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Onze ans, onze projets 
actuel n°58, samedi 31 juillet 2010
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Onze ans après son accession au trône, Mohammed VI a su marquer de son empreinte l’économie, la société, la politique et la culture du pays.


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Parler du roi est un exercice ardu. Entre la flagornerie des médias officiels et la mauvaise foi d’une partie de la presse étrangère, il va pourtant bien falloir trouver le juste milieu. D’emblée, qui peut encore douter que nous vivons un nouvel âge des rapports entre la monarchie et la société ? Après l’ère du management à la trique, voici venue celle de l’intérêt général. Avant, on se contentait de certaines formes de régulation en négociant avec des élites politiques le plus souvent déconnectées de la réalité du terrain. Aujourd’hui, à l’échelon national, la participation de la société civile à la décision politique – avec l’objectif avoué de la modernisation économique et culturelle du Maroc – représente désormais une voie contractuelle qui ferait presque oublier les effets de manche d’une classe politique en partie discréditée.

Conscience nationale

Les partis renvoient souvent à une vision de la politique sentant le renfermé, en décalage profond avec l’état d’esprit des citoyens, alors que la démarche du souverain est porteuse de solutions alternatives qui rappellent la social-démocratie de combat. La monarchie n’est ni de droite ni de gauche mais toute bonne volonté suscite désormais la caution du monarque. En veut-on des exemples ? Des ex-gauchistes au pouvoir, pilotés par un parti de droite, des marxistes-léninistes propulsés patrons d’office où encore des Polisariens transformés en ardents défenseurs de la diplomatie du Royaume.

C’est en ce sens que la bataille pour la défense des droits de l’Homme n’est pas un vain mot. Ces droits représentent une exigence nouvelle de la conscience nationale même si les recommandations de l’IER tardent à se concrétiser dans la cohérence souhaitée. Face à un fort besoin de justice économique et sociale, l’idée d’une Initiative nationale de développement humain est une réponse intéressante, n’était-ce les ratés d’un management confié au ministère de l’Intérieur. Mais ce parler-vrai ne s’arrêtera pas là puisque, d’un autre côté, l’alliance traditionnelle entre le volontarisme économique du Palais et le monde des affaires, qui faisait jaser les uns et saliver les autres, laisse place progressivement à un autre type de contrat où les entreprises royales s’acquittent de leurs impôts et affichent désormais une normalité de bon aloi. Pour cimenter le pays, Mohammed VI a poussé le luxe jusqu’à porter le bitume aux douars les plus reculés. Le slogan « De Tanger à Lagouira » prend tout son sens avec une autoroute qui traverse le Royaume du nord au sud. Enfin, on peut se contenter d’être charismatique. Mohammed VI a choisi de conjuguer leadership politique, séduction et adhésion populaire. Résultat, la population le lui rend bien.

Abdellatif El Azizi


Economie : des chantiers en bonne voie

Tanger Med, la locomotive du Nord

Plus de 35 milliards de dirhams d’investissements, sans compter les 20 milliards de dirhams déboursés par l’État pour connecter le port à l’arrière-pays, via des routes et des autoroutes. Même les plus récalcitrants reconnaissent que le complexe portuaire Tanger Med est, incontestablement, « le chantier du règne » qui devrait propulser la région Nord, longtemps à la traîne, dans une dynamique de développement.

Toutes les pièces du puzzle devraient être en place vers 2015-2016 : Tanger Med I et II, infrastructures routières et ferroviaires, équipement des différents terminaux. Grâce au partenariat public-privé, les différents projets du complexe portuaire avancent de manière concomitante pour maximiser les chances de tenir les délais. Avec une capacité à terme de 8 millions de conteneurs, Tanger Med ambitionne de contrôler 25 % du trafic de conteneurs en Méditerranée et de devenir le port leader de la région, à cheval entre la Méditerranée et l’Atlantique. Sa situation géographique exceptionnelle lui confère d’ailleurs toutes les chances : au cœur du détroit de Gibraltar, avec accès direct aux principales lignes maritimes est-ouest, et nord-sud reliant l’Afrique à l’Amérique du Sud.

