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Karim Tazi
DG de Marwa
Indignation Le noir et la contrefaçon
L’informel. Cette pratique est la plus grande indignation des opérateurs du secteur du textile au Maroc. Cette concurrence déloyale, que ce soit au niveau de l’importation sous forme de contrefaçon ou de sous-facturation, ou encore au niveau de la production, détruit les projets structurants.
Solution Suivre l’exemple turc
Il ne faut pas laisser faire au nom de la préservation de la paix sociale. Parallèlement à la lutte contre l’informel, il faut une fiscalité spécifique aux textiliens transparents qui opèrent dans le formel, à l’instar de la Turquie par exemple qui a su gérer ce fléau et s’est positionnée en tant que fournisseur privilégié des grands donneurs d’ordre européens.
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Michèle Zirari
Juriste, membre de Transparency Maroc
Indignation Ces lois mal appliquées
Je ne suis pas indignée, mais je suis quand même fortement étonnée par ce qui se passe en ce moment. Les changements législatifs prévus ne sont, je pense, pas nécessaires dans l’état actuel des choses.
On pouvait faire aussi bien avec notre « ancienne » Constitution, car le problème c’est que nos lois sont mal ou pas appliquées. On n’a toujours pas compris que les lois, les nouvelles législations, ne changent rien si on ne change pas les comportements.
Solution Changer les comportements avant de changer la loi
Ce sont les comportements qu’il faut changer, et après seulement, il faut changer la loi. Les gens doivent acquérir de la fierté, de la dignité et du civisme. Il ne suffit pas de déclarer l’indépendance de la justice, il faut former et sensibiliser les juges et tous les intervenants du système judiciaire pour qu’ils ne soient plus dépendants.
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Ahmed Assid Militant pour l’amazighité et la laïcité
Indignation La culture de la manigance
S’il est quelque chose qui m’énerve en ce moment, c’est le recours de certains, au sein même du Makhzen, à la manigance pour faire avorter des projets aussi importants que la nouvelle Constitution. Il aura fallu attendre jusqu’à la dernière minute pour voir tout un effort et un débat national échouer devant la force du conservatisme de certains milieux, y compris ceux du PJD et de l’Istiqlal.
Résultat, un beau gâchis et une amère impression de déjà -vu tellement le pays s’est – maintes fois – préparé à négocier des virages historiques, pour se retrouver à la case départ.
Solution La pression de la rue
Il faut que la rue maintienne la pression pour que les lobbies des acquis, du fait accompli et des archaïsmes cèdent. C’est la seule garantie d’un véritable changement futur dans ce pays. Autrement, ceux qui profitent du système continueront à mettre tous les obstacles possibles devant l’établissement d’un Etat moderne, socialement équitable et véritablement démocratique.
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Amina Bouayach
Présidente de l’OMDH
Indignation Nous sommes d’accord pour être en désaccord
Ce qui me chagrine le plus, c’est que nous, les Marocains, n’arrivons toujours pas à nous entendre. Parfois, sur des évidences. J’en veux pour preuve ce projet de Constitution que nous avons aujourd’hui entre les mains et qui, malgré toutes les réponses qu’il apporte, continue de susciter de vifs, et souvent stériles, débats. J’y vois toute la difficulté que nous avons à nous écouter et à aller au-delà de nos différences. J’y vois aussi toute la difficulté d’une réconciliation.
Solution Apprenons Ă ĂŞtre modeste
Je pense qu’il faudra commencer par être modeste et avant de vouloir changer le monde, commencer par nous changer nous-mêmes. Surtout, qu’on arrête de prendre nos idées et idéaux pour la vérité absolue. C’est ce qui pourra amorcer une vraie écoute les uns pour les autres et, je l’espère, le début d’un véritable dialogue et d’un débat national sur les événements qui nous concernent tous.
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Driss Ksikes Journaliste et Ă©crivain
Indignation Ce consensus qui tue
S’il y a une attitude qui m’horrifie, c’est cette constante recherche de consensus et de plaire à tout le monde. Un consensus mou qui fait du populisme une politique à part entière. Et la nouvelle Constitution en est la meilleure illustration. Nous nous retrouvons, à force de vouloir tout intégrer dans nos projets, devant un Etat sans épine dorsale et qui est incapable de choisir un cap. C’est pour moi notre plus grande faiblesse.
Solution Le débat qui vivifie
Au lieu de gérer nos politiques par la peur et le consensus, nous devrions plutôt opter pour la transparence, le débat et la contradiction.
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Jamal Belahrach PDG de Manpower Maroc
Indignation Un chômage des jeunes qui n’intéresse personne
En l’espace de 14 ans au Maroc, je n’ai jamais vu ou lu une vision globale pour lutter contre le chômage, celui des jeunes en particulier. Je trouve inadmissible que nos leaders politiques se désintéressent totalement de ce sujet. De l’éducation à la formation initiale en passant par la formation continue, jamais une réflexion qui fasse sens. Je m’indigne car c’est l’avenir de notre pays qui est en jeu.
Solution Un think-tank sans politiques
Il faut un plan Marshal digne de ce nom et il faut d’abord créer d’urgence un think-tank dédié à ce sujet majeur avec des experts - hors politiques - dont la mission serait de produire un plan d’action avec des objectifs chiffrés, des recommandations sur les institutions, sur les réformes nécessaires et bien évidemment sur une gouvernance qui s’engage sur les livrables.
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AĂŻcha Mezroua
Directrice d'un centre de qualification sociale
Indignation Le culte du « Non »
Dans son discours du 17 juin, le roi est allé « à la rencontre des Marocains ». Pour répondre à la demande de démocratie, il a présenté une Constitution qui n'a rien à envier aux monarchies européennes. Il y a bien entendu une constante dans la démarche du roi : la préservation de l'identité du Maroc, la définition d'un modèle politique et social qui protège des dérives.
Pour la majorité des Marocains, cela correspond à leur vision de l'avenir. Une poignée de citoyens refusent pourtant la mouture proposée par Mohammed VI. C'est bien, dans une démocratie saine, il faut des voix discordantes mais, « pour faire autrement », aucune alternative n’est proposée. C'est juste un niet systématique, négatif, une opposition frontale à tout ce qui émane du Palais. On refuse même de s'asseoir à la même table que « l'ennemi » comme au temps des procès staliniens.
Solution Signer un traité de paix
Les militants de l'extrême gauche, ceux-là mêmes qui ont souffert des geôles de Hassan II, devraient commencer par comprendre qu'ils ont aujourd'hui une immense responsabilité : celle de préparer un projet de société, de rassembler la gauche autour d'idéaux communs au lieu de continuer à alimenter des polémiques stériles. Au lieu d'être les plus grands opposants du Makhzen, ils gagneraient à être les meilleurs « proposeurs » de la société.
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Mehdi Mezouari
Membre du bureau national de la jeunesse USFP
Indignation La marginalisation des jeunes dans les partis politiques
La classe politique est en décalage profond avec les réalités du pays, dont justement la marginalisation de la jeunesse qui représente pourtant plus de 60 % de la population marocaine. Sa représentativité au sein des partis est pratiquement nulle.
Dans les directions des partis, les places réservées aux jeunes se situent généralement dans les mouvements de jeunesse créés par ces derniers, ou parfois dans des tâches subalternes telles que les secrétariats à l'organisation et à la propagande.
La représentation des jeunes au Parlement est très faible alors qu'au niveau des conseils communaux, elle est pratiquement nulle.
Solution Limiter les mandats des leaders politiques
Pour un meilleur positionnement dans l'environnement politique et public, les principaux obstacles et les défis majeurs à la promotion politique des jeunes sont à combattre à plusieurs niveaux : par l'imposition d'un quota de jeunes dans les commissions d'investiture, en renforçant leurs capacités financières et techniques et en encourageant l'élection d'un plus grand nombre de jeunes comme conseillers municipaux et députés.
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Simon LĂ©vy
Fondateur du musée du judaïsme
Indignation L’absence de débat
Ce qui m’exaspère en ce moment, ce sont les fausses promesses et la précipitation dans laquelle certains s’engouffrent pour nous faire miroiter des choses qui, finalement, ne se réalisent pas. Je pense à tous les espoirs qu’on a nourris envers ce projet de Constitution. Je nous en veux aussi parce que, même conscients des limites de pareilles démarches, nous continuons à y croire.
Solution Se donner les moyens d’une vraie discussion
Une Constitution n’est pas un jeu, mais un texte qui trace la voie de l’avenir et qui doit être mûrement réfléchi. Pour le peu de temps qui nous reste avant le vote, il est impératif d’ouvrir un débat national et d’en sortir des résolutions sérieuses. Il faut se donner les moyens d’une vraie discussion.
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Hammada Bekouchi Professeur Ă la Sorbonne
Indignation La violence des gens
Je voyage beaucoup à travers le monde et dès que je rentre au pays, la première chose qui me frappe toujours, c'est la violence des gens. Le douanier qui vous fouille avec une agressivité non feinte, le chauffeur de taxi qui pense que, sans brutalité, il n'aura pas un pourboire conséquent, la fureur des gens qui vocifèrent en public, l'insulte faite au savoir-vivre par des rustres, parfois bien sous tous rapports et qui crachent devant vous, la virulence des fonctionnaires, la sauvagerie des klaxons, etc.
Beaucoup de Marocains déversent ainsi leur rancœur, leurs déceptions, leurs peurs et parfois leur lâcheté sur le premier venu. Une furie, qui va être certainement revue à la hausse en raison de lendemains incertains.
Solution Des sanctions symboliques
Je pense notamment à ce maire en France qui fait signer un engagement à tous les futurs mariés afin qu'ils évitent de klaxonner la nuit pour fêter leur union. Des sanctions symboliques pourraient avoir, à la longue, un effet dissuasif sur les récidivistes en tout genre.
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Zakaria Fahim
Managing Partner BDO Sarl
Indignation La culture brutale du profit
Je suis consterné par le fait qu’on enseigne toujours à l’école que la rentabilité de l’entreprise se mesure uniquement par la différence entre les recettes et les charges et que, pour gagner, il faut écraser l’autre.
Solution Tester des modèles de rupture
Tous les jeunes doivent avoir la possibilité de tester leurs idées. Pour cela, il est important de changer de paradigme et de développer des modèles de rupture qui font appel au bon sens.
Le projet d’auto-entrepreneur est un modèle de rupture qui consiste à faciliter l’acte d’entreprendre, en simplifiant les formalités de création. De plus, il faut montrer par l’exemple que 1+1 peut faire 10 à condition que la performance soit la résultante d’une réussite à la fois économique, sociale et sociétale.
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Abdou Jouahri Professeur universitaire, vice-président de l'Association Fès Saïss
Indignation Haro sur l'indiscipline !
Je hais l'indiscipline, cet incivisme galopant, ces chauffards en puissance, ce manque de politesse qui est devenu une règle de vie chez de nombreux jeunes et moins jeunes à l'insulte facile. L’absence de discipline ouvre la porte à toutes les formes de violence (organisationnelle, psychologique et physique). Le moins que l'on puisse dire, c'est que le civisme qui est l'un des piliers de la société est réellement en crise.
Solution Remettre le civisme Ă l'honneur
Il faut favoriser le changement de politique à travers un management par le sens et opérer un réveil des consciences. Savoir agir sur la charge émotionnelle des individus, rebondir sur les infractions à la discipline et les transformer en opportunités de conduire le changement. L'essentiel, c'est que les citoyens assument davantage leurs responsabilités vis-à -vis de la collectivité, qu'il soient davantage imprégnés de sens civique.
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Mohamed El Aouni
Membre du conseil national de soutien au Mouvement du 20 février
Indignation La répression des manifs
Ce qui m’indigne actuellement au Maroc est l’option répressive choisie par l’Etat contre les revendications du Mouvement du 20 février. Après plusieurs tentatives de ternir l’image du mouvement, en lui collant diverses accusations mensongères au début, la campagne a pris un autre tournant depuis le mois de mars. En brutalisant les participants aux rassemblements organisés par le Mouvement du 20 février dans plusieurs villes du Maroc, l'Etat donne un mauvais signal.
Ce mouvement étant de nature pacifique, l’option répressive ne fait pas du Maroc une exception dans la région. Il y a eu deux morts depuis le 20 février, et plusieurs autres que nous considérons comme des victimes, ceux d’Al Hoceima.
Solution L'Etat doit se réconcilier avec tous les citoyens
Pour que nous soyons vraiment une exception dans le monde arabe, le gouvernement doit remiser les matraques car, jusqu'à présent, il a fait le choix le plus lourd à payer en termes d'image : la répression.
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Faouzi Chaâbi Vice-président d’Ynna holding
Indignation L’anarchie de la distribution
L’un des problèmes récurrents qui compromettent l’avenir des entreprises marocaines est l’économie de rente. La production au Maroc se base sur une structure non organisée.
En Europe, il y a un suivi, en amont de la production jusqu’à la livraison au consommateur final. Ici, c’est l’anarchie et le diktat des intermédiaires, ou des spéculateurs qui ne paient pas d’impôts, qui plombent les marges des commerçants.
Solution Exigez des tickets de caisse !
La réglementation et l’obligation de payer les impôts. Le consommateur doit exiger son ticket de caisse ou sa facture à chaque paiement d’un service ou d'un produit. Si tout le monde paie ses impôts, les spéculateurs n’auront plus de marges et disparaîtront.
En Chine par exemple, l’Etat a pu démocratiser cette méthode en mettant en place une tombola quotidienne. Chaque citoyen a dans son ticket de caisse un numéro de 14 chiffres et il peut gagner une maison ou une voiture lors du tirage au sort. Ainsi, tout le monde exige un ticket de caisse.
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Réda Benharrou Chef d’entreprise
Indignation Le mépris de l’espace public
J'ai l'impression que l'on ne se considère que dans son espace intime. Au Maroc, l’espace public n’existe pas. Le manque de citoyenneté et de civisme est la règle. Un ami de mon père m’a raconté une histoire qui lui est arrivée en Hollande.
