Écoles américaines : Un enseignement chic et cher
Rares, sélectives et exclusives, elles font rêver les parents car elles ouvrent à leur progéniture la porte des universités américaines. Encore faut-il en avoir les moyens.
Elles constituent LE réseau d’écoles où il faut placer son enfant. On ne compte pour l’heure que trois établissements privés : Casablanca American School (CAS), Rabat American School (RAS), American School of Tangier (AST, plus ancienne, elle a une antenne à Marrakech). Avec une moyenne de 400 à 500 élèves par école, elles ne comptabilisent pas plus de 1 500 heureux students.
Si leur vocation première était de dispenser un programme éducatif américain aux enfants du personnel diplomatique et privé américain, elles n’ont pas tardé au ? l des années à s’ériger comme le réseau d’écoles privées le plus prestigieux au Maroc, attirant de ce fait une « clientèle » marocaine nantie.Les enfants marocains représentent d’ailleurs 80 à 90% des effectifs selon les écoles.
Aux trois écoles précitées, dont le statut est celui d’établissements privés, s’ajoute la George Washington Academy (GWA, basée à Dar Bouazza dans la région de Casablanca et comptant une antenne à Marrakech). Il s’agit d’un établissement à but non lucratif créé en 1998 et désormais homologué. GWA compte à elle seule 710 élèves et 30 nationalités, dont approximativement 60 % de Marocains. Elle offre une éducation légèrement plus abordable et basée sur un programme trilingue.
À GWA comme ailleurs, les horaires sont des plus ? exibles. Ainsi, une journée d’école standard démarre à 8 h 30 pour s’achever à 15 h. Des activités artistiques et sportives sont proposées par la suite. Ce qui explique les montants conséquents des frais. Les tarifs restent d’ailleurs hors de portée (voir tableau) pour 99 % des Marocains bien qu’un système de bourses soit systématiquement mis en place en faveur des élèves les plus brillants.
Futurs porte-parole
En général, la valeur ajoutée première de cet enseignement est qu’il « prend en charge le développement de la vie de l’enfant dans sa globalité et ce, pendant quinze ans », nous précise ce directeur d’école sous couvert d’anonymat.
Et c’est surtout leur porte d’accès privilégiée aux grandes écoles et universités américaines qui fait le succès de ces écoles. Les futurs cadres sup’ sont amenés à devenir nos porte-parole vis-à vis de la première puissance mondiale. Les écoles américaines ont le mérite de former une élite marocaine anglophone dans un pays toujours attaché au français.
À l’ère de la mondialisation et des accords de libre échange, un contact plus approfondi avec l’oncle Sam est loin d’être un luxe. Sans parler de tous les atouts de la culture anglo-saxonne, égalitaire, méritocratique et beaucoup plus respectueuse de la culture de l’autre. Les « spéci? cités » locales sont d’ailleurs prises en compte. À commencer par l’enseignement de l’arabe, dispensé à titre de langue maternelle ou de langue étrangère obligatoire à partir du primaire, et du français, mais aussi l’aménagement des horaires pour les jours de fêtes ou les périodes religieuses comme le ramadan.
T.Q
- Nombre d’établissements : 4
- Nombre d’élèves : 1 500 environ
- Taux de réussite au bac : 100%
- Pourcentage d’élèves marocains : 80% à 90%
- Frais d’inscription et divers:
- CAS : 16 700 DH
- RAS : 70 000 DH
- Frais de scolarité:
- CAS
- Maternelle : 50 000 DH
- Primaire et Collège : 100 000 DH
- Lycée : 120 000 DH
- RAS
- Maternelle : 40 000 DH
- Primaire : 120 000 DH
- Collège : 150 000 DH
- Lycée : 170 000 DH
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Ecole Enrico Mattei : La « Little Italy » Marocaine
L’Italie paraît éloignée du Maroc, surtout sur le plan culturel. Pourtant, il n’y a pas si longtemps, le Maroc comptait une forte communauté italienne. Héritage de ce passé, l’école Enrico Mattei, se fraie lentement mais sûrement une place au soleil parmi les missions étrangères.
Ton enfant est à l’école italienne ? Quel drôle de choix ! Et après le bac ? » Autant de réactions de surprise, teintées d’une bonne dose d’a priori, sans doute par méconnaissance du système pédagogique italien. Pourtant, l’école paritaire Enrico Mattei, est présente à Casablanca depuis… 1920.
