Les rĂ©volutions de la rive Sud, les dĂ©rives des banlieues, la suppression de la double nationalitĂ©, les mosquĂ©es, les priĂšres de rue, les relations avec le Maroc et ses vacances Ă Marrakech⊠Madameâ24â% se lĂąche sur tout.
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Une petite rue tranquille dans une zone pavillonnaire de Nanterre, vieux bastion communiste de la banlieue ouest, câest ici, dĂ©sormais, que se niche le QG du Front National dans deux gros cubes remplis de bureaux.
On se croirait dans nâimporte quel siĂšge social de nâimporte quelle sociĂ©tĂ©, sâil nây avait la statue de Jeanne dâArc, altiĂšre et cuirassĂ©e, face Ă lâentrĂ©e. Lâaccueil est serviable, on patiente Ă peine deux minutes le temps de croiser de jeunes permanents bien loin des crĂąnes rasĂ©s ou des lodens cravatĂ©s dâantan.
LâattachĂ© de presse, Ă peine vieille France, vient nous accueillir en nous proposant lâascenseur dont le code est «â1969â».
On ne fera pas antichambre, la femme que lâon vient de crĂ©diter de 24â% dâintentions de vote pour le premier tour de la prĂ©sidentielle de 2012, devant tous ses concurrents, nous reçoit en jeans dans son bureau garni de cendriers et sâassied sous un joli tableau bleuâ: «âIl sâappelle Le toit du monde et mâa Ă©tĂ© offert par une amie israĂ©lienne. Elle mâa dit ââLe toit du monde, câest pour toiââ.â»
On lui rĂ©clame une heure. On obtiendra une demi-heure de plus. LâĂ©change sera Ă peine troublĂ© par une apparition furtive du pĂšre qui nous saluera tous Ă lâissue de lâentretien, de la maniĂšre la plus affable qui soit, bien sĂ»r.
VoilĂ pour lâambiance. LâextrĂȘme droite cool a-t-elle pour autant changĂ© le contenu de ses discoursâ? Tout est dans la nuance...
Quel regard portez-vous sur les révolutions arabes ?
La classe politique française cherche Ă voir dans ces rĂ©volutions une aspiration Ă la dĂ©mocratie. Or ce nâest, je crois, que la troisiĂšme raison. La premiĂšre, câest lâĂ©chec majeur des organismes internationaux, censĂ©s rĂ©guler le monde et mettre en place une gouvernance mondiale.
En rĂ©alitĂ©, ils ont contribuĂ© Ă laisser se dĂ©velopper la spĂ©culation, la financiarisation de lâĂ©conomie avec des consĂ©quences sur lâaugmentation du coĂ»t des denrĂ©es alimentaires. Ce qui frappe de plein fouet des pays qui sont plus faibles Ă©conomiquement.
Il y a un adage en Franceâ: «âQuand les gros maigrissent, les maigres meurent.â» La deuxiĂšme aspiration concerne la justice. Quand les peuples sont dans des difficultĂ©s Ă©conomiques ââet ce nâest pas spĂ©cifique au Maghrebââ,ils ne supportent plus le comportement indigne de leurs dirigeants.
Alors mĂȘme quâon leur demande de plus en plus de sacrifices, lâhyper classe qui les dirige continue Ă se gaver comme ce nâest pas permis... Il y a lĂ un sentiment dâinjustice qui est, il faut bien le dire, un terreau favorable aux rĂ©volutions.
La France est particuliĂšrement bien placĂ©e pour le savoir, câĂ©tait un des leviers de la rĂ©volution française.
En Libye, les rebelles demandent de lâaide. LâOccident doit-il intervenir ?
Il me semble lĂ©gitime que les pays arabes interviennent dans ce processus. Je crois au rĂšglement rĂ©gional des conflits. Ceux qui sont Ă cĂŽtĂ© ont plus de poids, dâinfluence, et une meilleure connaissance que ne peut en avoir un autre continent.