Il se baladait dans un jardin public et, voyant une jolie fleur, il se baisse, la hume, et comme feraient beaucoup de Marocains, il l'arrache pour l’emporter. Une petite fille le voit, lâche la main de sa maman et court vers lui pour lui asséner : « Vous n'avez pas honte d'arracher cette fleur. » On parle souvent de patriotisme, mais bizarrement cette notion ne prend forme que lorsqu'on atteint le score de 4 à 0 au foot.
Solution Un service civil pour tous
Je suis pour des stages de citoyenneté obligatoires, comme il existe un service militaire. Je suis également pour que l'on dispense davantage d’heures d’éducation citoyenne à l’école.
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Ali Lotfi Syndicaliste, secrétaire général de l’Organisation démocratique du travail
Indignation SOS personnes âgées
Dans cette paupérisation grandissante de la population, à cause de la politique anti-sociale du gouvernement, il y a une catégorie que nous sommes en train de sacrifier. Il s’agit des personnes âgées qui sont au nombre de 2,4 millions aujourd’hui et dont 80% ne bénéficient d’aucune couverture sociale, et encore moins d’une assurance maladie. Au lieu d’en prendre soin, de par nos valeurs mais aussi pour ce qu’elles ont apporté à ce pays, nous sommes en train d’en faire les plus grands marginalisés de la société. Et c’est tout simplement inadmissible.
Solution Un plan d’urgence pour une cause nationale
Les jours de ce gouvernement-là étant comptés, ce sera au prochain d’ériger la cause des personnes âgées en tant que priorité nationale. C’est de nos parents et de nos grands-parents que nous sommes en train de parler.
Et c’est un peu notre propre avenir que nous abordons. Et à moins d’un plan d’urgence pour sauver les personnes âgées aujourd’hui, notre modèle, non seulement de pays mais de société, risque de s’effondrer.
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Hassan Jai Président du directoire de Rimal
Indignation La loi au Maroc n’est pas toujours souveraine
Dans de nombreux secteurs et dans de nombreuses situations, nous sommes contraints de constater que la loi n'est pas appliquée et devient donc souvent facultative. Il en est ainsi dans notre secteur.
Vous pouvez commercialiser du sable sans avoir d’autorisation d’exploitation, ou tout simplement en déclarant votre exploitation en arrêt, sans récolter de TVA, sans fournir de facture et sans respecter le cahier des charges d’exploitation. Vous pouvez charger les camions en dépassant leur PTC et faire plus de 100 kilomètres sans être inquiété.
Solution Une application stricte de la loi
Ce qui vaut pour l'exploitation du sable vaut pour les autres secteurs sauf que je trouve que l’on ne s’indigne pas sur le fait que 1 milliard de dirhams de recettes fiscales échappe au trésor. Ces recettes permettraient de renforcer les actions de l’Etat. De toute façon, un Etat fort induit une application et un respect strict des lois, et vice versa.
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Mbarka Bouida
Députée RNI
Indignation Les Marocains boudent leur citoyenneté
Je suis indignée par le taux d’abstention, lors des élections au Maroc, et par la faible implication de nos concitoyens dans le processus électoral. Il faut bien reconnaître que, pour l’instant, nous n’avons eu que des solutions compliquées à leur proposer : il est quand même aberrant de demander aux gens de se déplacer pour s’inscrire sur les listes électorales. Et ce qui m’indigne enfin – il s’agit au fond du même problème d’accès à la citoyenneté –, c’est que tous les Marocains n’ont pas la carte nationale.
Solution Le vote obligatoire !
Il faut d’abord une opération commando pour qu’en six mois, tous les Marocains obtiennent une carte nationale. Et il faut ensuite automatiser le lien entre CIN et enregistrement sur les listes électorales : il n’y aura plus de déplacements inutiles. Et enfin, il faut rendre le vote obligatoire.
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Youssef Chehbi Avocat
Indignation Un simulacre de campagne pour le référendum
L’orchestration de la campagne du référendum m’indigne. Il n’y a pas de débat. Même quand on veut voter « Oui », l’envie passe quand on voit comment se déroule le référendum. Moi je dois rouler trois quarts d’heure pour aller voter alors que je suis certain du résultat.
Il n’y a pas d’enjeu. L’unanimité est dangereuse. Dangereuse pour tout le monde. Car les Marocains se rendent compte que les partis politiques ne les représentent pas. Comment les gens peuvent-ils s’impliquer dans la politique quand ça se passe de cette manière ? Donc ils vont chercher des solutions chez les extrêmes ou s’abstiennent de voter.
Solution Des débats télévisés entre Oui et Non
Il faut laisser les tenants du « Non » s’exprimer. Les trois premiers jours à la télé, on n’a entendu que les partisans du « Oui ». Il faut que le temps accordé à ceux qui vont défendre le « Oui » soit égal à celui imparti à ceux qui vont défendre le « Non ».
C’est simple. Ça aurait été extraordinaire que cette Constitution, dans laquelle il y a beaucoup d’avancées, soit débattue de manière démocratique. Comme lors du référendum sur le traité de Maastricht, en France, où Mitterrand a affronté Séguin en 1992 dans le grand amphi de la Sorbonne.
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Nizar Bennamate
Militant au Mouvement du 20 février
Indignation Le refus du débat
Les Marocains ont du mal à séparer le débat public de la vie privée. Cela se vérifie toujours quand vous débattez avec quelqu’un, surtout quand il s’agit de sujets sensibles, comme la liberté de conscience par exemple. Au lieu de répondre aux interrogations et de nourrir le débat, l’interlocuteur va personnifier les choses et vous accuser d’athéisme et autres raccourcis.
Solution Militer contre la pensée unique
Régler ce problème n’est pas simple. Il trouve son essence dans les tréfonds de la culture marocaine. Il faudrait arriver à faire accepter l’avis différent et militer contre la pensée unique. Pour cela, on doit revoir les méthodes d’éducation, le fonctionnement des médias, celui des partis politiques, etc. C’est un long chemin à parcourir.
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Fatéma Oufkir
Indignation Les enfants des rues
Ce qui m’indigne le plus, c’est de voir des enfants mendier. On fait des lois sans les appliquer. La loi stipule qu’on peut enlever les enfants des femmes qui les traînent pour mendier ou emprisonner ces dernières.
Mais elles sont toujours là . A une heure du matin, vous voyez des enfants mendier aux carrefours avec des kleenex, je ne le supporte pas ! A Casablanca, des adolescentes de 12-14 ans traînent avec des roses dans les rues mal famées pour échapper à la prostitution.
A Marrakech, vers le Plazza, des enfants de 10-12 ans se droguent avec de la colle, du cirage, des bouts de pain préalablement introduits dans les pots d’échappement des bus.
Solution L’école obligatoire
Aujourd’hui, les enfants en bas âge ne vont pas à l’école, ils ne sont même pas inscrits ! Tout vient du fameux discours de Hassan II, en 1965, après les émeutes de Casablanca, quand il a dit qu’il ne voulait pas d’une génération de lettrés. Résultat : il a créé trois ou quatre générations qui ne savent ni lire ni écrire. Il faut revenir à ce qui se passait du temps de Mohammed V : l’école était obligatoire à l’âge de 5 ans et demi. Et quand le moqaddem trouvait un enfant dans la rue, il allait voir ses parents.
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Abdelmounaim Faouzi
Associé gérant Maroc Consulting
Indignation Les grèves des enseignants
Je suis indigné par la facilité avec laquelle les grèves se multiplient dans le secteur de l'enseignement et les conditions dans lesquelles l'école publique évolue. Cette précarité et cette banalisation traduisent l'irresponsabilité des acteurs et confirment un égoïsme dévastateur. Force est de constater que toutes les démarches et tous les débats sont orientés « enseignant » au lieu d’être centrés sur l’élève, le principal concerné. Nul ne parle pour lui.
Solution Une responsabilisation des acteurs
Il ne s'agit pas d'évoquer le droit de grève qui est acquis mais d'appeler à une responsabilité envers ceux qui n'ont pas les moyens ni la chance d'évoluer dans le secteur privée. L'école publique, considérée durant des années comme un ascenseur social, un espace de rêve et d'ouverture, se retrouve aujourd'hui source d'inégalités, de rupture et de désespoir.
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Ali Faraoui Musicien engagé
Indignation Une éducation rétrograde
Ce qui m’énerve, c’est qu’on ne réalise pas que la manière dont on éduque nos enfants – à l’école surtout –, basée sur le rapport de force et l’arbitraire, est complètement néfaste. De même, le programme religieux par lequel on commence l’éducation scolaire des enfants, avant d’attaquer les sciences, sans blasphémer, cela nous fait prendre beaucoup de retard...
Les Marocains en pâtissent toute leur vie, parce que, et c’est mon sentiment, ils ont peur de l’apprentissage. Ils perdent l’envie d’apprendre.
Solution Une Ă©cole laĂŻque
L’école doit être laïque pour privilégier un apprentissage raisonné, sans punitions corporelles (coups de règle et autres) et la pédagogie ne doit pas être basée sur un rapport de force mais sur le plaisir d’apprendre.
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Zahra Beloudi Militante au Mouvement du 20 février
Indignation Les médias qui ferment les yeux Mon coup de gueule, c’est la partialité des médias marocains, tous supports confondus, et leur inaptitude à éclairer le citoyen. Ils nous livrent un produit de mauvaise qualité qui tire la société et surtout les jeunes vers le bas, alors que les gens se réfèrent maintenant aux médias étrangers, notamment arabes.
Sur la couverture des événements, les médias ferment les yeux sur des vérités, n’exposent pas les avis de tous et donnent une image déformée de l’événement qu’ils sont chargés de relayer.
Solution Des journalistes impartiaux
Nous comptons sur les journalistes intègres et sur les associatifs pour développer des médias parallèles plus objectifs. On ne demande pas aux médias de relayer notre avis ou d’être acquis à notre cause. Qu’ils soient uniquement justes et impartiaux.
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Nour-Eddine Lakhmari Cinéaste
Indignation Le Marocain ne s’aime pas
Ce qui m’indigne le plus, c’est le regard du Marocain sur lui-même. Il ne s’aime pas assez. On est dans les complexes, on a toujours des modèles qu’on voit ailleurs. On ne prend pas de risque, on ne se regarde pas dans le miroir alors qu’on est capable de faire de belles choses. Le Marocain se cache !
Solution Apprendre à s’aimer grâce à l’art
Il est temps que le Marocain sorte, cesse de se cacher et qu’il se dise « je suis capable de faire... » Même si c’est pour faire une connerie ! Mais on ne peut pas imposer à quelqu’un de s’aimer malgré lui, ça ne passe pas par une loi ! Ca passe par la culture et l’art.
Mon prochain film porte sur cette attitude et sur la rédemption. Tu ne peux parvenir à la rédemption si tu ne t’aimes pas. C’est grâce à l’amour de quelqu’un d’autre que tu peux te redécouvrir et t’aimer.
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Najia Adib
Présidente de l’association « Touche pas à mes enfants »
Indignation Laxisme envers les pédophiles et mépris des victimes
Les pédophiles n’en prennent, la plupart du temps, que pour un an. Et encore... Les procès se passent dans un climat très traumatisant pour l’enfant. Ils s’étalent dans le temps et durent parfois plus de cinq ans avant le verdict. Le résultat : j’ai vu une petite fille grandir et mettre le hijab avant de voir la fin du tunnel, et des enfants terrorisés par un juge qui s’adressait à eux comme à des adultes.
Solution Préserver l’enfant et être intraitable envers les coupables
Il faut des jugement à huis clos pour éviter les chocs psychologiques, des juges spécialisés qui savent s’adresser à des enfants en bas âge et des jugements dans des délais raisonnables. Il ne faut plus accorder la liberté provisoire à des pervers qui profitent de leur sortie pour provoquer les familles, et surtout, il convient de prononcer des sanctions de prison ferme et de longue durée à l’encontre des délinquants sexuels.
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Mehdi Lahlou
Economiste
Indignation Le Maroc, cancre du monde
Beaucoup de choses m’indignent dans la gouvernance économique et sociale du pays, dans l’environnement des affaires et l’affectation des ressources publiques. Mais plus on s’enfonce dans la mondialisation, plus on se rend compte de l’ampleur de l’échec de notre enseignement. Il nous place au 130e rang mondial, selon le PNUD, en matière de développement humain.
Solution Réformer enfin l’enseignement
Il faut remettre la réforme de l’enseignement et de la recherche scientifique sur le tapis. Elle doit régler définitivement la question de la langue d’enseignement. Elle doit aussi définir les moyens de relever la qualité de l’école publique. La réussite de cette réforme passe par un recyclage des corps enseignants et la reconnaissance de leur dignité.
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Fouad Benseddik
Chroniqueur à actuel, spécialiste en évaluation de la responsabilité sociale en entreprise
Indignation Sortir des jérémiades
Si l’indignation devient à la mode, il faut s’en inquiéter. En Tunisie et en Egypte, elle a vaincu deux dictateurs. Comme auparavant en Roumanie. Mais en Espagne, au nom de son ras-le-bol contre le chômage, la jeunesse a préféré s’indigner dans la rue au lieu d’aller voter. Résultat, la droite en a profité alors qu’elle se soucie encore moins de justice sociale que les socialistes au pouvoir.
Les régimes totalitaires, du fascisme mussolinien au parti communiste d’Union soviétique en passant par le populisme nassérien, résultent tous d’une capture perverse de l’indignation des masses et de son retournement contre les libertés individuelles.
Solution Enseigner l’histoire et les méthodes critiques
Former les esprits à la différence entre des jérémiades et un débat d’idées. Ouvrir les portes des partis et les obliger à la démocratie. Même si elle procède d’une morale élevée ou d’une colère justifiée, l’indignation ne remplace pas l’action politique organisée. C’est le chaînon manquant : il est de la responsabilité de tous de le créer.