Durant cette dernière décennie, elle a connu, à l’instar des autres missions étrangères, un succès indéniable auprès des Marocains, le nombre de demandes d’admissions ayant été multiplié quasiment par dix. « Vu le nombre limité de places, nous ne pouvons con?rmer, pour l’instant, toutes les inscriptions. Toutefois, nous nous efforçons de satisfaire les demandes selon la disponibilité des places dans les différentes classes, surtout celles des ressortissants marocains qui rentrent d’Italie. Aucun problème ne se pose pour l’inscription en maternelle des enfants de 3 ans, âge idéal pour l’apprentissage de la langue », explique Raffaele Vitalone, directeur de l’école Enrico Mattei.
5 heures d’arabe par semaine
Actuellement, l’école accueille 330 élèves (dont l’écrasante majorité est formée de Marocains), tous niveaux confondus, avec un nombre maximum de 25 enfants par classe. Sur le plan pédagogique, l’école Enrico Mattei intègre dans son programme 5 heures de cours d’arabe par semaine, tout au long du primaire et du collège, et 3 heures au lycée.
Elle recourt depuis de nombreuses années à des enseignants marocains con?rmés, détachés du ministère de l’Éducation nationale, dans le cadre d’un accord bilatéral liant les deux pays. Outre les diverses disciplines enseignées en italien, le français est également dispensé durant le primaire, le collège et le lycée. « De plus, les disciplines comme la musique, les arts plastiques et l’éducation physique sont, elles aussi, enseignées en français au primaire et au collège par des enseignants spécialisés locaux », ajoute le directeur. L’anglais, en tant que quatrième langue, est enseigné à partir du lycée.
Toutes les disciplines en langue italienne, à partir de la maternelle, sont assurées par une vingtaine d’enseignants recrutés directement en Italie. L’une des spéci?cités de l’école Enrico Mattei est la possibilité d’orientation des élèves, soit vers le lycée scienti?que, soit vers le lycée professionnel. « Le lycée scienti?que prévoit un programme équilibré entre matières scienti?ques et littéraires, notamment le latin, la philosophie et l’histoire de l’art.
Le cursus est clôturé par un baccalauréat reconnu par le Dahir de 1993, et qui donne accès à toutes les branches universitaires, que ce soit au Maroc ou dans les pays de l’UE », ajoute Raffaele Vitalone. De plus, la mise en équivalence concerne à la fois les diplômes primaire et secondaire.
100 % de réussite au bac
Quant au lycée professionnel, il prévoit un cycle de 3 ans et est sanctionné par un diplôme de quali? cation professionnelle, notamment dans le domaine comptable. « L’élève a, alors, la possibilité, soit d’inté grer le monde du travail, soit de continuer ses études jusqu’au bac en gestion d’entreprise et d’accéder ensuite à l’université. »
Avec ?erté, le directeur annonce un taux de 100 % de réussite au bac chaque année Les lauréats du lycée scienti? que pencheront, pour la plupart, pour les universités italiennes de renom comme La Bocconi de Milan ou celle de Bologne - la plus ancienne d’Europe -, ou encore la prestigieuse école Polytechnique de Milan. « Certains optent pour une école préparatoire en France, en Suisse, en Allemagne ou pour des études de médecine à Rabat ! » Preuve que toutes les vocations ont une chance de se réaliser.
Côté budget, l’école italienne se situe à cheval entre les missions française et espagnole. « Pour un enfant de 3 ans, un tel choix engage tout son avenir. Aussi, l’aspect pécuniaire ne doit pas primer sur le choix du modèle pédagogique », tient à souligner Raffaele Vitalone. Pour cette année qui s’achève, les frais de pré-inscriptions s’élèvent à 1 200 dirhams auxquels s’ajoutent les frais de scolarité de 12 000 dirhams/an pour la maternelle. Ces derniers atteignent 14 000 dirhams pour les classes primaires ; 16 500 dirhams pour le collège et 22 500 dirhams pour le lycée. Sans oublier les frais liés à l’achat des livres scolaires importés directement d’Italie par l’école. Mais au-delà de l’instruction, l’école italienne se veut un espace d’éducation et d’ouverture. « Chez nous, l’élève est considéré comme un individu à part entière et l’école n’est pas uniquement un lieu d’instruction, mais surtout d’éducation et de formation », assure le directeur de l’école Enrico Mattei. « Depuis la maternelle, poursuit-il, l’enseignant s’attache à développer les potentialités de chacun des élèves, en lui inculquant l’autonomie et l’esprit critique. L’ouverture sur les autres cultures constitue également une valeur reconnue de l’école. Nos maîtres mots sont la tolérance, la solidarité et le respect envers lui-même et les autres », conclue-t-il.
