Ayant enregistrĂ© une inïŹation sans prĂ©cĂ©dent ces derniĂšres annĂ©es, les salaires des joueurs sont, toujours, « secret dĂ©fense » au sein des clubs de foot marocains. Une opacitĂ© qui ne nous a pas empĂȘchĂ©s de fouiller dans les poches de nos footballeurs. EnquĂȘte.
Abdelhak Ait LaĂąrif est footballeur. Ce jeune homme de 27 ans est la star du WAC cette saison. A bord de sa rutilante BMW X6 dâun blanc immaculĂ©, immatriculĂ©e Ă Ajman, aux Ămirats arabe unis, oĂč il a passĂ© les deux derniĂšres annĂ©es, AA83 (câest son surnom) ne passe pas inaperçu. Le meneur de jeu des Rouge et Blanc brille certes par son niveau de jeu, mais aussi par son niveau de vie, digne des plus grandes stars du football mondial. Ă lâĂ©tranger comme au Maroc, Ait Laarif gagne bien sa vie et cela se voit. Quand nous lui posons la question sur le montant exact de ses rentrĂ©es, le joueur vedette du WAC joue les offusquĂ©s. « Aimeriez-vous que je vous demande le vĂŽtre ? », rĂ©pond-t-il poliment mais sĂšchement. Sur ce sujet, les joueurs comme les dirigeants se montrent peu bavards. « Les salaires de nos joueurs ? MĂȘme moi je ne les connais pas. Ils relĂšvent des prĂ©rogatives du prĂ©sident », nous rĂ©plique MaĂąti Warit, le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du WAC.
AprĂšs « enquĂȘte », Ait LaĂąrif touche 45 000 dirhams par mois. Du jamais vu dans un championnat national oĂč les joueurs Ă©taient bien souvent obligĂ©s dâavoir un autre ( vrai ) mĂ©tier pour rester Ă ïŹot. La donne a bien changĂ©. Il faut dĂ©sormais sâhabituer Ă une nouvelle norme : celle voulant quâun joueur de la Botola puisse facilement atteindre 5 000 Ă 7 000 dirhams de salaire mensuel. Faut-il pour autant sâen rĂ©jouir, connaissant le statut, et les revenus des joueurs, marocains ou autres, exerçant sous dâautres cieux ? « Il est clair que le salaire en tant que tel reste relativement bas, mais nous revenons de trĂšs loin.
Dâautant que le salaire ne reprĂ©sente pas la seule rentrĂ©e dâargent du joueur. Il faut ajouter la prime de signature et les primes de match, qui varient selon le standing du club, ses objectifs et le niveau du joueur », nous prĂ©cise Rachid Ouali Alami, membre de la FĂ©dĂ©ration royale marocaine de football (FRMF). Le barĂšme des primes de match sont Ă©tablis Ă 2 000 dirhams en cas de match nul, Ă 4 000 dirhams en cas de victoire Ă domicile et Ă 5 000 dirhams en cas de victoire Ă lâĂ©tranger. « Mais nombre de clubs accordent nettement plus que cela », ajoute le membre fĂ©dĂ©ral. La prime de signature dĂ©pend, elle, du calibre du joueur. Une chose et sĂ»re, « le montant des primes de signatures annuelles explose depuis quatre ans. Le WAC en est lâexemple parfait », analyse Ahmed El Ghaibi, un autre membre du bureau de la FĂ©dĂ©ration royale marocaine de football et ancien prĂ©sident de lâOlympique Club de SaïŹ (OCS).
Câest que le temps est Ă une inïŹation sans prĂ©cĂ©dent tant des salaires que des primes. Ce ne sont pas les principaux concernĂ©s qui diront le contraire. Mohamed Benchrifa, dĂ©fenseur du Fath Union Club (FUS) Ă©volue depuis treize ans au Championnat. FormĂ© au WAC, il fera ses dĂ©buts en premiĂšre division avec le Mouloudia Club dâOujda (MCO). « CâĂ©tait en 1996 et je touchais 3 000 dirhams. Aujourdâhui, les choses changent », se rappelle-t-il. Dans son club actuel, Benchrifra perçoit 10 000 dirhams.
