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Economie 2000-2012 : le grand virage 
actuel n°151, jeudi 19 juillet 2012
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Le Maroc est passé en mode accéléré entre 2000 et 2012, multipliant réformes et chantiers. Visions stratégiques, accords de libre-échange, infrastructures… L’investissement public a suivi au pas de charge, mais les opérateurs privés tardent à prendre la relève. actuel fait le point sur les réalisations et chantiers ouverts.


 

Dossier réalisé par le service Economie

 

En douze ans, le bond économique effectué par le Royaume n’aura échappé à personne, pas même aux plus récalcitrants. A quelques nuances près, tous s’accordent à parler de rupture avec les années 90. Une nouvelle dynamique économique s’est enclenchée, voulue par le roi et stimulée par une conjoncture nationale et internationale particulièrement favorable. Tous les ingrédients sont réunis au début du nouveau règne pour amorcer le décollage de l’économie marocaine. Avec, à la clé, des visions stratégiques destinées à accélérer la mise à niveau de secteurs prioritaires, et l’émergence de nouveaux métiers porteurs, comme l’offshoring ou l’aéronautique. L’ancien ministre du Tourisme, Adil Douiri, actuellement à la tête de la société d’investissement Mutandis, rappelle que « pendant les années 1990, le Maroc n’avait ni stratégie ni positionnement économique, et aucun secteur productif prioritaire pour faciliter son développement ». La mutation s’est opérée lentement, avec l’avènement du nouveau règne et l’engagement de la plus haute autorité de l’Etat dans la sphère économique. Dès lors, l’économie marocaine change de visage et gagne en dynamisme. Petit à petit, l’Etat, jusque-là cantonné dans le rôle de régulateur, cède la place à l’Etat stratège, plus volontariste et plus engagé. Des visions et feuilles de route de tout ordre seront alors élaborées. Parallèlement, les investissements publics dédiés au développement des infrastructures montent en flèche. « D’un simple rôle de régulateur veillant sur le maintien des équilibres macroéconomiques et l’amélioration du climat des affaires, l’Etat s’investit, de plus en plus, dans l’économie », analyse Adil Douiri. La transformation se fera lentement, mais sûrement. En première ligne, sont arrêtées, pour la première fois dans l’histoire du Royaume, des stratégies sectorielles chiffrées, dotées d’objectifs précis, plus ou moins ambitieux. « Trois orientations principales marquent cette période : le développement des plans sectoriels, le foisonnement des accords de libre-échange et le développement des infrastructures à travers la politique des grands travaux publics », résume Hicham El Moussaoui, économiste, maître de conférence et analyste pour www.unmondelibre.org.

 

Cohérence globale

Ainsi, la Vision 2020 succède au Plan Azur pour le Tourisme, tandis que l’Industrie bénéficie successivement des plans Emergence I et II et, plus récemment, le Plan Maroc Vert ambitionne de moderniser l’agriculture. Sans oublier Maroc Numeric 2013 pour les NTIC, et Halieutis pour le secteur maritime. De l’avis général, ces plans sectoriels, véritables feuilles de route, ont tracé le chemin à l’économie marocaine, en imposant une hiérarchisation des priorités et une canalisation de l'investissement vers des secteurs jugés stratégiques. Ils ont aussi donné plus de visibilité aux investisseurs. Sauf que, comme le laissent entendre plusieurs économistes, les plans stratégiques qui ont remplacé les anciens plans nationaux de développement (PND), ont manqué de cohérence globale. « Normal, explique l'économiste Najib Akesbi, ces stratégies ont été élaborées par des bureaux d’études étrangers qui ont négligé l’importance d’une vision d’ensemble dans le développement du pays, et ce, au mépris du Parlement qui n’a validé aucun de ces plans. » Avis partagé par Hicham El Moussaoui, professeur en sciences économiques, qui pointe du doigt « un mode de gouvernance défaillant, une grande opacité et un manque de concertation au niveau de la conception ». A cela s’ajoute un déficit en matière de compétences humaines qui fragilise la performance de ces stratégies.

Ces défaillances expliquent, en partie, le bilan mitigé des stratégies sectorielles. Pourtant, l’Etat y a mis les moyens. Pas moins de 500 milliards ont été mobilisés pour leur mise en route. Il est vrai que des réajustements, engagés dans la foulée, ont permis de rectifier le tir. Une nouvelle génération de stratégies est en train de voir le jour, plus réalistes et davantage en adéquation avec les potentialités réelles des secteurs, mais aussi des investisseurs.

Parallèlement, l’Etat, toujours sous l’impulsion du roi, a initié une politique volontariste de grands chantiers et de projets structurants comme Tanger Med et l’aménagement de la vallée du Bouregreg – tous deux baptisés chantiers du nouveau règne –, le réseau autoroutier, les villes nouvelles, le parc éolien, la centrale thermosolaire… « Cependant, les résultats restent en deçà du potentiel de croissance du Maroc. Mais il est vrai que les effets ne peuvent se faire ressentir que sur le long terme », tempère El Moussaoui.

 

Stratégie de diversification

Enfin, cette décennie a été marquée par le développement effréné du marché intérieur. « Avec le recul, cela s’est avéré être un bon choix car il s’est traduit par la consolidation de la demande domestique », rappelle Khalid Ayouch, fondateur de Finaccess. Même si cette stratégie commence à présenter de sérieuses limites du fait de l’explosion des importations et de l’aggravation du déficit commercial. Et pour cause, le tissu productif local n’a pas bénéficié d’un appui suffisant pour activer sa modernisation et diversifier son offre afin de répondre à une demande intérieure de plus en plus exigeante. Sous l’effet des accords de libre-échange, les enseignes étrangères ont donc raflé la mise. Aujourd’hui, le moment est venu d’engager la réflexion sur un nouveau modèle de croissance qui s’appuie sur deux piliers forts : le soutien de l’investissement privé pour améliorer la production locale, et le maintien d’une demande intérieure dynamique. Pour laisser le champ libre aux opérateurs privés, le roi a enclenché le processus de son désengagement du monde des affaires avec la cession programmée des filiales les plus rentables de SNI. Parallèlement, une autre voie de croissance se dessine pour les entreprises marocaines, celle de la conquête du marché africain. Une stratégie de diversification des débouchés qui s’est avérée payante pour la plupart d’entre elles. Maroc Telecom, RAM, Attijariwafa bank, BMCE Bank, Saham, Addoha et quelques autres ont montré la voie, en remportant des marchés dans plusieurs pays de l’Afrique subsaharienne. On attend toujours l’effet d’entraînement sur d’autres secteurs qui dégagent encore un avantage compétitif.

 

 

Accords de  libre-Ă©change

 

Des accélérateurs de réforme et de développement. C’est ainsi que des hommes d’affaires et économistes qualifient les accords de libre-échange. La décennie aura été marquée par une multiplicité d’accords avec l’UE, les Etats-Unis, la Turquie, l’Association européenne de libre-échange (AELE), la Tunisie, l’Egypte et la Jordanie.

Le choix stratégique du Royaume de s’ouvrir sur l’extérieur apparaît, à travers divers témoignages, comme l’un des choix les plus pertinents de la période. Il a permis, entre autres, d’améliorer le positionnement géo-économique du Maroc.

Toutefois, aujourd’hui encore, certains accords de libre-échange (ALE) suscitent les mêmes reproches que ceux soulevés au moment de leur signature. Leur timing aurait été mal choisi et leur négociation pas suffisamment rigoureuse. Résultat : ces ALE ont, à ce jour, de faibles retombées sur le Royaume. « Certains ont été conclus précipitamment (Turquie) ou sous pression des Occidentaux (Etats-Unis) », fait remarquer Hicham El Moussaoui. D’autres (UE) ne privilégient pas toujours les produits présentant un avantage concurrentiel pour le Maroc, comme les produits agricoles et agroalimentaires, ou encore le textile.