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Ahmed Ghayet Fondateur de Marocains Pluriels
Indignation L’ignorance sexuelle
Mon vrai gros motif d’indignation concerne l’ignorance aberrante dans laquelle nous maintenons nos jeunes en matière d’éducation sexuelle. Sous de faux prétextes, tabous et autres « hachouma », nous condamnons notre jeunesse à une totale approximation dans ce domaine. Ils n’ont en effet personne à qui s’adresser concernant LA et LEUR sexualité : les parents ?
Il n’en est pas question ! Les enseignants ? Aux abonnés absents… Reste la rue ! La rue et les copains pour les garçons, les confidences entre elles pour les filles ; avec l’émergence d’Internet, les sites pornographiques sont aussi devenus une « école », une école de la violence sexuelle bien plus qu’autre chose.
Qu’on le veuille ou non, les jeunes ont bien évidemment des rapports sexuels, un monde qu’ils découvrent sans aucune connaissance, d’où nombre de drames. Quand, avec l’ADLCS, nous avons entamé les séances de dépistage du VIH, j’ai été effaré d’entendre les propos des jeunes : une série de clichés, d’a priori et de contre-vérités ! Personne ne remplit son rôle en matière d’éducation sexuelle, ni la famille, ni la télévision, ni les maisons de jeunes, ni les professeurs…
Solution L’éducation sexuelle à l’école
Lorsqu’au mois de mars dernier, nous avons créé sur Facebook notre « laboratoire de démocratie participative » Nbni Bladi, où les jeunes sont invités à émettre leurs propositions pour changer LEUR vie au quotidien, nous avons très vite vu apparaître les demandes en matière d’éducation sexuelle.
Nous avons fait nôtre la proposition qui prône l’instauration de l’éducation sexuelle à l’école, et durant tout le cursus scolaire. C’est une priorité – face aux fléaux croissants tels le sida, les MST, les grossesses non désirées… – si nous voulons donner à nos jeunes les outils indispensables, mais également leur permettre d’être « bien dans leurs corps » arrivés à l’âge adulte.
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Ghizlane Ghallab Fondatrice de Maroc sans nucléaire, Maroc solaire.
Indignation Non au nucléaire au Maroc
Je m’indigne contre le projet de construction d’une centrale nucléaire entre Safi et Essaouira alors que c’est une énergie coûteuse et peu créatrice d’emplois. Sans compter les risques humains, la consommation en eau et les déchets radioactifs polluants sur des milliers d'années, que l'on ne sait pas encore traiter.
Je m'indigne contre ceux qui disent que le nucléaire est un domaine réservé et que « moins on en parle, mieux c'est » ! Les pays nucléarisés cherchent à en sortir. Nous l’avons vu avec l’Allemagne qui a compris l’intérêt économique du solaire par exemple. Et au Maroc, ce n’est justement pas le soleil qui manque !
Solution Plus de solaire pour zéro risque et plus d’emploi !
Je souhaite passer à 100% d’énergie renouvelable au Maroc d’ici 2050. L'éolien crée 3,8 fois plus d'emplois que le nucléaire par unité d'électricité produite, et le solaire 144 fois plus ! Avec une maîtrise marocaine de l’ensemble de la filière solaire : construction de panneaux solaires, formation d’ingénieurs spécialisés… nous nous assurons des gains sûrs en emplois. Et avec des politiques encore plus volontaristes, nous pourrons alimenter en électricité les zones rurales à coût réduit.
Je pense aussi au tarif de rachats garantis : tout producteur d'électricité solaire (dont les particuliers) peut vendre sa production à l'Etat qui garantit un tarif de rachat minimal, fixé sur une longue période, typiquement 20 ans.
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Mohamed Horani Président de la CGEM
Indignation Non à la culture de la méfiance
Il faut croire que les Marocains sont très méfiants. Une étude récente révèle que le Marocain serait le citoyen le plus méfiant de tout le pourtour méditerranéen. Une culture étrange et incompréhensible dans une société musulmane comme la nôtre où la confiance devrait être la règle qui gouverne nos relations.
Dans les années 40 du siècle dernier, la célèbre chanson Hdi rassek de Houcine Slaoui n'incitait-elle pas les Marocains à se méfier les uns des autres ? Encore aujourd'hui et plus que jamais, la majorité des Marocains sont convaincus que prendre de la distance avec son voisin est une vertu (« Attikar hssan »).
Tout le monde se méfie de tout le monde. Cette culture a marqué notre façon d'être et nous la subissons au quotidien. Ses traces sont visibles sur nos procédures inefficaces. Nous les construisons chaque jour, confondant prudence et méfiance et privilégiant ainsi la sécurité au détriment de l'efficience.
Solution La Constitution rétablira la confiance
La nouvelle Constitution annoncée par Sa Majesté le roi, le 17 juin 2011, n'est-elle pas la preuve irréfutable de la confiance du souverain en la capacité des Marocains d'assumer pleinement leurs nouvelles responsabilités ?
Il est temps de combattre la culture de la méfiance si nous voulons réellement être à la hauteur de cette confiance, et réussir l'opérationnalisation de notre nouvelle Constitution.
Etablissons la confiance entre l'administration et les administrés, les employeurs et les centrales syndicales, les entreprises et les associations professionnelles, les salariés et les syndicats, les citoyens et les partis politiques, les jeunes et leurs aînés, les hommes et les femmes, sans oublier d'avoir confiance en soi.
Le Maroc a réussi à produire une élite que beaucoup d'autres pays lui envient. J'ai la conviction que nous pouvons faire confiance à nos institutions et permettre à notre pays d'entrer par la grande porte dans le club des pays les plus démocratiques dans le monde.
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Najib Cherfaoui
Ingénieur portuaire
Indignation Le Maroc oublie ses mers
Je suis indigné par l'ignorance des choses de la mer de ceux qui président aux destinées du secteur maritime du Maroc. La flotte marchande a diminué de moitié en vingt ans ; en conséquence, le coût des transports maritimes s’est aggravé jusqu’à atteindre l’équivalent de la facture pétrolière. Si rien n’est fait, le déséquilibre ira en s’accentuant avec perte concomitante d’une source durable d’emplois variés, valorisants et stables.
Solution Renforcer la filière maritime
Il s’agit de renforcer d’urgence la flotte marchande sous pavillon marocain, de développer l’emploi dans le secteur maritime en rendant compétitives les offres d’affrètement de l’armement marocain, de doter le Maroc d’un système maritime de plein emploi ouvert sur le monde, de supprimer les rentes, de réduire les privilèges et de favoriser la performance.
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Zakaria Choukrallah
Journaliste, service société
Indignation La marginalisation des petites villes
On ne prête que peu d'attention aux petites villes et aux zones rurales dans nos politiques sociales. Pourtant, ce sont de vraies poudrières qui vivent en marge de l'évolution du pays. Les mouvements de contestation les plus violents ont été observés dans de petites bourgades ou des zones marginalisées : Sidi Ifni, Séfrou, Al Hoceima, etc. Le chômage, le manque d'infrastructure et le mépris y sont la règle…
Solution Ecouter TOUT le Maroc
Il faut que les citoyens de ces régions se sentent traités équitablement avec tous les Marocains. Il s'agit d'un combat pour la dignité, et pour cela, il faut d'abord les écouter plus : dans les médias, au sein des institutions de l'Etat, etc.
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Karim Zaz Chef d’entreprise
Indignation L’indigne Moussem de Dar Bouazza
Depuis dix ans, la commune de Dar Bouazza organise un Moussem qui rassemble des milliers de personnes pour faire la fête durant une semaine à dix jours. Or, ce Moussem est organisé au milieu d’un grand champ, en bordure de lotissements résidentiels dans des conditions de sécurité, de circulation et surtout d’hygiène totalement insupportables, et aujourd’hui totalement inappropriées.
Pour les riverains, comme pour les participants eux-mêmes. La notion de tapage nocturne n’existe plus. Les règles élémentaires d’hygiène sont bafouées. L’environnement est dévasté.
Les riverains sont, jour et nuit, soumis aux pires conditions de nuisance. Au point que le climat ne cesse de se dégrader alors que la notion de fête devrait s’imposer.
Solution S’inspirer de Mawazine !
Ce type de fête populaire, qui permet à la population de se divertir, devrait, eu égard au succès rencontré, se dérouler dans un espace plus approprié, un cadre réglementé, et être parfaitement encadré.
Un Moussem nécessite des moyens et une logistique appropriés. Les riverains devraient voir leurs impôts et taxes locales réinvestis en partie pour assurer des conditions d’organisation et d’hygiène en phase avec la dimension de la manifestation.
Les élus locaux qui semblent se moquer éperdument de l’environnement de cette manifestation seraient avisés de s’inspirer de l’exemple de Maroc Cultures, qui fait participer plus de deux millions de personnes dans un cadre respectueux de son environnement.
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Ahmed Ouayach
Président de la Comader
Indignation La misère des campagnes
Ce qui m’indigne le plus, c’est ce sentiment d’injustice, cette fracture sociale entre les villes et les campagnes. Vous n’imaginez pas la misère dans laquelle vivent quelques campagnards.
Solution Organiser les petits agriculteurs
L’un des chantiers prioritaires de Comader est la réhabilitation des citoyens ruraux à travers des conditions de vie meilleures, des infrastructures adéquates, une scolarisation des enfants, et des filles en particulier, une couverture médicale, une retraite…
Nous avons essayé d’organiser les petits agriculteurs mais ça reste une tâche fastidieuse. Même les coopératives peinent à percer à cause des lobbies. Sans volonté politique, cette différence entre ville et campagne va s’accentuer. J’espère que le projet de régionalisation contribuera à atténuer cette injustice.
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Zakia Tahiri Bouchaâla Productrice, réalisatrice
Indignation Le salaire des bonnes
De savoir que mon marché pour deux jours représente le salaire hebdomadaire de la dame qui travaille à la maison, avec lequel elle va payer son loyer, nourrir ses gosses, se soigner… et encore je la paye bien, ça m’indigne. Et ce qui m’indigne encore plus, c’est qu’on me dise : « Tu exagères, tu la payes cher, tu casses le marché. »
Solution La peur change de camp
La pauvreté n’est pas une fatalité. Même si on a peu de moyens, il faut payer davantage les employés de maison. Car les gens réalisent qu’ils ont des droits. Mais de l’autre côté, on ne se rend pas encore compte qu’on a des devoirs ! Seulement, on commence à avoir peur, à douter. Et le regard des uns et des autres commence à changer.
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Chakib Al Khayari P résident de l’association Rif des droits de l’homme
Indignation L'essor de la corruption
Le Maroc connaît une régression au niveau de la gestion des organismes publics, avec l’inefficacité des mécanismes de contrôle et de lutte contre la corruption. La justice reste toujours peu réceptive aux rapports émis par ces organes de contrôle.
Cette situation a décrédibilisé ces organismes auprès de la majorité des citoyens. Le Parlement n’échappe pas à cette règle, les élections sont entachées par la corruption et l’achat des électeurs, grands et petits.
Pis encore, un membre influent de l’USFP a même déclaré que le Parlement était un endroit où se « cachaient » des trafiquants de drogue. La situation est grave au Maroc, surtout quand une personne qui dénonce la corruption risque d’être poursuivie en justice et emprisonnée, le plus souvent par le corrompu lui-même !
Solution Une campagne contre les ripoux
Les procès pour corruption n’aboutissent presque jamais. Pour lutter contre la persistance de cette situation, il faut une véritable volonté politique au plus haut niveau de l'Etat pour que les ripoux sachent qu'ils ne peuvent plus jouir de l'impunité.
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Amine Kabbaj Architecte
Indignation L’arabisation contre-productive
Le Marocain est schizophrène. Il suit une scolarité en arabe puis, sauf s’il choisit lettres ou droit, il doit poursuivre des études en français, langue qu’il ne maîtrise pas toujours même s’il était un bon élève !
Dans mon secteur, le BTP, 90% des lois, des documents et des procédures sont en français. C’est notre langue de travail, il faut bien le reconnaître et ça m’étonnerait fort qu’on puisse arabiser toute notre économie. A l’heure de la mondialisation, ce serait d’ailleurs contre-productif.
Solution Le multilinguisme pour tous
L’espagnol au Nord et au Sud, le français dans le Centre, le Maroc était riche de trois langues. On s’appauvrit en les perdant. Nous étions un des seuls pays trilingues et on avait une éducation au top.
Mon grand-père écrivait le français avec la main gauche et l’arabe avec la main droite. Il faut réintroduire des cours de français performants dans notre éducation publique. Mais aussi, bien sûr, d’anglais et d’espagnol.
Regardez les économies des pays linguistiquement xénophobes comme l’Espagne ou l’Italie. Comparez avec les économies des pays du Nord : tous bilingues. Plus de 90% des Scandinaves sont anglophones. Et si les pays de l’Est ont pu redécoller, c’est qu’ils avaient une bonne éducation et maîtrisaient les langues étrangères.
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Omar Battas Professeur en psychiatrie
Indignation L'irrespect de l'autre
S'il y avait une indignation majeure qui engloberait toutes les autres, je choisirais bien celle-ci. Que ce soit au niveau politique, avec des politiciens qui n'ont aucune honte à clamer une chose et son contraire ; au niveau des affaires, lorsqu’un promoteur immobilier érige des cages à poules au mépris de la sécurité ; ou encore à l'école où l'enfant est constamment brimé, l'autre n'existe tout bonnement pas.
Nous avons là quelques exemples d'une barbarie qui n'accepte pas l'altérité du voisin, cet autre qu'on ne veut pas reconnaître comme son prochain. Autour de la Méditerranée, on règle depuis toujours cette peur de l'autre par l'expression d'une « virilité exacerbée ». Quand cette immaturité émotionnelle agit au niveau d'une société tout entière, cela s'appelle de la régression sociale.
Solution L'autre, c'est moi
L’affirmation d’un certain droit au respect est un des lieux communs de la modernité.
Pourquoi ne pas profiter des différences qui nous affectent pour s’appuyer sur la capacité de s’aimer soi-même, avec suffisamment de confiance pour pouvoir aimer l'autre ? On a toujours le choix entre nourrir, dynamiser, vivifier la relation, ou la maltraiter, voire la polluer.