Un grand bond en avant
Tout a commencĂ© il y a trois ans Ă peine. La hausse des salaires a pris de lâampleur depuis le Mercato 2007-2008, suite aux recrutements massifs opĂ©rĂ©s par des clubs comme les FAR et le WAC. Pour la saison en cours, les Rouge et Blanc disposent de la masse salariale la plus imposante du championnat : 300 000 dirhams nets auxquels sâajoutent 100 000 dirhams en guise dâindemnitĂ©s logement pour les joueurs Ă©trangers ou originaires dâune autre ville que Casablanca.
Toutes les autres Ă©quipes nâont pas dâautres choix que de mettre la main Ă la poche pour garder, ou recruter, les meilleurs Ă©lĂ©ments. « Pratiquement tous les clubs ont mis le paquet sur le registre des recrutements. La seule diffĂ©rence sâest faite au niveau des budgets. Nous assistons aujourdâhui Ă une vĂ©ritable inïŹation avec des transferts nĂ©gociĂ©s Ă hauteur de 1,5 et mĂȘme 2 millions de dirhams. Ces investissements Ă©manent des clubs disposant dâune assise de popularitĂ© et de spectateurs.
Câest le cas notamment pour le WAC, le Moghreb de TĂ©touan, le Mas de FĂšs, en plus du Raja », nous explique encore Rachid Ouali Alami. Les primes de signature Ă©taient Ă 60 000 dirhams par an maximum. Aujourdâhui, ce chiffre est « dĂ©risoire », le minimum est de 100 000 dirhams et avec un maximum de 300 000 dirhams. Et pour cause, la FRMF abolira, Ă la saison prochaine, lâobligation pour un joueur, dont le contrat viendrait Ă Ă©chĂ©ance, dâavoir lâautorisation de son club pour aller vers un autre. « Une vĂ©ritable rĂ©volution », estime Ahmed El Ghaibi. « Mais la tendance nâa aucune commune mesure avec les autres championnats. Un joueur dans les pays du Golfe gagne en un mois ce que gagne un joueur local en une saison. Et ne parlons pas des championnats europĂ©ens », dit Hassan Moumen, le manager du FUS de Rabat.
En cause, les budgets serrĂ©s de nos clubs. « Sâils ont enregistrĂ© des amĂ©liorations de taille, les budgets de nos clubs, comparĂ©s Ă ceux de pays comme lâEgypte et la Tunisie sont nettement Ă relativiser. Et nos clubs sont amenĂ©s Ă rĂ©ïŹĂ©chir sĂ©rieusement aux meilleurs moyens dâaugmenter leurs recettes », commente le membre fĂ©dĂ©ral.
La FĂ©dĂ©ration, pour sa part, accompagne cet effort en reversant les droits de diffusion et recettes des contrats de sponsoring. « Nous sommes Ă©galement en train de travailler sur un projet de convention avec le ministĂšre de lâIntĂ©rieur pour inciter les collectivitĂ©s locales Ă mettre la main Ă la poche et participer au ïŹnancement des clubs. Tout comme la FĂ©dĂ©ration sâapprĂȘte Ă signer une convention avec le ministĂšre de la Jeunesse et des Sports, portant notamment sur la formation des joueurs », insiste-t-il.
Télé et sponsoring
Sâil y a une telle mobilisation, câest que la FĂ©dĂ©ration comme les clubs nâont dĂ©sormais plus le choix. Projet de professionnalisme oblige (il sera entamĂ© dĂšs la saison prochaine), la FIFA exige que 30% des joueurs de tout club de football gagnent au minimum 500 $ par mois chacun. Nos clubs sây mettent. « 90% des joueurs des clubs marocains gagnent plus de 5 000 dirhams et sont sous contrat dâune durĂ©e de 1 Ă 5 ans », assure Ghaibi.
