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Loi de Finances 2013 : Le  budget de  tous  les dangers  
actuel n°163, jeudi 11 octobre 2012
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Ça passe ou ça casse. La période de grâce est bel et bien terminée et tous les projecteurs sont braqués sur Benkirane et son équipe. La marge de manœuvre n’a jamais été aussi étroite. Réussira-t-il son examen de passage ?


Adeux mois de la fin de l’exercice budgétaire 2012, le brouillard plane toujours sur la prochaine loi de Finances 2013. L’opinion publique attendait et continue d’espérer l’annonce de mesures phares qui marqueraient le mandat du gouvernement Benkirane. Pour rappel, le budget 2012 avait été présenté comme transitoire puisque élaboré pour l’essentiel par l’équipe sortante de Abbas El Fassi. Les vainqueurs des élections de novembre 2011 avaient douze mois pour apporter leur touche au budget 2013 et, surtout, pour tenir leurs promesses électorales. Qu’en est-il aujourd’hui ? Début octobre, aucune hypothèse destinée à construire le budget n’était encore arrêtée. Autre retour en arrière : la lettre de cadrage diffusée en août par le chef de gouvernement ne comportait aucune donnée chiffrée susceptible de préciser les contours du futur budget. Plus récemment, le ministre délégué chargé du Budget, Idriss Azami Al-Idrissi, s’est caché derrière l’incertitude liée à la conjoncture nationale et internationale pour invoquer les difficultés à avancer toute estimation, que ce soit celle du prix du baril de pétrole ou du taux de croissance du PIB. Evasif, il s’est contenté d’annoncer des pronostics largement galvaudés : un baril au dessus de 100 dollars et une croissance de 4% à 5%, sans que ces estimations ne soient étayées par des arguments solides. Pourtant, les équipes du binôme Nizar Baraka-Idriss Azami Al-Idrissi, qui pilote le ministère des Finances, disposaient d’un délai suffisant – depuis juin dernier – pour construire divers scénarios.

 

Promesses de Benkirane

Qu’à cela ne tienne, Abdelilah Benkirane et son équipe continuent de promettre à tour de bras sans jamais préciser les mesures concrètes à mettre en œuvre. Rétablissement des équilibres macro-économiques, maintien de l’investissement public, soutien à la compétitivité de l’entreprise et promotion de l’emploi. Telles sont les priorités avancées par le gouvernement, sans que celui-ci ne laisse rien filtrer, à deux semaines de la présentation du projet de loi de Finances au Parlement, ni sur les mesures ni sur leur financement.

Plus grave, c’est l’impasse totale sur des dossiers chauds qui auraient mérité un traitement urgent et sur lesquels Benkirane était très attendu. C’est le cas de la réforme de la retraite, du parachèvement de la réforme de la Caisse de compensation, de la remise à plat du système fiscal… trois gros chantiers qui auraient permis au Premier ministre pjdiste de se démarquer de ses prédécesseurs et de renouer avec la popularité mise à mal ces derniers mois. « Le mode de confection d’une loi de Finances est un indicateur implacable de la capacité d’un gouvernement à assumer son rôle de stratège. C’est l’occasion pour lui à la fois de dire ce qu’il veut et de réaliser ce qu’il a promis », affirme Fouad Benseddik, directeur des méthodes et des relations institutionnelles de Vigeo. Il est vrai que la marge de manœuvre du gouvernement est très restreinte, notamment au niveau de l’amélioration des recettes et de la rationalisation des dépenses. « Ce gouvernement aurait tout à gagner en réformant le mode de construction du budget, en explicitant clairement les priorités et en mettant en œuvre des lois de programmation pluriannuelles en faveur des secteurs vitaux », souligne l’expert en responsabilité sociale en entreprise. Avis partagé par Abdelmalek Alaoui, associé gérant de Global Intelligence Partners. Au lieu de parler de marge de manœuvre étroite, voire quasi nulle, le consultant recommande plutôt de remettre à plat le système actuel de la loi de Finances, de l’abroger pour le repenser « de manière glissante sur plusieurs années ».