Ă€ mi-parcours, le bilan est satisfaisant en dĂ©pit de quelques incertitudes. Une de ses composantes clĂ©s, Tanger Free Zone (TFZ), vient d’être classĂ©e dans le top ten des zones franches mondiales par le Foreign direct investment magazine. Parmi les 475 entreprises qu’elle abrite, Renault se dĂ©marque par la taille de son projet : une capacitĂ© de production de 400 000 vĂ©hicules par an, un investissement de 600 millions d’euros, la crĂ©ation de 6 000 emplois directs et 30 000 indirects. Une première tranche portant sur une capacitĂ© de 200 000 voitures devait ĂŞtre opĂ©rationnelle en 2010. Mais frappĂ© de plein fouet par la crise financière internationale, le constructeur français a dĂ» revoir son calendrier.  Aujourd’hui, il s’engage sur 2012. Croisons les doigts. M. K.

ONA/SNI : une fusion pour libĂ©rer les Ă©nergies

La surprise aura été (presque) totale. L’annonce de la fusion des holdings SNI et ONA, le jeudi 25 mars 2010, n’a pas seulement bousculé le paysage économique, financier et industriel du Maroc. Au-delà du détail d’une opération majeure – qui a vu programmer le retrait et la radiation de la cote de deux valeurs emblématiques de la Bourse de Casablanca, puis la fusion des deux holdings, avant d’engager la rationalisation du périmètre du groupe avec la cession sur le marché boursier du contrôle des plus belles des entités autonomisées (Centrale Laitière, Bimo, Sotherma, Cosumar, Lesieur…) –, la réorganisation en cours est, d’abord, un signal fort à l’attention des opérateurs économiques, nationaux et internationaux. Certains d’entre eux ont pu, par le passé, s’interroger sur l’opportunité d’approcher, ou non, par quelque forme que ce soit, des entreprises appartenant au roi, et gérées par ses plus proches collaborateurs. D’autres ont pu rester admiratifs devant l’émergence, à marche et capitaux forcés, de nouveaux opérateurs industriels – à l’instar de Wana – qui n’auraient sans doute jamais vu le jour sans l’appui du Palais.

Reste que dans une Ă©conomie de marchĂ© ouverte sur le monde, oĂą les flux de capitaux et les intentions d’investissements Ă©trangers ne demandent qu’à accompagner notre dĂ©veloppement, le Palais ne pouvait plus ignorer qu’il lui fallait passer du stade d’opĂ©rateur Ă  celui de simple investisseur. Le marchĂ© est aujourd’hui suffisamment mĂ»r pour que la dĂ©marche apparaisse comme singulièrement cohĂ©rente. La fusion de l’ONA et de la SNI et les opĂ©rations de cession programmĂ©es viennent Ă  point nommĂ© pour relancer une Bourse quasi atone, et dynamiser un paysage Ă©conomique et financier en quĂŞte d’un nouveau souffle. Surtout, cette opĂ©ration spectaculaire est Ă  considĂ©rer comme un double signal. Ă€ l’égard des critiques latentes exprimĂ©es au fil des ans Ă  l’encontre d’une prĂ©sence qui a pu ĂŞtre jugĂ©e encombrante. Et plus encore, Ă  la libĂ©ration des Ă©nergies.   Y. B.

Plan Maroc Vert : la rĂ©volution agricole en marche

Près de 150 milliards de dirhams d’investissement d’ici 2020 et une valeur ajoutée appelée à être multipliée par 2,5. La politique de relance de l’agriculture ou Plan Maroc Vert (PMV), initiée en avril 2008, promet une véritable révolution. Objectif : faire de l’agriculture le futur moteur de croissance de l’économie pour la prochaine décennie. Un rêve longtemps caressé par le Maroc mais qui peine à être concrétisé. C’est que l’agriculture n’est pas un secteur comme les autres. Outre la dimension économique, l’activité agricole est intimement liée à la problématique rurale au Maroc. Toute stratégie agricole ne peut donc réussir que si elle prend en considération cette dimension sociale. Une donne que le PMV intègre d’emblée. En effet, la nouvelle stratégie a pour finalité la mise en valeur de l’ensemble du potentiel agricole territorial et la rupture avec l’image réductrice d’une agriculture opposant un secteur moderne à un secteur traditionnel et vivrier. Cependant, des observateurs estiment que, entre ce qui est annoncé et la mise en œuvre sur le terrain, le décalage se creuse déjà. Ainsi, le cercle des économistes considère que ce plan a un parti pris pour le modèle de la « grande ferme » et des grands exploitants. Ce qui, selon ces économistes, risque d’aggraver le problème du foncier dans le pays et de déstabiliser dangereusement l’équilibre de l’agriculture familiale.