Les 10 % restant sont les joueurs juniors, qui touchent entre 2 000 et 4 000 dirhams et sont Ă©galement sous contrat. « Les Ă©quipes veulent Ă©viter que leurs espoirs partent Ă lâĂ©tranger ou changent dâĂ©quipe sans avoir Ă rendre des comptes Ă leurs clubs formateurs », nous explique-t-il. Ces salaires et ces statuts demandent des moyens consĂ©quents. La Botola Ă©volue. Les sponsors suivent. De plus en plus dâentreprises ont dĂ©sormais besoin de communiquer Ă travers le football. AprĂšs des dĂ©buts balbutiants dans les annĂ©es 1980, Ă travers le parrainage, le sponsoring a atteint sa vitesse de croisiĂšre dans les annĂ©es 1990 pour littĂ©ralement exploser dans les annĂ©es 2000. Les recettes sont consĂ©quentes. Sur les seize Ă©quipes du championnat, seul le club des FAR de Rabat nâen a pas (besoin).
Neuf clubs disposent de plus de deux sponsors. Le sponsoring rapporte 6,5 millions de dirhams Ă un club comme le Raja et 13 millions de dirhams au WAC. « Nous estimons que le sponsoring devrait reprĂ©senter 30 Ă 35% des recettes des clubs. Sous dâautres cieux, cela est dĂ©jĂ le cas. Et je ne vois pas pourquoi ce ne serait pas possible chez nous », afïŹrme Ouali Alami. LĂ encore, la FĂ©dĂ©ration table sur le professionnalisme qui devrait se traduire par des rencontres attirant plus de spectateurs et offrant plus de spectacle, sur le terrain comme Ă la tĂ©lĂ©vision. Les droits tĂ©lĂ© ne sont dâailleurs pas en reste.
Pour les ressources ïŹnanciĂšres permanentes, les Ă©quipes se partagent une partie des 225 millions de dirhams, montant du contrat de trois ans, signĂ© en 2007 entre la FRMF et la SNRT. De cette somme, la FĂ©dĂ©ration verse chaque saison 2 millions de dirhams Ă chaque club de premiĂšre division et 600 000 dirhams Ă chaque Ă©quipe de deuxiĂšme sĂ©rie. Si elles se classent parmi les cinq premiĂšres, les Ă©quipes reçoivent des « primes » supplĂ©mentaires oscillant entre 700 000 dirhams et 1,5 million de dirhams. Avec cet argent, les clubs investissent dans la matiĂšre premiĂšre : les joueurs. « Les salaires et les primes de signatures des joueurs reprĂ©sentent 60 Ă 70 % des dĂ©penses des Ă©quipes. Câest le triple, en comparaison avec les trois derniĂšres annĂ©es », explique Ghaibi.
Quid de lâIR ?
« La compĂ©tition sur les meilleurs Ă©lĂ©ments poussera davantage les clubs Ă faire signer les joueurs rapidement et avant lâĂ©chĂ©ance du contrat, prĂ©dit le membre fĂ©dĂ©ral. Lâan prochain, il faut sâattendre Ă des chiffres encore plus incroyables. » La ïŹambĂ©e prĂ©sente et Ă venir des salaires ne proïŹ te pas Ă lâEtat. Sans ĂȘtre exonĂ©rĂ©s, les revenus de nos footballeurs ne sont soumis Ă aucun impĂŽt, le football ayant toujours Ă©tĂ© considĂ©rĂ© comme un secteur sinistrĂ© sur lequel il fallait fermer les yeux. LĂ encore, la donne change. Du cĂŽtĂ© de la FĂ©dĂ©ration, on apprend que les joueurs commence ront Ă payer lâimpĂŽt sur le revenu dans le cadre dâune ïŹscalitĂ© sur les revenus sportifs.
