AQMI a diffusé un message menaçant le Maroc quelques jours avant l’attentat. Et un salafiste, soupçonné d’être le poseur de bombes, serait activement recherché…
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Après avoir annoncé qu’il s’agissait d’une explosion accidentelle, les autorités ont opté pour la thèse de l’attentat terroriste. Le gouvernement, qui soupçonne un acte kamikaze, a parlé « d’attentat criminel ».
Des sources officielles nous ont d’abord confirmé que les premiers indices, tels que la violence de l’explosion qui a soufflé le rez-de-chaussée et la terrasse du premier étage ainsi que la présence de clous dans l’un des corps, montrent qu’il pourrait s’agir d’un attentat perpétré par un kamikaze : « L’explosion d’une ou même de deux bombonnes de gaz n’aurait pas fait autant de dégâts et tué 15 personnes qui de surcroît étaient attablées à l’extérieur. »
Mais une autre source nous a indiqué que le kamikaze n’en serait peut-être pas un ! En effet, un ex-enseignant condamné à 7 ans de prison pour pédophilie, et qui aurait rejoint le mouvement salafiste, était immédiatement recherché. Il est soupçonné d’avoir déposé la bombe . Mais une autre source policière nous indiquait dans la nuit qu’il n’avait rien à voir avec l’attentat...
Quoi qu’il en soit, Khalid Naciri a confirmé la thèse de l’attentat mais la piste islamiste faisait juste partie des options à ce stade de l’enquête. L’enquête en cours devrait rapidement déboucher sur l’origine réelle de l’explosion, à moins qu’un communiqué des commanditaires de l’opération ne soit diffusé entre-temps.
Si la piste islamiste est retenue, le modus operandi ne ressemble pas outre mesure à la dernière opération d’envergure commise par les islamistes, en mai 2003 à Casablanca, qui avait fait plus de 45 morts. Y aurait-il un lien avec les menaces proférées la veille par Al-Qaïda au Maghreb islamique ?
Dans un communiqué diffusé par les sites de la mouvance islamiste, la veille de l’attentat de Marrakech, AQMI qualifie les services marocains « d’ennemis de Dieu ». L’un des chefs de la mouvance, le Marocain Abou Abderrahman Al Maghribi, s’adresse en ces termes aux tyrans, tortionnaires et autres collabos des services de renseignement : « Combien allez-vous encore jeter d’innocents dans vos prisons, notamment celle de Salé ? Vous avez raté la chance de vous repentir et vous avez ouvert les portes de l’enfer contre votre pays. »
Debout en treillis, les cinq terroristes, qui disent se trouver en territoire algérien, entonnent un chant religieux dans lequel ils promettent la mort aux ennemis de l’islam et la libération imminente des islamistes injustement emprisonnés.
Au programme également, une mise en scène où l’on voit le site du centre de Témara de la DGST, frappé par plusieurs missiles. Les menaces proférées contre le Royaume par Al-Qaïda au Maghreb islamique ne sont pas récentes mais elles prennent un tour nouveau avec le durcissement de ton adopté par les salafistes du cru, dont une grande partie vient d’être libérée.
Cette organisation radicale serait-elle derrière l’attentat de Marrakech ? L’islamologue Saïd Lakhal, qui rappelle le précédent de la cellule d’Amgala qui émarge à l’AQMI, n’écarte pas cette éventualité car l’organisation qui considère les gouvernants du Maroc comme « des agents de la chrétienté et de l’athéisme » a, à plusieurs reprises, menacé de mettre le Royaume à feu et à sang. Et de nombreuses questions restent posées sur le timing choisi par les terroristes pour se rappeler au bon souvenir des Marocains.
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