Les Marocaines d’Italie ne veulent plus être assimilées à la plus scandaleusement célèbre d’entre elles.
Nisrine Moulzim en a marre de la mauvaise réputation des Marocaines dans les médias. Tout ça à cause de Karima El Mahroug, alias Ruby. Originaire de Settat, ce photomannequin de 28 ans, en Italie depuis douze ans, travaille pour une maison de couture à Trévise (Vénétie).
Elle a fondé l’association « Modawana » et envoyé une lettre aux journalistes pour défendre les femmes de sa communauté. Elle a également mis en ligne une pétition intitulée : « Nous ne sommes pas comme Ruby » http://www.firmiamo.it/non-siamo-come-ruby
Nisrine Moulzim : Nous voulons surtout lutter contre les généralisations hâtives. Quand la presse écrite et télévisée de la Vénétie parle de Ruby, elle la désigne toujours comme « la Marocaine ».
Dans cette région, les journalistes ont tendance à assimiler nationalité et délits. Si un Roumain est un voleur par exemple, alors tous les Roumains sont des voleurs. Nous ne sommes pas toutes des Ruby.
En Italie, des juges, des maires, sont d’origine marocaine. Les journalistes ne le racontent jamais. Ils ne disent jamais rien des expériences positives.
Notre association, Modawana, compte pour l’instant dix Marocaines, qui viennent de différents endroits : Rabat, Casablanca, Marrakech... Nous ne sommes encore qu’au début. Et nous avons des contacts avec d’autres associations de la Vénétie.
Elle peut faire ce qu’elle veut de sa vie. Ce n’est pas notre affaire. Nous ne voulons simplement pas être assimilées à elle. J’ai quand même été choquée de voir qu’elle avait changé de nom, qu’elle avait renoncé à s’appeler Karima. De plus, avec l’histoire de sa famille, on peut avoir l’impression que le Marocain est un homme violent, qui torture les femmes. Ce qui est faux. Les femmes de ma communauté ne portent pas systématiquement le voile, elles s’habillent comme elles veulent, elles se maquillent sans rencontrer de problème chez elles. Ruby est en fait très loin de notre culture.
Déjà , nous tenons à rester apolitiques et à ne pas être récupérées. Nous ne nous positionnons pas par rapport à Berlusconi par exemple. Nous pensons envoyer une lettre aux journaux marocains pour leur dire à eux aussi que nous n’avons rien à voir avec Ruby. Mais ce qui reste le plus important pour nous, c’est d’agir dans notre région, la Vénétie, là où nous vivons.
Et notre association ne se limitera pas à défendre la seule communauté marocaine, nous envisageons de l’élargir à tous les étrangers qui sont en Italie et qui souffrent de discrimination.
Fkih Ben Salah, PĂ©ril Ă Little Italy
La ville natale de Ruby doit tout son développement aux transferts effectués par des Marocains d’Italie. Mais crise et refoulements en série aidant, la ville se noie peu à peu dans la pauvreté. Reportage.
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La ville natale de Ruby doit tout son développement aux transferts effectués par des Marocains d’Italie. Mais crise et refoulements en série aidant, la ville se noie peu à peu dans la pauvreté. Reportage.
Vendredi soir à Fkih Ben Salah. Après avoir fui la chaleur suffocante de la journée, les habitants de cette petite ville, située à une dizaine de kilomètres de Beni Mellal et comptant 80 000 âmes, investissent la flambant neuve mais encore inachevée avenue Hassan II, principale artère de la ville.
Cafés comme espaces verts sont inondés. A vélo, en moto ou en voiture, des jeunes multiplient les va-et-vient le long du boulevard.
Principale particularité de tous ces modes de transport, ils portent dans leur écrasante majorité une plaque d’immatriculation italienne et, dans une moindre mesure, espagnole.
Nous sommes au centre d’une ville dont le cœur bat au rythme du Calcio, mais aussi des transferts de très nombreux MRE qui ont tous choisi de partir en Italie ou en Espagne. C’est là que Ruby est née.
L’indignation est double
Le scandale qu’elle a déclenché est sur toutes les lèvres. Certains ne cachent pas leur fierté qu’une « fille de la ville ait coûté ce qui reste de la réputation » et peut-être même de la carrière politique du Cavaliere.
D’autres, et ils sont plus nombreux, s’indignent tout en rejetant jusqu’à l’appartenance de Karima El Mahroug à la ville et aux deux tribus, les Beni Amir et les Beni Moussa, qui forment le gros de sa population. « A Fkih Ben Salah, et plus que nulle part ailleurs, nous sommes dans le cadre d’une société conservatrice qui a particulièrement honte de ce genre d’histoires », indique Brahim Dahbani, président de Carrefour de développement, une association des droits de l’homme et des migrants.