LâannĂ©e 2010 devrait dans ce sens accoucher de propositions aux clubs et aux joueurs et, ainsi, prĂ©parer le championnat professionnel pour la saison 2010-2011. Lâautre interrogation porte sur le fait que malgrĂ© le haut niveau de certains, rares sont les joueurs Ă©voluant au championnat qui peuvent espĂ©rer un jour ïŹgurer parmi les Ă©lĂ©ments de lâĂ©quipe nationale. « Câest une question purement technique qui relĂšve des compĂ©tences du sĂ©lectionneur. En matiĂšre dâĂ©quipe nationale, lâobjectif premier de chaque entraĂźneur est de choisir les meilleurs Ă©lĂ©ments, ceux quâil juge capables dâobtenir les meilleurs rĂ©sultats. Et il est pour cela libre de sĂ©lectionner les Ă©lĂ©ments quâil veut », nous explique Ouali Alami. Une rĂ©ponse qui cache mal le constat que, tant pour les joueurs que pour lâentraĂźneur, les dĂ©cideurs sportifs nâont dâyeux que pour ce qui vient dâailleurs (voir lâinterview avec Moncef El Yazghi).
Othmane Lazim et Tarik Qattab |
Les internationaux, un autre monde
« Dans notre sociĂ©tĂ©, les mĂ©tiers de la distraction sont les mieux payĂ©s », remarque lâĂ©crivain Jacques Attali. Les footballeurs marocains Ă©voluant dans les diffĂ©rents championnats europĂ©ens ne contrediront pas lâex-conseiller de François Mitterrand. Alors que le SMIC en France ne dĂ©passe pas les 1 100 euros, un Chamakh gagne un total de 100 000 euros par mois cette saison. Et le jeune de 25 ans va peut ĂȘtre mieux gagner sa vie, vu que les clubs anglais se disputent ses services. Youssef Hadji, lâautre vedette marocaine Ă©voluant en Ligue 1, plus prĂ©cisĂ©ment avec lâAS Nancy, touche moins que son ami des Girondins. Son salaire mensuel atteint les 74 772 euros et la prime de match les 1 000 euros. A 29 ans, il a prĂ©fĂ©rĂ© le froid du stade Marcel Picot Ă la chaleur des pays du Golfe, bien que des propositions plutĂŽt allĂ©chantes lui aient Ă©tĂ© faites.
Avec un salaire annuel brut de 2,7 millions dâeuros, Mbarek Boussoufa, le milieu offensif du RSC Anderlecht est le footballeur le mieux payĂ© de Belgique. « Bouss » a le sens des affaires : alors quâil ne devait percevoir que 15 % du montant dâun transfert Ă©ventuel, il a rĂ©ussi Ă nĂ©gocier 30 % en cas de dĂ©part vers dâautres cieux. Lâex-Sochalien Jaouad Zairi nâa pas toujours fait les bons choix dans sa carriĂšre. DerniĂšre escale pour lâex-international marocain : la GrĂšce et son club LâOlympiakos, oĂč il reçoit 600 000 euros par an. Tout est relatif !
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Demain la CNSS
Le souci premier du joueur marocain reste encore de gagner sa vie et de se garantir une retraite dĂ©cente. Soit Ă©viter le sort dâun Brahim Roudani, dit Chicha, ex-joueur du WAC, qui a rendu lâĂąme le lundi 5 janvier dernier, pauvre et seul. Un exemple parmi dâautres de gloires du sport qui se retrouvent dĂ©munies en ïŹ n de carriĂšre. La rĂ©forme en cours des lois et des statuts des clubs et des sportifs donnera accĂšs Ă la CNSS, Ă lâassurance maladie et Ă la retraite pour les sportifs. Une premiĂšre simulation dâun systĂšme de prĂ©voyance sociale au proïŹt des joueurs a Ă©tĂ© mise en place. Le systĂšme visĂ© par la FRMF devra apporter aux joueurs « une situation plus sereine avec des revenus stables et lissĂ©s dans le temps, une couverture des Ă©vĂšnements graves qui pourraient survenir pendant leur carriĂšre (accidents, maladies, incapacitĂ©, dĂ©cĂšs), un accĂšs aux services ïŹnanciers et bancaires (prĂȘts, dĂ©duction des intĂ©rĂȘts accordĂ©s pour lâacquisition dâun logement principal) ainsi que des revenus rĂ©guliers pendant une pĂ©riode Ă©quivalente Ă la durĂ©e de cotisation et qui correspondrait Ă leur carriĂšre footballistique », peut-on lire dans la note de synthĂšse de la commission. |
INTERVIEW Moncef El Yazghi, chercheur en sport
« Il faut imposer les footballeurs »
Pour le chercheur Moncef El Yazghi, les niveaux des salaires atteints par un grand nombre de joueurs impliquent que lâĂtat ne doive plus fermer les yeux sur les impĂŽts qui lui sont dus.