Ceux qui sont Ă cĂŽtĂ© connaissent aussi des difficultĂ©sâŠ
Raison de plus pour intervenir. Et il y a quand mĂȘme toutes les monarchies pĂ©troliĂšres. On ne les entend pas. OĂč sont-ellesâ? Que disent-ellesâ? Câest Ă elles de prendre position.
Ces rĂ©volutions constituent-elles un progrĂšs ou une menace pour lâOccident ?
Pour lâOccident, elles constituent une menace. Câest terrible Ă dire mais je crois quâil ne faut pas faire de langue de bois. Moi, je suis absolument ravie que des peuples accĂšdent Ă la dĂ©mocratie. JâespĂšre Ă©videmment comme lâensemble des responsables politiques qui ont un peu de jugeote que cela ne permettra pas Ă des groupes fondamentalistes de prendre le pouvoir.
MĂȘme sâils ne sont pas Ă lâorigine de ces rĂ©volutions, ils peuvent profiter de lâaubaine pour monter en puissance. Le deuxiĂšme danger immĂ©diat, câest Ă©videmment un exode massifâŠ
Vous craignez un « exode biblique » ?
Oui. Le colonel Kadhafi se faisait payer trĂšs cher pour maĂźtriser ses frontiĂšres et empĂȘcher lâĂ©migration clandestine vers lâEurope. Or, la France est particuliĂšrement visĂ©e car elle a le systĂšme dâimmigration le plus laxiste qui soit.
Les flux de Tunisiens sont pour le moins incomprĂ©hensibles. Quâon me dise quâil faut donner lâasile quand il y a un rĂ©gime totalitaire, je peux le concevoir. Mais en lâoccurrence, ils fuient la dĂ©mocratieâŠ
Une des solutions que vous proposez, câest de les repousser Ă la frontiĂšreâŠ
Non, câest de les convoyer jusque dans leurs eaux territoriales. Câest une mesure de sĂ©curitĂ©. Câest une mesure beaucoup plus humaine que ce que propose la classe dirigeante française, câest-Ă -dire de ne rien faire.
Il faut au contraire lancer un signal fort. LâItalie et lâEspagne pourraient arraisonner les bateaux qui arriveraient sur leurs eaux territoriales, leur donner dâailleurs les moyens de survivre en eau, en mĂ©dicaments et en nourriture et les raccompagner en convoi jusquâaux cĂŽtes africaines.
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Et sâils demandent le droit dâasile ?
Mais pourquoi le demanderaient-ils puisquâils sont en dĂ©mocratieâ! Ou alors, et il faut nous le dire, notre classe politique veut introduire le droit dâasile Ă©conomique et, Ă ce moment-lĂ , il faut sâattendre Ă accueillir la moitiĂ© du monde.
On vous a accusĂ©e de vouloir jeter les Arabes Ă la merâŠ
Câest pitoyable. Les gens qui usent de ces rhĂ©toriques sont en mĂȘme temps irresponsables et malhonnĂȘtes. En aucune maniĂšre, je nâenvisage de faire quelque chose dâaussi terrible. Ils sont gĂȘnĂ©s parce que je suis la seule Ă proposer quelque chose.
Or ils ne se positionnent pas, eux. Je crois quâil est juste responsable et honnĂȘte de dire que nous ne pouvons plus assumer dâimmigration supplĂ©mentaire. Câest un acte dâhonnĂȘtetĂ© Ă lâĂ©gard dâailleurs de ceux qui voudraient Ă©migrer.
Inciter les gens Ă venir pour les mettre dans des banlieues ghettos oĂč leurs enfants apprendront Ă dealer de la drogue Ă 6 ans et Ă faire chouf, je ne vois pas lâintĂ©rĂȘtâ!
A faire chouf ?
Oui, chouf câest «âsurveilleâ!â». En banlieue, ils disent ça. Pour 10 ou 20 euros par jour, Ă 10 ans, on chouf pour prĂ©venir les dealers que la police arrive. Donc, excusez-moi, mais continuer Ă laisser ces populations penser que la France est un eldorado, câest un mensonge absolu.
Quand vous dites Français, vous englobez les enfants dâimmigrĂ©s ?
