EditoNouvelle GénérationDossierEconomiePolitiqueSociétéTendances & CulturePortraitBdVDiaporamaArchives
 
Follow actuel_maroc on Twitter
Follow actuel_maroc on Twitter
Vive le Maroc libre 
Actuel n°85, samedi 12 mars 2011
| More

C’est une véritable révolution ! Le roi Mohammed VI a pris le taureau par les cornes pour répondre aux revendications du printemps marocain. Dans son discours de mercredi, et sans faire de référence directe au Mouvement du 20 février, le roi a démontré que le message était bien passé.


***

Il a surpris tout le monde. Avec un discours qui restera sans doute dans l’histoire, le roi a adopté une démarche pragmatique pour calmer les impatiences sociales qui secouent le Maroc après avoir bouleversé la Tunisie et l’Égypte.

« C’est un discours audacieux, exprimant une volonté réelle de changement et qui va dans le droit fil des demandes de la jeunesse, des défenseurs des droits de l’homme et d’une grande partie de la classe politique », explique Cherkaoui Semmouni, le président du Centre marocain des droits de l’homme.

Une feuille de route en sept points, dont la reconnaissance constitutionnelle de « l’identité amazighe » des Marocains, et le « renforcement du statut du Premier ministre » (Lire pages 17 à 20).

Sans oublier la consolidation de l’état de droit, l’élargissement du champ des libertés individuelles et collectives ainsi que le renforcement du système des droits de l’homme et enfin « la volonté d’ériger la justice en pouvoir indépendant ».

Dès la fin du discours royal, la classe politique ne cachait pas sa satisfaction de voir le roi répondre aux attentes et revendications portant sur des réformes politiques profondes.

Pour Lahcen Daoudi, l’économiste en chef des islamistes du PJD, le dossier des revendications, dont la réforme de la Constitution, est clos. « Le roi a devancé autant la classe politique que les jeunes du 20 février avec un discours de rupture qui va plus loin que les attentes de la rue. Maintenant, tout le monde doit retrousser ses manches et je ne pense pas qu’il soit encore utile de descendre dans la rue. »

Même sentiment pour Mohand Laenser qui voit se concrétiser une des principales revendications identitaires des Berbères qui constituent la majorité de la population du Maroc.

Pour le secrétaire général du Mouvement Populaire, « c’est un discours qui va au-delà de nos attentes. La reconnaissance constitutionnelle d’une identité plurielle de la société marocaine a toujours fait partie de l’agenda de notre parti. Quant au partage des pouvoirs, et notamment l’octroi au Parlement de véritables prérogatives politiques pour qu’il puisse jouer pleinement son rôle de contrôle de l’exécutif, il s’agit là de l’unique alternative conduisant à une véritable démocratie représentative ».

La fin de l’article 19 ?

Selon le chef de l’État, cette réforme de la Constitution permettrait également de confier à un Premier ministre issu des urnes des pouvoirs plus étendus et notamment l’autorité effective sur le quotidien de tous les départements ministériels sans exception.

Une référence à peine voilée à l’institution des ministères de souveraineté, une chasse gardée du Palais. Imposée par Hassan II, qui se réservait le droit de choisir et de démettre comme bon lui semblait les hôtes de ces départements clés que sont le ministère de la Justice, des Affaires étrangères et de l’Intérieur.

Mais la proposition de s’en tenir au choix d’un Premier ministre consacré par les urnes pourrait même mettre fin au recours à l’article 19 de la Constitution qui donne toute latitude au souverain de choisir ou de révoquer le chef du gouvernement.

Le Premier ministre sera ainsi choisi, selon la prochaine Constitution, au sein du « parti politique arrivé en tête des élections de la Première Chambre du Parlement marocain » et non plus nommé par le souverain, précise l’allocution royale.

« En tant que chef d’un pouvoir exécutif effectif », ce Premier ministre sera « pleinement responsable du gouvernement, de l’administration publique et de la mise en œuvre du programme gouvernemental », a continué le roi. Conséquence directe, cette démarche devrait introduire plus de transparence et de solennité dans la gestion des affaires publiques, amenant l’exécutif à les gérer avec plus de rigueur.

« Le renforcement de l’exécutif avec un Premier ministre désormais véritable patron du gouvernement nous rapprochera encore plus de l’exercice du pouvoir dans des démocraties séculaires telles que la France ou encore l’Espagne », commente le constitutionnaliste Semmouni Cherkaoui.