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Hosni Al Mokhliss Militant au Mouvement du 20 février
Indignation Des hommes au-dessus des lois
La nouvelle Constitution continue de consacrer le pouvoir absolu d’une seule personne. Sans qu’elle rende des comptes. Au-delà de l’aspect politique, c’est l’aspect psychologique et sociétal qui m’interpelle.
Ce mode de pensée pousse l’administration à reproduire le même schéma, en se considérant au-dessus du citoyen. Allez faire un tour dans les commissariats, regardez comment les administrations traitent les citoyens, comment la police continue de tabasser violemment, etc.
Solution Rendre des comptes au peuple
Quiconque détient la moindre parcelle de pouvoir doit rendre des comptes au peuple. C’est un des principes de base en démocratie.
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Neïla Tazi Directrice générale d’A3 Communication et fondatrice du festival d’Essaouira
Indignation La critique pour la critique
Il y a mille raisons de s’indigner au Maroc. Moi ce qui m’indigne, c’est que l’on a tendance à critiquer dans le vide, sans chercher à être constructif. Nous avons aussi un avis sur tout mais nous nous mettons rarement à la place de l’autre.
Il nous manque cette capacité d’empathie, qui est un prérequis essentiel au dialogue. Il serait bon d’aller vers l’autre pour autre chose que l’intérêt personnel. L’intérêt collectif par exemple.
Solution Une évolution des mentalités pour un débat constructif !
Je pense que la solution se trouve dans l’éducation et le politique. La société civile joue un rôle essentiel dans de très nombreux domaines ; il me paraît donc important d'avoir une nouvelle approche de la politique qui permettrait de canaliser les indignations, à travers l’action.
Rendre la politique plus attrayante et accessible. Avec des partis organisés qui donnent envie de s’engager, de défendre des projets clairs, d'aller vers l'autre. Il nous faut une vision, un programme, et des sous-chantiers à mettre en œuvre. Cela permettra de créer les conditions d’un véritable débat, de mettre nos idées sur la table et de nous fédérer autour de projets qui peuvent faire avancer les choses. Etape par étape.
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Tarik Qattab RĂ©dacteur en chef-adjoint Ă actuel
Indignation Les klaxons
Ils commencent dès 6 h du matin et ne daignent se taire que très tôt… le lendemain. Ils m’accompagnent toute la journée. Ils pénètrent jusque dans mon bureau et ma chambre à coucher. Et même quand ils se taisent, il en reste toujours quelque chose : un sifflement dans les oreilles et un affreux, et permanent, mal de tête. Au Maroc, on klaxonne non pas pour alerter d’un danger, mais pour effrayer un passant, virer une voiture moins bling bling que la nôtre…et même pour dire bonjour !
Solution Un peu de silence !
A défaut de pouvoir les supprimer, nos concessionnaires et même les fabricants qui exportent vers le Maroc devraient installer un forfait de cinq coups de klaxons (maximum) par jour. Ou alors, il suffit de prendre conscience que klaxonner, c’est faire du bruit et participer à notre stress et mal-être quotidien.
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Mohamed Ziane
Ex-ministre des Droits de l’homme
Indignation Les milliards empochés par les anciens marxistes
Je suis scandalisé par le fait que des gens qui ont comploté contre leur pays, qui ont été en intelligence avec des puissances étrangères pour renverser le régime, et dont certains se sont exilés après l’échec de leur tentative, « soient indemnisés » pour leurs crimes sous prétexte qu’ils ont passé quelques années en prison. Comment expliquer que ces révolutionnaires d’il y a trente ans, qui pour la plupart forment aujourd’hui notre supposée élite, soient les plus acharnés dans la course aux strapontins ? Serait-ce à cause des gros sous prélevés dans les finances du peuple pour « récompenser » ces « traîtres à la nation » ?
Solution Il faut engager un processus de « déstalinisation »
Alors que même la Russie a accompli un pas très important dans la reconnaissance des crimes du stalinisme, nous avons encore des résidus de partis se réclamant du marxisme qui battent le pavé.
Ce sont des hizbicules qui ne représentent pas grand monde mais, malgré leur petitesse, ils ont une capacité de nuisance au niveau des idées qu’ils véhiculent. L’Etat a le devoir de les neutraliser.
Surtout que certains, parmi ces révolutionnaires sur le retour qui n’ont pas eu leur part du gâteau, continuent à faire de la subversion sans avoir renoncé aux postulats révolutionnaires ainsi qu’à la conquête du pouvoir.
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Abdelilah Jennane
Consultant expert en RH
Indignation Pas de place pour les salariés handicapés
Je m’indigne de l’absence de places réservées aux handicapés dans les entreprises. Cet aspect est réglementé ailleurs par le biais de taxations à l’encontre des entreprises qui ne respectent pas certains quotas, alors qu’au Maroc, rien n’est prévu pour insérer les personnes atteintes d’un handicap dans la vie active.
Solution Taxer les entreprises inciviques
Imposer des quotas aux entreprises et faire payer des taxes à celles qui ne les respectent pas, qui serviront à subventionner des centres adaptés. Il est possible de donner des choses à faire à des aveugles, à des personnes victimes d’un accident de la vie, et de créer des centres de travail adaptés aux handicapés mentaux par exemple.
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Azzedine Maach
Président du cabinet Amos Partners et ancien banquier
Indignation Les banques Ă©touffent les PME et les PME fraudent
Je suis ulcéré par le fait que les PME n’accèdent que rarement au financement bancaire. En fait, les banques financent non pas le projet, mais le promoteur du projet puisqu’elles continuent à exiger des garanties personnelles sans courir aucun risque.
Il est vrai que les PME ont longtemps présenté 4 documents comptables différents. Le premier, destiné au banquier, affiche des bénéfices ; le deuxième, pour le fisc, dégage des pertes ; le troisième, pour l’épouse, reflète à moitié la réalité ; et le quatrième que lui seul connaît !
Solution Il faut changer les vieux réflexes
Un nouveau système est en cours de mise en place mais il faut aller plus loin. Ce système impose aux PME de faire certifier leur bilan par un commissaire aux comptes et de le déposer au Tribunal de commerce pour être accessible à toutes les parties prenantes, que ce soit la banque ou le fisc. Mais ce n’est pas suffisant.
Il faudra surtout travailler pour changer les vieux réflexes. Le patron de PME doit cesser de confondre la trésorerie de l’entreprise avec sa propre poche. Et le banquier doit mettre fin aux vieilles pratiques coutumières qui consistent à se couvrir contre tout risque en exigeant des garanties personnelles. C’est un vaste chantier sur lequel il va falloir se pencher sérieusement pour que la PME puisse, enfin, se moderniser et financer sa croissance.
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Sabr Abou Ibrahimi
Consultante en communication responsable, cofondatrice des Ateliers de la terre
Indignation Pas assez de responsabilité sociale
J’ai mal au cœur quand j’assiste à l’enlaidissement de notre paysage urbain. Je m’indigne du fait qu’on coule du béton sur la corniche de Casablanca sans se soucier de l’environnement existant. Pourquoi construire un club de sport en bord de mer sachant qu’il créera au maximum dix emplois ?
On s’emballe actuellement pour le nucléaire mais il y a d’autres priorités comme le déficit de civisme dans notre société. Je passe mon temps à interpeller des conducteurs de grosses voitures qui balancent leurs ordures par la fenêtre.
Solution Parler Ă monsieur Tout-le-Monde
Mobiliser et sensibiliser chacun à son niveau. Il faut arrêter de tout attendre des pouvoirs publics qui ont montré leurs limites et ne sont pas les meilleurs interlocuteurs pour parler à monsieur Tout-le-Monde. La solution doit et va venir de la société civile. C’est ce qu’on appelle la responsabilité sociétale, qui comprend tant l’aspect environnemental que le civisme.
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Saad Benabdellah
DG de Maroc Export
Indignation Les exportateurs amateurs
Je trouve regrettable que des entreprises exportatrices s’attaquent à un nouveau marché en étant peu préparées, et sans avoir développé au préalable une stratégie, une démarche, un plan de commercialisation à moyen et long terme.
Solution Une panoplie pour l’export
Il est impératif, pour ces entreprises, de développer une expertise qualifiée et pointue des marchés à l’international, d’identifier et de cibler ces marchés. L’entreprise exportatrice doit mobiliser les ressources humaines nécessaires ; adapter son produit au besoin du marché en question « je dois produire ce que je peux vendre et non l’inverse » ; respecter ses engagements vis-à -vis du client et être outillée le mieux possible dans sa démarche de prospection à l’international. Sans oublier que le plus important, c’est la persévérance. Aider les entreprises exportatrices marocaines, notamment les TPE et PME, à développer cette démarche est d’ailleurs la raison d’être de Maroc Export.
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Hakima El Haïté Militante au Mouvement populaire,
FĂ©ministe
Indignation Les citoyens démissionnaires
Je m’indigne rarement, mais ce qui m’énerve vraiment, c’est le fait que certains citoyens ne comprennent pas qu’aujourd’hui nous avons une chance à saisir, que nous vivons un moment historique... Jamais au temps de Hassan II nous n’avons été si proches de connaître une telle révolution avec des avancées comme l’égalité totale entre les hommes et les femmes.
Mais ce projet a besoin des citoyens pour être concrétisé, et non de personnes qui, au lieu de participer, se contentent d’observer et d’attendre les changements. Les changements n’arriveront pas dans le cadre d’un texte de loi, ils arriveront parce qu’on les mettra en œuvre.
Solution Bâtir notre démocratie
Maintenant que nous avons une chance d’évoluer, ingénieurs, docteurs, étudiants, toute la société civile doit s’y mettre et s’impliquer pour donner une chance à nos enfants de vivre une démocratie que nous aurons bâtie. La démocratie n’est pas une baguette magique qui change un pays du jour au lendemain ; elle se réclame peut-être mais, surtout, elle se fabrique, se créée.
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Youssef Iben Mansour
Président de la FNPI (Fédération nationale des promoteurs immobiliers)
Indignation Le terrain ne suit pas !
Ce qui m’indigne le plus, c’est que les réformes et les orientations stratégiques décidées au niveau des ministères, et soutenues par le plus haut sommet de l’Etat, ne sont pas suivies de réalisations sur le terrain.
En clair, des décisions sont décrétées au niveau central mais on n’en trouve pas d’écho au niveau local. Ce dysfonctionnement n’a rien de rationnel car il relève plutôt des systèmes, et des compétences humaines qui sont choisies pour assurer la mise en œuvre de ces décisions.
Solution RĂ©former la gouvernance
Une réforme du système de gouvernance s’impose pour éliminer ce manque de fluidité entre les instances centrales et les collectivités locales. Il s’agit aussi de revoir la procédure d’octroi des autorisations, qui souvent s’avère être arbitraire, et les critères de sélection sans lien avec la réglementation en vigueur.
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Amanda Chapon
Journaliste Ă actuel
Indignation L’irrespect des hommes
Ce qui me hérisse littéralement, c’est la manière dont les hommes, dans la rue, me manquent de respect, et manquent de respect aux femmes en général. Il ne s’agit pas de drague. Un « bonjour », ou autre entrée en matière polie, est toujours flatteur. Mais les apostrophes doucereuses, déplacées, voire insultantes quand on ne leur répond pas, sont insupportables.
Solution Les femmes doivent relever la tĂŞte
Elle ne passe certainement pas par une loi, mais par une sensibilisation, dès l’école primaire, et par une campagne médiatique, expliquant qu’une femme dans la rue n’est pas une pute. Surtout, c’est aux femmes de relever la tête. Par peur d’un esclandre « qui ferait retomber la honte sur elles », ou d’une réaction violente, les Marocaines baissent les yeux, prétendent n’avoir rien entendu, etc.
Pourtant, une remarque bien sentie, envoyée avec humour, sur le respect que l’on nous doit, ou une réplique cinglante, voilà comment réagir et changer les mentalités machos. A ne pas faire, bien sûr, dans une ruelle étroite et déserte par une nuit sans lune. Mais c’est en – grande – partie l’attitude soumise – presque fautive – des femmes qui encourage les goujats.
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Khalid Tritki
Fondateur du Cercle des journalistes indépendants
Indignation Un code de la presse dangereux
Le projet de Constitution consacre la liberté d’expression mais renvoie vers le code de la presse. Or, on ne sait pas ce qu’on va y mettre. Mais si on se base sur le projet présenté par le ministre à la Fédération des éditeurs, on n’est pas très optimiste.
La question de la preuve n’est pas traitée, on ne sait pas à quoi s’attendre sur la question des lignes rouges qu’il faudra mettre en harmonie avec la Constitution. La préservation des sources, la disparition des peines privatives, la définition précise de ce qui est condamnable, tout ceci n’est pas dans le nouveau code.
Pour moi, on vivrait mieux sans code ! Si on insulte quelqu’un, comme n’importe quel citoyen, on est condamné par la loi pénale. On n’est pas des super citoyens auxquels il faudrait consacrer un code.
Solution Des associations pour protéger la presse
L’idéal serait que la société civile se mobilise pour protéger la presse et la liberté d’expression. Ces associations auraient un double rôle : premièrement, nous protéger des pressions politiques, donc des instructions données à des rédactions ; deuxièmement, nous protéger des pressions des annonceurs.
Ça existe en Grande-Bretagne. Une grande association protège la BBC. A chaque fois qu’une société n’aime pas la ligne éditoriale, l’association se mobilise. Si un annonceur boycotte la chaîne, la société civile appelle à condamner l’annonceur et parfois à boycotter ses produits.
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Abdelali Benamour
Président du Conseil de la concurrence
Indignation Le sabotage du Conseil de la concurrence
Même si la réforme du Conseil de la concurrence a été annoncée par le roi, plusieurs résistances sont apparues pour empêcher qu’elle aboutisse. Le projet de réforme du Conseil de la concurrence, pour passer du statut consultatif de l'institution au statut décisionnel avec possibilité d'autosaisine et d'enquête, a été salué par le roi, mais ces résistances qui cachent des intérêts et des enjeux veulent empêcher ce changement.