Mais deux ans après son lancement, le plan Maroc Vert n’a pas encore vraiment amorcĂ© son envol. La mobilisation du foncier n’a pas Ă©tĂ© au rendez-vous avec seulement 21 000 hectares mobilisĂ©s au lieu des 70 000 par an programmĂ©s. La mise en Ĺ“uvre de la nouvelle stratĂ©gie vise Ă  dĂ©poussiĂ©rer des textes lĂ©gislatifs et rĂ©glementaires qui datent dans certains cas de la pĂ©riode du protectorat. C’est dans ce chapitre qu’il faut ranger, entre autres, la crĂ©ation de l’Agence pour le dĂ©veloppement agricole qui a tenu son premier conseil d’administration le 13 avril 2009. Il faut citer Ă©galement la non nĂ©gligeable rĂ©forme du Fonds de dĂ©veloppement agricole, marquĂ©e notamment par la mise en place d’un système d’incitation spĂ©cifique aux projets d’agrĂ©gation.  K. E. H.

Infrastructure et transports : des chantiers titanesques

S’il est un secteur où le Maroc revient de très loin, c’est bien celui des infrastructures, notamment celles liées au transport. Que d’étapes ont été franchies, que de chantiers lancés.

A elles seules, les autoroutes ont marqué une véritable révolution. D’une cadence de réalisation ne dépassant pas les 50 km/an, le Maroc est passé à 150 km/ an. Et de quelques centaines de kilomètres, le réseau autoroutier national a atteint 1096 kilomètres en exploitation (Marrakech-Agadir y compris). Et 492 kilomètres, correspondant aux axes autoroutiers Fès-Oujda et Berrechid-Béni Mellal, sont en cours de réalisation. La construction de l’autoroute de contournement de Rabat doit démarrer dans le courant de cette année ; les autoroutes Tit Mellil-Berrechid et El Jadida-Safi vont être mises en chantier dans les années à venir. Idem pour les routes. Le Maroc dispose d’un réseau routier qui le place parmi les premiers pays africains, avec un linéaire total de 60000 kilomètres et un rythme de construction correspondant à plus de 1500 km/an ; sans compter la rocade méditerranéenne en cours de construction, et qui reliera Tanger à Saïdia.

Il en va de même pour le réseau ferroviaire, bien que la cadence de l’évolution soit nettement moins spectaculaire. Du moins, en attendant la concrétisation du projet de train à grande vitesse (TGV), prévu à l’horizon 2015.

Les ports ne sont pas en reste. Avec un littoral de 3 500 kilomètres et un ciel dĂ©sormais libĂ©ralisĂ©, le Maroc dispose actuellement d’un rĂ©seau de 30 ports auxquels s’ajoute le port de Tanger-MediterrannĂ©e, mais aussi de 15 aĂ©roports qui font l’objet d’un grand effort de rĂ©novation et d’extension. Reste un regret, celui que tous ces chantiers auraient pu voir le jour bien plus tĂ´t, pour le plus grand bĂ©nĂ©fice de l’économie nationale.  T. Q.