 

 

Mise Ă  niveau sociale : les premiers jalons

 

Si le Maroc affiche encore de gros retards au niveau social et humain, le bilan n’est pas totalement négatif. La décennie a été marquée par des avancées notables comme le lancement de l’INDH, par ailleurs donnée en exemple dans plusieurs autres pays similaires, la couverture médicale obligatoire (AMO) et le régime d’assistance médicale (RAMED) en faveur des plus démunis. Aujourd’hui, ce sont plus de 3 millions d’affiliés à la CNSS qui bénéficient de l’AMO, contre 1,2 million au moment de sa mise en place. Lancé en mars 2012, le RAMED a bénéficié à près de 500 000 personnes. Il est vrai que l’objectif de 8,5 millions de bénéficiaires à l’horizon 2014 semble utopique. Mais pour autant, l’on se veut optimiste au ministère de la Santé. A noter qu’une carte donne l’accès aux soins à toute la famille, soit cinq personnes en moyenne par foyer. Le nombre de bénéficiaires en l’espace de quatre mois serait donc estimé à 800 000 personnes. A ce rythme, la moitié de la population éligible devrait être couverte d’ici fin juin 2013.

Infrastructures : la grande effervescence

 

Tanger Med I et II, tramways, autoroutes, stades… La liste des projets d'infrastructures est impressionnante. Tout comme les centaines de milliards mobilisés pour la réalisation de ces chantiers.

 

Jamais la dynamique des infrastructures n'a été aussi soutenue que depuis les années 2000. Si le Maroc a connu durant la décennie précédente le lancement d'une série de projets structurants, force est de constater que la cadence des mises en chantier a été impulsée par le roi Mohammed VI en personne, faisant du Maroc un chantier à ciel ouvert. Parmi les réalisations les plus emblématiques du règne, Tanger Med. Ce port stratégique marquera un grand tournant en positionnant le Royaume définitivement sur la carte maritime internationale en tant que hub régional, faisant au passage beaucoup d'envieux.

Tanger Med,  l'atout logistique

A 14 kilomètres de Gibraltar, Tanger Med est désormais intégré dans un circuit logistique international. En juillet 2007, le premier terminal à conteneurs, d’une capacité de 1,5 million d’unités, entre en service, et le deuxième, en avril 2008. La réalisation de ce complexe a nécessité un investissement de 15 milliards de dirhams. Quant aux travaux de Tanger Med II, ils ont démarré en mai 2010.

Ce port à conteneurs sera une fois et demie plus grand que Tanger Med I, avec une capacité de 5,2 millions de conteneurs. Pour comparaison, Ie port d'Algésiras plafonne actuellement à 4 millions de conteneurs par an. Le coût forfaitaire de la construction est de 9,25 milliards de dirhams.

Routes et autoroutes, désenclavement à grande vitesse

Le réseau routier et autoroutier s’étend au pas de charge, mobilisant pas moins de 28 milliards de dirhams d’ici la fin 2012. Objectif : assurer un haut niveau de connectivité entre les grands pôles économiques du pays et faciliter l’accès aux différentes infrastructures (Tanger Med, ports, zones franches…). Depuis 2000, la cadence de réalisation s'est accélérée au point que le réseau autoroutier est passé de 407 km à plus de 1 500 km (et à 15 500 km d'ici fin 2012). Dernières réalisations, le tronçon Fès- Oujda lancé en janvier 2007, et opérationnel depuis un an. D’une longueur de 321 km, ce tronçon a nécessité une enveloppe de 10 milliards de dirhams. En cours, plusieurs autres segments dont l’autoroute Berrechid-Béni Mellal et l’élargissement de l’autoroute Casa-Rabat dont la livraison est prévue pour fin 2012. Le coût du projet s’élève à 1 milliard de dirhams.

  

Tramway, un pari  en passe d'ĂŞtre gagnĂ©

Depuis un an, les habitants des deux rives du Bouregreg se sont familiarisés avec un nouveau mode de transport : le tramway de Rabat. Mis progressivement en service dès juin 2011, le tramway de Rabat a nécessité quatre ans de travail et un investissement de 4,7 milliards de dirhams. La capitale économique n'est pas en reste. Les travaux du tramway avancent à grands pas. Sa livraison est prévue pour le 12 décembre prochain. L'entité chargée de l'exploitation vient d'être désignée et le contrat verrouillé.

 

Bouregreg,  la mĂ©tamorphose

Aussi bien par sa taille et ses ambitions que par les investissements mobilisĂ©s, le projet d’amĂ©nagement de la vallĂ©e du Bouregreg Ă  Rabat figure parmi les chantiers les plus importants de la pĂ©riode. LancĂ© en 2006, ce projet, portant sur 6 000 ha, vise Ă  rĂ©habiliter et Ă  promouvoir les rives du fleuve Bouregreg. Son coĂ»t, Ă©valuĂ© Ă  10 milliards de dirhams, est en partie supportĂ© par le fonds Hassan II et par la direction gĂ©nĂ©rale des CollectivitĂ©s locales. Il mise aussi sur la contribution du secteur privĂ©. Suite au dĂ©sengagement du partenaire Ă©mirati, le chantier a accusĂ© quelque retard. Mais il semble que les initiateurs du projet soient dĂ©cidĂ©s Ă  rattraper le retard. Et des tranches ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© livrĂ©es, comme les quais et dĂ©barcadères de Rabat, en juin 2007, et la  marina en mars 2008. De mĂŞme la commercialisation du projet immobilier Bab Al Bahr a Ă©tĂ© lancĂ©e en 2010.

 

Grands stades,  la carte sportive

Des stades nouvelle génération pour les grandes villes. Après les grands stades de Marrakech et Tanger qui ont nécessité une enveloppe de près de 1 milliard de dirhams chacun, ce sera au tour de Casablanca, Fès et Agadir. Pour Casablanca, les travaux du grand stade de Tit Mellil sont prévus pour 2012 moyennant un investissement de plus de 2 milliards de dirhams. A côté de ces grands stades, la nouvelle stratégie sportive prévoit l’aménagement de pistes d’athlétisme pour 26 millions de dirhams et la construction de salles omnisports dans 21 villes pour 165 millions de dirhams.

 

TGV, le grand défi

Plus de 6 millions de passagers par an. C'est le nombre de voyageurs qui seront transportés par la ligne à grande vitesse Casablanca-Tanger. Cette ligne devrait mettre Casablanca à 2h10 de trajet de Tanger. Le montage financier de ce projet estimé à 20 milliards de dirhams est déjà bouclé. Outre une contribution des fonds arabes (près de 3,5 milliards de dirhams), un prêt français (6,75 milliards de DH) et un don (825 millions de DH) sont en place. La contribution de l’Etat et du fonds Hassan II s'élève, pour sa part, à 5,9 milliards de dirhams.


Bilan Ă©conomique 2000-2012 : la parole aux patrons

 

Les témoignages recueillis par actuel confirment que la décennie a été fructueuse au niveau de l’investissement. La justice et la formation restent à la traîne.

 

Ismail Douiri,

DG Attijariwafa bank

La période a été très riche en événements et ceux que j’ai choisis marquent des étapes structurantes pour un développement économique pérenne.

• 30 juillet 1999 : le roi Mohammed VI accède au trône, entraînant un renouvellement progressif, mais plus rapide que chez nos voisins, des élites dans tous les domaines.

• 12 avril 2004 : mise en place de l’Instance Equité et Réconciliation. Le Maroc est ressorti renforcé des débats publics qui ont honoré la mémoire de ceux qui ont souffert car il regarde désormais vers l’avenir.

• 18 juillet 2005 : instauration de l’INDH. L’action sociale est érigée en priorité nationale pour mieux partager les fruits de la croissance.

• 1er juillet 2011 : nouvelle Constitution pour une meilleure contribution de tous au profit de la stabilité et du développement.

Les grandes orientations stratégiques du Maroc ne sont pas nouvelles : économie libérale, arrimage à l’Europe, Etat assurant les services non rentables économiquement et jouant le rôle de régulateur/arbitre. Ce qui est nouveau, c’est l’approche méthodologique adoptée pour formuler la stratégie.

