tic de FĂšs (MAS) a gelĂ© les salaires de ses joueurs pendant deux mois cette annĂ©e. Pourtant, avec l’arrivĂ©e de l’homme d’affaires Marwane Bennani, les Fassis espĂ©raient en ïŹnir avec les soucis ïŹnanciers. Avec un mercato du tonnerre - 6 millions de dirhams pour trois joueurs - et des salaires Ă  partir de 5 000 dirhams jusqu’à 10 000 dirhams, tout avait pourtant bien commencé 

DHJ Les priorités sont ailleurs

CĂŽtĂ© DifaĂą Hassani el Jadidi (DHJ), on est plus en faveur d’une « gestion saine ». Pour Salaheddine Mouktarid, le nouveau prĂ©sident du club, la prioritĂ© est aux infrastructures et Ă  la formation. « Ce qui ne nous empĂȘche pas de donner de bons salaires », nuance le jeune prĂ©sident. Ceux-ci oscillent entre 5 000 et 10 000 dirhams. Soit une bonne partie des 15 millions de dirhams constituant le budget annuel du club.

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Actuel n°83 : ET MAINTENANT ? Une marche pour la dĂ©mocratie
Actuel n°81 : Sale temps pour les tyrans 
Actuel N°72 : Aquablanca : La faillite d’un systĂšme  
Actuel n°69-70 : Benguerir sur les traces de Settat 
Actuel n°68 : Art, sexe et religion : le spectre de la censure 
Actuel n°67 : Dans les entrailles de Derb Ghallef 
Actuel n°66 : Ces FQIHS pour VIP 
Actuel n°65 : RNI, le grand politic show 
Actuel n°64 : Bourse de Casablanca, des raisons d’espĂ©rer 
Actuel n°63 : Ex-ministres :  y a-t-il une vie aprĂšs le pouvoir ?
Actuel n°62 : Le code de la route expliquĂ© par Ghellab
Actuel n°61 : La vie sexuelle des Saoudiennes
 racontĂ©e par une Marocaine
Actuel n°60 : Chikhates, shit et chicha 
N°59 : Eric Gerets, la fin du suspense ?
N°58 : Onze ans, onze projets 
N°57 : Raid sur le kif 
N°56 : Sea, Sun & Ramadan 
N°55 : Casablanca, mais qui est responsable de cette pagaille ?
N°54 : Ces ex-gauchistes qui nous gouvernent 
N°53 : Au cƓur de la prostitution marocaine en Espagne 
N°52 : DiplĂŽmĂ©s chĂŽmeurs : le gouvernement pris au piĂšge
N°51 : 2M : SuccĂšs public, fiasco critique
N°50 : L’amĂ©rique et nous 
N°49 : Crise, le Maroc en danger ?
N°48 : Les 30 Rbatis qui comptent 
N°47 : Pourquoi El Fassi doit partir 
N°46 : Chirurgie esthĂ©tique :  plus belle, tu meurs
N°45 : McKinsey dans la ligne de mire  
N°44 : Trafic sur les biens des Ă©trangers 
N°43 : Avec les Ă©vadĂ©s de Tindouf 
N°42 : GCM / Tamesna : Un scandale en bĂ©ton !
N°41 : ONA - SNI: Ils ont osĂ©
N°40 : Enseignement: Missions Ă  tout prix
N°39 : Le Maroc, terre d'accueil des espions 
N°38 : Bleu Blanc Beurk 
N°37 : Boutchichis Les francs-maçons du Maroc
N°36 : Hamid Chabat rĂ©veille les vieux dĂ©mons
N°35 : Vies brisĂ©es 
N°34 : Maires Ceux qui bossent et ceux qui bullent
N°33 : Botola Combien gagnent nos joueurs
N°32 : Sexe, alcool, haschich, jeux
 Les 7 vices des Marocains
N°31 : Tanger Le dossier noir des inondations
 
 
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