 

Politique de l’autruche

Au lieu d’engager cette réforme de fond qui requiert un courage politique et suppose une remise en question profonde qui bousculerait tous les dogmes actuels, le gouvernement préfère adopter, comme ses prédécesseurs, la politique de l’autruche.

Ainsi, pour la réforme de la retraite, la bombe à retardement héritée des gouvernements précédents, et qui met en péril tout le système de prévoyance qu’il soit public ou privé, n’est pas près d’être désamorcée. Et pour cause, toute réforme nécessite non seulement la mise en œuvre de mesures douloureuses comme l’augmentation de l’âge de départ à la retraite et du taux de cotisation, mais elle nécessite aussi et surtout, la budgétisation de plusieurs milliards de dirhams. Compte tenu de l’état des finances publiques, cette dotation a peu de chance d’être inscrite dans le projet de budget 2013.

Pour le volet fiscal, les patrons doivent, eux aussi, prendre leur mal en patience puisqu’aucune mesure concrète n’est à attendre dans ce budget. D’autant que les premières assises de la fiscalité, organisées par la direction des Impôts, ne se tiendront qu’en février 2013, soit deux mois après le vote de la loi de Finances. Si tout va bien, ce rendez-vous devrait permettre aux acteurs économiques de débattre des pistes d’amélioration du rendement du système fiscal actuel. Avec comme priorité une meilleure répartition de la charge fiscale entre les contribuables.

Reste la réforme de la Caisse de compensation. Même si le budget de la Caisse n’est toujours pas arrêté, le chantier semble pris à bras-le-corps par Najib Boulif, ministre délégué chargé des Affaires générales et de la Gouvernance. Le gouvernement Benkirane est de toute façon condamné à avancer sur ce chantier car la flambée des prix des produits subventionnés devient insoutenable pour les caisses de l’Etat comme pour les entreprises dont les arriérés s’accumulent, mettant en péril leur trésorerie. Donc, le gouvernement n’a d’autre choix que d’avancer sur le registre du ciblage des populations des classes moyenne et défavorisée. D’où l’importance du fonds de cohésion sociale instauré en 2012. Grâce à la contribution de 190 grandes entreprises, ce fonds a drainé pour son premier exercice 1,8 milliard de dirhams. Au moment de son lancement, le gouvernement tablait sur 2,5 milliards de dirhams dont 2 milliards émanant de la participation solidaire des entreprises. L’objectif initial a donc été atteint, reste maintenant à le pérenniser. Or, il faut se rappeler qu’au lancement du fonds, début 2012, le patronat avait bien spécifié que sa contribution serait limitée à une année. Désormais, le problème de la pérennité du fonds de cohésion sociale reste posé.

Tout comme celui de la crédibilité des engagements formulés par Benkirane tout au long de son premier exercice budgétaire. On s’en souvient, son ministre des Finances s’était montré particulièrement optimiste en tablant, pour 2012, sur une croissance de 4,2%, et un déficit budgétaire à 5%. Aujourd’hui, le gouvernement est rattrapé par la réalité puisque la croissance ne dépassera pas 3% tandis que le déficit budgétaire explosera au-delà de 6%. Benkirane saura-t-il en tirer la leçon ?

Mouna Kably & Khadija El Hassani

Les 10  enjeux de 2013

 

La croissance économique a besoin d’un coup d’accélérateur. Mais il faut rester vigilant pour ne pas aggraver les déficits. Un défi qui nécessite plusieurs réformes et une bonne dose de courage politique.

 

Equilibres macro- economiques

Une Ă©quation Ă  plusieurs inconnues

L’équation est certes compliquée car il faut booster la croissance économique sans aggraver les déficits, mais pas impossible à résoudre. « Sans en attendre de miracles, les pouvoirs publics peuvent puiser dans certaines mesures non budgétaires », rappelle Hicham El Moussaoui, enseignant chercheur à l’université Sultan Moulay Slimane. A commencer par la rationalisation des dépenses. Qui dit rationalisation, dit réforme de la Caisse de compensation en donnant un coup d’accélérateur au ciblage de la population démunie. « Il faut aussi opérer des coupes drastiques dans les dépenses de fonctionnement du secteur public, instaurer des grilles de rémunération des fonctionnaires basées sur la performance et le mérite », ajoute Mustapha Melgou, consultant dans le secteur bancaire et financier.