Auparavant, le Maroc se projetait dans l’avenir à travers des plans dont l’Etat était l’acteur principal, voire l'unique. Désormais, l’exercice consiste à construire des projections chiffrées visant à créer des richesses en donnant plus de visibilité à tous les acteurs, privés comme publics. Ces stratégies ont souvent été construites à travers des échanges approfondis avec les professions concernées et accompagnées de nombreux exercices de communication pendant et après l’élaboration des stratégies. Il faut donc se féliciter avant tout du processus choisi qui aura fait progresser la réflexion, le débat et la transparence.

Je porterais un jugement plus nuancé sur le pilotage de ces plans : dans certains cas, les projets n’ont pas trouvé de champion ou les arbitrages n’ont pas eu lieu avec la célérité nécessaire pour maintenir l’élan initial, au risque de transformer le tout en une collection, voire un empilement de plans sectoriels. C’est encore rattrapable, et cela demande du leadership, de la rigueur et de la ténacité. Comme dans le monde de l’entreprise, c’est la qualité de l’exécution, pas celle de la stratégie, qui fait la différence ! »

 

Fouad Benseddik

Directeur Ă  vigeo

Le Maroc absorbe aujourd’hui plus du tiers des investissements étrangers en direction de l’Afrique. C’est une réussite. Le pays a cessé, au cours des dix dernières années, de vivre avec la peur au ventre de manquer de devises. Le déficit budgétaire et l’inflation ont été maîtrisés. Le développement des infrastructures est spectaculaire. Le port Tanger Med, le TGV, le réseau autoroutier et aéroportuaire, les équipements en tram de Rabat et Casablanca, sont de beaux investissements qui préparent l’avenir. Le secteur des télécoms est aux standards internationaux. Le secteur bancaire a été consolidé et optimisé, faisant du Maroc un leader africain. Le secteur des assurances a été assaini. Les douanes ont été modernisées. Le dynamisme du tourisme et le lancement de plateformes logistiques régionales, complètent ce beau tableau. Il y a un pilote dans l’avion, c’est rassurant. Mais le plus rude est à venir. Le Maroc n’a pas su optimiser ses investissements, pourtant colossaux, dans le capital humain. L’innovation est faible, les capacités d’initiative inhibées. L’inclusion sociale ne fonctionne pas suffisamment.

Le pays achète plus qu’il ne vend au reste du monde. Il ne produit pas une grande partie de ce qu’il consomme et ne consomme pas une grande partie de ce qu’il produit. Comment sortir de ce mal-développement ? Voilà un pays aux ressources naturelles fabuleuses et diversifiées, à la population jeune, avec une position géographique très enviable, un pays ouvert sur le reste du monde, avec des institutions légitimes et un régime politique respecté à l’intérieur et à l’extérieur. Les équipements et les équilibres macroéconomiques sont nécessaires mais pas suffisants. Il y a besoin de mettre la demande interne, le mieux-être et les besoins sociaux, le développement de l’intelligence collective et la protection de l’environnement au cœur des stratégies de croissance. Tout l’enjeu est de coupler la technique qui permet d’“avoir-plus” avec une culture qui permette de “vivre mieux et autrement”.»

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Meriem Bensalah, présidente de la CGEM

 

L’année 2000 a été une année historique pour notre pays. La vision et la stratégie mises en œuvre par Sa Majesté le roi Mohammed VI visaient d'abord à réconcilier le Maroc avec son histoire, en portant un diagnostic juste et sans concession sur son passé, et à promouvoir une stratégie politique conjuguant développement économique et mise à niveau sociale. Ceci a été initié à travers de grands chantiers structurants et par la mise en œuvre d’actions innovantes et génératrices de revenus dans le cadre de l'Initiative nationale pour le développement humain (INDH).

La dynamique est là et les résultats sont tangibles. Aujourd'hui, notre pays dispose d'un réseau autoroutier d'environ 1 600 kilomètres, reliant les principales villes entre elles. Cette politique de désenclavement sans précédent en Afrique et dans la région a rendu possible l'émergence de véritables technopoles et zones industrielles, créant ainsi des dizaines de milliers d'emplois dans toutes les régions du Maroc.

Avec Tanger Med et le renforcement du transport ferroviaire ainsi que la perspective du train à grand vitesse reliant Tanger à Casablanca, nous avons là toutes les conditions nécessaires pour favoriser la mobilité et faire émerger un véritable secteur d'activité, celui du transport de marchandises et de la logistique, avec à la clé, là aussi, la création de milliers d'emplois. Et ce n'est pas un hasard si le Maroc vient d'être qualifié « meilleure destination » par l'Association européenne de l'offshoring, confirmant ainsi l'attractivité du Maroc. Dans ce domaine, nous sommes désormais mieux placés que l'Afrique du Sud ou la Roumanie. Ce secteur représente à lui seul plus de 50 000 emplois et un chiffre d'affaires de 8 milliards de dirhams.

Le plan solaire initié en 2008 est considéré comme l'un des plus ambitieux projets photovoltaïques au monde. Avec, à terme, la production de 2 000 mégawats, pour un coût de 9 milliards de dollars, ouvrant la voix à des centaines de milliers de PME et de TPE pour investir ce champ d'activité stratégique et à fort potentiel économique.

Si on ajoute Ă  tout cela le Plan Vert, la Vision Touristique 2020 dans ses diffĂ©rentes dimensions et le projet de rĂ©gionalisation avancĂ©e, on peut dire que nous avons tous les ingrĂ©dients d'une dynamique Ă©conomique attractive et que le Maroc a tout pour rĂ©ussir, d'autant que l'importante rĂ©forme constitutionnelle vise Ă  asseoir dĂ©finitivement un Etat et une sociĂ©tĂ© de droit. Concernant l’avenir, il y a des chantiers qui sont ouverts, mais il y a surtout des chantiers qu’il convient d'ouvrir rapidement car les entreprises et les entrepreneurs ont besoin d’un cadre stable et clair pour se dĂ©velopper, investir et crĂ©er durablement de la valeur. Cela nĂ©cessite des règles du jeu durables et limpides telles que par exemple, et pour ne citer que celles-ci, un droit de grève parfaitement rĂ©glementĂ© pour toutes les parties, des dĂ©lais de paiement normalisĂ©s et des dĂ©marches administratives simplifiĂ©es. La nouvelle Constitution est une Ă©tape dĂ©cisive de la pĂ©riode 2000/2012. Elle consacre nos droits fondamentaux et elle fixe les prĂ©rogatives de tous les acteurs. Le gouvernement a dĂ©sormais tous les leviers pour mettre en place une politique Ă©conomique et sociale efficace et cohĂ©rente. Nous avons besoin de la mise en Ĺ“uvre rapide des lois organiques pour rĂ©ussir, comme on dit en arabe « tanzil addoustour ». Je saisis cette occasion pour  saluer l'Ă©norme chantier en cours d'aboutissement sur la passation des marchĂ©s publics. J’espère que le nouveau texte ne se limitera pas Ă  une simple rĂ©formette du dĂ©cret de 2007 et que ce texte va enfin donner la possibilitĂ© aux PME-PMI d'accĂ©der aux marchĂ©s publics, dans de bonnes conditions, avec la mise en place d'une politique « Small Business Act » rĂ©servant une part du marchĂ© aux entreprises marocaines. L’accord de statut avancĂ© avec l'UE est une marque de confiance envers le Maroc. Nous sommes les seuls Ă  en bĂ©nĂ©ficier dans toute la rĂ©gion mĂ©diterranĂ©enne. Cet accord nous engage Ă  entreprendre des rĂ©formes de modernisation de notre administration et Ă  aller plus loin qu’un simple toilettage de notre code du travail et de celui de la fiscalitĂ©. Former, Ă©duquer, entreprendre  doit ĂŞtre au cĹ“ur de nos politiques publiques. La consolidation et le renforcement de la compĂ©titivitĂ© de l'offre Maroc en dĂ©pendent. Mais l'offre Maroc doit s'inscrire dans une politique industrielle audacieuse notamment dans les secteurs Ă  fort avantage comparatif. Nous devons ĂŞtre capables de produire au Maroc les produits semi-finis dont a besoin notre Ă©conomie. Ce sont les importations toujours croissantes de ces produits finis qui aggravent le dĂ©ficit de notre balance commerciale.