SociĂ©tĂ© : Vers plus d’équitĂ©

Promotion de la femme, le coup de pouce royal

VĂ©ritable chantier de règne, la promotion des femmes a bĂ©nĂ©ficiĂ© ces onze dernières annĂ©es d’une attention particulière. Certains chantiers sont bien avancĂ©s. C’est le cas notamment du volet lĂ©gislatif. Ayant divisĂ©, des annĂ©es durant, partis politiques comme opinion publique, la Moudawana est aujourd’hui une rĂ©alitĂ©. Et pour cela, il aura fallu un arbitrage du roi. C’est le cas Ă©galement pour des rĂ©formes comme celle de la loi sur la nationalitĂ©, qui accorde dĂ©sormais aux femmes le droit de transmettre leur marocanitĂ© Ă  leurs enfants. Promouvoir la femme, c’est Ă©galement lui accorder plus de place dans la gestion des affaires publiques et locales. Avec le système des quotas adoptĂ© dans les Ă©lections communales, elles sont 3 428 femmes, soit 12,38 % de l’ensemble des Ă©lus, Ă  pouvoir en bĂ©nĂ©ficier. Idem pour la lutte contre la violence Ă  l’égard des femmes, et la stratĂ©gie Tamkine qui lui est dĂ©diĂ©e. Et le Maroc a, finalement, ratifiĂ© la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination Ă  l’égard des femmes. Mais tout n’est pas rose. Le Code de la famille n’est pas encore bien connu ou appliquĂ©, en particulier par les juges. Aucune lĂ©gislation spĂ©cifique n’est encore adoptĂ©e sur la violence contre les femmes et les filles. Le taux d’analphabĂ©tisme des femmes et des filles, en particulier dans les zones rurales, reste Ă©levĂ©. Seulement 18 % de femmes sont scolarisĂ©es dans nos campagnes. Majoritaires dans les Ă©tudes mĂ©dicales ou pharmaceutiques, fortement prĂ©sentes dans des secteurs comme l’agriculture (4 emplois sur 10) et l’industrie (3 sur 10), les femmes n’en sont pas moins victimes de discriminations, notamment salariales. Une affaire de culture.  T. Q.

Justice : la rĂ©forme engagĂ©e… enfin !

Il aura fallu plusieurs discours du roi, dont celui du 20 aoĂ»t 2009 qui lui Ă©tait entièrement consacrĂ©, pour qu’elle soit enfin amorcĂ©e : la rĂ©forme de la justice. ClamĂ© et rĂ©clamĂ© depuis toujours par les ONG, les investisseurs, les organismes internationaux et par de simples justiciables, ce chantier n’aurait jamais pu fĂ©dĂ©rer autant de monde si le souverain n’avait pas appelĂ© Ă  maintes reprises Ă  ce qu’il soit lancé… Et s’il n’avait pas nommĂ© pour cela un homme de confiance et un fin connaisseur de notre justice, l’avocat Mohamed Naciri. Six axes majeurs sont dĂ©finis : consolidation des garanties de l’indĂ©pendance de la justice, modernisation de son cadre normatif, renforcement de ses structures et de ses ressources humaines, amĂ©lioration de l’efficience judiciaire, moralisation et optimisation de ladite rĂ©forme. Une rĂ©forme entamĂ©e par la crĂ©ation annoncĂ©e de plus de 1 000 postes Ă  fin 2010 ; et il est prĂ©vu que le nombre des magistrats soit doublĂ© d’ici 2016. Des indemnitĂ©s seront aussi accordĂ©es aux responsables judiciaires en plus d’une augmentation pour les magistrats et les fonctionnaires de la justice. Objectif, lutter contre la corruption. Pour la Banque mondiale, l’institution arrive en tĂŞte des services publics corrompus. Pourquoi doit-on y croire ? Car le budget de fonctionnement de la justice est passĂ© Ă  335 millions de dirhams contre 189 en 2007. Tout comme le budget d’investissement est passĂ© Ă  334 millions de dirhams contre 213 pour la mĂŞme annĂ©e. Une justice prĂ©visible et Ă©quitable est un long cheminement... et nous sommes sur la bonne voie.  T. Q.

IER : plus jamais ça !