Dossier du Sahara oblige, le roi a en outre « décidé d’inscrire », dans le cadre d’une « réforme constitutionnelle globale », le processus de régionalisation dans le Royaume, avec un intérêt prioritaire pour les provinces du Sahara marocain.

« Nous ne voulons pas de régionalisation à deux vitesses : des régions privilégiées dotées de ressources amplement suffisantes pour leur essor, et des régions démunies sans atouts pour réaliser leur propre développement », a précisé le chef de l’État, qui a souhaité que la régionalisation soit accompagnée d’un vrai renforcement de la péréquation entre collectivités, en particulier au niveau des communes les plus pauvres, pour ne pas défavoriser les départements ruraux, à forte proportion de personnes en difficulté sociale.

On ne peut s’empêcher de voir dans le choix d’une régionalisation équilibrée politiquement et financièrement une référence à ce « Maroc inutile » d’où sont partis les jacqueries les plus violentes des cinq dernières années, Al Hoceima, Sidi Ifni, Laâyoune, Tinghir, Sefrou, pour ne citer que ces exemples.

Pour coller encore plus à l’actualité, le chef de l’état, qui a puisé dans le rapport remis récemment par le président de la Commission de la Régionalisation, prévoit l’élection des conseils régionaux au suffrage universel direct, pour une véritable « gestion démocratique des affaires de la région ».

Quant aux puissants gouverneurs et autres walis, ils devront s’incliner devant les pouvoirs étendus qui seront attribués à des présidents de conseils régionaux issus des urnes.

 

Trois mois d’attente

Le super constitutionnaliste Abdellatif Mennouni qui devra plancher à la tête d’une commission ad hoc sur la révision d’une constitution, retouchée pour la dernière fois en 1996, a tout juste trois mois pour rendre sa copie.

Trop court, se défendent les intéressés. Mais en plaçant la barre très haut, le Palais veut prouver sa volonté sincère d’entamer des réformes politiques dans les plus brefs délais.

La balle est maintenant dans le camp des facebookers et autres défenseurs des droits de l’homme. Mohammed VI a réussi la tâche prométhéenne de réconcilier la monarchie avec la rue : la révolution a commencé avec l’IER, elle est maintenant bouclée avec le discours du 9 mars.

Le roi s’est délesté d’une grande partie de ses pouvoirs au profit du Parlement, du gouvernement, des juges et les conseils régionaux ; c’est à la jeunesse de s’organiser pour prendre le pouvoir et cela passe d’abord par un intérêt réel pour la chose politique et un passage obligé par les urnes.

Le chemin est encore long

Gajmoula Abbi, membre du bureau politique du PPS, pense que « l’indépendance de la Justice devrait faire du Royaume un véritable État de droit. Pour nous autres Sahraouis, cela veut dire que nous serons traités à égalité avec les autres citoyens du pays ».

Cette ancienne membre du Front Polisario, bien connue pour son franc-parler et députée au Parlement, met un bémol quant à la concrétisation de ce projet de nouvelle constitution qui sera soumis au référendum populaire.

Ses craintes ? Que ce changement ne favorise l’usurpation du pouvoir par les caciques du Makhzen qui eux, ne sont pas sur la même longueur d’onde que le souverain. Une classe politique vénale et rompue aux abus de pouvoir, un monde économique affairiste, hautement corruptible, joueront-ils le jeu ? Rien n’est moins sûr.

Pour les jeunes qui se sont invités sur la scène politique en demandant des comptes aux pouvoirs, le risque est grand de voir leur bataille des idées transformée en querelles de strapontins par une classe politique opportuniste par excellence.

Il est clair cependant que lorsque les jeunes prendront en main les destinées du pays, il leur faudra s’attaquer avec courage et lucidité aux problèmes bien réels que connaît le Maroc profond.

Pour l’instauration d’une véritable démocratie, un partage des pouvoirs équitable, le passage vers une monarchie parlementaire, le chemin est encore long.

En reprenant l’initiative de façon spectaculaire, le roi coupe l’herbe sous les pieds de quelques parangons de vertu, autoproclamés au lendemain du 20 février, dont les combats de la 25e heure n’ont désormais plus d’objet.