En termes plus clairs et dans l’immédiat, cela devrait se traduire par une augmentation du prix de certains produits de base comme le gaz butane. La réforme de la fonction publique pour alléger le poids de la masse salariale prendra plus de temps…

Par ailleurs, il est toujours possible d’optimiser les recettes. Même si, là aussi, la marge de manœuvre reste étroite. Comme il ne faut pas s’attendre à une réforme de la TVA pour en élargir l’assiette avant la tenue des Assises de la fiscalité programmées en février 2013, il ne reste plus qu’à s’attaquer à la compression des niches fiscales qui totalisent 32 milliards de dirhams (en 2011) et qui sont souvent octroyées sous la pression de lobbys.

Autre chantier à activer : améliorer l’efficacité de la gestion des finances publiques et instaurer des règles de transparence et d’évaluation permanente des politiques publiques. A cet effet, il est urgent de réformer la loi organique de la loi de Finances pour être en conformité avec la Constitution. Un chantier qui ne requiert aucun effort budgétaire, mais plutôt une mobilisation politique.

 

Caisse de compensation

Réformer ou disparaître

Enjeu majeur, non seulement du budget 2013, mais de toute la politique gouvernementale, la réforme de la Caisse de compensation constitue l’un des tests déterminants de l’examen de passage du gouvernement Benkirane. Osera-t-il aller jusqu’au bout pour régler ce dossier épineux éludé par ses prédécesseurs ? La question est urgente car la charge de compensation qui ne dépassait pas 2% du PIB en 2000, explose à 6% du PIB en 2011. Et le coût de la non-réforme grève les finances de l’Etat : pas moins de 52 milliards de dirhams ont été déboursés en 2012 aggravant le déficit budgétaire. Avec l’explosion des cours des matières premières, la spirale ne cesse de s’emballer. Sur ce registre, l’équipe de Benkirane, qui a fait de grandes promesses électorales, sait que le temps est compté et que les véritables réformes doivent être engagées sans attendre pour sauver les finances publiques. « Il est urgent de revoir le fonctionnement de cette caisse mal utilisée et dont les fonds ne profitent pas aux couches défavorisées. C’est une question de gouvernance qui nous permettra de suivre et réorienter les sommes versées, et de récupérer plusieurs milliards de dirhams », assure Najib Boulif à actuel. Faisant de cette réforme son cheval de bataille, il affirme plancher depuis un an sur des scénarii axés sur l’équité et l’efficacité, sur fond de ciblage. Ils doivent être fin prêts avant la fin de cette année. Comme pour la hausse des prix à la pompe, décrétée quelques mois auparavant, et qui avait généré une économie de 5,7 milliards de dirhams, il faut s’attendre à une révision du prix des autres produits subventionnés tels que le gaz butane ou le sucre.

 

Emploi

Sortir des sentiers battus

Un autre casse-tĂŞte pour le gouvernement. La courbe de l’emploi s’effondre et le taux de chĂ´mage dĂ©passe 31% parmi les jeunes de moins de 34 ans. Depuis qu’il est aux commandes, le chef du gouvernement rĂ©itère en toute occasion la gravitĂ© du problème. D’ailleurs, dans sa lettre de cadrage, le soutien Ă  l’emploi figure en bonne place des prioritĂ©s. Reste Ă  savoir quelles sont les solutions concrètes identifiĂ©es, le budget allouĂ© et les objectifs Ă  court terme fixĂ©s. Autant de questions qui se posent avec acuitĂ© en temps de crise oĂą se multiplient dĂ©faillances d’entreprises et  suppressions d’emplois. La solution pour relancer l’emploi ne sera donc pas aisĂ©e. « Le chef du gouvernement encourage le travail associatif et les coopĂ©ratives, appelle Ă  la promotion de l’auto-emploi et des activitĂ©s gĂ©nĂ©ratrices de revenus et Ă  l’encouragement des sociĂ©tĂ©s d’intĂ©rim dans le secteur industriel », rĂ©sume  Khadija Aissaoui, professeur Ă  l’universitĂ© Mohammed V. L’échec des politiques passĂ©es de promotion de l’auto-emploi comme le crĂ©dit jeunes promoteurs qui avait Ă©tĂ© portĂ© par le Conseil national de la jeunesse et de l’avenir (CNJA) ou, plus rĂ©cemment, le programme Moukawalati, ne laisse guère beaucoup d’espoir. A moins que Benkirane ne dispose d’un concept novateur qui lui permettrait de rĂ©ussir lĂ  oĂą ses prĂ©dĂ©cesseurs ont Ă©chouĂ©.

