Représentativité
Les taux de participation enregistrés au niveau des régions font apparaître un taux élevé dans les provinces du Sud, en raison de la forte concentration de militaires, qui ont été appelés à voter. Elles sont suivies par les régions principalement rurales, alors que le Grand Casablanca a enregistré le plus faible taux de participation.
Â
Portrait 1
Mohand Laenser (MP)
Ministre sans portefeuille
Ses points forts
Cet ancien ministre de l’Agriculture, devenu SG du Mouvement populaire, après avoir poussé vers la sortie le bouillant Amghar, a plus d’un tour dans son sac. Le patron des harakis, qui a réussi l’improbable victoire de se faire inventer un poste de ministre d’Etat taillé sur mesure dans le dernier remaniement technique, n’a cure des oppositions qui grondent au sein de sa formation politique. Laenser, en fin tacticien, a renforcé la présence du parti sur le terrain et a réorganisé ses structures locales et centrales.
Ses faiblesses
C’est peut-être un trait commun à la classe politique locale, mais l’amour du consensus vire souvent à la pensée unique chez ce leader qui rassure tout le monde et cultive la confiance des uns et des autres. En tant que ministre, l’homme n’a pas particulièrement brillé par ses actions et même quand il était à la tête du département de l’Agriculture, Laenser n’a pas marqué la législature. A.E.A.
Â
Portrait 2
Abdelwahed Radi (USFP)
Au nom de la rose
Ses points forts
C’est le plus ancien des socialistes en exercice : Abdelwahed Radi a vu naître l’Union nationale des forces populaires (UNFP), l’ancêtre de l’USFP, dont il est le 1er secrétaire depuis 2008. Sa fidélité à ses anciens camarades a fait de lui un pilier de la réconciliation à chaque fois que la maison socialiste risquait de s’écrouler.
Rompu à la politique de proximité, il a commencé par être élu à Salé aux premières élections (1963) avant d’être promu, en 1983, ministre de la Coopération internationale par Hassan II.
Ses faiblesses
Il semble que la fonction de ministre n’ait pas porté chance à Radi. Celui qui a hérité d’un autre socialiste le portefeuille de la Justice a prouvé qu’il avait de piètres connaissances en matière de gestion gouvernementale. De plus, il a plombé ce secteur avant d’être contraint de passer la main. A.E.A.
Â
Portrait 3
Salaheddine Mezouar (RNI)
Gestionnaire avisé
Ses points forts
La comparaison avec Dominique Strauss-Kahn pourrait fâcher l’homme, mais difficile de ne pas penser à l’éloquence du personnage quand on observe Mezouar. Comme l’ex-patron du FMI, le ministre des Finances a usé ses fonds de culotte dans les meilleures écoles de commerce et il a également inscrit à son tableau de chasse une série d’entreprises qu’il a eu à gérer avec succès.
Si le Maroc n’a pas encore mis la clé sous le paillasson, c’est un peu grâce au talent de ce financier qui a su jongler avec la conjoncture pour ne pas mettre les caisses de l’Etat en difficulté. Mezouar, même tenu par le devoir de réserve, ne cache pas qu’il souhaite briguer la primature.
A cet effet, ses équipes de communication n’hésitent pas à forcer le buzz dans les médias nationaux afin de préparer l’opinion publique à cette éventualité. L’establishment politico-médiatico-économique présente Mezouar comme le plus « crédible » des représentants de « la droite social-démocrate », le seul poids lourd de la politique réellement capable de remplacer El Fassi à la primature en 2012.
Ses faiblesses
On lui reproche un unanimisme qui n’a plus de raison d’être. Ses détracteurs avancent une entrée en politique tardive, puisqu’il n’a rejoint les rangs du RNI qu’en 2002, et sa première expérience de ministre a démarré en 2004, à la tête du ministère de l’Industrie dans le gouvernement Jettou.
Le problème avec un technocrate tel que Mezouar, c’est que les futurs gouvernements ne pourront être que politiques ; et les ministres technocrates représenteront désormais l’exception et non la règle. A.E.A.
Â
Â
Portrait 4
Abbas El Fassi (Istiqlal)
Le 20-Février « m’a tuer »
Ses points forts
N’en déplaise à ses détracteurs, l’avocat de l’Istiqlal a bien des atouts, ne fût-ce que celui d’avoir réussi à durer aussi longtemps malgré des casseroles qui auraient scellé définitivement le sort de n’importe quel homme politique.