Cependant, si le statut avancĂ© avec l'UE nous ouvre des perspectives, il ne doit pas pour autant nous enfermer. Aussi devons-nous renforcer notre stratĂ©gie commerciale en direction des pays Ă©mergents et de l’Afrique.  C'est lĂ  oĂą se trouvent dĂ©sormais les gains de croissance. »

 

 

 

 

 

 

Anass Alami, DG de la CDG

La période 2000-2012 a été une période charnière, très riche en événements, durant laquelle on a vu se dessiner les contours d’un nouveau monde, mais aussi d’un nouveau Maroc. Le basculement le plus saisissant à mon sens est celui de l’accélération de la mondialisation, qui façonne désormais la vie économique, politique et culturelle de tous les pays. Durant cette période, le Maroc a poursuivi et amplifié ses efforts pour construire un modèle de société moderne, prospère, ouverte sur le monde et assumant son héritage culturel. Ce projet de société repose, selon ma lecture, sur trois piliers : le développement économique, humain et celui des institutions. Sur le plan économique, le Maroc a confirmé son choix d’une économie de marché ouverte et concurrentielle, dans laquelle le secteur privé a vocation à être le moteur de la création de richesse et des opportunités d’emploi. Des avancées importantes ont été réalisées dans ce sens, comme par exemple la signature des ALE et l’amélioration sensible de l’environnement des affaires. Ces initiatives ont été saluées puisque le Maroc a reçu, en 2011, le titre de meilleur réformateur mondial dans le rapport Doing Business de la Banque mondiale. Le Maroc a également engagé des programmes de modernisation des infrastructures et des politiques sectorielles volontaristes. Cette stratégie économique judicieuse devrait contribuer à l’émergence d’un secteur privé dynamique et compétitif. La croissance économique est un formidable vecteur de développement économique, encore faut-il que ses fruits soient partagés par l’ensemble des Marocains. Dans cette perspective, et sous l’impulsion du roi Mohammed VI, le développement humain a été érigé en priorité nationale, et cette orientation s’est traduite par de multiples initiatives au profit des plus démunis. Grâce aux efforts déployés pour garantir la cohésion de notre société, le Maroc a réussi à atteindre plusieurs « Objectifs du Millénaire pour le Développement », avant l’échéance de 2015.

Durant cette pĂ©riode, je retiens trois faits saillants qui constituent autant de points d’inflexion dans la trajectoire Ă©conomique du Maroc, et qui devraient concourir Ă  faire Ă©merger un nouveau modèle de croissance. Tout d’abord, l’inauguration de Tanger Med symbolise la modernisation Ă  grande Ă©chelle de nos infrastructures. L’intensification des investissements publics, observĂ©e depuis le milieu des annĂ©es 2000, confère au Maroc un avantage comparatif dĂ©terminant dans la compĂ©tition mondiale. Les effets d’entraĂ®nement de ces nouvelles infrastructures sur la croissance s’exerceront pleinement dans les prochaines annĂ©es, après une phase nĂ©cessaire de maturation. Le deuxième fait marquant est l’émergence du Maroc comme vĂ©ritable plateforme Ă©conomique et financière rĂ©gionale. Cela est illustrĂ© par l’internationalisation des banques marocaines en Afrique, la crĂ©ation de Casablanca Finance City, la signature du Statut AvancĂ© avec l’Europe, et le drainage d’importants investissements arabes. Enfin, un troisième fait marquant est liĂ© Ă  la concrĂ©tisation des politiques sectorielles. Le succès de cette approche se mesure dĂ©jĂ  Ă  l’aune des grands investissements industriels que le Maroc a rĂ©ussi Ă  attirer rĂ©cemment, comme Renault Ă  Meloussa et Bombardier Ă  Nouaceur. Dans le cadre de cette nouvelle dynamique, la CDG a mobilisĂ© toutes ses ressources et son expertise pour accompagner les autoritĂ©s dans la mise en Ĺ“uvre des politiques sectorielles. Grâce Ă  la rĂ©activitĂ© dont elle a fait preuve, notre institution est aujourd’hui considĂ©rĂ©e comme un contributeur majeur Ă  l’amĂ©lioration de la compĂ©titivitĂ© nationale et au  dĂ©veloppement territorial.

Le grand dĂ©fi des prochaines annĂ©es consistera Ă  crĂ©er des opportunitĂ©s d’emplois pour les jeunes qui arriveront plus nombreux et plus instruits sur le marchĂ© du travail.  Aussi, les efforts de rĂ©forme consentis ces dernières annĂ©es devraient ĂŞtre poursuivis et intensifiĂ©s, notamment dans trois directions prioritaires. Tout d’abord, il faudra prĂ©server la stabilitĂ© macroĂ©conomique, un bien public fondamental dont le Maroc jouit depuis deux dĂ©cennies. Il faudra donc rĂ©duire nos vulnĂ©rabilitĂ©s structurelles par des rĂ©formes ambitieuses, en particulier celles de la Caisse de compensation et du système des retraites. S’agissant de ce dernier volet, la CDG pourra mettre Ă  contribution son expertise reconnue dans le domaine pour accompagner les autoritĂ©s dans la mise en Ĺ“uvre de la rĂ©forme. Ensuite, le deuxième chantier prioritaire concerne le renforcement de la compĂ©titivitĂ© et la diversification de l’offre exportable, pour rĂ©sorber un dĂ©ficit commercial prĂ©occupant. Un troisième axe prioritaire, probablement le plus important de tous, est celui de l’éducation et de la formation. Après avoir rĂ©ussi Ă  accroĂ®tre quantitativement le taux de scolarisation, le Maroc doit, aujourd’hui, investir massivement dans la qualitĂ© de l’éducation. L’amĂ©lioration du capital humain est un prĂ©requis pour la rĂ©ussite de toutes les politiques publiques et constitue la vĂ©ritable pierre angulaire de la stratĂ©gie de dĂ©veloppement. Ce tableau des chantiers prioritaires serait complet s’il ne fallait y ajouter la rĂ©forme du secteur de la justice. Pour parachever la construction de l’Etat de droit, et garantir la confiance des citoyens et des investisseurs dans les institutions publiques, l’amĂ©lioration de l’efficacitĂ© et de l’impartialitĂ© du système judiciaire revĂŞt une importance vitale pour notre pays. »

 

Ramsès Arroub,

PDG de Wafa Assurances

La situation récente du Maroc fait penser aux contraintes que vivent les marchés européens où deux doctrines s'affrontent pour solutionner la crise économique et celle de la dette : austérité ou croissance ? Autrement dit l’antagonisme entre une politique de croissance pour accroître le PIB en soutenant la demande en particulier via des dépenses publiques, et une politique d’austérité qui vise le rétablissement de l’équilibre des comptes.

Je constate qu’au Maroc, nous avons eu, durant les dix dernières années, à la fois une politique de croissance soutenue par des dépenses publiques et une politique d’austérité destinée à garantir l’équilibre des comptes. Et ce, avec un vrai succès.

Quelques chiffres pour saisir le tour de force macroéconomique réussi par le Royaume pendant cette décennie. Pour l’analyser, on peut se référer aux critères de Maastricht qui sont au nombre de deux (du moins pour les plus connus) : la dette globale d’un Etat doit rester inférieure à 60% du PIB et le déficit inférieur à 3% du PIB.

Au début des années 2000, la dette de l’Etat marocain était de 68% du PIB. A la fin de la décennie écoulée, notre dette est tombée à 50%. Pendant la même période, le taux de croissance annuel moyen a été de 4,7%. L’austérité et la croissance réunies ! Les deux leviers antagonistes de l’économie ont coexisté pendant plus d’une décennie !