Mouna Kably
- Nombre d’établissements : 1
- Nombre d’élèves : 330
- Taux de réussite au bac : 100 %
- Frais de préinscription : 1 200 DH
- Frais de scolarité:
- Maternelle : 12 000 DH/an
- Primaire : 14 000 DH/an
- Collège : 16 500 DH/an
- Lycée : 22 500 DH/an
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L’école espagnole : Le nouvel eldorado éducatif
Avec une demande trois fois supérieure à l’offre chez Jiménez à Casablanca et une majorité de nationaux, les écoles ibériques au Maroc ont le vent en poupe.
L’af?uence croissante enregistrée par les écoles d’enseignement de la langue de Don Quichotte est signi?cative. Le nombre de demandes d’inscription dépasse de loin le quota toléré. « On compte dix écoles à travers le Royaume. Et rien qu’à Jiménez, il y a 923 élèves inscrits. Parmi eux, 68% sont marocains », explique Remedios Alberto, directrice de cette grande école espagnole, sise au cœur de Casablanca.
Les motivations varient selon chaque parent. « J’aimerais que ma ?lle soit acceptée à l’école espagnole d’abord parce qu’on m’en a dit beaucoup de bien. Tous les parents auxquels j’ai demandé sont satisfaits. Les enfants s’y épanouissent. De plus ils apprennent plusieurs langues et font des activités extrascolaires », con?e la maman d’une ?llette de quatre ans.
Pour d’autres, ce sont les horaires souples, le coût très compétitif des études, la proximité et la qualité pédagogique qui sont mis en avant. Il faut dire que plusieurs arguments plaident pour la mission espagnole. Si la langue d’enseignement est l’espagnol, les élèves apprennent également l’arabe. Et dès la maternelle. À partir du primaire, s’ajoutent également l’anglais ou le français. Au début du secondaire, les élèves intègrent alors une quatrième langue.
Activités extrascolaires
Ces études multilingues s’articule autour d’un programme pédagogique basé sur l’épanouissement de l’enfant, considéré comme un individu, avec un rythme et des capacités propres auxquels l’école doit s’adapter. Les classes, qui s’achèvent à 13h30, sont suivies de nombreuses activités complémentaires et extrascolaires. Cela s’appelle l’accompagnement.
Et évidemment, il y a une cantine et une association (très active) de parents d’élèves. Mais le véritable plus, c’est que les professeurs proposent, selon les besoins de chaque élève, des cours de renforcement, de musique, de danse, de théâtre ou des sessions sportives. Cerise sur le gâteau, les prix des études sont très accessibles par rapport aux autres « missions » : pour 2009-2010, les frais de scolarité s’élèvent à 8 800 dirhams en maternelle et à 8 150 dirhams au primaire et au secondaire. Et pour les activités complémentaires, les parents règlent un abonnement annuel ne dépassant guère les 4 200 dirhams. Cela étant, une augmentation de 5% est à prévoir dès la prochaine rentrée.
Tous ces points forts expliquent la réputation que s’est forgée l’école espagnole dans les sphères familiales marocaines. Mais encore faut-il pouvoir y accéder. Car deux freins subsistent. Le nombre de places est limité par rapport à la forte demande. Et les critères de sélection sont clairement dé?nis, selon un barème à points. Sont pris en compte l’af?liation de l’aspirant et de sa famille avec la langue et la culture espagnoles, la présence d’une fratrie à l’école, etc.
Le processus est compétitif. Et plus tôt les parents inscrivent leurs enfants à la mission espagnole (dès 3 ans), mieux c’est. A Jiménez par exemple, il n’y a que trois classes par niveau. Qu’en est-il des débouchés après le baccalauréat ? La directrice de Juan Ramon Jiménez explique que « la majeure partie des élèves poursuivent des études universitaires en Espagne. Les bons résultats qu’ils obtiennent à l’épreuve de selectividad (baccalauréat) leur permettent de choisir les études et universités qu’ils désirent : ingénierie, médecine, traduction, économie et administration d’entreprise, sont les carrières les plus demandées ». De beaux parcours en perspective !