Le projet de réforme et de professionnalisation du football accorde-t-il la place due aux footballeurs ?
La place accordĂ©e par le projet de rĂ©forme au joueur ne sera visible quâaprĂšs lâadoption des lois sur lâĂ©ducation physique et la professionnalisation du football ainsi que le dĂ©marrage de la ligue professionnelle, prĂ©vue pour la saison 2010-2011. Mais que lâon ne sây trompe pas, les salaires et autres revenus des joueurs ne seront ïŹxĂ©s par aucun barĂšme. Seul un salaire minimum sera garanti tel que stipulĂ© par la Fifa. Par contre, le caractĂšre obligatoire des contrats sera introduit et ïŹxera les droits et obligations de chaque joueur. Tout comme il organisera les aspects liĂ©s Ă lâabsence, la maladie et les transferts.
Comment expliquez-vous la ïŹambĂ©e des revenus et les disparitĂ©s existant entre joueurs et clubs?
Les clubs ont dĂ©sormais les moyens de sâoffrir des joueurs de qualitĂ©. Un club comme le WAC de Casablanca consacre 10 millions de dirhams au mercato des joueurs. Si les clubs ont plus de rentrĂ©es, câest notamment grĂące aux droits de diffusion. Dans le temps, les matchs du championnat nâĂ©taient transmis quâaccessoirement par les chaĂźnes nationales. Mais depuis quelques annĂ©es, la donne a changĂ©. Notamment Ă travers des chaĂźnes comme ART qui avait achetĂ© les droits pour quelque 27 millions de dirhams sur une durĂ©e de cinq ans. Ayant repris le ïŹambeau, la SNRT Ă©tait dans lâobligation de sâaligner. A cela sâajoute les contrats de sponsoring conclus tant avec la FĂ©dĂ©ration quâavec les clubs. Les disparitĂ©s concernant les joueurs sont, somme toute, logiques. Il y a des clubs qui sont plus riches que dâautres et des joueurs plus prisĂ©s que dâautres. Les petits salaires de certains joueurs sâexpliquent par leur statut de dĂ©butants. Le grand Aboucharouane ou encore Zemama Ă©taient payĂ©s 1 000 dirhams Ă leurs dĂ©buts. Câest ce seuil minimum que le professionnalisme devra relever.
Les salaires des joueurs ne sont toujours pas imposables. A quoi est due cette situation?
LâĂtat sâest contentĂ© de fermer les yeux durant les annĂ©es 1980 et 1990, partant de la situation de crise que vivaient les clubs. MĂȘme les entraĂźneurs, dont certains sont payĂ©s 600 000 dirhams, ne payent pas dâimpĂŽts. Câest ce qui encourage nombre de sĂ©lectionneurs Ă©trangers Ă venir chez nous. LâĂtat y perd. DâoĂč lâimpĂ©ratif dâimposer les joueurs.
Rares sont les joueurs Ă©voluant au championnat qui espĂšrent rejoindre lâĂ©quipe nationale. Pourquoi ?