Les Français qui ont la nationalitĂ© française. Ă©tant entendu que nous sommes contre la double nationalitĂ©. Nous pensons quâon a une identitĂ© et une nationalitĂ©. Pas deux.
Cette double nationalitĂ© a entraĂźnĂ© des gĂ©nĂ©rations entiĂšres de gens qui ne savent plus qui ils sont, dâoĂč ils viennent et Ă quelle culture ils doivent se rattacher. De fait, ça a Ă©tĂ© un frein probablement assez important Ă lâassimilation telle que nous la prĂŽnons.
Ăa crĂ©e de surcroĂźt des doubles allĂ©geances qui finissent par crĂ©er des problĂšmes. Nous ne sommes pas les seuls Ă le penser. On voit que lâAlgĂ©rie a dĂ©cidĂ© rĂ©cemment dâinterdire aux doubles nationaux lâaccĂšs Ă un certain nombre de postes stratĂ©giques dans lâadministration. Ce qui me paraĂźt assez naturel.
Voulez-vous supprimer la naturalisation ?
Ah non, nous voulons la soumettre Ă un principe tout simpleâ: la nationalitĂ© sâhĂ©rite ou se mĂ©rite. Nous sommes pour la suppression du droit du sol dont nous considĂ©rons que câest un appel dâair considĂ©rable Ă lâimmigration. PuisquâĂ partir du moment oĂč on accouche sur le territoire français, on nâest plus expulsable mĂȘme si on est clandestin.
Nous nâaccorderons la naturalisation que comme un privilĂšge soumis Ă un certain nombre de conditions, dâassimilation, de respect de lâHistoire, de nos traditions, de nos mĆurs, dâenvie de sâinvestir dans lâavenir de notre pays, de maĂźtrise de la langue⊠Beaucoup de pays font cela sans quâon les accuse de quoi que ce soitâ!
Nous voulons donner un contenu Ă la nationalitĂ© française⊠à commencer par lâinstauration de la prĂ©fĂ©rence nationale. Je crois dâailleurs que câest une disposition appliquĂ©e au Maroc. Car elle est de bon sens.
Ăa ne veut pas dire une exclusivitĂ©. Il est tout Ă fait normal quâĂ compĂ©tences Ă©gales, un Marocain ait un accĂšs privilĂ©giĂ© Ă lâemploi. Nous voulons faire la mĂȘme chose en France. Y compris en ce qui concerne un certain nombre dâaides sociales.
Il y a un prĂšs dâun million de Marocains en France dont la plupart sont binationaux. Vous leur dites « il faut choisir votre nationalitĂ© » ?
Oui, mais ça ne veut pas dire que ceux qui choisissent la nationalitĂ© marocaine seront renvoyĂ©s au Maroc. On peut parfaitement avoir des Ă©trangers dans notre pays. Ăa nâa rien de choquant.
Le pĂšre de mon ex-mari Ă©tait italien, il est restĂ© italien et nâest jamais devenu français. On nâest pas obligĂ© de changer de nationalitĂ©. On peut conserver sa nationalitĂ© et vivre toute sa vie dans un pays.
Des centaines de milliers dâimmigrĂ©s sont arrivĂ©s de Pologne, dâEspagne, du Portugal et leurs enfants Ă©taient français sans double nationalitĂ©, ça nâempĂȘche pas de conserver un lien avec le pays dâorigine. Mais câest Ă la famille de transmettre ça, pas Ă lâĂ©cole.
Donc vous confirmez que la France a bĂ©nĂ©ficiĂ© de lâimmigrationâŠ
La classe politique française sâest servie de lâimmigration pour faire baisser les salaires Ă la demande des grands patrons. Ce fut lâorigine de la vague migratoire qui nâa plus jamais cessĂ© depuis et qui, pour le coup, ne se justifie pas du tout aujourdâhui avec cinq millions de chĂŽmeurs.
Donc nous importons des chĂŽmeurs. Ou alors nous importons des gens qui, parce quâils sont en situation de faiblesse, sont utilisĂ©s par les grands patrons, Ă trĂšs bas coĂ»t, ce qui va Ă lâencontre de lâintĂ©rĂȘt de la France et des Français.