Abdellatif El Azizi

| More
Archives Dossier
N°173 : Train de vie de l’Etat : Ces agences inutiles et budgĂ©tivores
N°172 : Hopital public : Grand corps malade en quete de soins 
N°171 : Les rendez-vous manquĂ©s de la dĂ©mocratie 
N°170 : Royal Air Maroc : Champion du monde du redressement  
actuel N°169 : Fiscalité  du  tabac : Une rĂ©forme incomplète  
N°168 : Cannabis :  Une lĂ©galisation qui rapporterait 20 milliards...
N°167 : Chabat est-il fou 
N°166 : Les naufragĂ©s de Comarit 
N°164/165 : Justice et libertĂ© : DĂ©tention prĂ©ventive  
N°163 : Loi de Finances 2013 : Le  budget de  tous  les dangers  
N°162 : Sortir de l’hypocrisie 
N°161 : Abdelkrim : Genèse d’une interview historique 
N°160 : Ecoles privĂ©es : El Ouafa s'en va-t-en guerre  
N°159 : Ex-prisonniers du Polisario : Voyage au bout de l’enfer  
N°158 : RentrĂ©e sociale :  Les syndicats pointent une concertation en trompe l'oeil
N°157 : Binationaux : J’ai deux amours...  
N°155 : Emigration : Entre rĂŞve et dĂ©sillusion 
N°154 : MRE : Ils sont rentrĂ©s, ils ont rĂ©ussi  
N°153 : 50 Marocains Ă  la conquĂŞte du monde 
N°152 : Mohammed VI : StratĂ©gie gagnante 
N°151 : Economie 2000-2012 : le grand virage 
N°150 : Ramadan : Le pĂ©ril jeĂ»ne  
N°149 : OĂą s’amuser cet Ă©tĂ© 
N°148 : Couples mixtes : Amours sans frontières  
N°147 : Pourquoi ne peut-on plus voir le nu en peinture ? 
N°146 : La dĂ©ferlante des malls 
N°145 : Quand le Maroc Ă©tait amĂ©ricain 
N°144 : L’universitĂ© se privatise 
N°143 : Cheikh Maghraoui :  Cet homme est dangereux
N°142 : Affaire Benallou :  Une nouvelle bombe Ă  retardement
N°141 : Etre Noir au Maroc 
N°140 : Faut-il abandonner le français ? 
N°139 : Entretien avec Hamid Benalfdil : DG du CRI du Grand Casablanca.
N°138 : Le sexe au temps du cĂ©libat 
N°137 : ONG: La face cachĂ©e de la sociĂ©tĂ© civile
N°136 : Le modèle turc : Mythe ou rĂ©alitĂ© ?
N°135 : Caisse marocaine des retraites : La bombe Ă  retardement
N°134 : Qui a tuĂ© Amina ? 
N°133 : Moralisation de la vie publique : Le spectre de la campagne d’assainissement plane
N°132 : DĂ©linquance :  Le Maroc a peur
N°131 : 14 femmes  pour Benkirane
N°130 : Le rĂ©veil des salafistes  Demain la charia ?
N°129 : Dilapidation des deniers publics:  Benallou et l'ONDA... pour commencer
N°128 : DSK   Le marocain
N°127 : Conservation foncière : pièges, magouilles, corruption
N°126 : Les enfants perdus  de Casablanca
N°125 : PJD  Les rois du marketing
N°124 : Le 20-FĂ©vrier s'essoufle...  mais le Maroc bouillonne
N°123 : Protectorat,   Cent ans sans solitude
N° 122 : Formation du gouvernement,  Ca coince et ca grince
N°121 : Portables, Internet, documents biomĂ©triques…  Flicage, mode d’emploi
N° 120 : Sondage exclusif :  Benkirane, Monsieur 82%
N°119 : Pourquoi le Maroc ne sera pas   islamiste
N°118 : Mohammed VI versus al-Assad,   Au nom du père
N°117 : Gouvernement :   Cabinets ministĂ©riels, de l’ombre Ă  la lumière
N°116 : Plan social :  les sacrifiĂ©s de la RAM
N°115 : Coup d’Etat :   Skhirat, L’histoire du putsch revue et corrigĂ©e
N°114 : Politique fiction  Et le gagnant est ...
N°113 : Le dernier combat de   Mohamed Leftah
N°112 : Portrait Abdelbari Zemzmi
N°111 : Harcèlement sexuel et moral  Un sport national
N°110 : Bilan  Le code de la dĂ©route
N° 109 : L’ONDA  Grosses tensions et petites combines
N°108 : Placements Comment sauvegarder son patrimoine  