Je citerai lâexemple de Issam Adoua, ex-joueur du Wydad, qui nâa Ă©tĂ© appelĂ© pour jouer en Ă©quipe nationale quâune fois parti Ă Lens, pour dire que les dĂ©cideurs marocains prĂ©fĂšrent toujours les internationaux quand il sâagit de la sĂ©lection nationale. Le caractĂšre absurde de la dĂ©marche nâa dâĂ©gal que lâinutilitĂ© de cette dĂ©pendance. Dans leur recherche de rĂ©sultats immĂ©diats, nos sĂ©lectionneurs se reposent sur les produits ïŹnis en faisant valoir le sang marocain de certains joueurs. Cela jure avec les choix rĂ©ussis de lâEgypte ou la Tunisie qui recrutent au sein de leurs clubs. Ce qui explique les exploits de leurs Ă©quipes nationales Ă lâĂ©chelle africaine. Quand ils font appel Ă des internationaux, câest en guise de valeur ajoutĂ©e. En revanche, nous avons une Ă©quipe nationale dont le gros des joueurs ne frĂŽle le sol africain quâau moment des grands rendez-vous. |
SALAIRES : des disparités importantes entre les clubs
RAJA Le syndrome «Madrassa»
Le Raja Club Athletic (RCA) fait bande Ă part. MalgrĂ© le plus gros budget du championnat, 41 millions de dirhams, les salaires chez les Verts commencent Ă partir de 3 000 dirhams et ne dĂ©passent pas les 6 000 ! Selon un adhĂ©rent, « le club a fait le choix de ne pas recruter Ă des sommes mirobolantes car il dispose dâune madrassa (Ă©cole) du foot ». Un modĂšle critiquĂ© par une large partie des supporters qui pensent que les Verts auraient dĂ» « se payer » les services des meilleurs footballeurs.
WAC Le club de toutes les disparités
Si le WAC fait mieux que le Raja, il souffre de lâĂ©cart sĂ©parant petits et grands salaires, pouvant aller de 1 Ă 22. De 45 000 dirhams, les rĂ©tributions mensuelles peuvent ainsi dĂ©gringoler Ă 2 000 dirhams. Une politique salariale qui peut pousser les jeunes Ă partir ailleurs. Le dernier cas en date, celui de Younes Belkhader qui a quittĂ© le WAC pour le Raja et qui a de fortes chances de rejoindre La Liga sous les couleurs de lâEspagnol de Barcelone. Rien que ça!
KACM Honneur aux anciens
Le Kawkab Club de Marrakech (KACM) qui tourne avec un budget de 21 millions de dirhams, dont 17,5 % sont rĂ©servĂ©s aux salaires, hors primes. Le plafond salarial est de 10 000 dirhams, « Ă part un joueur Ă©tranger qui vient de signer », prĂ©cise Mohammed Nakil porte-parole du KACM. « Les critĂšres pour ïŹxer les salaires sont lâanciennetĂ© dâun joueur et son rendement », ajoute le dirigeant marrakchi. « Jusque lĂ , tous nos joueurs ont reçu leurs salaires et leurs primes », se rĂ©jouit-il.
MAS La crise toujours
Ă FĂšs, lâheure est moins joyeuse. Le Maghreb AthlĂ©tic de FĂšs (MAS) a gelĂ© les salaires de ses joueurs pendant deux mois cette annĂ©e. Pourtant, avec lâarrivĂ©e de lâhomme dâaffaires Marwane Bennani, les Fassis espĂ©raient en ïŹnir avec les soucis ïŹnanciers. Avec un mercato du tonnerre - 6 millions de dirhams pour trois joueurs - et des salaires Ă partir de 5 000 dirhams jusquâĂ 10 000 dirhams, tout avait pourtant bien commencĂ©âŠ
DHJ Les priorités sont ailleurs
CĂŽtĂ© DifaĂą Hassani el Jadidi (DHJ), on est plus en faveur dâune « gestion saine ». Pour Salaheddine Mouktarid, le nouveau prĂ©sident du club, la prioritĂ© est aux infrastructures et Ă la formation. « Ce qui ne nous empĂȘche pas de donner de bons salaires », nuance le jeune prĂ©sident. Ceux-ci oscillent entre 5 000 et 10 000 dirhams. Soit une bonne partie des 15 millions de dirhams constituant le budget annuel du club. |
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