Et puis lâimmigration choisie de Monsieur Sarkozy, câest la proposition la plus indigne qui existe. Elle consiste Ă aller chercher les Ă©lites dans les pays qui en ont besoin. Donc Ă les condamner Ă la pauvretĂ© Ă perpĂ©tuitĂ©. Pour les utiliser ici en les payant moitiĂ© prixâ! ça nâa pas de sens.
Luc Chatel, le ministre de lâĂ©ducation, a dĂ©clarĂ© quâil ne fallait pas porter le voile Ă la sortie de lâĂ©cole. Ătes-vous sur la mĂȘme ligne ?
Il a parfaitement raison. Câest tout Ă fait lĂ©gitime.
Quelle distinction faites-vous entre lâislam de France du CFCM et lâislam en France que vous prĂ©conisez ?
Le problĂšme, câest quâil y a une malhonnĂȘtetĂ© de la part de Nicolas Sarkozy. Quand il a montĂ© le CFCM, il a dit je vais monter un islam de France, mais ce nâest pas vrai.
Le CFCM, câest une bagarre entre des islams de nationalitĂ©s diffĂ©rentes. Il y a lâislam marocain, algĂ©rien ou saoudien et chacun se partage telle ou telle mosquĂ©e. Ce nâest pas lâislam de Franceâ!
Or pour pallier cet Ă©chec, ils ont montĂ© la Fondation des Ćuvres de lâislam de France en nous expliquant quâil fallait former les imams. Non, mais de quoi je me mĂȘleâ! Ce nâest pas Ă nous de former les imams.
Câest Ă lâislam de sâorganiser. Je sais quâil nây a pas de structure hiĂ©rarchique. Mais nous nâavons pas Ă former les imams, les rabbins ou les curĂ©sâ! Câest dĂ©lirant. Câest une maniĂšre de mettre lâislam sous tutelle. Et câest la raison pour laquelle cette fondation a Ă©tĂ© un Ă©chec. La loi est claire en Franceâ: la RĂ©publique ne subventionne aucun culte.
Moi, je ne mĂšne pas de combat contre une religion contrairement Ă ce que disent mes adversaires. Je combats un Ă©tat dans lâĂ©tat. Je suis sur la ligne de Richelieu. Je ne combats pas lâislam parce que câest lâislam.
Je disâ: vous ĂȘtes rĂ©cents sur le territoire du fait dâune immigration massive que je conteste. Je suis pour la libertĂ© religieuse et de culte. Jâexige que toutes les religions se soumettent au cadre lĂ©gal français.
Et il nây a pas dâexception Ă avoir. Toute la loi, rien que la loi. En rĂ©alitĂ©, ceux qui pourrissent le dĂ©bat, câest la classe politique dans son ensemble. Quand je condamne les priĂšres de rue qui sont le fait de fondamentalistes, ce nâest pas le manque de moyens qui est en cause puisque les fidĂšles viennent de toute lâĂle-de-France.
On vient car lâimam est radical. Et pendant ce temps, Monsieur Boubakeur (recteur de la mosquĂ©e de Paris, ndlr) ditâ: «âHouâ! houâ! Moi ma mosquĂ©e est vide le vendredi et vous nâavez quâĂ venir chez moi.â»
Et personne nây va car il est considĂ©rĂ© comme un modĂ©rĂ©. Et les gens nâont pas envie de se mĂ©langer. La classe politique française aurait dĂ» faire la diffĂ©rence entre les musulmans et les fondamentalistes qui cherchent le bras de fer avec les lois de la RĂ©publique.
En amalgamant tout le monde et en disant câest une attaque contre les musulmans, on est des faux amis.
Qui doit construire les mosquées ?
Les fidĂšles. On nâest pas non plus obligĂ© de faire des palais. LâAlgĂ©rie interdit les priĂšres de rue. Le ministre des Affaires religieuses a dit que sâil nây avait pas assez de mosquĂ©e, ils nâavaient quâĂ prier chez eux.