En 2004, les tĂ©lĂ©spectateurs marocains dĂ©couvraient avec horreur les tortures et autres sĂ©vices subis par des milliers de citoyens Ă  travers le pays. Des auditions publiques en direct, oĂą hommes et femmes laissaient libre cours Ă  leur douleur, dĂ©crivant parfois dans le dĂ©tail les pires tortures vĂ©cues dans les geĂ´les de Hassan II entre 1956 et 1999. L’onde de choc provoquĂ©e par Mohammed VI qui a dĂ©cidĂ© d’ouvrir le dossier des annĂ©es de plomb traverse les frontières. L’évĂ©nement est saluĂ© comme une première dans un pays arabo-musulman, oĂą jamais un rĂ©gime n’était allĂ© aussi loin sur la question des droits de l’Homme. De plus, cet exorcisme collectif n’est pas la suite logique d’un coup d’État comme cela a pu ĂŞtre le cas en AmĂ©rique latine après la chute des dictateurs mais l’initiative propre du souverain lui-mĂŞme. Si beaucoup d’hĂ©ritiers ont privilĂ©giĂ© le silence et l’oubli, Mohammed VI a prĂ©fĂ©rĂ© prendre un risque Ă©norme, celui de fragiliser le passage de tĂ©moin par le dĂ©ballage en public de crimes commis au cours des annĂ©es de plomb. Il en rĂ©sultera un travail formidable menĂ© par l’Instance marocaine Ă©quitĂ© et rĂ©conciliation (IER), confiĂ©e Ă  un ex-dĂ©tenu politique, Driss Benzekri, qui dĂ©clarera lui-mĂŞme : « C’est une catharsis. Les auditions publiques jouent un rĂ´le de sensibilisation et d’éducation pour Ă©viter que les violations des droits de l’Homme ne se reproduisent. »  A. E. A.


Politique ou l’apprentissage de la tolérance

Partis : enterrer le règne de Basri

Ceux qui connaissent bien le quotidien des partis politiques toujours trempĂ©s dans des histoires de corruption, de transhumance parlementaire et d’opacitĂ© dans les comptes, auront  du mal Ă  croire qu’il existe bien une loi sur les partis politiques. PromulguĂ©e en 2006, cette loi visait Ă  redonner Ă  l’action politique partisane « considĂ©ration et crĂ©dibilité ». Elle intervenait quelques annĂ©es après le limogeage de Driss Basri, le spĂ©cialiste des tripatouillages Ă©lectoraux ; et correspondait Ă  l’esprit du discours royal du 8 octobre 2004 qui verrouillait l’action politique en insistant sur « le respect des règles de dĂ©mocratie et de transparence, tant au niveau de la crĂ©ation des partis et de leur programme qu’au niveau de leur organisation et financement ». Selon cette loi, tout parti politique doit avoir un  programme, des statuts et un règlement intĂ©rieur Ă©crits qui prĂ©voient un nombre proportionnel de femmes et de jeunes siĂ©geant dans les instances dirigeantes. La loi fixe Ă©galement les règles de financement des partis et interdit la transhumance des dĂ©putĂ©s. La classe politique, dans sa majoritĂ©, avait fait mine d’approuver le contenu de la nouvelle lĂ©gislation et l’arrivĂ©e d’un nouveau venu, le PAM. Mais la loi a eu aussi pour effet de braquer les caciques des formations partisanes qui, tout en criant au loup, continuent Ă  prospĂ©rer sur le dos du militant de base.  A. E. A.

Restructuration du champ religieux : sus au wahhabisme !

Dès son intronisation, les observateurs politiques ont noté la volonté du roi d’éviter à tout prix la guerre des rites. Pour maintenir la paix sociale, le souverain prenait le parti de respecter la pluralité en matière de religion. Implicitement, il y a donc une conception de la religion comme maintien de la paix sociale. C’est là que s’esquisse sa vision du champ religieux. Il a fallu les attentats du 16 mai pour que le commandeur des croyants se sente obligé de protéger cet islam « contre toutes les hérésies et tous les maux causés par les sectaires qui se sont placés en dehors de la Sunna et du consensus de la communauté ». La référence au wahhabisme est on ne peut plus claire. Le religieux ne doit pas être dominé par tel ou tel ordre, source de tous les intégrismes. Cette démarche intellectuelle qui semble profondément moderne a réhabilité le soufisme, ennemi juré du salafisme radical. Le bras armé de cette politique, le ministère des Habous a été l’objet d’une restructuration qui a touché autant le fonctionnement de l’institution que les caciques qui tenaient le pouvoir depuis plusieurs décennies. Résultat, les salafistes n’ont plus pignon sur rue, les prédicateurs de la haine ont mis un bémol à leur discours et la chaîne Mohammed VI pour le Coran fait un tabac auprès du petit peuple.