Se lancer sur la trace marocaine de Ruby, c’est réaliser que personne ne semble, ou ne veut admettre la connaître, y compris sa famille. L’indignation est double, nous explique Ahmed Karkouri, membre du bureau local de l’AMDH. « Il y a le fait qu’elle ait été abusée alors qu’elle était encore mineure. Il y a aussi le fait que ce n’est pas sa seule réputation qu’elle a traînée dans la boue, mais aussi celle de toute une région », remarque-t-il.
Une région où l’immigration, seule perspective de survie, occupe une place centrale. Et depuis trente ans déjà .
Les quelques rares activités qu’offre l’endroit, essentiellement dans l’agriculture, sont depuis toujours l’apanage des grands féodaux et propriétaires terriens. Tout commence dans les années 70, avec de timides départs à l’étranger.
Mais les véritables vagues d’immigration ont lieu vingt ans plus tard. Et tous les moyens sont bons. Il y a d’abord la solidarité familiale voulant que les premiers partis s’arrangent systématiquement pour trouver des contrats de travail à leurs proches.
Il y a aussi tous les trafics possibles de papiers et autres passeports, un seul document pouvant servir à faire « brûler » (passer clandestinement, ndlr) plusieurs personnes qui présentent un minimum de ressemblances.
Sans oublier les nombreux candidats à l’immigration clandestine à bord de pateras, et dont Fkih Ben Salah était une des principales plateformes. Résultat, des départs massifs, sans pour autant rompre l’attachement à la terre natale.
Ces émigrants se considèrent comme des travailleurs, et non des résidents marocains à l’étranger. Une dynamique sans pareille s’en est suivie dont Fkih Ben Salah a largement profité.
On a beau travailler à Milan ou Gênes, c’est dans sa ville natale qu’on préfère construire sa maison, lancer une affaire, se marier et avoir des enfants.
Beaucoup d’argent circulait dans la ville dans les années 90
Si les premières vagues d’immigration étaient exclusivement masculines, des milliers de femmes, et de mineur(e)s ont également emprunté les chemins de l’exil.
« Dans le cadre du regroupement familial dans un premiers temps, mais aussi de contrats de travail (comme travailleuses agricoles notamment) et, surtout, dans la clandestinité », explique Noura Mounaïm, coordinatrice locale de la Ligue démocratique des droits de la femme.
Qu’ils soient hommes ou femmes, nombre de partants, sans qualification pour la plupart, n’ont eu d’autres choix que d’accepter d’être de simples ouvriers, petits commerçants ou femmes de ménage.
Certains, bon gré mal gré, sont tombés dans les réseaux de trafic de drogue et de prostitution. Ce qui explique l’argent fou qui circulait dans la ville au milieu des années 90 et jusqu’aux débuts des années 2000. Et les surenchères qui vont avec. C’est le cas notamment du secteur immobilier. Fkih Ben Salah est la ville où le prix des terrains bat tous les records. Comptez un minimum de 12 000 DH/m2.
Ce qui est perçu ailleurs comme la caricature de l’immigré inculte se pavanant à bord d’une belle voiture, une bière à la main et une jolie fille à côté, a été appréhendé par les jeunes restés dans la ville comme un modèle de réussite.
Conséquence, une tentation chaque jour plus grande de partir. Ce professeur en secondaire en sait quelque chose, lui qui devait faire face à un flagrant manque d’intérêt de ses élèves pour les études.
« A chaque fois que nous essayions de motiver les élèves, ils nous répondaient que, tôt ou tard, leurs proches ou parents installés en Europe allaient les sortir du Maroc et qu’en attendant, il ne servait à rien de faire des études.
Comment voulez-vous intéresser des jeunes qui ont déjà la tête ailleurs ? », nous dit Abdelkader Haddoui, enseignant et président de la section de Fkih Ben Salah de l’AMDH.
Un véritable marché des opportunités de départ avait vu le jour. C’est ainsi que les contrats de travail se négociaient autour de 90 000 dirhams, au même titre que les contrats de mariage, dont la valeur variait de 30 000 à 60 000 dirhams. L’immigration faisait alors encore rêver.
Même pas les moyens de s’offrir un billet de retour
Aujourd’hui, crise oblige, la tendance est au retour. Celui-ci peut être forcé, au gré des campagnes de vérification des papiers et des refoulements en Italie.
Il peut aussi être volontaire, de nombreux MRE préférant amortir leurs économies, ou indemnités de licenciement, au Maroc où la vie est moins chère. Au passage, bien des destins ont été brisés.
« Je connais des familles qui ont tout vendu, de leurs petites terres agricoles à leurs meubles, en passant par leur bétail, pour envoyer un de leurs enfants à l’étranger et ainsi s’assurer une source de revenus qui les sortirait de leur misère.
Ils ignoraient que l’argent ne se trouvait pas à tous les coins de rue en Italie. Aujourd’hui, ces familles sont dans le dénuement le plus total et leurs enfants n’ont même pas les moyens de s’offrir un billet de retour vers le Maroc », témoigne Abdelhamid Reffas, coordinateur local du mouvement islamiste Unicité et Réforme.