 

Fiscalité

En stand-by jusqu’en février

A la veille des Assises de la fiscalité, il ne faut pas s’attendre à de gros bouleversements. Le gouvernement doit parer au plus urgent. Une chose est sûre, la hausse de la vignette déjà validée en avril dernier entrera en vigueur dès janvier 2013. Ainsi, la vignette sur les grosses cylindrées essence, d’une puissance fiscale de 11 à 14 CV, passera de 2 000 à 3 000 dirhams. Pour les véhicules diesel, la vignette sera de 6 000 dirhams contre 5 000 dirhams auparavant.

Pour une puissance fiscale supérieure à 15 CV, la vignette sur les véhicules essence sera doublée à 8 000 dirhams et sur les véhicules diesel, elle passe à 20 000 dirhams.

Cette batterie de hausses de la vignette devrait rapporter aux caisses de l’Etat 120 millions de dirhams… Effet d’annonce psychologique, mais une quasi-misère en cette période de disette budgétaire. Pour les véhicules de plus de 25 ans, la levée de l’exonération de la taxe spéciale annuelle entre en vigueur dès janvier prochain.

Pour rappel, une autre mesure entrée en application en 2012, et qui devrait être maintenue en 2013, concerne la hausse de la TIC (taxe intérieure de consommation) sur les vins (500 DH/ hectolitre), la bière (900 DH/ hectolitre), et cigares et cigarillos (35% du prix public hors TVA).

Sur le fond, les patrons devront attendre février 2013 pour découvrir les contours de la réforme de l’Impôt sur les sociétés et de la TVA, la redistribution des exonérations de TVA en faveur des secteurs qui en ont le plus besoin et qui subissent de plein fouet la crise. « Pour améliorer les recettes dans l’immédiat, il faut manier à la fois le bâton et la carotte », recommande Mehdi Toumi.

D’un côté, il faut étendre le contrôle fiscal aux PME car, pour l’heure, 80% des recettes fiscales émanent des grandes entreprises. La direction des Impôts doit également continuer à perfectionner les techniques de recoupement avec la direction des Douanes et l’Office des changes. De l’autre, il faut élargir la base imposable en apportant un soutien fiscal aux Très petites entreprises (TPE) pour faciliter leur développement et les accompagner dans leur croissance pour qu’elles deviennent un jour des PME, et pérenniser ainsi les recettes fiscales.

 

Compétitivité

Y a-t-il un pilote dans l’avion ?

Sur ce dossier, le gouvernement doit revoir sa copie. Experts et hommes d’affaires sont unanimes : en l’absence d’une vision globale, le défi de la compétitivité ne peut être relevé avec de simples stratégies sectorielles. Il faut donc pallier le déficit de convergence. Abdelmalek Alaoui, associé gérant de Global Intelligence Partners, recommande de s’inspirer du modèle de la Corée du Sud en se dotant d’un bras armé global pour synchroniser les actions : une sorte de « super agence » qui regrouperait promotion des investissements, des exportations et accompagnement de la PME. Le projet existe dans les cartons de la primature depuis Driss Jettou, il est temps de l’opérationnaliser. Il est temps aussi pour les opérateurs de se prendre en main et de modifier leur rapport à l’Etat qui s’est jusque-là limité à réclamer des avantages fiscaux. Les dernières rencontres entre la CGEM et le gouvernement ouvrent la voie à un autre type de partenariat. Reste à le consolider.