Solution Appliquer la réforme !
Mon souhait est que la réforme arrive à terme et que la loi passe afin que nous puissions opérer dans la transparence et en toute efficacité.
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Jamal Maâtouk
Conseiller juridique
Indignation L’intérêt particulier contre l’intérêt général
Ce qui m’indigne le plus, c’est l’ignorance de la notion d’intérêt général. C’est un air que tout le monde chante mais qui ne correspond pas à la réalité. Dans les administrations comme en entreprise, tout le monde parle de l’intérêt général sans que cela ne trouve son application dans les faits.
Solution Enseigner les fondamentaux
Revenir aux principes fondamentaux de l’éducation, aux principes de base de l’être humain, à savoir enseigner l'intérêt général, travailler sur la notion du sentiment que le Maroc appartient à chaque Marocain et à tous les Marocains à la fois.
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Khalid Cherkaoui Smouni Président du CMDH
Indignation Le gaspillage des deniers publics
Rien ne me révulse autant que ces patrons d'administrations ou autres ministres qui se permettent de dépenser des sommes faramineuses dans des futilités telles que les voyages, le parc auto ou encore les cérémonies d'apparat.
Les responsables des administrations publiques se comportent avec une mentalité de pays riches, privilégiant les dépassements les plus fous dans la dépense publique.
Solution Contraindre les ministres à donner l’exemple
Pour préserver les deniers publics, l'IGF et la Cour des comptes sont habilitées à traquer les dépenses injustifiées. Chaque membre du gouvernement a le devoir de donner l’exemple et de faire preuve de rigueur dans la gestion des dépenses des services placés sous sa tutelle.
Toute dépense excessive est à bannir, à commencer par l’acquisition de véhicules de luxe pour les besoins des responsables de l’Etat. Haro aussi sur les séminaires, événements onéreux et autres études bidon. Il y va de la crédibilité de l’Etat aux yeux de la population.
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Nezha LahraĂŻchi PDG de la Smaex
Indignation On oublie les droits Ă©conomiques et sociaux
Ce qui m’indigne le plus est tout ce qui peut porter atteinte à la dignité humaine : le chômage, la pauvreté… L’activité, quelle que soit sa forme, n’est pas seulement source de subsistance mais aussi un moyen de socialisation qui permet de structurer l’individu et d’assurer son épanouissement.
La richesse d’un pays n’a aucun sens si la pauvreté de sa population persiste ! Avec la nouvelle Constitution, les droits politiques et la citoyenneté sont acquis, il reste à parfaire les droits économiques, sociaux et culturels pour une émancipation complète de la personne. Il s’agit en premier lieu du droit au travail et à l’activité, avec des revenus décents, et une protection sociale à même d’assurer la sérénité nécessaire à une bonne productivité de tous les citoyens.
Solution Une vraie politique de redistribution
Il faut partager les revenus, et les raisons sont tant sociales qu’économiques puisque la consommation reste le principal moteur de la croissance. La crise vient d’illustrer, s’il en était besoin, qu’il faut « plus et mieux d’Etat », et que le marché est myope et ne peut régler à lui seul les questions économiques et encore moins sociales.
Il faut donc une politique de redistribution qui s’appuie sur des interventions indirectes à travers les dépenses publiques, et directes à travers des transferts ciblés. Plusieurs études tendent à démontrer que la croissance dans une société égalitaire serait supérieure à celle d’une société inégalitaire. D’où l’importance accordée à la classe moyenne, et son rôle central dans les politiques de développement.
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Ahmed Lahlimi Alami
Haut-commissaire au Plan
Indignation La dictature du court terme
Ce qui interpelle ma conscience, c’est le faible cas accordé aux travaux de prospective, aux études et statistique que le HCP met à la disposition du citoyen. Les partis politiques comme les syndicats n’insèrent pas ces travaux dans leurs programmes.
Le deuxième aspect qui me semble dommageable pour l’avenir du pays, c’est l’approche des questions économiques et sociales qui, très souvent, s’inscrit dans des exigences de l’immédiat avec des décisions prises dans l’urgence sans qu’il y ait suffisamment d’exigences pour l'avenir.
Le développement est un processus qui se réalise dans la durée, et les résultats de décisions mal prises se manifesteront plus tard. Ce sont les générations futures qui en pâtiront.
Solution Une vision prospective
A mon âge, au terme d’une longue expérience politique, j’ai un arrière-goût d’insatisfaction. Le Maroc a besoin d’une vision prospective bien définie et d’une planification stratégique, et que les citoyens se les approprient largement et collectivement. Et c’est là le rôle des différents acteurs de la vie politique et sociale.
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Youssef Blal
Membre du bureau politique du PPS
Indignation L’unanimisme médiatique
Ce qui m’horrifie en ce moment, c’est cet unanimisme que cherchent à véhiculer notamment nos médias qui font fi de tout débat contradictoire sur les grandes questions. Cet unanimisme n’hésite pas à instrumentaliser jusqu’à l’appartenance à la communauté nationale pour esquiver les vrais débats.
Solution La démocratie passe d’abord par les médias
Nous gagnerons tous à avoir un vrai débat, avec un accès équitable à l’espace public et aux médias pour toutes les positions. Avant de démocratiser le pays, commençons par démocratiser nos médias.
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RĂ©da Allali
Musicien
Indignation Où sont les droits d’auteur ?
Au Maroc, on ne paie pas les droits d’auteur aux artistes ! Je trouve ça scandaleux qu’un pays se permette de ne pas payer ses artistes. Alors, je ne sais pas à quel niveau ça coince : les listings sont faits par les radios et les télévisions, et certains (je ne sais pas lesquels) paient les droits au BMDA (Bureau marocain du droit d’auteur).
Mais d'autres ont arrêté de payer quand ils ont vu que le BMDA ne redistribuait rien aux artistes. Moi, je suis dans un groupe qui a la chance de faire des concerts régulièrement. Mais les autres ? On condamne les musiciens à travailler cinq ans puis à arrêter de faire de la musique quand leurs besoins évoluent : famille, etc. Les artistes marocains vendent peu d’albums, les concerts sont relativement rares, alors si en plus, ils ne reçoivent aucun droit d’auteur !
Solution Payer !
La solution est très simple, il faut payer les droits d’auteur ! Point.
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Marc Thépot
Directeur général de Risma
Indignation L’administration imprévisible
Nous avons peur d’être à la merci de l’imprévisibilité des décisions administratives car des textes peuvent être interprétés différemment. On rencontre ce genre de blocages dans plusieurs projets, que ce soit au niveau de l’obtention d’un permis de construire ou tout simplement pour l’acquisition d’un document administratif.
Ca crée un cadre difficile pour se développer vu qu’on fournit beaucoup d’énergie par rapport à ce volet. Un texte peut être établi mais il ne prévoit pas tout, donc, parfois, on a de mauvaises surprises.
Solution Une procédure claire
Vous savez bien que les procédures administratives peuvent durer. Il faut donc que les choses soient écrites et appliquées pour ne pas laisser cette marge d’interprétation et avoir une procédure claire et simple.
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Melehi Artiste peintre
Indignation Un ministère de la Culture qui ne sert à rien
Depuis 1969, nous avons un ministère qui n’a rien réalisé ou juste des bribes. Nous n’avons pas un musée de valeur, pas un site historique qui se respecte, pas un auditorium alors qu’on a des milliers de kilomètres d’autoroute… Est-ce qu’on a besoin d’un tel ministère ?
Solution ArrĂŞter le saupoudrage
Pour aborder la culture, il faut un esprit scientifique et technique, il ne faut pas faire de la littérature. Le ministre de la Culture touche à tout par peur qu’on le critique, aborde trente-six choses à la fois et par conséquent les fait mal. On se disperse alors qu’il faudrait investir un domaine et le développer, que ce soit le théâtre, les arts plastiques ou la musique.
On pourrait choisir une ville par tirage au sort et en faire une cité culturelle pilote avec toutes ses infrastructures. Ou encore décider de s’attaquer à Casablanca : revaloriser son patrimoine, doter la métropole d’un grand théâtre, d’un grand musée, d’un auditorium…
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Abdellatif Zaghnoun
Directeur général des Impôts
Indignation La fraude fiscale, sport national
Mon indignation s’exprime à chaque fois que je constate que certaines personnes, qui exercent des activités très lucratives, font tout pour éviter de payer l’impôt alors qu’elles bénéficient, par ailleurs, d’infrastructures et de biens publics.
En fait, c’est souvent une alliance entre la fraude et la corruption pour contrecarrer l’application de la loi. En même temps, vous voyez des compatriotes vivre dans le dénuement et la précarité, des enfants déscolarisés, des quartiers manquant d’équipements indispensables…
Solution RĂ©tablir la confiance des contribuables
Nous devons trouver un équilibre consenti entre les droits et les devoirs des uns et des autres. L’administration doit améliorer ses modes d’intervention afin de consolider la relation de confiance avec les contribuables. Ces derniers doivent remplir leurs obligations fiscales. Nous devons donc, à notre niveau, agir de façon constante et résolue, en toute transparence, pour sensibiliser les citoyens au rôle de l’impôt qui nous permet d’exprimer notre solidarité et notre citoyenneté.
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Mohamed Merhari, alias Momo Moul L’Boulevard
Indignation Ces hôpitaux sous-équipés
Ce n’est pas un motif d’indignation mais un souvenir qui remonte à deux ou trois ans. Ma mère, souffrante, devait se faire hospitaliser à Errachidia. Et c’est en lui rendant visite que j’ai assisté au décès de trois personnes… parce que l’hôpital ne disposait pas d’une petite machine de dialyse qui leur aurait sauvé la vie.
A chaque fois que j’y pense, je me rends compte qu’en dehors de Rabat et de Casablanca, les gens continuent de mourir faute de moyens et en raison de la démission des services sociaux de l’Etat.
Solution Le droit à la santé partout !
Dans un pays qui se veut un chouia moderne, un chouia démocratique, chacun –où qu’il se trouve– a le droit de se faire soigner convenablement, d’avoir accès à des établissements hospitaliers dignes de ce nom et bien équipés. Ce n’est pas seulement une politique qu’il faut changer, mais une mentalité, celle voulant que le droit à la santé reste l’apanage des grandes villes.
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Larbi El Harti Ecrivain
Indignation Le pays de l’individualisme
Ce qui me chagrine, c’est l’absence d’une véritable culture démocratique chez nous les Marocains, de notions de responsabilité, de citoyenneté. Nous sommes toujours incapables d’assumer le fait que notre avenir nous engage tous.
En lieu et place, ce sont les voix de l’individualisme qui l’emportent. C’est chacun pour soi et Dieu pour tous, et je ne suis même pas sûr que tout le monde s’accorde sur la deuxième moitié de l’expression.
Solution Apprendre la démocratie
Des changements importants s’opèrent dans ce pays. Et l’Etat a pris conscience de l’importance des libertés individuelles et des droits de l’homme. Mais une culture démocratique demeure le maillon manquant. Pour cela, le chemin sera long. Il passe inévitablement par nos écoles qui doivent intégrer dans leurs programmes cette précieuse notion de citoyenneté, avec ses droits et ses obligations. Il passe aussi par la société civile et les partis politiques qui doivent encadrer les citoyens dans ce sens.
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Mustapha Manouzi
Président du FMVJ
Indignation Les atteintes au droit de manifester
Il y a des mesures administratives utilisées souvent par les autorités pour interdire ou réprimer toute manifestation, or je pense que l’étape actuelle doit être plutôt celle de la consolidation de l’expression pacifique des différences.
Actuellement avec le Mouvement du 20 février, le débat du droit à la liberté d’expression est d’actualité. Il est légitime que ce mouvement se défende contre son interdiction et il est de l’intérêt de l’Etat de garantir la liberté d’expression à ce mouvement pacifique.
Solution Adapter la loi Ă Facebook
L’espace public doit être renforcé, le droit à la manifestation pacifique et à la liberté d’expression doit être consolidé. Au début de l’indépendance, le Dahir de 1958 est venu encadrer la liberté d’expression d’une façon pacifique.
Aujourd’hui tout cela semble dépassé, avec un mouvement qui rassemble toute les expressions qui étaient jusque-là sur Facebook, un espace public virtuel difficile à réguler. Ce réseau, apte à canaliser toutes les formes d’expression sur la toile, est l’expression de la vox populi, d’où la nécessité de revoir tout l’arsenal juridique.
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Lahbib Hajji Avocat et acteur associatif
Indignation Les voleurs de l’Etat
Le véritable handicap pour le développement au Maroc est la dilapidation du bien public. L’actuel projet de Constitution est resté incapable de trouver une solution viable pour la protection du bien public.
Solution Constitutionalité du droit du peuple marocain sur ses richesses
Une des propositions les plus importantes que l’Association des droits de l’homme au Maroc a remises à la commission consultative pour la réforme de la Constitution, c’est la constitutionalité du droit du peuple marocain sur sa richesse nationale, la connaissance de sa composition et le contrôle de son exploitation.
Nous avons demandé aussi un mécanisme pour le droit à la transparence en matière de gestion des fonds publics. Nous demandons aussi que toute obstruction contre ce droit soit punie par la loi. Or le projet de Constitution ne prévoit aucun mécanisme pour la protection des biens publics.
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Mounia Benchekroun
Présidente de l’association Kane Ya Makane
Indignation Les enfants sans avenir
Ce qui m’énerve, c’est l’ampleur du phénomène de la déscolarisation. Ce sont ces centaines de milliers d’enfants que l’on prive d’avenir parce qu’ils n’ont pas accès à l’éducation, et aux droits qu’elle donne. Et malgré le plan d’urgence, certaines choses ont du mal à changer. Beaucoup de manuels, par exemple, sont en décalage avec le niveau des enfants, et je ne parle même pas de la pédagogie ! Encore des générations d’enfants qui vont payer. Même si beaucoup d’efforts ont été faits pour lutter contre l’abandon scolaire, le problème est loin d’être réglé.
