L’explosion survenue à Jamaâ El Fna a également soufflé tous les espoirs d’une reprise de l’activité touristique, déjà entamée par le printemps arabe, à Marrakech.
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S’il est un secteur et une ville qui n’avaient vraiment pas besoin d’un attentat, c’est bien le tourisme et Marrakech. Après un mois de mars qui a enregistré une baisse de 7% en arrivées pour Marrakech avec des taux d’occupation ne dépassant pas 51% (-4% pour les arrivées et -5% sur les nuitées au niveau national), l’activité commençait tout juste à reprendre en avril, les fêtes de Pâques aidant.
« Nous commencions à peine à souffler. Cela faisait dix jours que les hôtels et riads de la ville affichaient complet. La Mamounia a même dû refuser du monde. Et nous nous apprêtions à lancer des communiqués pour dire que la crise liée aux événements du monde arabe n’était finalement que passagère lorsque nous avons appris la nouvelle de l’attentat », nous confie cette source au sein du Centre régional du tourisme de Marrakech.
Zéro visibilité
La même surprise a été accusée au ministère de tutelle. Contactés par actuel, ses responsables se refusaient à l’heure où nous mettions sous presse à tout commentaire. Il faut dire qu’avant l’attentat, les soucis de Yassir Zenagui, ministre du Tourisme et de l’Artisanat, étaient ailleurs.
Son attention était concentrée sur l’impact des révolutions arabes sur l’activité touristique au Maroc, mis dans le même sac que des pays comme la Tunisie ou l’Egypte en termes de perception.
Le déjeuner-débat organisé par le ministère, mercredi 27 avril, se voulait d’ailleurs un moyen de rassurer. D’abord sur les chiffres. Et mars n’aura pas été aussi catastrophique que ce qu’ont laissé entendre des professionnels. Certains ont en effet parlé d’une chute de 40% par rapport à mars 2010.
« Ce chiffre ne concerne que les réservations des tour-opérateurs. Or, le tour operating ne représente que 30% de l’activité touristique au Maroc », a-t-il expliqué. Si ce jour-là , le ministre nous avouait déjà manquer de visibilité sur les mois à venir, ce n’est pas l’attentat qui va apporter plus de clarté. Pour l’heure, rien n’a encore changé.
Corps Ă corps
Contacté, l’Office national des aéroports et l’aéroport de Marrakech nous informent qu’aucun vol à destination de la ville ocre n’a été annulé. Les embarquements prévus pour les prochains jours ont tous été maintenus.
« Aujourd’hui, nous faisons en sorte que l’activité ne soit pas interrompue. D’ailleurs, si le café Argana a été encerclé par des grillages sur un rayon d’environ dix mètres, la place Jamaâ El Fna continue d’accueillir les halqas », affirme-t-on du côté du CRT.
Du côté du ministère, le mot d’ordre ces derniers jours n’était autre que le corps à corps. C’est ainsi qu’après des déplacements de « sensibilisation » en France, en Angleterre et en Allemagne, le ministère comme l’Office national marocain du tourisme entendaient s’attaquer à l’Espagne.
Un déplacement était prévu le jeudi 28 avril, pour rencontrer des membres du gouvernement et des professionnels espagnols. Suivront l’Italie, les Etats-Unis et la Russie.
A cet effet, le budget de promotion initial pour 2011 a été revu à la hausse, de l’ordre de 30% à 40%. Et le programme annuel des campagnes dans les médias étrangers, des eductours et des visites organisées pour les journalistes, a été compressé en trois mois.
Un dispositif adopté en vue d’atténuer les effets des révolutions. Mais il n’est pas sûr qu’il soit suffisant pour compenser celui du dernier attentat. Yassir Zenagui aura donc à réviser une copie qu’il avait mis deux mois à produire.
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