Pour autant, avoir une dette en dessous de 60% du PIB nous met-il à l’abri de la crise de la dette ? La Grèce avec un ratio d’environ 150%, l’Italie avec 120%, l’Irlande avec 95% et le Portugal avec 90%, font partie des pays sous surveillance. Mais, l’Espagne avec un taux de 60% a rejoint les pays qui ont fait appel à la solidarité européenne, annonçant un vaste plan d’austérité. Comment expliquer que l’Espagne qui n’est pas au-dessus de 60% connaisse aussi une crise de la dette ? Qu’est-ce qui a changé entre 1992 (date de naissance des critères Maastricht) et 2012 ? La disparition de la confiance, ou l’émergence de la défiance sur les marchés financiers internationaux.

Donc, être en dessous des 60% ne garantit rien. Par exemple, le ratio de la dette du Japon est d’environ 200%, mais ce pays ne présente pas de signe de crise, ni du yen ni de la dette. Et pour cause, la dette japonaise est détenue principalement par les Japonais et les institutions japonaises.

Au début des années 2000, la dette marocaine était pour moitié extérieure et intérieure. Au début des années 90, notre dette était essentiellement extérieure et détenue par le Club de Paris. A la fin de la décennie 2010, notre dette extérieure ne représente plus que 25% de la dette globale. Nous avons donc substitué le Club de Paris par les banques et institutionnels marocains.

En résumé, entre 2000 et 2010, le Royaume a su maîtriser les grands équilibres des comptes publics en ramenant la dette à un niveau contrôlable tout en la rendant domestique. Ce tour de force est appréciable. Quand on voit les ravages de la crise de l’euro et les abandons de souveraineté auxquels sont acculés les Etats en difficulté, la question de la dette devient un débat national. Contenir la dette nationale et la rendre domestique devient un sujet de souveraineté. Au cours de la décennie écoulée, le Maroc a renforcé un outil supplémentaire de souveraineté nationale, sans sacrifier la croissance économique.

Sera-t-il possible de continuer dans cette voie de la croissance soutenue par la dépense publique tout en ayant des comptes publics à l’équilibre, avec une dette essentiellement intérieure ? Le chemin existe, mais il est plus étroit car la conjoncture internationale a changé : notre partenaire européen est en crise. Mais nous n’avons pas d'autre choix que de continuer à soutenir la demande pour favoriser la croissance, et de développer le secteur financier pour que notre dette reste à dominante domestique. »

 

 

Said Ahmidouch,

DG dE LA CNSS

Parmi les événements clés de la décennie, je retiendrais la reprise des travaux du conseil d’administration de la CNSS après une suspension de neuf ans (mai 2000) ; le démarrage des travaux de la commission d’enquête parlementaire (novembre 2000) ; la promulgation de la loi 65.00 portant code de la couverture médicale de base (octobre 2002) ; le lancement d'une réflexion sur la réforme des retraites au Maroc (janvier 2004) ; le démarrage des premiers remboursements des dossiers de l’AMO pour les salariés du secteur privé (mars 2006) ; le lancement du RAMED (mars 2012).

La décennie a été marquée par une politique orientée vers la libéralisation et l’ouverture à l’international (ALE), qui a permis d’accélérer le rythme d’afflux des IDE et de faire profiter le Maroc des externalités technologiques. Avec à la clé une consolidation de la croissance. D’un autre côté, le renforcement de l’investissement public comme moteur de croissance a permis de répondre aux besoins urgents de la population, tandis que la politique de soutien de la demande intérieure a visé à atténuer le recul de la demande extérieure adressée à l’économie nationale et à maintenir le niveau de croissance.

Parmi les faits marquants, la mise en place de l’AMO pour atténuer le déficit des indicateurs sociaux et élargir l’accès au système de santé en portant le taux de couverture médicale de base de 16,4% à 34%. Ce taux devrait atteindre 60% après la mise en œuvre du régime d’assistance médicale à partir du 13 mars 2013 en faveur de 8,5 millions de personnes.

Par ailleurs, les stratĂ©gies sectorielles ont contribuĂ© Ă  dynamiser l’économie en rĂ©duisant le taux de chĂ´mage. En effet, ces  plans sectoriels ont eu un effet multiplicateur sur la croissance Ă©conomique variant de 1,3% Ă  1,7%. Enfin, les grands projets structurants ont produit des effets d’entraĂ®nement palpables comme l’amĂ©lioration de la compĂ©titivitĂ© et de la rĂ©sistance face aux contrecoups de la crise mondiale.

Mais l’un des chantiers ouverts reste la lutte contre le chômage. Malgré le lancement de la réflexion en 1998, le projet d’indemnité pour perte d’emploi est toujours en discussion au niveau du conseil d’administration de la CNSS. Il est évident que dans un contexte de flexibilité de l'emploi, cette couverture pourrait constituer un filet social appréciable. » n

 

 

Mohamed Benchaaboun,

PDG de la BCP

Sous l’impulsion de Sa Majesté le roi Mohammed VI, le Maroc a su conduire les réformes nécessaires susceptibles de jeter les bases d'une croissance pérenne et maîtrisée de son économie afin que – par sa solidité avérée et la prospérité attendue – notre pays gagne le pari de son ouverture sur le monde et celui du progrès social. Au plan économique, cette volonté de transformation radicale s’est exprimée avec force. En l'espace de quelques années, les chantiers ouverts ont enclenché une dynamique de développement durable. Les projets, lancés sous le règne de Sa Majesté Mohammed VI sont pluriels et touchent tous les secteurs d'activité. Ainsi, l’ambition du Royaume de se positionner comme acteur et partenaire dans les échanges internationaux s’est trouvée renforcée par une politique de développement des infrastructures d’envergure. Le lancement, en 2003, du projet du port Tanger Med illustre cette orientation économique. Dans cette dynamique, la contribution recherchée de l’investissement national n'est pas en reste. Une importance particulière est accordée aux secteurs à haut potentiel de croissance, ayant un rôle capital en matière de rentrée de devises et d'équilibre de la balance des paiements, ainsi qu'au niveau de leurs effets d'entraînement sur l’investissement et l’emploi. Enfin, l’adaptation du rôle de Bank Al-Maghrib, l’amélioration de sa capacité préventive, d’une part, et la modernisation des acteurs du système bancaire tout comme l’élargissement de leurs pans d’activité, d’autre part, ont fait de notre système financier un acteur solide, performant, fiable et compétitif, rayonnant au-delà des frontières du Maroc. Au plan social, les projets sont aussi nombreux qu’importants. Ceux lancés dans le domaine de l’habitat s’inscrivent dans le cadre des programmes visant à lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale, et à contribuer à l’amélioration des indicateurs sociaux du Maroc. La restructuration et la réhabilitation de plusieurs villes marocaines s’intègrent dans cette logique. Pour résorber les besoins croissants en logements sociaux, la stratégie royale s’est traduite par des réformes majeures qui ont concerné les institutions d’intervention, les mécanismes de financement et les instruments de soutien aux citoyens. »

 

Khalid Ayouch,

fondateur de Finaccess

Parmi les dates majeures du nouveau règne, l’arrivée d’un gouvernement de gauche qui a contribué à la consolidation politique du pays, la prise de conscience des enjeux avec l’adoption d’orientations stratégiques, et la phase actuelle marquée par la complexité de la conjoncture et la montée des revendications sociales.

Durant cette décennie, le Maroc a réussi à renforcer son approche libérale et a accélérer la modernisation du pays sur tous les plans, économique mais aussi politique et des droits humains. La feuille de route a été axée sur la mise en œuvre de plans sectoriels et de grands chantiers structurants. Le développement du marché intérieur s’avère, avec le recul, un bon choix puisqu’il a consolidé la demande intérieure. Mais cette politique atteint aujourd’hui ses limites avec le creusement des déficits.

Parmi les bémols, j’estime que sur les grandes stratégies sectorielles, on n’a pas suffisamment travaillé sur les chantiers transversaux comme l’endettement, la justice, l’enseignement et l’environnement des affaires. Aujourd'hui, ces handicaps remettent en question l’efficacité de ces stratégies sectorielles, en particulier l’inefficacité du capital humain. De plus, si la croissance a été satisfaisante durant cette période, la richesse n’a pas été correctement redistribuée.