Solution Aux médias de jouer
Il n’y a pas de solution miracle. Il faut une implication de tous les acteurs : des politiques, des fonctionnaires, mais aussi des personnes privées ou des entreprises qui peuvent parrainer des enfants.
Surtout, il faut que les médias jouent leur rôle de contre-pouvoir, qu’ils mènent des enquêtes approfondies et pèsent sur le gouvernement pour qu’il communique ses résultats.
Ils doivent demander des comptes au gouvernement, comme les organismes internationaux le font déjà  : de cette manière, il est sous pression pour améliorer ses résultats.
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Abderrazzak
Benchaâbane Docteur d’Etat ès écologie
Indignation L’environnement sacrifié
Le Maroc a tout pour être exemplaire en matière de développement durable. Sa diversité climatique et biologique en ont fait, en Méditerranée et en Afrique, un site unique. Pourtant ici et là , on continue à relever des manquements graves en matière de respect de l'environnement.
Il suffit de constater la dégradation de nos sols et de nos forêts, la pollution de nos villes, nos procédés de construction et nos habitudes de consommation d’eau et d’énergie, le sort réservé à notre littoral et nos zones humides, celui de nos décharges et l'emploi toujours massif d'engrais chimiques, de pesticides et d'herbicides dans notre agriculture… pour nous inquiéter et nous interroger sur tout le travail qui reste à accomplir pour faire du Royaume un pays avant-gardiste en matière de développement durable, et faire des Marocains de véritables éco-citoyens.
Solution L'Ă©co-gouvernance
C'est associer l'écologie et la préservation de l'environnement dans chaque décision à caractère économique et social. Il s’agit d’une prise en compte de l'impact environnemental dans tout projet de développement. Personne ne doute plus du fait que l’écologie pourrait être un véritable moteur de développement.
L'annonce dans le dernier discours royal de l'enrichissement du Conseil économique et social, récemment créé, de compétences en environnement est le signe qu'en haut lieu l'éco-gouvernance est en marche, et que l'association des acteurs écologiques dans la construction du Maroc de demain est une valeur ajoutée à la volonté de développement durable.
Ces nouvelles forces vives insuffleront, sans doute, une nouvelle dynamique aux chantiers d’éco-développement déjà lancés à travers le Royaume. Une telle initiative garantira au Maroc sa place parmi les pays à développement responsable et respectueux de l'équilibre écologique de notre planète.
Les Marocains adopteront alors une green attitude. En véritables éco-citoyens, ils penseront d’abord global et agiront, ensuite, local pour mieux contribuer à la lutte contre le réchauffement climatique. Il est évident que de bonnes éco-idées, on peut toujours en trouver, mais en écologie, seuls les actes comptent ; il faudrait donc être exigeant quant au choix des hommes qui les traduiront en pratique avec compétence et équité.
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Saâd Sefrioui
Président de la Fédération de l'artisanat
Indignation L’informel étouffe l’artisanat
L'artisanat est, depuis le lancement de la Vision 2015 par Sa Majesté le roi Mohammed VI, placé, à sa juste valeur, au rang de secteur stratégique au niveau économique et social de notre pays.
Ceci n’a fait que mettre plus de pression sur les opérateurs du secteur pour le développer et le professionnaliser. Malheureusement, l'informel reste l'un des facteurs qui affaiblissent et handicapent non seulement le secteur de l'artisanat mais l'ensemble de l'économie nationale.
Solution Un partenariat citoyen obligatoire
Les acteurs économiques citoyens de notre pays et de notre secteur doivent passer à la vitesse supérieure en visant un développement économique et social sain et pérenne. L’élargissement de l’assiette fiscale, la mise à niveau de la sécurité sociale, la promotion économique et l’encouragement de la consommation seront les premières retombées d’un vrai partenariat citoyen responsable que je préconise comme solution, sinon comme une obligation, pour éradiquer ce fléau et faire avancer notre pays sur tous les plans.
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Fouzia Ejjawi Agent immobilier, cofondatrice de l’association Casamémoire
Indignation Le massacre de Casablanca
Le manque de volonté politique pour sauvegarder le patrimoine de Casablanca. Assister aux destructions quotidiennes d’immeubles de notre patrimoine Art déco me rend malade.
Alors que nous disposons d’une législation qui dort dans des tiroirs, nous sommes administrés par des autorités directement impliquées dans cette criminalité urbaine. L’échange de bons procédés domine les relations entre nos administrateurs, qui ont tout intérêt à vendre ces biens, et les promoteurs immobiliers.
Solution La ville et les propriétaires doivent payer
D’une part appliquer la loi : celui qui n’est pas en mesure de ravaler sa façade doit pouvoir être dédommagé par la ville pour s’installer ailleurs. D’autre part, les propriétaires, et notamment les multiples banques et assurances détentrices d’un grand nombre d’immeubles du vieux centre de Casablanca, doivent mettre la main à la poche. Enfin la ville doit être administrée par des gens qui reconnaissent la valeur de son patrimoine et non par des magouilleurs avides.
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Sylvie Richoux Directrice Casa Moda Academy, école supérieure de création et de mode de Casablanca
Indignation On dédaigne les jeunes
M'indigner alors que j'œuvre dans et pour la mode : je redoute qu'on me range du côté des riches et belles personnes... Le retard de l'alphabétisation, l'ignorance de sa propre histoire, la difficulté à se cultiver, l'impossibilité à avoir le goût du beau, voilà pourtant ce qui m'indigne. Je crois en la jeunesse marocaine. Si vous dédaignez les jeunes au point de ne pas vouloir qu'ils apprennent, ils ne deviennent pas grand-chose.
Solution Le savoir les élèvera
Seuls le savoir et la culture les élèvent. Le savoir est un pouvoir, et je pressens que le bon pouvoir est un contre-pouvoir. Au quotidien ! Ce n'est pas du luxe ! A Casa Moda Academy, nous bâtissons une école de mode, une école publique pour tous les jeunes Marocains. Ils connaissent leurs désirs, nous les aidons à être libres de les réaliser.
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Nail Lazrak
Etudiant
Indignation: Le déni(grement) de la philosophie
Cela est valable pour de nombreux pays, mais le Maroc ne fait pas exception. Je me sens indigné lorsqu'à chaque fois que je me mets à parler par abstractions, on me reproche d'un air agacé « tu ne vas pas commencer à philosopher », ou alors « ce n'est pas le moment de sortir ta philosophie ».
Le motif de mon indignation pourrait se définir ainsi : le mépris généralisé que les gens nourrissent pour la philosophie, en lui déniant toute utilité dans la vie courante. J'ai beau faire, je ne comprends pas comment une discipline purement inutile a pu se maintenir 2 500 ans sans disparaître, bien au contraire.
Ce qui est étonnant, c'est que les raisons qui ont fait naître la philosophie restent valables aujourd'hui : la nécessité de guider sa vie selon des principes, la recherche très humaine de réponses aux grandes et petites questions de la vie, à commencer par « que manger ici et maintenant ? ».
Ce qu'on méprise dans la philosophie, c'est son aspect académique, doctrinal, compliqué, et cela n'intéresse que ceux qui en font leur métier. La philosophie, c'est avant tout un savoir-vivre : quels sont les bons moyens de vivre heureux, comment prendre les bonnes décisions ?
C'est un système global dans lequel s'intègre chacune des facettes de la vie d'un homme, et qui tente d'apporter des réponses. Les gens s'improvisent philosophes, sans le savoir, par nécessité, alors qu'ils pourraient puiser dans l'histoire de la pensée des méthodes qui les aiderait bien.
Solution Epicure en darija !
Taguer dans les rues des passages de L'Art d'aimer, comme cela se faisait à Pompéi ? Pas forcément, mais une variation moderne ne serait pas une mauvaise idée. Le moteur de la philosophie, c'est l'étonnement ; lorsqu'aux Transculturelles des Abattoirs, les gens du quartier sont arrivés hébétés face à la création artistique, ils ont dû avoir un grand moment de philosophie.
Il faut inciter à se poser des questions, pas à se compliquer la vie mais à chercher comment se la simplifier : retrouver le problème fondamental à l'origine de ceux, divers, qu'on connaît dans la vie quotidienne et qu'on ne relie pas forcément.
Bien sûr, la solution est dans l'éducation, mais pas nécessairement dans l'instruction : la philosophie ne se pratique pas à l'école. Je suis pour qu'on distribue des tracts en darija où on pourrait lire Épicure expliquer comment le vrai bonheur peut s'atteindre avec un bout de pain et de l'eau, ou Descartes montrer comment dormir tranquille alors que tous les doutes du monde nous submergent.
Il suffit d'avoir un clavier en arabe et de prendre dix minutes pour traduire et photocopier ! L'idée y est : il faut rendre à la philosophie sa vraie nature populaire et prosaïque.
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Jamal Abdennassar Organisateur de Festimode
Indignation La culture reléguée au divertissement
Nous sommes à mi-chemin entre une culture populaire et une culture contemporaine plus à même de représenter le Marocain d'aujourd'hui projeté vers un Maroc de demain. Jusqu'à présent, le politique utilise la culture comme un divertissement et une bouée sociale, ce qui n'est pas mauvais en soi, mais reste en général une solution et non une vision d'une politique culturelle. Une culture dont le rôle est de représenter les aspirations créatives et innovantes de l'expression sociale.
Solution Reconnaître et soutenir la créativité nationale
Les pouvoirs publics doivent approcher la culture comme un vecteur de création de richesses. A l'exemple de la mode au Maroc, qui en soi intègre une logique économique, et qui permet de s'identifier à un vêtement qui constitue la représentation.
Nous n'attendrons plus que l'étranger nous dictent les règles ou les produits à porter, nous sommes à même de produire nos propres créations. Il est temps pour nous de créer le modèle marocain destiné aux Marocains par les Marocains.
Intégrer l'universalité comme notion primordiale afin de proposer au monde ce que notre nation est capable de créer. Ceci passe essentiellement par le soutien politique des acteurs marocains qui opèrent et créent maintenant, chez nous et partout dans le monde !
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Othman Cherif Alami PDG d’Atlas voyages
Indignation Le tourisme manque de financements
La principale chose qui me dérange dans le secteur du tourisme est le manque de financement approprié pour les investissements touristiques. La durée des crédits doit être de 7 à 12 ans minimum. De plus, les banques sont plus réticentes à accorder des crédits aux opérateurs touristiques. De ce fait, la capacité d’offre n’est pas à la hauteur des ambitions touristiques du Maroc.
Solution Un fonds souverain
Je propose de créer un fonds souverain marocain dédié au secteur du tourisme. Sa première activité portera sur la prise en charge de 30% des investissements, à côté de la CDG et Addoha pour la création de 7 hôtels en même temps au niveau de la station balnéaire de Saïdia.
Il faudra également permettre aux assurances d’investir là où elles veulent. En parallèle, les capital-risqueurs, les fonds d’investissement et les fonds souverains étrangers doivent investir davantage dans le secteur. L’Etat, de son coté, doit offrir des avantages fiscaux appropriés et créer des fonds d’investissement régionaux à destination des PME et TPE qui opèrent dans le secteur.
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Driss Jaydane Ecrivain
Indignation La langue de Molière dénaturée
Que dire aujourd'hui de la façon dont la langue française est devenue la langue des élites, avant que l'anglais ne la supplante ? Que penser de la manière dont la langue dite de Voltaire et des encyclopédistes aura trouvé chez nous, historiquement et culturellement, matière à déchoir pour devenir une sorte de novlangue ?
Et n'être ainsi plus une langue, mais un langage, une sorte de logiciel économique et social censé perpétuer une situation qui voit l'arabe constamment produire une sous-classe. Ou quelques réussites.
Mais trop rares, et pouvant apparaître comme étant le symbole de batailles remportées contre la langue française quand elles sont des victoires contre ceux – nos élites post-coloniales supposées libératrices – qui se sont servis de la langue française comme on se sert de fils barbelés.
Solution Décloisonner le français
Ne faut-il pas, dans de telles circonstances, faire un nouvel usage de cette langue française qui ne demande qu'à faire cesser l'enfermement qu’elle a, bien malgré elle, provoqué ? Considérer son usage, pour l'instant, comme un moyen de créer un peu plus de mobilité sociale. Organiser, au sein des entreprises, une mise à niveau.
On sait bien aujourd'hui que dans le monde du travail, la langue française ouvre des portes que malheureusement la langue arabe n'ouvre pas encore. Les recruteurs le savent. Comme s'il s'agissait d'un moratoire, mais idéologique cette fois.
Suspendons la question idéologique du français et rendons-lui, pour les raisons citées, la capacité à aider ceux que l'arabe relègue au métier d'exclus. Il se peut même qu'ils apprennent à aimer la langue française plus pour ses richesses que pour son efficience.
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Noureddine Ayouch
Président de la fondation Zakoura Education
Indignation L’inculture et l’égoïsme des élites
Ce qui me révolte, ce sont la suffisance et la bêtise de ceux qui croient détenir le savoir et qui manquent totalement d’humilité, et parallèlement, le caractère inculte de nos élites (dans le monde de l’entreprise ou politique) et de nos élus : ils ne lisent pas, ne vont pas au théâtre, etc.
Ce qui est prouvé par le petit tirage de nos journaux et de nos livres, et l’absence de musées. Enfin, ces mêmes élites manquent de générosité ; pourtant, ils ont beaucoup d’argent et l’exposent à la face de tous. C’est inadmissible, surtout quand on voit ceux qui n’ont rien ou très peu.
Solution Apprendre Ă partager
Il faut plus d’humilité, et apprendre à partager notre savoir comme notre argent. Et l’exemple doit venir d’en haut ! On peut ainsi parrainer des jeunes pour qu’ils puissent poursuivre leurs études ou créer leur entreprise. Il faut alphabétiser tous les gens de l’entreprise : ceux qui savent doivent aider ceux qui ne savent pas. Il faut apprendre à partager, sinon, on risque de tout perdre.