Dina Alami
- Nombre d’établissements: 10
- Nombre d’élèves : 4 238 élèves (avec deux écoles non comptabilisées)
- Nombre de villes desservies : 7 (Casablanca, Rabat, Tanger, Tetouan, Larache, Nador, Al Hoceima )
- Taux de réussite au bac : Quasi 100 %
- Pourcentage d’élèves marocains : 80% à 90%
- Frais d’inscription 2009 /10 (+5% en 2010):
- Maternelle : 8 800 DH/an
- Primaire et Secondaire 8 150 DH/an
- Activités parascolaires: 4 200 DH/an
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AEFE/OSUI Vive la France !
Avec ses 37 écoles, la mission française au Maroc est la plus dense du monde. Les frais de plus en plus exorbitants de son enseignement ne font qu’attiser l’intérêt croissant des parents.
Formant le plus large réseau de « missions » au Maroc, l’enseignement français est également le plus couru du pays. Ils ne sont pas moins de 28 100 élèves à y poursuivre leur scolarité. 60 % parmi eux sont marocains et plus de 20 % sont franco-marocains. Recette de ce succès, un taux de réussite au baccalauréat dépassant les 90 % (ils étaient d’ailleurs plus de 2 100 candidats à le passer en 2009), contre un peu plus de 70 % pour la moyenne nationale française.
À cela, il faut ajouter une réputation en or, celle voulant que l’école française soit la « pépinière de l’élite marocaine ». Une pépinière qui se développe à vue d’œil. Les écoles françaises ou assimilées sont aujourd’hui au nombre de 37 et sont réparties un peu partout au Maroc. 23 d’entres elles dépendent de l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE), et sont de ce fait subventionnées par l’Etat français. 7 sont sous la tutelle de l’Of?ce scolaire universitaire et international (OSUI) et dépendent de leurs propres ressources pour se maintenir.
S’ajoutent 7 autres établissements privés casablancais homologués par le ministère français de l’Education. Parmi ces écoles, on retrouve des écoles hébraïques comme Narcisse Leven ou encore Lycée Maimonide. Dispensant un enseignement de type français, elles incluent des matières hébraïques et quelques heures d’arabe.
Elles accueillent également des élèves musulmans qui forment aujourd’hui le plus gros des élèves. Précisons que nombre d’établissements dispensent un enseignement français sans pour autant être homologués. Pour en savoir plus sur les établissements appartenant (réellement) au réseau de la mission française, une visite de leur site s’impose. (http://www.ambafrance-ma.org/ efmaroc/rentree/index.php)
Frais de scolarité exorbitants
Tous ces établissements offrent les mêmes garanties de reconnaissance des études poursuivies et des examens qui y sont préparés. Mais entre les trois « formules », une étanchéité totale est de mise. A quelques rares exceptions près, les études engagées à l’OSUI doivent être poursuivies à l’OSUI. Idem pour les établissements homologués.
Un enfant marocain n’est admis qu’après avoir passé un test-concours. Les décisions des commissions d’admission sont sans appel. Le droit de participation est symbolique et ne dépasse pas les 200 dirhams. Les frais de scolarité, eux, restent exorbitants et augmentent chaque année. En plus des droits d’inscription et de scolarité (voir tableau), livres et fournitures sont à la charge de la famille, ainsi que les frais d’assurance scolaire. L’enseignement de l’arabe, de l’histoire, de la géographie et des institutions du Maroc est au programme. Obligatoire pour les Marocains, il est dispensé à raison de 5 heures par semaine. Sa qualité reste cependant discutable.
T. Q.
- Nombre d’établissements :
- AEFE : 23 établissements, 12 écoles, 4 groupes scolaires (école-collège), 2 collèges, 5 lycées.
- OSUI : 7 établissements, 3 écoles, 4 groupes scolaires (école, collège et lycée)
- Établissements homologués:
- École primaire Narcisse Leven
- Lycée Maïmonide
- École normale hébraïque
- École Al Jabr
- Section française du groupe scolaire El Bilia (Lycée Léon l’Africain )
- École internationale de Casablanca
- Section française du Groupe scolaire La Résidence
- Nombre d’élèves : 28 100 (20092010)
- Pourcentage des élèves marocains : 60%
- Taux de réussite au bac : 90%
- Frais d’inscription: 1 200 DH
- Frais de scolarité :
- AEFE :
- Maternelle : 28 350 DH
- Elémentaire : 22 950 DH
- Collège : 26 010 DH
- Lycée : 34 110 DH
- OSUI :
- Maternelle : 27 141 Ă 28 773 DH
- Elémentaire : 26 511 à 28 773 DH
- Collège : 29 136 à 31 806 DH
- Lycée : 40 290 à 41 784 DH
- Établissements homologués: à partir de 10 000 DH/an
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