 

Climat des affaires

Le patronat s’impatiente

C’est le dossier chaud de cette rentrée qui suscite l’impatience du patronat. Quatre volets transversaux, pour lesquels Benkirane a formulé des promesses, font l’objet de fortes attente : faciliter l’acte d’investir, améliorer les délais de paiement pour soulager les trésoreries des entreprises, réformer la fiscalité et réaménager le code du travail, en particulier le droit de grève. Pas de miracle toutefois à attendre sur ce dernier volet, car la réforme du code du travail nécessite des financements conséquents pour la mise en place de certaines mesures. A priori, elles ne figurent pas en tête des priorités du gouvernement. Et bien entendu, les patrons réclament la sempiternelle lutte contre l’informel qui exacerbe la concurrence déloyale à l’encontre des entreprises structurées. La loi de Finances 2011 avait instauré des incitations fiscales en faveur des Toutes petites entreprises (TPE) qui auraient décidé de basculer dans le secteur formel (taux IS de 15% pour un chiffre d’affaires inférieur à 1 million de dirhams). « Mais pour que la lutte contre ce fléau soit efficace, il faut proposer un package qui engloberait l’avantage fiscal, des avantages sociaux, une assurance retraite et un accès au financement bancaire », complète Mehdi Toumi, expert comptable et vice-président de la commission fiscalité de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM). Une suggestion du patronat qui semble faire son chemin.

En attendant, une mesure destinée à améliorer le climat des affaires est reconduite jusqu’en décembre 2013. Il s’agit de l’exemption de l’IS (impôt sur les sociétés) et de l’IR (impôt sur le revenu) en faveur des entreprises basées dans la zone franche de Tanger Med.

 

Stratégies sectorielles

A quand un chef d’orchestre ?

Les gouvernements précédents ont élaboré les stratégies sectorielles, Emergence, Plan Maroc Vert, Halieutis, Maroc Numeric… il incombe désormais à l’équipe de Benkirane de coordonner tous ces plans pour en faire une politique de développement intégrée et cohérente. Le défi est de taille, mais pas irréalisable car le contexte s’y prête. « Il faut optimiser les effets de synergie, éviter les gaspillages et limiter les redondances », insiste l’économiste Hicham El Moussaoui. Pour y arriver, il préconise d’accélérer l’exécution de la stratégie intégrée en adoptant une approche régionale.

La régionalisation constitue donc une véritable aubaine à saisir, car elle va faciliter la mise en œuvre de ces politiques de développement régional et favoriser un développement spatial équilibré. Si le gouvernement Benkirane s’y attelle, le Maroc comptera, à moyen terme, de nouveaux pôles de développement régionaux. Ce qui marquera peut-être la fin du Maroc utile/inutile.

 

Investissement public et privé

Innover sans débourser

Investir est un acte de confiance en l’avenir. Pour que les entreprises, quelle que soit leur taille, s’y remettent, il faut améliorer le climat des affaires, garantir l’égalité des chances d’accès aux marchés, réformer le mode de passation des marchés publics, simplifier les procédures et garantir la transparence. Autant de mesures réclamées haut et fort par le patronat et qui ne requièrent pas de grosses dépenses… mais une bonne dose de courage politique et une mobilisation sur le terrain.

 

IDE

Préparer le terrain d’abord !

Voilà un autre chapitre sur lequel le gouvernement Benkirane est attendu. Experts et hommes d’affaires estiment qu’il est temps d’affiner davantage la stratégie gouvernementale pour baliser le terrain et accueillir les investissements directs étrangers (IDE), et surtout pour en tirer le maximum de profit. Aujourd’hui plus que jamais, l’économie marocaine a grand besoin de ces IDE pour booster une croissance économique insuffisante, lutter contre le chômage et réduire le seuil de pauvreté régulièrement pointé par les instances internationales, rappelle Khadija El Aissaoui, professeur à l’université Mohammed V de Rabat.

Mais le contexte qui prévaut aujourd’hui impose de nouvelles orientations comme le développement du marché financier. Le statut réservé aux entreprises et leurs personnels, installés à Casa Finance City, constitue un premier pas. Parmi les avantages concédés à ces sociétés, l’exonération de l’IS pour les cinq premières années, suivie d’un taux réduit de 8,75%. Le personnel non résident travaillant dans ces entités est taxé de l’IR à 20% pour une durée de résidence au Maroc inférieure ou égale à six mois. « Le capital étranger représente une source de financement non efficace lorsque les marchés financiers domestiques sont sous-développés. De plus, les retombées positives des IDE varient selon les capacités d’absorption des pays d’accueil », constate la chercheuse en citant les conclusions d’une étude. Sur ces deux registres, le Maroc a encore des efforts à déployer pour rentabiliser au mieux les flux étrangers.