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Abdellah TaĂŻa Ecrivain
Indignation Les Marocains ne lisent pas
Il n’y a presque plus de livres dans les maisons. Chez moi, en tout cas. Et cette disparition m’inquiète beaucoup. Enormément. Lire est le meilleur moyen pour se découvrir, se redécouvrir, s’affirmer, oser parler, oser dire les choses, les redéfinir. Changer le monde. Changer de famille.
Avoir des visions. Plus qu’Internet, ce sont les livres qui nous guident, nous mènent à la liberté, à un regard critique, politique, nu. Les livres nous disent et nous dépassent. Ils prennent en chargent notre réalité, nos malheurs, nos aspirations.
Notre décision de crier. CRIER. Crier malgré les attaques des autres. L’absence des livres au Maroc est un crime. Empêcher les Marocains de lire, c’est les condamner à une prison éternelle. A la banalité éternelle.
Solution A quand un Mawazine du livre ?
Il y a au Maroc le festival de Marrakech pour le cinéma. Celui de Mawazine (et tant d’autres) pour la musique. Il faut que l’Etat se mobilise, s’engage sérieusement pour les livres. La culture. Créer un événement fondateur pour donner aux Marocains le goût des livres. Leur expliquer l’importance de la lecture. Les éditeurs marocains doivent aussi prendre enfin de véritables risques et arrêter avec la frilosité qui les caractérise.
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Soumaya Naâmane Guessous Sociologue
Indignation Les réformes ne sont pas appliquées
Ce qui m’énerve le plus, c’est que beaucoup d’efforts sont faits pour améliorer les choses via des réformes, et donc le cadre juridique avance ; mais d’un autre côté, cela bloque toujours du côté de l’application. Comme pour le code de la famille : corruption, laxisme, manque de compétences. On ne voit pas les résultats des réformes.
Solution Sanctionner !
Il faut plus d’attention et de travail pour uniformiser les procédures qui changent d’une préfecture à une autre, et a fortiori, d’une région à une autre mais aussi plus de rigueur. Il faut dénoncer, sanctionner, pénaliser. Pour qu’il n’y ait plus un abîme entre les textes et leur mise en pratique. Surtout aujourd’hui, avec le projet de réforme de la Constitution.
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Bassirou Bâ Journaliste
Indignation Etre noir au Maroc
« Aâzi », « qerd », « cannibale ». Le catalogue des termes utilisés par certains Marocains pour désigner les Noirs est exhaustif. Ces mots sont l’expression d’un racisme anti-Noirs très ancré dans la société mais rarement évoqué.
Par fausse pudeur ? A cause du tabou qui entoure ce sujet ? Et c’est d’autant plus grave qu’il arrive même que cela passe du verbal à une agression physique. Beaucoup de Subsahariens vivant au Maroc ont fini par s’en accommoder…
Solution D’abord dire que le racisme existe
Pour faire face à une telle tare, il faut d’abord reconnaître que le racisme existe… au Maroc aussi ; ensuite oser en débattre ouvertement.
Mais il faudrait au préalable que l’éducation de base, celle inculquée par les parents et celle transmise à l’école, joue pleinement son rôle. Le racisme expliqué à ma fille de Tahar Benjelloun est vivement conseillé dans ce sens.
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Nabil Scally
Président de l’association Bahri
Indignation Nous sommes sales !
Ce qui m’indigne, c’est la saleté de nos rues, de nos plages, de nos forêts... Le manque de civisme flagrant de notre société est en complète contradiction avec l’évolution, que l’on connaît aujourd’hui, vers plus de démocratisation.
Tous les jours, on peut voir les gens jeter leurs ordures en bas de chez eux… ce n’est même pas une question de classe sociale ou de pauvreté, car souvent, on voit des bouteilles, des déchets être jetés par les fenêtres de voitures luxueuses.
Solution Des poubelles et du civisme !
C’est d’abord une question de moyens : il faut installer plus de poubelles, et des poubelles que l’on ne peut pas voler, et affecter plus de personnes au nettoyage. Mais surtout, il faut une grande campagne médiatique de sensibilisation, intégrant tous les supports –presse écrite, radios, télés, panneaux d’affichage – pendant au moins un an ou deux. Si tout le monde s’implique, en un ou deux ans, le problème sera pratiquement éradiqué !
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Omar Louzi
Directeur général d’Ittoch consulting
Indignation L’écologie, tout le monde s’en moque
Dans le secteur du développement durable, le manque de maturité citoyenne m'indigne. La notion de l’écologie est absente dans l’esprit des décideurs ou alors ils y recourent à des fins de communication.
En réalité, il n’existe aucune prise de conscience sur l’urgence climatique, alors que le Maroc présente un niveau inquiétant de stress hydrique. L’Etat marocain est totalement absent, malgré l’arsenal législatif et même si le Maroc a accueilli le « Earth Day » l’année passée, rien n’a changé depuis. Les entreprises polluantes continuent à polluer. D'autres continuent à dilapider les ressources hydriques et à utiliser les énergies polluantes.
Solution C’est à l’Etat de jouer
La sauvegarde de la nature ne devrait pas être perçue comme un luxe mais une nécessité. Je pense que l’Etat devrait mettre le paquet sur la sensibilisation des citoyens. Il doit mettre sur place des mesures correctives pour les entreprises polluantes. Respirer de l’air pur et boire de l’eau potable sont des droits élémentaires qu’il faut sauvegarder pour les générations futures.
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Karim Bennis Directeur général Nexans
Indignation Les mauvais payeurs
Ce qui me vient à l’esprit, c’est la problématique des délais de paiement. Le fléau touche aussi bien la PME que la grande entreprise, tous secteurs confondus !
Solution Rompre avec ce cercle vicieux
Eradiquer ce fléau est une affaire de réglementation bien sûr mais aussi de mentalité, d’habitudes et de lutte contre les mauvaises pratiques commerciales. La loi sur les délais de paiement est sur le point d’être approuvée.
En parallèle, l’Etat doit monter une campagne de sensibilisation auprès des opérateurs pour expliquer les retombées néfastes de ces pratiques archaïques. Quant aux clients et fournisseurs, ils doivent rompre avec ce cercle vicieux, et les grandes entreprises qui disposent d’une trésorerie plus confortable doivent montrer l’exemple.
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Brahim Glim
Militant au Mouvement du 20 février
Indignation Les diplĂ´mes inutiles
Le taux de chômage va de plus en plus exploser au Maroc. Surtout celui concernant les jeunes diplômés. Cela a un effet très néfaste sur le développement de notre pays.
Le secteur privé n’arrive plus à absorber les jeunes qui sortent chaque année des écoles avec des diplômes qui ne leur servent à rien.
Solution L’orientation et le bilinguisme
Il faut orienter les jeunes dès le collège pour éviter les formations qui ne mènent à rien. Le système éducatif doit s’adapter au marché du travail pour fournir des profils utiles. Je plaide aussi pour un retour au bilinguisme au lieu de l’arabisation qui détruit les chances des diplômés d’intégrer le monde du travail qui reste en majorité francophone.
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Sonia Terrab
Journaliste, Ă©crivain
Indignation Les esprits fossilisés
Ce qui m’irrite, c’est la peur qu’ont beaucoup de Marocains du changement. Je ne supporte pas ces esprits fossilisés, toujours dans le désir de reproduction du même schéma et du même modèle. La même recherche du confort personnel étalé aux yeux de tous.
Solution La modernité de cœur
Accepter la différence, le changement. Et s’ouvrir à la modernité. Pas une modernité de façade, qui s’exprime seulement dans la manière de consommer, mais une modernité de cœur et d’esprit qui transparaît dans les comportements.
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Rachid Tlemçani Fondateur d’actuel, chef d’entreprise
Indignation La « démocratie » incivique
Je m’indigne.
De la démocratie bafouée à heure fixe par ceux qui la réclament.
De l’absence totale de responsabilité après l’heure du débat et des choix.
De cette mauvaise foi qui fait que le débat reste chez nous ouvert indéfiniment, au détriment d’un pays.
Du civisme inexistant et de la logique à géométrie variable.
De ces gens qui ne votent jamais et qui dénigrent dans les salons et dans la rue. Jamais responsables de rien.
Comment satisfaire des extrêmes qui n’acceptent qu’une conclusion : la leur ?
Depuis la nuit des temps, la réponse est la démocratie et sa – parfois – frustrante sentence majoritaire.
Solution Des leçons de démocratie
Il serait temps que les pays qui se disent démocratiques (et leur presse bien surprenante !) assènent des leçons de démocratie plutôt que de donner des tribunes partiales, réductrices et insupportables, aux extrêmes, après avoir été complaisants à vomir avec des dictateurs qui, il n’y a pas si longtemps, plantaient leur tente dans leur jardin.
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Abdellah Eljout Président de l’association des élus locaux de la région Tanger-Tétouan
Indignation Les élus ne sont pas formés
On se plaint souvent de l’incompétence des élus. Mais même les élus les plus diplômés ne peuvent maîtriser tous les jargons. Un élu municipal doit connaître la législation de l’aménagement, de l’habitat, de la santé publique, de l’hygiène, de l’équipement, de l’électricité, de l’éducation.
La commune est au centre de tout ça ! Il n’est pas normal de demander à un paysan, à un commerçant ou à un étudiant nouvellement élu de valider un budget communal alors qu’il est incapable de le comprendre.
Solution Une formation pour apprendre le métier
Il faut dégager un fonds spécial pour la formation des élus. Il faut un référentiel du métier d’élu local. Au moins qu’il connaisse les mesures à prendre quand il y a des enfants dans la rue ou la procédure de la conservation foncière.
Ce sont des choses simples. Qu’on forme les gens sur la lecture d’un budget ! On pourrait envisager un kit pour tous les nouveaux élus avec un stage obligatoire de deux semaines, une certification et un guide complet qu’il pourrait garder dans son cartable. Il saurait enfin comment fonctionne l’administration.
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Elise Baron
Bénévole à l’UMPA (Union marocaine pour la protection des animaux)
Indignation Les animaux traités comme des chiens
Je m’indigne de l’état pitoyable des animaux au Maroc, notamment des équidés qui tirent des charrettes et de tous ces chats et chiens qui errent dans nos rues. J’ai bien conscience que l’équidé constitue le seul moyen de transport pour beaucoup de gens et qu’un charretier qui gagne 20 dirhams par jour pour nourrir sa famille n’a pas les moyens de traiter correctement son animal. Comment lui faire comprendre de respecter son âne alors qu’il n’a lui-même pas de visibilité à plus de deux jours ?
Solution Toute vie a droit au respect !
L’Etat doit mettre en place un programme de stérilisation des animaux errants, au niveau national, dans les douars et les quartiers des villes pour éradiquer le phénomène. Il doit aussi interdire la vente de chiens en pagaille. Parallèlement, un travail d’éducation doit être mené auprès des enfants pour leur apprendre à respecter leur environnement, la nature et les animaux qui l’occupent.
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Lucien Leuwenkroon
Président de la Chambre de Commerce belgo-luxembourgeoise au Maroc
Indignation Les passe-droits et le non-respect des règles
J'aime le Maroc, c'est mon pays d'adoption ; nos enfants sont binationaux et ma femme et moi luttons pour un mieux-être et donc un Maroc meilleur. Mais je suis indigné quand on ne respecte pas l'ordre des procédures ou du code de la route, et donc aussi du code de la vie.
Je trouve aussi que l'administration est parfois lourde et lente pour un salarié qui doit travailler toute une journée et qui doit prendre un congé sans solde pour régler sa paperasse, et ce, à l'heure du numérique.
Il y a tellement de solutions pour éviter de s’engueuler en faisant la file devant un guichet où les passe-droits sont de rigueur grâce au cousin ou au neveu du voisin… et je ne parle pas du bakchich !
Solution Internet et un ministère des Classes moyennes !
L'Internet peut nous faire brûler tant d'étapes pour avoir un Maroc moderne, propre, ordonné, dans la rigueur et le respect, et qui, en conclusion, serait tellement plus productif et compétitif.
A la Chambre de commerce belgo-luxembourgeoise au Maroc, que je préside, nous organisons en permanence des séminaires et donc des réflexions avec un benchmark de ce qui se pratique en Belgique ou au Luxembourg.
Nous avons proposé la création d'un ministère des Classes moyennes comme nous l'avons en Belgique, qui régule entre autres les besoins de l'auto-emploi, donne les cartes pour les marchands ambulants, gère les guildes des professions, protège le consommateur sans passer par les tribunaux. Et j'en passe !
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Omar Balafrej Président de la Fondation Bouabid
Indignation Les étudiants ont la bourse vide La bourse pour les étudiants n’a pas évolué depuis les années 70, c’est toujours au maximum 300 dirhams par mois. Cela ne suffit même pas pour prendre le bus tous les jours !
Comment veut-on construire un pays de citoyens, comment même espérer créer de la confiance dans une société où nos jeunes n’ont pas droit à un minimum de dignité ?
Solution Faire payer les plus riches
Dès la rentrée 2011-2012, réévaluer la bourse pour les étudiants en la faisant passer à 1 000 dirhams par mois minimum. Pour financer cette mesure qui devrait coûter autour de 5 milliards de dirhams par an, l’Etat devrait lever un impôt citoyen de solidarité sur la fortune.
Avec un peu d’efforts, on pourrait lever beaucoup plus d’argent auprès des plus riches d’entre nous pour financer bien d’autres mesures et enfin commencer à construire notre contrat social.
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Fouad Omari
Maire de Tanger
Indignation L'activisme des professionnels des Ă©lections
Malgré tous les efforts consentis par la nouvelle Constitution pour donner aux parlementaires des pouvoirs très étendus, j'ai peur que l'on se retrouve devant les mêmes visages qui émargent depuis des années à la coupole.
Ceux-là mêmes qui ont plombé l'avenir du pays. Avec les changements profonds que connaît le Royaume, la question du renouvellement des élites au Maroc est au cœur de l'actualité.