N°107 : ImpĂ´t sur la fortune El Fassi lance un pavĂ© dans la mare  
N° 106 : Interview 
N° 104/105 : Presse Ă©trangère/Maroc Le grand malentendu  
N°103 : Le temps de l’amazigh  
actuel 102 : RĂ©fĂ©rendum Ecrasante victoire du Oui  
actuel 101 : FatĂ©ma Oufkir : Le roi et moi 
N°100 : 100 indignations et 100 solutions pour le Maroc 
N°99 : Projet constitutionnel Le roi et nous  
N° 98 : PĂ©dophilie  : Tolerance zero 
N° 97 : Gad, Jamel & co Pourquoi les Marocains font rire le monde
N° 96 : L’horreur carcĂ©rale 
N° 95 : Enseignement privĂ© : Le piège  
Actuel n°94 : Moi, Adil, 25 ans, marchand de chaussures et terroriste  
N°93 : Ces cliniques qui nous ruinent 
Actuel n°92 : Attentat : Le jeudi noir de la ville ocre  
Actuel n°92 : RĂ©volutions et attentats Sale temps pour Zenagui 
Actuel n°92 : Mais que veulent les jeunes ? 
Actuel n°92 : Il n’y pas que le 20-FĂ©vrier…  
Actuel n°92 : Qui cherche Ă  dĂ©stabiliser le pays ?  
Actuel n°92 : Â«â€‰Nos attentes sont plus grandes que le 20-FĂ©vrier »  
Actuel n°92 : Trois jeunesses 
Actuel n°91 : Le grand nettoyage 
Actuel n°90 : Le retour des adlistes 
Actuel n°89 : Ruby : sexe, mensonges et vidĂ©o 
Actuel n°88 : ImpĂ´ts : Halte Ă  la fraude 
Actuel n°87 : Hassan II TV c’est fini 
Actuel n°86 : Marine Le Pen : L’islam, les Arabes et moi 
Actuel n°85 : Vive le Maroc libre 
Actuel n°84 : Rumeurs, intox : Ă  qui profite le crime ? 
Actuel n°83 : ET MAINTENANT ? Une marche pour la dĂ©mocratie
Actuel n°81 : Sale temps pour les tyrans 
Actuel N°72 : Aquablanca : La faillite d’un système  
Actuel n°69-70 : Benguerir sur les traces de Settat 
Actuel n°68 : Art, sexe et religion : le spectre de la censure 
Actuel n°67 : Dans les entrailles de Derb Ghallef 
Actuel n°66 : Ces FQIHS pour VIP 
Actuel n°65 : RNI, le grand politic show 
Actuel n°64 : Bourse de Casablanca, des raisons d’espĂ©rer 
Actuel n°63 : Ex-ministres :  y a-t-il une vie après le pouvoir ?
Actuel n°62 : Le code de la route expliquĂ© par Ghellab
Actuel n°61 : La vie sexuelle des Saoudiennes… racontĂ©e par une Marocaine
Actuel n°60 : Chikhates, shit et chicha 
N°59 : Eric Gerets, la fin du suspense ?
N°58 : Onze ans, onze projets 
N°57 : Raid sur le kif 
N°56 : Sea, Sun & Ramadan 
N°55 : Casablanca, mais qui est responsable de cette pagaille ?
N°54 : Ces ex-gauchistes qui nous gouvernent 
N°53 : Au cĹ“ur de la prostitution marocaine en Espagne 
N°52 : DiplĂ´mĂ©s chĂ´meurs : le gouvernement pris au piège
N°51 : 2M : Succès public, fiasco critique
N°50 : L’amĂ©rique et nous 
N°49 : Crise, le Maroc en danger ?
N°48 : Les 30 Rbatis qui comptent 
N°47 : Pourquoi El Fassi doit partir 
N°46 : Chirurgie esthĂ©tique :  plus belle, tu meurs
N°45 : McKinsey dans la ligne de mire  
N°44 : Trafic sur les biens des Ă©trangers 
N°43 : Avec les Ă©vadĂ©s de Tindouf 
N°42 : GCM / Tamesna : Un scandale en bĂ©ton !
N°41 : ONA - SNI: Ils ont osĂ©
N°40 : Enseignement: Missions Ă  tout prix
N°39 : Le Maroc, terre d'accueil des espions 
N°38 : Bleu Blanc Beurk 
N°37 : Boutchichis Les francs-maçons du Maroc
N°36 : Hamid Chabat rĂ©veille les vieux dĂ©mons
N°35 : Vies brisĂ©es 
N°34 : Maires Ceux qui bossent et ceux qui bullent
N°33 : Botola Combien gagnent nos joueurs
N°32 : Sexe, alcool, haschich, jeux… Les 7 vices des Marocains
N°31 : Tanger Le dossier noir des inondations
 
 
actuel 2010 Réalisation - xclic
A propos Nous contacter