Lâexigence de prier dans les mosquĂ©es nâexiste pas. Je prĂ©fĂšre cinq bĂątiments modestes oĂč les gens se rĂ©unissent plutĂŽt que des mosquĂ©es cathĂ©drales ostensibles avec des minarets qui heurtent incontestablement nos modes de vie et nos paysages, il faut dire les choses telles quâelles sont.
Et on sâaperçoit que la multiplication des mosquĂ©es, câest pour rĂ©pondre aux diffĂ©rences de courants. Chacun veut la sienne.
Mais les quatre Ă cinq millions de musulmans en France ne peuvent pas non plus construire seuls des mosquĂ©es en quelques annĂ©es. Il a fallu des siĂšcles pour couvrir la France dâĂ©glises.
Si vous me faites avancer sur lâĂ©galitarisme entre les religions, alors lĂ , je vais vous arrĂȘter tout de suite. La France est un pays de racines chrĂ©tiennes.
Pendant 2000 ans on a construit un certain nombre de choses. Et ce sont les fidÚles qui ont payé la construction des églises et des cathédrales.
Mais il y avait la dĂźme qui Ă©tait un impĂŽt religieux !
Le problĂšme nâest pas lĂ . Vous croyez quâen trente ans, il faut obtenir une Ă©galitĂ© entre les religionsâ? Et bien non. Il existe des musulmans en raison dâune immigration trop importante.
Il faut se fondre dans les lois et la culture du pays dans lequel on arrive. VoilĂ . Et ne pas avoir des exigences hors de proportion.
Lâislam est-il compatible avec la laĂŻcitĂ© ?
Je le pense. Jâai autour de moi un certain nombre de musulmans qui nâont aucun problĂšme avec la laĂŻcitĂ©. En revanche, la RĂ©publique est incompatible avec la charia.
Mais les musulmans, ça ne date quand mĂȘme pas dâhier, vous nâallez pas nous demander Ă nous sâils sont compatiblesâ: nous Ă©tions pour lâAlgĂ©rie françaiseâ!
Le calendrier français pourrait-il intĂ©grer une fĂȘte musulmane comme lâAĂŻd el kebir ?
Non. Non, et non. Je suis contre toutes ces revendications, jours fériés spécifiques, salles de priÚres, horaires aménagés pendant le ramadan.
Si vraiment on est heurtĂ© par les lois françaises dans lâexercice de sa religion, il y a des dizaines de pays dans le monde oĂč lâon peut vivre la religion musulmane plus ou moins sĂ©vĂšrement, on a le choix.
Moi je ne veux pas que la France change sous le fait dâune immigration qui a 30 ans. Mais câest quoi 30 ans dans lâHistoire de Franceâ? Câest Ă cette immigration de sâadapter Ă la France et pas Ă la France de sâadapter Ă lâimmigration.
Avez-vous lu le Coran ?
Jâai lu un certain nombre de livres. Dont certains assez sĂ©vĂšres dâailleurs. Mais je ne me prononce pas sur le contenu de la religion. Pas parce que ça ne mâintĂ©resse pas, mais parce que ce nâest pas mon rĂŽle.
Craignez-vous que les révoltes du monde arabe se propagent dans les banlieues ?
Pourquoi dans les banlieuesâ? Croyez-vous que les plus pauvres soient dans les banlieuesâ? Ils sont en CorrĂšze, dans le Cantal... Câest lĂ oĂč il y a le plus de pauvretĂ© en France.
Et sâil y a des manifestations de solidaritĂ© avec les rĂ©volutions arabes ?
Je suis contre toute manifestation étrangÚre sur le sol français.
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Mais ce sont des FrançaisâŠ
Je suis contre toute manifestation avec des drapeaux Ă©trangers comme on lâa vu avec des drapeaux algĂ©riens. Le minimum de respect quand on est dans un pays, câest de ne pas brandir de drapeaux Ă©trangers. Ăa me choque, ça choque des Français, ça choquerait dâautres peuplesâŠ
Connaissez-vous le mot hogra ?
Non.