Cette croissance aurait pu permettre de valoriser le capital humain, la recherche et l’innovation. Mais non, la richesse est restée entre les mains des mêmes groupes sociaux. Même la politique de privatisation n’a pas permis une redistribution, ce sont les mêmes groupes qui se sont portés acquéreurs. Aujourd’hui, on le paie à travers la virulence des revendications sociales. »

 

Karim Tazi, Richbond

Je retiens trois dates clés. Février 2012, le démarrage de l'usine Renault à Melloussa, un exemple de volontarisme économique qui fait sens. Juillet 2007, la mise en service du Port Tanger Med. Enfin, juillet 2006, l'action Addoha est introduite à 585 dirhams, et gagne, en quelques mois, 400% suite à la signature de cinq accords conclus par le groupe avec la wilaya de Rabat et les Eaux et Forêts notamment. Cette situation symbolise, à elle seule, tout ce qui a mal tourné au niveau des opérateurs économiques : affairisme, fièvre spéculative, désaffection pour les secteurs productifs et notamment l'industrie.

Mais d'autres événements majeurs de la décennie méritent d'être soulignés, comme l'obtention de l'Investment Grade en 2010 et la signature de l'accord Open Sky qui a contribué à l'essor du tourisme national, bien plus que toutes les stations du Plan Azur réunies. En tant que coauteur du rapport « Le Maroc a-t-il une stratégie de développement économique ? », je ne peux que réaffirmer la conclusion du rapport : le Maroc n'en a pas vraiment. Cette stratégie ne peut se résumer à la superposition de plans sectoriels. Les « grandes orientations », quant à elles, sont de deux ordres : économie ouverte et politique de grands travaux dont les résultats sont, à mon sens, mitigés. Le plus inquiétant est la dégradation de la balance commerciale et de celle des paiements qui prouve que l'on n'a pas mesuré toutes les conséquences de la mondialisation.

Entre 2003 et 2008, le Maroc, comme le reste du monde, a bénéficié d'une période de croissance exceptionnelle. Nous aurions dû en profiter pour entamer de vraies réformes structurelles. Nous ne l'avons pas fait et nous avons raté une opportunité historique. Pire, sur des sujets déterminants pour le long terme (éducation, protection sociale, justice), nous avons aggravé notre retard, quand nos concurrents ont réussi à le résorber. »

Jamal Belahrach, Manpower

Je ne parlerai pas de date, mais d’événements successifs qui ont permis une dynamique économique et sociale de notre pays. La confiance a été rétablie entre le Maroc et les investisseurs, la diaspora marocaine à l’étranger et les institutions financières internationales, dès l’avènement du roi Mohammed VI. Ce sont autant de leviers qui ont facilité le décollage économique. Tout cela s’est traduit par des actes concrets, comme l’accélération des accords avec l’UE, le quasi-triplement des transferts des MRE, le développement du tourisme dans certaines régions. Tout cela a poussé le pays à bâtir une vision à long terme sur le plan des infrastructures et de lancer des plans sectoriels. Le boom immobilier a créé une nouvelle classe sociale avec les propriétaires terriens et le secteur du BTP en a bien profité, ainsi que tous les métiers connexes. La vision autour du tourisme a, elle aussi, apporté un plus au pays.

Cependant, je regrette qu’aucune vision en faveur du capital humain n’ait été mise en place durant cette décennie. Aujourd’hui, nous constatons tous les jours que nous avons failli sur ce plan. Le manque de compétences sur le marché du travail pénalise tous les secteurs et nous coûte des points de croissance. Tous les plans sectoriels lancés ont annoncé de belles promesses mais il manque une cohérence d’ensemble. Aujourd’hui, force est de constater que nous ne sommes pas au rendez-vous. Je forme le vœu que nous serons en mesure de lancer ce plan Marshall du capital humain dont je rêve pour notre pays et pour nos jeunes. Car, si nous redonnons confiance à notre jeunesse et à nos entreprises, nous réussirons la décennie suivante. »

 

Hammad Kessal,

Ex-Patron de la PME

Les douze dernières années ont été marquées par la rupture avec la médiocrité et le début d'un nouveau cycle économique basé essentiellement sur les grands chantiers structurants. Le Maroc d'avant 2000 roulait à petite vitesse, voire parfois à reculons. A partir de 2000, le pays a accéléré la cadence des réalisations (autoroutes, ports, aéroports, logement social, désenclavement du monde rural). Parmi les faits marquants, la réorganisation de l’économie marocaine via des programmes sectoriels. Ils ont eu pour mission principale de donner une grande visibilité aux opérateurs économiques et de permettre au Maroc de se positionner en tant qu'acteur économique régional incontournable. D’autres mesures sont venues renforcer cette position comme la mise en place de l'Instance de lutte contre la corruption et du Conseil de la concurrence. Parmi les dates clés de cette période, il y a lieu de citer le 18 mai 2005, date du lancement de l’INDH, juillet 2007, celle de la mise en service du port Tanger Med, et le 25 juillet 2011 qui correspond à l’inauguration de l’autoroute Fès-Oujda. On déplore cependant l'incapacité des gouvernements successifs à réformer l'éducation et la justice, ainsi que le manque de coordination entre les départements en charge des plans sectoriels. Ce qui a entraîné un enlisement et des pertes de points de croissance. L’autre insuffisance concerne le traitement de la problématique de l'emploi, des jeunes diplômés en particulier. Ainsi que le manque d’une réelle stratégie en matière de création, d'accompagnement et de soutien à la PME. n

 

Zakaria Fahim,

BDO partners

Nous sommes sur le bon chemin. Le passage à travers les printemps arabes en est un indicateur. L’important est d’accélérer les réformes et surtout de réduire les inégalités et de promouvoir une solidarité proactive basée sur le déploiement de modèles de rupture. J’en veux pour exemple l’auto-entrepreneur.

La meilleure défense, c’est l’attaque. Notre élite doit prendre ses responsabilités et agir pour accélérer le développement, en consolidant et en donnant du sens à la transparence. Les ingrédients sont là et mis à notre disposition, à nous de les consommer sans modération et, surtout, avec responsabilité pour passer d’une vision à un projet de société pérenne pour tous. Les douze dernières années se sont distinguées par la mise en place de plans stratégiques nationaux donnant une visibilité aux acteurs économiques, les ALE (UE, USA, Agadir…), le statut avancé et la prise en compte de l’entreprise et notamment de la TPE dans le développement du tissu économique.Tout cela opère comme des accélérateurs pour asseoir les réformes institutionnelles indispensables et apporter à notre économie les bonnes pratiques de l’UE. Cependant, des réformes s’imposent d’urgence dans plusieurs domaines dont le système éducatif qui laisse trop de jeunes sur le carreau et n’arrive pas à jouer son rôle de prescripteur de citoyens acteurs économiques. Autre chantier à accélérer, la réforme de la Caisse de compensation avec un ciblage direct appuyé par l’utilisation des NTIC, notamment pour faciliter le contact avec la population cible. A côté, il faut réduire les risques de corruption. Sur un autre registre, il faudrait penser à la mise en place d’une banque de la PME et TPE, notamment pour accompagner le démarrage. En parallèle, il s’agit d’instaurer des délais de paiement avec des mécanismes automatiques pour protéger les TPE face aux grands donneurs d’ordre publics ou privés. »

 

Dominique Drouet, président

du directoire de Holcim Maroc

Il est vrai que l’économie marocaine a été marquée lors de cette dernière décennie par des changements majeurs qui ont contribué au développement du pays. Le Maroc a réalisé de grandes avancées en termes de développement économique et social grâce aux grandes réformes engagées depuis l’arrivée de Sa Majesté le roi Mohammed VI au pouvoir. L’économie marocaine est aujourd’hui plus solide et plus performante. Ce qui lui permet d’amortir notamment les effets de la crise économique mondiale. Pour moderniser son économie et mettre à niveau son tissu économique, le Maroc a opté pour une stratégie de développement basée d’abord sur la mise à niveau sectorielle avec l’adoption de plusieurs plans de développement.