Signe que les temps ont bel et bien changé, « le conseil de la ville a accusé les deux dernières années un fléchissement de 40% de ses recettes fiscales à cause du gel de bien des projets immobiliers et de la baisse des activités commerciales », nous informe Mohamed Louizi, membre du conseil provincial de Fkih Ben Salah.
Si elle a été quelque peu estompée par le développement de l’habitat et l’argent en circulation, la pauvreté refait surface. Et nombre de MRE qui revenaient dans la ville des cadeaux plein les bagages tentent désormais de gagner un peu d’argent en revendant de la « khourda » (matériaux de récupération et vieilleries) rapportée d’Italie. Tout comme la criminalité et les agressions, inexistantes il y a quelques années, commencent à alimenter la chronique d’une ville que d’aucuns se plaisent à surnommer « Little Italy ».
Tarik Qattab, envoyé spécial
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Il n’y a pas que Berlu ! Le livre rose du Maghreb uni
Ben Ali, Boutef, Kadhafi junior… les Marocaines les font tous craquer. actuel lève le voile sur des secrets d’alcôve bien gardés.
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Entre Hassan II et Ben Ali, le courant n’est jamais passé. Le premier n’a toujours eu que du mépris pour ce général de pacotille. Pourquoi Hassan II ne pouvait pas sentir Ben Ali ? Pour des histoires de sexe.
Non seulement les frasques sexuelles de l’attaché militaire tunisien à Rabat exaspéraient un Hassan II plutôt conservateur mais, de plus, le roi du Maroc ne lui a jamais pardonné le fait d’avoir présenté sa maîtresse, une certaine Noura, comme son épouse légitime quand il a pris ses fonctions à l’ambassade de Tunisie à Rabat en 1974.
Pour montrer qu’il n’avait pas apprécié le geste, le roi a refusé de recevoir Ben Ali, alors que le protocole en usage, exige que tout attaché militaire soit présenté par son ambassadeur au souverain.
Les choses ont empiré quand les histoires roses du futur président de la république tunisienne ont pris le pas sur la diplomatie entre les deux pays. Entre 1974 et 1977, date de sa fin de mission à Rabat, l’homme a multiplié les liaisons, à l’insu de sa famille qui vivait tranquillement à Tunis.
De fait, les frasques sentimentales marocaines de Zine El-Abidine Ben Ali sont innombrables, rappelle un des témoins de l’époque.
En 1975, un accident de la circulation dans une rue de Kénitra, l’impliquant alors qu’il était au volant d’une Aston Martin aux côtés d’une rencontre de la nuit, avait été étouffé par les services de l’époque.
Ces derniers ont fait disparaître les témoignages de deux gardiens de nuit. Fortement éméché, l’attaché militaire tenait à peine debout et sa compagne n’était pas mieux lotie. L’officier passait le plus clair de son temps à courir les bars la nuit à Kénitra, où la forte présence américaine avait entraîné l’essor de nombreuses discothèques réputées dans tout le Maroc.
« Le 007 et L’Araignée étaient non seulement fréquentées par de belles filles mais c’est là où les agents de la CIA recrutaient leurs contacts au sein des officiers arabes, dont notre ami Ben Ali, qui a été approché par les services de l’oncle Sam en 1976 », rappelle un ex-agent de la DGED.
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Escapades lubriques
Quant à Bouteflika, la fréquence de ses infidélités marocaines est proportionnelle à la chape de plomb qui pèse sur sa vie privée.
Si on sait que l’homme est officiellement lié à Amal Triki, la fille d’un obscur diplomate, les forums de discussion algériens en sont encore à se demander si l’homme est vraiment marié.
Dans la foulée, sa longue liaison avec la femme d’un gros magnat de la presse a fait les choux gras de la bourgeoisie casablancaise durant des années. Discret, voire même secret, Bouteflika s’est toujours abstenu de laisser filtrer quoi que ce soit sur ses escapades lubriques avec des Marocaines, dans les années 80 jusqu’aux années 90.
Evoqué par Valéry Giscard d’Estaing dans ses mémoires, Le pouvoir et la vie, parues en 1991, Abdelaziz Bouteflika est crédité d’une réputation de chaud lapin par l’ex-président français. « Il lui arrive d’effectuer des visites incognito à Paris, dont nous ne sommes pas prévenus. Il s’enferme dans l’appartement d’un grand hôtel, où se succèdent de charmantes visites. »
Ce qu’il ne dit pas, c’est qu’une Marocaine du nom de Yasmina faisait partie des favorites. Quant aux Kadhafi, c’est le fils, Seif El Islam, qui a le plus d’histoires grivoises à raconter sur ses escapades sexuelles au Maroc.
A tel point que le plus teigneux des seigneurs de Tripoli a été contraint de reconnaître et de prendre en charge un enfant né d’une relation illégitime avec une Casablancaise. On murmure même que c’est à cause de cette dame que Seif El Islam aurait été convaincu d’investir au Maroc.
Abdellatif El Azizi