Câest presque intraduisible. ça signifie le mĂ©pris et lâatteinte Ă la dignitĂ©. Câest un peu ce qui a provoquĂ© des immolations et les rĂ©voltes en Tunisie. Câest aussi ce quâon peut ressentir en banlieue quand on se sent stigmatisĂ©âŠ
Excusez-moi, mais tous les Français ont ce sentiment-lĂ â! Tous les Français sont scandalisĂ©s.
JâĂ©coutais un type de Marseille Ă la radio ce matin qui disaitâ: je me saigne, je bosse 300 heures. Je gagne 2â000 euros par mois, je paye 1â000 euros pour ma maison et on me demande des impĂŽts pour payer les voyages en avion de Fillon, pour payer les cigares dâun autre⊠ça scandalise tout le mondeâ! Pourquoi seraient-ils plus outrĂ©s que les autres en banlieueâ?
Parce quâen banlieue, quand on sâappelle Miloud, on ne trouve pas de travailâŠ
Mais quand on a 45 ans, on trouve moins de travail que quand on sâappelle Miloud. Il y a plus de discriminations en raison de lâĂąge quâen raison de ses origines.
Mais il y a bien une discrimination en raison des origines !
Non, en raison des quartiers.
AussiâŠ
Ce sont des quartiers dâinsĂ©curitĂ©, car on a menti Ă ces jeunes. On leur a ditâ: «âY a pas de problĂšmes, tu peux parler âzyvaâ, mets ta casquette Ă lâenvers, tu vas trouver du boulot.â»
Quand ils disent (elle prend lâaccent banlieue et mime un rappeur)â: «âVas-y eh toi heu, tâes qui, tâes le patron ou quoiâ?â» Câest sĂ»r quâils ne trouvent pas de boulot. Et câest sĂ»r que le chef dâentreprise a un rĂ©flexe de prudence avant dâembaucher quelquâun des quartiers.
Vous proposez quoi alors ?
Je propose de rĂ©tablir lâordre et de sâattaquer avec la plus grande brutalitĂ© aux 5â000 types qui tiennent le trafic de drogue. Il faut Ă©radiquer ces filiĂšres, mettre les voyous en prison, redresser lâĂ©coleâŠ
Et pour ça, arrĂȘter lâimmigration. Quand il y a 16 nationalitĂ©s dans une Ă©cole, on nây arrive pas. Il nây a aucune haine et aucun racisme dans mon discours.
Le communautarisme est un cancer de notre sociĂ©tĂ©. La France a grandi car elle est une et indivisible. Il nây a pas de communautĂ©. Il y a des individus.
Serez-vous le sujet de campagne, à la prochaine présidentielle ?
Il est incontestable que le FN fixe lâagenda politique. Parce que nous osons aborder les vrais problĂšmes que la classe politique, par lĂąchetĂ©, ne veut pas aborder. Donc ils courent aprĂšs le FN, souvent mal dâailleurs.
On lâa vu dans le dĂ©bat sur lâidentitĂ© nationale. On a dit quâil y avait eu des dĂ©rapages. Mais pas de notre part. De la leur. Ils ressemblent aux gamins qui copient sur le voisin en contrĂŽle de maths. Ils mettent le rĂ©sultat sans savoir comment y arriverâ!
Car ils nâont pas de vision. Nous, nous avons une vision qui a la possibilitĂ© dâapporter plus la paix que le conflit contrairement Ă ce quâon dit. Le conflit viendra de lâabandon des populations et de lâabsence de rĂšgles.
Quand des populations immigrées violent les lois de la République française, ce ne sont pas elles les responsables. Ce sont les dirigeants politiques qui ne rappellent pas les rÚgles. On ne peut pas violer des lois qui ne sont pas rappelées.
Passez-vous vos vacances à la Mamounia comme toute la classe politique française ?