De son cĂ´tĂ©, l’économiste Hicham El Moussaoui prĂ©conise d’encourager les IDE dans des secteurs cibles comme les infrastructures, la santĂ© et l’enseignement oĂą les attentes sociales sont Ă©normes. Autre suggestion : cibler les IDE en privilĂ©giant les investissements dans des lignes de mĂ©tiers orientĂ©es export. Histoire de compenser les sorties de devises liĂ©es au paiement des dividendes des  actionnaires Ă©trangers.

 

Demande intérieure

A bout de souffle

La croissance de l’économie marocaine serait soutenue en 2013 exclusivement par la demande intérieure, à en croire le HCP. Sa contribution au PIB passerait du simple au double : 6,3 points en 2013 contre 3,5 points en 2012. Voilà qui devrait rassurer le chef de l’exécutif. Dans un contexte marqué par le ralentissement de la demande étrangère, l’économie nationale pourrait encore tirer profit de la vigueur de la demande intérieure. Mais attention, le modèle de croissance fondée sur la demande intérieure présente déjà de sérieuses limites. D’ailleurs, le gouverneur de la Banque centrale, Abdellatif Jouahri, n’a pas manqué de le souligner à l’issue du dernier conseil : la croissance ne peut plus continuer à être tirée exclusivement par la demande intérieure au risque d’aggraver le déséquilibre budgétaire et de creuser davantage le déficit commercial. Pour réduire ces déficits, il faut mettre en musique la manne de la demande intérieure et le soutien énergique à la compétitivité de l’industrie locale. En clair, maintenir une demande domestique dynamique mais l’aiguiller vers des produits fabriqués localement. En deux mots, savoir jouer à bon escient la carte de la préférence nationale.

Mouna Kably & Khadija El Hassani


Au hasard des estimations


Cette année, le gouvernement s’est montré particulièrement avare en informations, sans doute pour éviter les couacs de l’année précédente. Il est vrai que la loi de Finances 2012 avait été votée dans des conditions particulièrement houleuses, en mai 2012. Le gouvernement Benkirane avait alors bénéficié d’une période de grâce, teintée d’indulgence. Mais cinq mois plus tard, le flou continue de planer sur la vision stratégique de cette équipe qui devait se matérialiser dans l’élaboration de la loi de Finances. Et à la mi septembre, le gouvernement attendait encore et toujours les estimations des instances internationales, notamment du FMI, pour construire son premier budget. Deux semaines plus tard, les hypothèses sont distillées au compte-gouttes, lors du conseil des ministres tenu le 4 octobre 2012. Nizar Baraka se contentera d’avancer un déficit budgétaire de 4,8% du PIB, une croissance de 4,5%, un taux d’inflation de près de 2% et une récolte agricole moyenne. Le prix du baril de l’or noir retenu est de 105 dollars, avec un dollar à 8,5 dirhams. A quelques jours de la présentation du projet de loi au Parlement (le 20 octobre), l’on n’en saura pas plus.

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N°46 : Chirurgie esthĂ©tique :  plus belle, tu meurs
N°45 : McKinsey dans la ligne de mire  
N°44 : Trafic sur les biens des Ă©trangers 
N°43 : Avec les Ă©vadĂ©s de Tindouf 
N°42 : GCM / Tamesna : Un scandale en bĂ©ton !
N°41 : ONA - SNI: Ils ont osĂ©
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N°39 : Le Maroc, terre d'accueil des espions 
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N°37 : Boutchichis Les francs-maçons du Maroc
N°36 : Hamid Chabat rĂ©veille les vieux dĂ©mons
N°35 : Vies brisĂ©es 
N°34 : Maires Ceux qui bossent et ceux qui bullent
N°33 : Botola Combien gagnent nos joueurs
N°32 : Sexe, alcool, haschich, jeux… Les 7 vices des Marocains
N°31 : Tanger Le dossier noir des inondations
 
 
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