A.E.A.

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Culture : rattraper le temps perdu

Musique et 7e art, l’empreinte royale

Depuis quelques années, le Maroc se distingue des autres pays touristiques par une pléthore de festivals à la programmation ambitieuse… et à l’accès libre ou aisé. Des manifestations d’élites pour un public populaire, c’est la spécificité marocaine. Deux festivals emblématiques symbolisent cette politique et tous deux portent l’empreinte royale. Mawazine aussi bien que le Festival international du film de Marrakech ont eu, au fil des ans, la possibilité de conforter l’ouverture du Royaume au reste du monde...

DĂ©filĂ©s de stars internationales, shows  inoubliables et afflux massif du public ont Ă©tĂ© les vĂ©ritables rĂ©compenses de tous ces efforts, faisant de Rabat et Marrakech des plateformes culturelles de haut niveau. De haut niveau mais toujours abordables, le but Ă©tant justement de permettre aux diffĂ©rents publics de profiter gratuitement de presque tous les concerts ou dans le cas du festival du film d’assister aux projections Ă  moindre coĂ»t. La culture est l’affaire de tous, elle se partage et se cĂ©lèbre chaque annĂ©e avec brio de la capitale Ă  la ville ocre.

Kusturica ou Park Chan-wook, Santana ou Mika, le Maroc a accueilli cette annĂ©e les plus grands artistes comme les plus populaires. Mais ces festivals ont aussi les dĂ©fauts de leurs qualitĂ©s. Le feu d’artifice de vedettes et de talents qui dure quelques jours rĂ©vèle par contraste le dĂ©sert culturel qui sĂ©vit au Maroc le reste de l’annĂ©e...  B. T.

Théâtres et musĂ©es : des infrastructures indispensables

Le Maroc a longtemps été un Royaume sans musées ni théâtres dignes de ce nom. Parmi les projets et réalisations voulus par le roi, cinq édifices sont en train de changer la donne. Le Musée d’art contemporain à Rabat sera opérationnel en 2011. Avec une superficie de 6 813 m2 sur trois niveaux, il offrira enfin une rétrospective du monde de l’art marocain et en assurera la conservation pour les générations futures et ce, pour un budget de 74 millions de dirhams. Le ministère de la Culture contribuera à son financement à hauteur de 44 millions de dirhams, le montant restant étant assuré par le Fonds Hassan II pour le développement économique et social. La Bibliothèque nationale du Royaume a été inaugurée en 2008 par le roi, à deux pas du terrain du Fath et de la faculté de Lettres ; plus de 300 000 ouvrages entreposés dans un espace de 20 000 m2 signé par l’architecte Rachid Andaloussi, avec auditorium, cybermédiathèque et espace pour non-voyants.

Le projet du MusĂ©e national d’archĂ©ologie et des sciences de la terre ambitionne de faire dĂ©couvrir au public le passĂ© riche et prestigieux du Maroc Ă  travers son patrimoine naturel et culturel. Le musĂ©e occupera l’ancienne rĂ©sidence gĂ©nĂ©rale de Lyautey sur un site de près de 7 hectares au cĹ“ur de la ville, Ă  proximitĂ© de la vallĂ©e du Bouregreg et du cĂ©lèbre site de Chellah. Il sera fin prĂŞt au plus tard en 2012. Rabat se dotera par ailleurs cette mĂŞme annĂ©e d’un nouveau théâtre national.PrĂ©vu Ă©galement sur la rive du Bouregreg, il sera plus grand que le théâtre national Mohammed V, avec une architecture avant-gardiste, et pourra abriter jusqu’à 4 000 personnes. Casablanca n’est pas oubliĂ©e, puisqu’avec CasaArt, les architectes Rachid Andaloussi et Christian Portzamparc vont Ă©difier le plus grand complexe théâtral d’Afrique qui s’étendra sur 24 000 mètres carrĂ©s, place Mohammed V. Petit Ă  petit, le Royaume rattrape son retard. Mais il y a tant Ă  faire…   B. T.

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N°34 : Maires Ceux qui bossent et ceux qui bullent
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N°32 : Sexe, alcool, haschich, jeux… Les 7 vices des Marocains
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