Non, je suis allĂ©e passer des vacances Ă Marrakech il y a trois ans. Pas Ă la Mamounia, mais dans un club tout simple. Ăa a dâailleurs beaucoup fait rire les employĂ©s marocains qui sâoccupaient des enfants et me disaientâ: «âCâest pas possible, que faites-vous ici, vous nâĂȘtes pas Ă la Mamouniaâ?â»
Jâai discutĂ© avec des serveurs. Et on apprend plus ainsi quâen discutant avec le patron de la Mamounia. Dans ce petit club, jâai passĂ© un sĂ©jour extrĂȘmement agrĂ©able. Les Marocains sont des gens absolument charmants. Et jây retournerai avec grand plaisir en payant et mon billet et mon sĂ©jour.
Vous allez faire une tournĂ©e en Afrique Ă lâautomne, passerez-vous par le Maroc ?
Jâaimerais bien. Car le Maroc est un pays ami de la France. Mon pĂšre a Ă©tĂ© reçu par Hassan II qui avait tenu des propos assez durs sur lâimmigration dâailleursâ: ils sâĂ©taient retrouvĂ©s sur ce sujetâ!
Il nâest jamais heureux pour un dirigeant de sâapercevoir que son peuple cherche Ă fuir le pays.
Qui voulez-vous rencontrer si vous venez au Maroc ? Des personnalités politiques ? Le roi ?
Je ne sais pas si ce sera possible, mais bien entendu. Beaucoup de dirigeants seraient étonnés de voir notre vraie position. Car on a souvent une vision caricaturale du FN.
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Vous ĂȘtes plutĂŽt Gad ou Jamel ?
âŠ
Quel est votre point de vue sur le statut avancĂ© entre le Maroc et lâUE.
Je suis contre puisque je suis contre lâUE. Je suis pour des conventions bipartites.
Mais tant quâil existe, est-il normal quâil y ait des rapports privilĂ©giĂ©s avec certains pays ?
Bien sĂ»r. Si ces rapports ne consistent pas Ă dĂ©localiser pour aller chercher de la main-dâĆuvre Ă bas coĂ»t. Mon rĂŽle, câest de dĂ©fendre lâemploi français. DerriĂšre tout ça, il y a une recherche effrĂ©nĂ©e du profit par certaines entreprises.
LâĂ©tat français a fait fermer lâusine qui fabriquait des chaussures pour lâarmĂ©e française dans le but de les faire fabriquer en Tunisie. Ăa me hĂ©risseâ! Je nâai rien contre la Tunisie, mais mon but câest de protĂ©ger mon peuple dâabord.
Comment vous situez-vous par rapport aux autres droites nationales européennes ?
Il y a des prĂ©occupations que nous partageons concernant la mondialisation ou lâUE. Mais il y a aussi des divergences. Par exemple Monsieur Wilders aux Pays-Bas est Ă la tĂȘte dâun mouvement qui se positionne contre lâislam.
Ils disentâ: «âLâislam est incompatible avec nous.â» Nous ne sommes pas sur cette ligne-lĂ .
Il va trop loin selon vous ?
Il a le droit. Nous ne sommes pas dans un dĂ©lit de blasphĂšmeâ; il nây en a plus en France. Mais nous nâavons pas de position aussi catĂ©gorique, globalisante.
Nous ne sommes pas dans une lutte contre une religion Nous ne voulons pas que des gens cherchent à imposer leurs lois au détriment des lois de la République.
Y aura-t-il, si vous ĂȘtes Ă©lue, des ministres noirs ou arabes dans votre gouvernement ?
Non, il y aura des ministres compĂ©tents. Sâils sont arabes ou noirs tant mieux pour eux. Mais je suis contre toutes ces lois perverses. On dit «âRama Yade, elle est lĂ parce quâelle est noireâ».
Mais je suis aussi contre la loi sur la paritĂ© hommes-femmes. Elisabeth Guigou ou Simone Veil nâen ont pas eu besoin pour Ă©merger.
A propos de femmes politiques, on a oubliĂ© de parler de MamâŠ
Quâest-ce quâil y a de plus Ă en direâ? Si, jâai Ă©tĂ© déçue car elle mâapparaissait comme la plus sĂ©rieuse de tous. Alors, si elle est comme ça, oĂč en sont les autresâ? Ce nâest pas rassurant.
Propos recueillis par Sonia Terrab, Yannick Demoustier et Eric Le Braz
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