Il a également mis en place de grandes réformes institutionnelles et réglementaires en ce qui concerne la libéralisation des échanges, la normalisation des produits, l’administration, le code du travail, le code de la route dernièrement… Le Maroc a, enfin, lancé une politique de grands chantiers visant à développer l’infrastructure et à aménager le territoire. Parmi les dates importantes, on peut citer octobre 2008, date d’obtention du Statut Avancé du Maroc accordé par l’UE et qui a favorisé la mise en place d’un espace économique commun. Le Maroc a connu de grandes avancées, mais des réformes dans trois domaines doivent être reconsidérées : la santé, l’éducation et la justice.

En effet, la situation du secteur de la santĂ© est alarmante du fait du  manque de moyens. Le système de santĂ© rencontre aujourd’hui des difficultĂ©s financières Ă©normes auxquelles s’ajoutent le manque d’équipements et le manque de mĂ©decins. Ce qui se traduit par des difficultĂ©s d’accès aux soins. Le système Ă©ducatif, quant Ă  lui, connaĂ®t une rĂ©elle dĂ©gradation malgrĂ© les vastes programmes de rĂ©forme lancĂ©s depuis l’indĂ©pendance. Enfin, le système judiciaire marocain n’est pas fiable car corrompu. En gĂ©nĂ©ral, la persistance de pratiques dĂ©loyales et anti-concurrentielles ainsi que la corruption entravent considĂ©rablement le climat des affaires et le dĂ©veloppement Ă©conomique du pays. »

Hicham El Moussaoui,

Ă©conomiste

On peut retenir trois faits marquants de la décennie. Tout d’abord, l’Open Sky lancé en 2004 a dynamisé le secteur du transport aérien et a brisé le monopole de RAM. Le nombre de passagers a quasiment doublé entre 2003 et 2007 dépassant les dix millions de personnes. Ensuite, l’adoption, en 2006, de la nouvelle loi bancaire qui introduit les règles prudentielles Bâle  II et l’autonomie de la Banque centrale, seul régulateur du système bancaire et initiateur de la politique monétaire. Cela a permis au secteur bancaire de se moderniser et de devenir plus compétitif pour un meilleur financement de l’économie.

Par ailleurs, cette réforme a permis de libéraliser les taux d’intérêts, de moderniser les instruments de la politique monétaire et de renforcer la réglementation prudentielle pour une meilleure gestion des risques. D’où la résilience du système bancaire face à la crise financière de 2008.

Enfin, l’obtention, en 2008, du Statut Avancé de l’UE lui permettra d’accéder librement au marché européen et de se doter d’infrastructures routières, ferroviaires et portuaires uniques au Maghreb. Grâce au Statut Avancé, le Maroc pourrait accéder à des moyens financiers communautaires pour accompagner ses réformes en vue d’un ancrage à l’économie européenne. En 2011, l’UE a affecté 85 millions d’euros à la mise en œuvre des objectifs convenus avec le Maroc.

En revanche, l’économie reste freinée par trois handicaps majeurs. Le modèle de croissance adopté est discutable car il s’appuie surtout sur la demande interne, à savoir la consommation des ménages et l’investissement public. Certes, ces deux piliers ont joué le rôle d’amortisseurs face aux aléas extérieurs, mais en l’absence d’une offre locale compétitive, les incitations fiscales et subventions pour stimuler la demande interne ont d’abord profité aux fournisseurs étrangers.

Que la croissance soit tirée par la demande interne n’est pas un problème en soi, mais qu’elle soit nourrie par une consommation de produits étrangers fait peser des risques énormes sur sa viabilité. D’où la nécessité de rééquilibrer la croissance pour qu’elle soit tirée par deux moteurs : la consommation des ménages et l’investissement des entreprises. Ce nouveau modèle permettra d’assurer une croissance forte, stable et surtout créatrice d’emplois.

Par ailleurs, la réforme de la Caisse de compensation tarde à voir le jour alors qu’elle accapare 6% du PIB en 2011 contre 2% en 2000. Et le coût de la non-réforme risque de s’alourdir sous l’effet de la flambée des cours. Enfin, la réforme de la justice piétine. Or, la protection des personnes et de leurs biens légalement acquis est un pilier central de l’économie productive. »

 

Ali alami Idrissi,

Optima Finance consulting

La signature des ALE constitue une étape clé tout comme la mise en place des stratégies sectorielles. Plus globalement, les orientations stratégiques adoptées entre 2000 et 2012 ont visé à faire du Maroc une plateforme économique régionale.

Malgré quelques réserves sur certains axes comme le tourisme, on peut affirmer que ces orientations ont mis l’économie sur la bonne voie. Et tout le défi consiste à mettre en œuvre ces stratégies. Parmi les faits marquants de cette période, le développement des infrastructures figure, incontestablement, en première ligne : Tanger Med, réseau autoroutier, zones d’activités économiques, technopoles, habitat social…

Ces infrastructures ont permis de désenclaver certaines régions, facilitant le développement du commerce. L’émergence des métiers de l’outsourcing ont fait de notre pays une destination de référence. Le Maroc a d’ailleurs été élu par l’Association européenne de l’outsourcing « Meilleure destination pour l’offshoring 2012 ».

Enfin, les efforts de promotion de l’investissement en faveur des étrangers ont dynamisé l’économie nationale. En dépit de la crise internationale, la moyenne annuelle des IDE, sur les cinq dernières années, a été de 30 milliards de dirhams.

Des bémols subsistent comme le retard dans la modernisation de l’administration et le manque d’efficacité dans l’accompagnement des PME-PMI, malgré les différents programmes mis en œuvre (Moukawalati, Idmaj…). Enfin, l’Education doit être érigée en priorité nationale car elle constitue le pilier du développement économique. »

 

Najib Akesbi, Ă©conomiste

Parmi les faits marquants qui ont impacté positivement l’économie marocaine, on peut retenir le relèvement significatif du taux d’investissement qui passe de 22%, à près de 35%. Il y a aussi la contractualisation des engagements de l’Etat et des opérateurs, via des contrats programmes par exemple. On peut citer aussi l’INDH quand les projets émanent des besoins de la population, impliquent la société civile, et sont dotés de moyens pour leur durabilité… Enfin, il y a la reconnaissance récente de la nécessité de lutter contre l’économie de rente et de moraliser la vie publique, sachant que, pour l’instant, rien d’essentiel n’est encore entamé. Les grands chantiers recouvrent pour leur part le meilleur et le pire. Certains doivent être salués comme Tanger Med, d’autres doivent être dénoncés (TGV), et d’autres encore sont de toute façon très controversés. C’est le cas de somptueux aéroports – comme celui d’Oujda – qui fonctionnent à 10% de leurs capacités, des autoroutes dont – à quelques exceptions près – le taux de fréquentation est manifestement loin d’assurer la rentabilité. Et tout cela dans un pays où 40% des localités rurales restent enclavées, faute de simples routes ! Bref, les grands chantiers, oui, sauf quand ce sont de vrais « éléphants blancs » !