C'est même une demande qui grandit au fur et à mesure que la démocratie se développe. On a bien vu, au cours des échéances électorales passées, que la crainte de voir les mêmes têtes revenir aux commandes conduit beaucoup de Marocains à l'abstention ou au découragement. Il est urgent donc de donner la parole à une nouvelle génération capable de penser l'avenir. J'ai la conviction que l'on ne construit pas l'avenir d'un pays sur de vieilles idées.
Solution Les partis doivent avoir le courage d'imposer des critères draconiens dans le choix de leurs candidats
Il faudrait aussi réfléchir à des lois qui imposent aux candidats aux législatives un Smig en matière d'instruction.
L'essentiel, c'est de couper la route à ces « commerçants de la politique », véritables professionnels des urnes qui vont de mandat en mandat et sont de moins en moins représentatifs de la population.
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Hicham Cherkaoui
Coordinateur de la coalition marocaine pour la Cour pénale internationale
Indignation L’impunité
Au Maroc, l’impunité continue de favoriser la persistance des violations des droits de l’homme et les crimes économiques. Elles persistent du fait qu’il n’y a aucune poursuite judiciaire. Nous constatons que plusieurs organismes publics ont été mal gérés et pillés de façon systématique.
Malgré la constitution de commissions d’enquêtes parlementaires, toutes ces recommandations sont restées lettres mortes. Aujourd’hui, les auteurs de ces malversations continuent à bénéficier de la liberté sans aucune forme de pudeur.
Solution Faire passer les ripoux Ă la caisse
L’impunité signifie aussi la régression face à la demande de reddition des comptes des auteurs des exactions commises dans le passé. Il faut appliquer les règles classiques de la responsabilité civile. Si une modification des textes juridiques est nécessaire pour permettre l’application effective de ce principe élémentaire de responsabilité, il faut la mettre en œuvre sans tarder.
En même temps, il faut penser à la sanction, avec des amendes, la restitution des sommes volées et l’emprisonnement pour les coupables. Dans une société organisée, aucun crime ne doit rester impuni. Il y va de la cohésion et de la survie de la société même. Et cela doit être vrai pour la criminalité en col blanc comme pour les autres crimes.
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Riad Essbai
Bloggeur
Indignation Femmes, révoltez-vous !
Les femmes ont tendance à se stigmatiser elles-mêmes en se soumettant au rapports de force de notre société. Cela commence lors de notre éducation. Par exemple, les garçons ne font rien à la maison, c’est toujours les filles qui s’occupent des tâches ménagères.
Cela provient aussi de la mauvaise interprétation de l’islam, et notamment de la tutelle des hommes sur les femmes qui les conditionne. Le résultat, c’est que les femmes subissent, se laissent faire et se soumettent sans réagir.
Solution Et je vais le faire pour vous
Je compte passer à l’action, je ne peux pas vous donner de détails, mais je vais lancer un appel sur le Net. L’objectif sera de pousser au débat et à la réflexion, en commençant par la petite famille.
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Khalid El Hariri Député USFP
Indignation La misère de l’école publique
Je suis scandalisé par la dégradation du niveau de l’école publique et la faillite de l’ascenseur social. Aujourd’hui, si l’on a de l’argent, l’avenir de ses enfants est assuré. Si l’on n’en a pas, l’avenir de ses enfants est condamné.
L’enseignement public est en dégradation permanente. Tous les programmes engagés ne sont que pure cosmétique et nous attendons toujours un réel changement radical de la part de la puissance publique.
Solution Remettre en cause tous les dogmes
Face à la gravité de la situation, il faut accorder une importance qui ne s’exprime pas seulement en paroles ou même en argent, mais par des décisions courageuses. Il faut remettre en cause tous les dogmes, à commencer par celui de la généralisation.
Vouloir mettre tout le monde à l’école, c’est louable, mais nous n’en avons pas les moyens. Il faut par ailleurs arrêter de faire croire que l’arabe est la langue maternelle des Marocains. Leur langue, c’est… le marocain ! La darija, l’amazigh, etc.
Il faut aussi casser la mainmise négative des syndicats sur l’enseignement, et passer d’un syndicalisme qui bloque systématiquement à un syndicalisme réformiste. Les programmes doivent par ailleurs évoluer. Nos enfants ont besoin de s’ouvrir au monde et non d’être enfermés dans d’inutiles matières sclérosantes pour l’esprit et la connaissance.
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Eric Le Braz
Directeur de la rédaction d'actuel
Indignation Le Maroc des cages Ă lapins
Sous prétexte d’éradiquer les bidonvilles, on construit… des bidonvilles verticaux sans âme, sans commerces et sans services. Le Maroc reproduit les erreurs de l’Europe alors qu’on sait maintenant les effets dévastateurs des cités dortoirs.
J’ai grandi dans ces banlieues. J’en connais les conséquences : insécurité, échec scolaire, ghettos, déliquescence du lien social… Le Maroc des barres et des cages d’escalier nous fera regretter les bidonvilles !
Solution Transformer les bidonvilles en médina
Les experts du monde entier étudient en ce moment les médinas marocaines pour leur urbanisme « écolo » remarquable : rues piétonnes, habitat resserré, gestion intelligente de l’espace commerçant… et solidarité des habitants.
D’une certaine façon, l’occupation des sols d’un bidonville, c’est le brouillon d’une médina. Il serait beaucoup plus intelligent de les rénover « en dur », d’y adjoindre des commerces et des services, et de construire un ou deux étages supplémentaires plutôt que d’entasser ces habitants dans des cités sans âme.
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Zakia Sekkat
Opérateur économique
Indignation La création d’emploi n’est pas le rôle de l’Etat
Les pouvoirs publics ont fait de l'emploi une priorité absolue, c’est bien ; mais si l’Etat apporte son soutien à la lutte contre le chômage, ce sont bien les secteurs économiques clés qui sont les véritables instruments de promotion de l'emploi.
Solution Utiliser la machine économique à plein régime
Aujourd’hui, l’outil industriel marocain est utilisé à 50% maximum de sa capacité, en raison de sa faible compétitivité à l’international et de l'insuffisance du pouvoir d’achat national, sans compter les importations anarchiques et un climat d’affaires défavorable.
Nous avons besoin d’une réelle volonté d’industrialisation du Maroc, pas seulement axée sur certains secteurs, ni sur les seuls investissements étrangers, ou encore sur la réalisation des projets structurants du Maroc, menés par des intervenants étrangers, sans intégration des opérateurs marocains.
Il est clair que le tissu productif marocain est mal recensé, sa capacité de production mal évaluée et que le feedback sur ses problèmes au quotidien est inexistant en raison notamment du fait qu’il n’est pas dignement représenté.
Enfin, une meilleure collaboration privé-public, basée sur la confiance et la transparence, permettrait de relancer l’emploi à cours et moyen terme sans attendre « 2020 » selon la formule si chère à nos décideurs.
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Khadija Riyadi
Présidente de l’AMDH (Association marocaine des droits de l’homme)
Indignation Police partout, justice nulle part !
Je m’indigne contre notre système judiciaire inéquitable. Je viens d’assister à un procès à Bouarfa, à la frontière algérienne, mettant en cause huit jeunes et deux militants syndicalistes accusés d’avoir provoqué des émeutes dans la ville, le 18 juin.
Autant dire que cette audience s’est résumée à une accumulation de vices de forme. Tout au long des quinze heures qu’a duré le procès, le juge a dénié aux prévenus la présomption d’innocence, les traitant comme des coupables, et a refusé de prendre en compte leurs accusations à l’encontre de la police qui leur aurait fait signer des aveux à coups de gifles.
Pire, il a refusé d’entendre les témoins. Le but de cette audience n’avait assurément rien à voir avec la recherche de la justice mais visait à avilir et à humilier des militants respectés dans le mouvement social et protestataire de la ville. Le verdict, d’une rare sévérité (entre 2 et 3 ans fermes), témoigne de la volonté des pouvoirs publics d’affaiblir le mouvement social et d’instrumentaliser la justice contre ceux qu’ils visent.
Solution Une justice indépendante
L’AMDH et dix autres associations ont rédigé un mémorandum destiné à l’instance chargée de la rédaction de la Constitution. Nous militons pour la mise en place d’une justice indépendante, placée au-dessus des lois et garante de leur respect car il n’est de démocratie sans justice équitable.
Le nouveau texte constitutionnel a rebaptisé l’ancien système judiciaire « pouvoir judiciaire ». Ce changement terminologique purement formel n’en modifie pas pour autant le contenu. Car ce tout nouveau pouvoir est toujours régi par l’exécutif, donc le roi, qui préside le conseil de la magistrature.
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Abdessalam Boutayeb Président du centre de la mémoire
Indignation L’absence de diplomatie parallèle
Je suis indigné par l’absence d’une véritable diplomatie parallèle qui peut défendre notre cause nationale et l’image d’un Maroc sur la voie de la démocratisation.
Pour l’instant, les parlementaires des deux Chambres comme les représentants de quelques syndicats, associations et organismes de médiations pratiquent « la diplomatie touristique ». Une situation favorisée par les relations de clientélisme et de copinage qui sévissent au sein des partis politiques.
Comment un militant d’un parti, qu’il soit député ou militant des droits de l’homme, et qui ne parle aucune langue étrangère, peut faire de la diplomatie parallèle? Parmi ces dysfonctionnements, figure aussi l’omniprésence des acteurs francophones et arabophones. Il n y a aucun acteur hispanophone parmi ces « ambassadeurs parallèles ».
Solution Encourager l’ouverture sur l’Espagne
Face aux problèmes qui régissent nos relations avec notre voisin du Nord, il est impératif de s’ouvrir sur le lobby hispanophone qui est très actif à l’international.
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Hicham Daoudi
Promoteur culturel
Indignation Les artistes interdits d’exporter
Je suis indigné de ne pas voir d’artistes marocains dans les foires et les événements internationaux. Car il n’y a aucun financement, ni public ni privé, pour les aider à exposer au niveau international.
Les entreprises ne sponsorisent pas les galeries qui voudraient participer aux foires et il n’y a pas de mécènes pour les artistes. Pire, la loi interdit aux artistes marocains de vendre leurs œuvres à l’étranger !
Solution Un texte de loi
Il faut changer cette loi qui oblige les rares artistes qui exportent à se transformer en contrebandiers !
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Khalid Cheddadi
Président directeur général de la CIMR
Indignation Les citoyens honnĂŞtes payent pour les tricheurs
Ce qui m’indigne, c’est que des employeurs n’assument pas leur responsabilité sociale vis-à -vis de leurs collaborateurs, ne les déclarent pas à la CNSS, ne paient pas le SMIG, ne se préoccupent pas de leur avenir.
C’est une concurrence déloyale pour ceux qui assument leurs devoirs envers la société. Cela tire notre pays vers le bas. Ce qui m’indigne, c’est que des entreprises ou des professionnels trichent pour ne pas payer leurs impôts.
Cela prive l’Etat de moyens pour mener une politique de développement économique, social et humain, et reporte tout le poids sur les entreprises citoyennes et les salariés pour lesquels l’impôt est prélevé à la source.
Solution Casser le cercle de la corruption
Dire que l’Etat ne fait pas grand-chose pour nous est faux. Il est de mieux en mieux organisé et si les plus nantis ne profitent pas de tous ses services, des millions de Marocains les utilisent.
Cette redistribution est à la base de la vie en société. Certes, il y a encore beaucoup d’inefficacité dans l’administration, de gaspillage, d’injustice, de corruption… mais il faut casser ce cercle !
Soyons exigeants sur nos droits, poussons l’administration à s’améliorer, les entreprises publiques à être plus performantes et nos hommes politiques à mieux défendre nos intérêts. Assumons nos responsabilités pour progresser ensemble et instaurer une justice sociale.
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Mouna Kably Chef de service Economie Ă actuel
Indignation Des appels d'offres bidonnés
Ce sont toujours les mêmes entreprises qui remportent les plus gros marchés, les mêmes enseignes qui concoctent les grandes stratégies sectorielles, les mêmes architectes qui réalisent les chantiers les plus emblématiques, les mêmes laboratoires pharmaceutiques qui approvisionnent la santé publique, les mêmes imprimeurs qui fournissent l’enseignement public…
Pour se rendre compte de l’ampleur du phénomène, il suffit de recenser les noms des heureux adjudicataires. Malgré les assurances des hauts fonctionnaires et autres élus locaux, je ne peux m’empêcher de croire que la plupart des appels d’offres publics sont entachés d’irrégularités. Et si les dés sont pipés, c’est que des millions de dirhams, sinon des milliards, sont en jeu. En clair, c’est avant tout de clientélisme et de corruption qu’il s’agit.
Solution Dénoncer et sévir
La réforme du mode de passation des marchés publics n’a pas bouleversé des habitudes bien installées et des processus bien rodés. Preuve qu’une loi ne suffit pas à changer les pratiques. Mais entre-temps, les autres soumissionnaires ne cachent plus leurs frustrations.
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Avant que ça n’explose, il faut d’urgence imposer la transparence à tous les niveaux, et pas seulement au niveau central. Pour cela, il faut sévir pour donner l’exemple. Mais il faut aussi que les victimes dénoncent. Enfin, il faut doter l’Instance de lutte contre la corruption de moyens d’intervention efficaces sur le terrain pour enclencher rapidement une enquête.
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Soraya Fatima Badraoui Drissi
Présidente de l’Association des femmes chefs d’entreprises au Maroc
Indignation La mentalité des diplômés chômeurs
Beaucoup de jeunes s’imaginent qu’avec un diplôme, ils ont le droit de revendiquer une place dans la fonction publique. L’Etat leur doit une place. Ça ne marche pas comme ça. Si les pays développés le sont devenus, c’est parce que des hommes et des femmes ont pris des initiatives.
Solution Enseigner l’esprit d’initiative
On doit former les jeunes pour qu’ils créent de la valeur ajoutée, de la richesse, de l’emploi. Il faut orienter l’éducation vers la prise d’initiative. Il faut les inciter à être créatifs. Arrêter le par cœur et la récitation, et écouter ce que les jeunes ont dans leur ventre. Il faut apprendre depuis l’école primaire qu’on peut devenir auto-entrepreneur ! |