A commencer par le scandale d’Annajat où l’Anapec, sous la tutelle de son ministère, avait arnaqué des milliers de Marocains en leur promettant le paradis de l’emploi aux Emirats. Preuve d’un certain professionnalisme, El Fassi a occupé diverses fonctions ministérielles et diplomatiques.
Fin diplomate, le secrétaire général de l’Istiqlal reste l’un des rares chefs de parti à garder une relative crédibilité auprès de ses troupes, en raison notamment d’une probité reconnue.
Ses faiblesses
Le pouvoir use que si l’on ne s’en sert pas. Or El Fassi a tout fait sauf gouverner. A l’ombre de la monarchie, il a tout simplement manœuvré pour rester à la tête du gouvernement.
L’obligation de résultat n’a jamais été son principal souci. Chose qu’il n’hésite pas à revendiquer ouvertement, criant à qui veut bien l’entendre qu’il « a toujours été attentif à appliquer les directives royales ». A.E.A.
Â
Portrait 5
Abdelilah Benkirane (PJD)
Le roi du buzz
Ses points forts
Charismatique, le patron du PJD ferait certainement un bon chef de gouvernement. Benkirane est peut-être le chef de parti qui a été le premier à introduire le marketing dans son acception moderne en politique.
Le principe de l’islamiste en chef consiste à mener une politique différenciée, à plusieurs volets, chacune à destination d’une clientèle de citoyens précise. Ainsi, il est capable dans la même journée de proposer une offre politique spécifique à ses interlocuteurs.
Il n’hésitera pas à serrer la main d’une femme au cours d’un meeting sur la parité hommes-femmes mais juste après, il n’aura aucun scrupule à militer pour le port du voile devant une clientèle barbue.
Le plus redoutable chez l’homme, c’est que ce marketing en politique ne signifie pas la mort de l’idéologie dont se réclame le PJD. La majorité des Marocains, sensible à la religion et attachée aux valeurs traditionnelles, se retrouverait aisément dans les slogans du PJD. N’oublions pas que le PJD s’était classé deuxième parti du pays avec 42 sièges à la Chambre des représentants lors des dernières législatives.
Ses faiblesses
Le plus grand point faible de Benkirane, c’est qu’il ne s’est jamais frotté à l’administration. L’homme n’a jamais eu à occuper un poste de fonctionnaire permettant d’acquérir le b.a.-ba de la gestion de la chose publique.
Quant à son amour immodéré des saillies verbales, il n’a pas été toujours du goût de ses coéquipiers du PJD qui ont eu souvent à jouer aux pompiers pour désamorcer les crises issues des déclarations fracassantes de leur secrétaire général.
Par ailleurs, l’étiquette islamiste n’est pas forcément un atout. Si une grande majorité de Marocains est prête à être gouvernée à la manière turque, il faudra composer avec une élite viscéralement opposée aux islamistes.
Les lobbies de la laïcité soutenus par l’Europe et les Etats-Unis ont jusqu’à présent réussi à tempérer l’hégémonisme de l’islamisme sur le champ politique national. L’expérience du FIS algérien ayant servi pendant longtemps de repoussoir en termes de pédagogie politique. A.E.A.
Â
Portrait 6
Cheikh Biadillah (PAM)
L’éternel numéro deux
Ses points forts
Quand on a écumé les régions en tant que wali et que, juste après, on chevauche le ministère de la Santé, il faut avoir les reins solides. Biadillah n’est pas un tendre. L’homme qui a abandonné le Polisario pour rejoindre le pays a une réputation d’intégrité qui a marqué ses collaborateurs, que ce soit au niveau des provinces, ou du ministère qui a connu des jours meilleurs.
Ses faiblesses
Le handicap n’est pas conséquent à la personne mais plutôt à la formation politique dont il est le patron par défaut. Le PAM, qui pourrait bien créer la surprise malgré les « dégage » à profusion du 20-Février, a souffert du départ de Fouad Ali El Himma.
S’en est suivie une crise sans précédent qui a frappé le premier parti du pays en termes de représentation parlementaire. Biadillah a été incapable de mener une sortie de crise honorable ; saura-t-il conduire un gouvernement de crise ? A.E.A.