 

 

Adil Douiri, fondateur de Mutandis

 

A partir de la décennie des années 2000, dans le domaine de l’économie, l’Etat est passé d’un simple régulateur à un Etat qui joue son vrai rôle dans une économie de pays en voie de développement, élaborant des stratégies et des visions. Mais aussi en s’impliquant en tant qu’investisseur. Nous pourrions aller plus loin en notant que l’Etat a franchi encore un autre palier s’agissant de son rôle dans l’économie: c’est celui de l’Etat « coach » de l’entreprise. Dans cette fonction, l’Etat reconnaît que le créateur d’emplois, c’est largement l’entreprise. Or, l’emploi est l’objectif premier de toute politique économique d’un Etat. Progressivement, l’Etat marocain a ainsi été amené à mobiliser le secteur privé et les entreprises, tout en les aidant et en les encadrant en matière de mise à niveau, de gains de productivité, de connaissance des marchés extérieurs, d’exportation ou d’implantation à l’étranger. Le rôle de l’Etat « entraîneur » d’entreprises se matérialise même par des appels d’offres conduisant à des contrats entre l’Etat et les entreprises (acteurs de référence dans l’artisanat, aménageurs-développeurs des stations Azur…). Parmi les dates clés qui me paraissent importantes, celle de la signature de la Vision 2010 pour le Tourisme, en présence de Sa Majesté, ou celle du Plan Emergence pour l’industrie et l’offshoring, ou encore le lancement des travaux de Tanger-Med, … S’il fallait citer des loupés, ils se situent plus dans les délais et dans les modalités de mise en œuvre des stratégies. Les plans de développement des grands secteurs productifs et exportateurs marocains sont plutôt bien conçus. En revanche, certains détails dans la mise en œuvre se sont traduits par des lenteurs et des retards d’exécution. Ainsi, les stations du Plan Azur, octroyées par l’Etat entre 2003 et 2006, n’ont ouvert que partiellement pour certaines et pas encore pour d’autres. Ceci peut et doit être corrigé d’urgence, si nous souhaitons rééquilibrer nos échanges extérieurs. En effet, la stimulation permanente de la consommation des ménages, ainsi qu’un niveau soutenu d’investissement public et privé a conduit à une explosion des importations. Si, en même temps, nous sommes en retard dans la mise en œuvre des stratégies sectorielles, nos exportations de biens et de services (en tête le tourisme suivi des dérivés du phosphate) ne peuvent couvrir nos importations. C’est le loupé principal de la décennie : le retard de mise en œuvre des grands plans sectoriels exportateurs, ceux qui permettent de supporter le choc du libre-échange. »

 

 

Hicham Saâdani, directeur Bourse et Développement BMCE Capital

 

La période 2000-2012 est bien une période charnière pour le Maroc en matière d’orientations stratégiques majeures et structurantes à moyen et long terme. Elle se caractérise, pour la première fois dans l’histoire du pays, par la cohérence sur le plan économique, des différentes stratégies sectorielles mises en place (Emergence, offshoring, Maroc Vert, Plan Azur…). Ainsi que le lancement de chantiers structurants dont le port de Tanger Med tient le haut du pavé avec son ambition de se positionner en tant que hub régional et continental. Avec dans le sillage de ce chantier, l’implantation de l’usine Renault à Tanger permettant l’installation d’une véritable industrie automobile. Ceci révèle la cohérence parfaite d’au moins deux stratégies sectorielles importantes durant cette période. Autre fait marquant, l’élaboration du Plan Maroc Vert visant à faire profiter le Maroc de son potentiel dans le domaine tout en favorisant l’intégration entre l’amont agricole et l’aval industriel, et à stabiliser la population rurale dans les campagnes.

Ce volontarisme économique n’a pas omis de prendre en considération la dimension sociale avec la mise en place de l’AMO et du RAMED, à laquelle s’ajoute le soutien du pouvoir d’achat via la Caisse de compensation. Toutefois, deux écueils ont retardé quelque peu la réalisation des stratégies ou en ont réduit la portée. Il s’agit du surdimensionnement des plans sectoriels par rapport aux besoins et capacités réels de notre économie comme ce fut le cas dans le tourisme par exemple. L’autre écueil concerne la conduite des réformes du marché financier, marquée par de grandes tergiversations. Celles-ci n’ont pas permis d’accompagner ni d’adapter le corpus législatif et réglementaire à la forte dynamique qu’a connue la place entre 2003 et 2008.

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actuel 102 : RĂ©fĂ©rendum Ecrasante victoire du Oui  
actuel 101 : FatĂ©ma Oufkir : Le roi et moi 
N°100 : 100 indignations et 100 solutions pour le Maroc 
N°99 : Projet constitutionnel Le roi et nous  
N° 98 : PĂ©dophilie  : Tolerance zero 
N° 97 : Gad, Jamel & co Pourquoi les Marocains font rire le monde
N° 96 : L’horreur carcĂ©rale 
N° 95 : Enseignement privĂ© : Le piège  
Actuel n°94 : Moi, Adil, 25 ans, marchand de chaussures et terroriste  
N°93 : Ces cliniques qui nous ruinent 
Actuel n°92 : RĂ©volutions et attentats Sale temps pour Zenagui 
Actuel n°92 : Mais que veulent les jeunes ? 
Actuel n°92 : Il n’y pas que le 20-FĂ©vrier…  
Actuel n°92 : Qui cherche Ă  dĂ©stabiliser le pays ?  
Actuel n°92 : Â«â€‰Nos attentes sont plus grandes que le 20-FĂ©vrier »  
Actuel n°92 : Trois jeunesses 
Actuel n°92 : Attentat : Le jeudi noir de la ville ocre  
Actuel n°91 : Le grand nettoyage 
Actuel n°90 : Le retour des adlistes 
Actuel n°89 : Ruby : sexe, mensonges et vidĂ©o 
Actuel n°88 : ImpĂ´ts : Halte Ă  la fraude 
Actuel n°87 : Hassan II TV c’est fini 
Actuel n°86 : Marine Le Pen : L’islam, les Arabes et moi 
Actuel n°85 : Vive le Maroc libre 
Actuel n°84 : Rumeurs, intox : Ă  qui profite le crime ? 
Actuel n°83 : ET MAINTENANT ? Une marche pour la dĂ©mocratie
Actuel n°81 : Sale temps pour les tyrans 
Actuel N°72 : Aquablanca : La faillite d’un système  
Actuel n°69-70 : Benguerir sur les traces de Settat 
Actuel n°68 : Art, sexe et religion : le spectre de la censure 
Actuel n°67 : Dans les entrailles de Derb Ghallef 
Actuel n°66 : Ces FQIHS pour VIP 
Actuel n°65 : RNI, le grand politic show 
Actuel n°64 : Bourse de Casablanca, des raisons d’espĂ©rer 
Actuel n°63 : Ex-ministres :  y a-t-il une vie après le pouvoir ?
Actuel n°62 : Le code de la route expliquĂ© par Ghellab
Actuel n°61 : La vie sexuelle des Saoudiennes… racontĂ©e par une Marocaine
Actuel n°60 : Chikhates, shit et chicha 
N°59 : Eric Gerets, la fin du suspense ?
N°58 : Onze ans, onze projets 
N°57 : Raid sur le kif 
N°56 : Sea, Sun & Ramadan 
N°55 : Casablanca, mais qui est responsable de cette pagaille ?
N°54 : Ces ex-gauchistes qui nous gouvernent 
N°53 : Au cĹ“ur de la prostitution marocaine en Espagne 
N°52 : DiplĂ´mĂ©s chĂ´meurs : le gouvernement pris au piège
N°51 : 2M : Succès public, fiasco critique
N°50 : L’amĂ©rique et nous 
N°49 : Crise, le Maroc en danger ?
N°48 : Les 30 Rbatis qui comptent 
N°47 : Pourquoi El Fassi doit partir 
N°46 : Chirurgie esthĂ©tique :  plus belle, tu meurs
N°45 : McKinsey dans la ligne de mire  
N°44 : Trafic sur les biens des Ă©trangers 
N°43 : Avec les Ă©vadĂ©s de Tindouf 
N°42 : GCM / Tamesna : Un scandale en bĂ©ton !
N°41 : ONA - SNI: Ils ont osĂ©
N°40 : Enseignement: Missions Ă  tout prix
N°39 : Le Maroc, terre d'accueil des espions 
N°38 : Bleu Blanc Beurk 
N°37 : Boutchichis Les francs-maçons du Maroc
N°36 : Hamid Chabat rĂ©veille les vieux dĂ©mons
N°35 : Vies brisĂ©es 
N°34 : Maires Ceux qui bossent et ceux qui bullent
N°33 : Botola Combien gagnent nos joueurs
N°32 : Sexe, alcool, haschich, jeux… Les 7 vices des Marocains
N°31 : Tanger Le dossier noir des inondations
 
 
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