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Casablanca, mais qui est responsable de cette pagaille ?
actuel n°55, samedi 10 juillet 2010
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Sept ans plus tard, le système de gestion unifiée du Grand Casablanca piétine toujours. La ville souffre d’absence de leadership et les Casablancais en paient le prix au quotidien.


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Casablanca, un chantier à ciel ouvert. Depuis quelques années, les travaux d’aménagement s’enchaînent à une cadence soutenue et le coeur de la métropole bat au rythme des pelleteuses et marteaux piqueurs. Mais pour les Casablancais, rien ne va car leur ville n’évolue pas comme ils l’auraient souhaité. En tout cas, pas comme le leur avaient promis les nouveaux gestionnaires de la capitale économique. Les insuffisances sont multiples et les retards s’accumulent, aggravant au passage les dysfonctionnements. Les disparités ne cessent de se creuser entre le centre et la périphérie, et parfois, au sein d’un même arrondissement. Un transport urbain performant comme la propreté de la ville continuent de faire défaut. Sans oublier l’état déplorable de la voierie endommagée à chaque saison pluviale et les innombrables nids de poule, ou encore le système archaïque de ramassage des ordures. Autant de défaillances pointées du doigt par les citoyens, et de chantiers sur lesquels se sont engagés les gestionnaires de la ville. Mais pour l’heure, le bilan reste très mitigé. « Ceux qui disent que rien ne marche à Casablanca ont tort. Rappelons-nous l’état de la métropole quinze ou vingt ans plus tôt. Nous ne renions pas les insuffisances mais on ne peut occulter les réalisations », estime Mohamed Chafik Benkirane, président du Conseil de la région de Casablanca. Et de citer, à titre d’exemple, les travaux d’aménagement de plusieurs artères de la métropole, comme le boulevard d’Anfa et l’avenue Al Massira Al Khadra, ou encore la mise niveau des avenues Al Qods et Fès dans la commune de Aïn Chock. Les détracteurs ne manquent pas de dénoncer l’importance des sommes investies pour l’aménagement de ces voies ainsi que de la corniche (entre 50 et 100 millions de dirhams), sans qu’aucun contrat d’entretien ne soit négocié.

Benkirane évoque également les progrès enregistrés au niveau de certains services publics tels que le transport collectif. « Bien que le délégataire, M’Dina Bus, n’ait pas tenu ses engagements, le parc est aujourd’hui mieux équipé et le service sensiblement amélioré », assure-t-il. Un avis loin d’être partagé par les milliers d’usagers qui subissent retards et risques en tout genre dans des bus bondés et dans un état déplorable. Pour autant, d’autres élus affichent un optimisme à toute épreuve. « Nous n’avons pas la prétention de dire que tout est réglé. Mais, il faut comparer la situation actuelle avec celle qui prévalait avant 2003, autrement dit, avant l’instauration de l’unité de la ville. Casablanca souffrait d’un déficit colossal dans le domaine des services publics, d’aménagement, d’équipement et d’investissement qui ne peuvent être résorbés d’un seul coup », relève Ahmed Brija, vice-président du maire. Pour lui, il est trop tôt pour juger de l’efficience ou non du nouveau système de gestion basé sur l’unité de la ville. Celle-ci permet d’arrêter une vision globale du développement de la ville, mais un temps d’apprentissage et d’adaptation est nécessaire avant de juger de la pertinence du système. « Il est clair que pour roder ce nouveau dispositif, il faut, avant tout, vaincre les résistances aux changements des uns et des autres », souligne Saïd Hasbane, président de l’arrondissement d’El Fida.

Attributions à préciser

Par ailleurs, des réglages s’imposent au niveau de la loi, dans la mesure où la charte communale contient des imprécisions qui sont source de télescopages ou de double emploi. Autrement dit, plusieurs missions peuvent être menées à la fois par les arrondissements et le Conseil de la ville. Aussi, les relations entre la commune urbaine et les arrondissements gagneraient-elles à être revues ou davantage précisées. Sur ce registre, des décrets d’application, censés clarifier les attributions des uns et des autres, se font toujours attendre. Saïd Hasbane prône également le renforcement des moyens financiers des arrondissements, et il n’est pas le seul. Plusieurs présidents d’arrondissements pointent du doigt le poids des procédures. « Pour tout projet, il faut se soumettre à une série de démarches liées à la double tutelle, celle des ministères de l’Intérieur et des Finances », soutient le président de l’arrondissement d’El Fida. Mais au-delà de ces dysfonctionnements, certains vont jusqu’à critiquer le mode de gestion centralisé de Mohamed Sajid, maire de Casablanca, l’accusant de faire cavalier seul pour le traitement de plusieurs projets. Contacté à maintes reprises par actuel, le maire de Casa n’a pas souhaité répondre à nos questions.

Pour Abdelouahed Souhaïl, membre du bureau politique du PPS et ancien élu communal, l’inefficience de la gestion de la ville provient avant tout de l’absence de leadership. « On s’est contenté de saucissonner la ville à l’extrême, selon une carte politique préétablie et sans prévoir de garde-fou. L’objectif étant de donner à tous les partis, y compris aux candidats sans appartenance politique, une partie du gâteau, conformément au jeu politique des années 80 », analyse Souhaïl. Selon lui, la réalisation de l’unité de la ville aurait dû être un aboutissement d’un processus réfléchi et programmé dans le temps, basé sur une gouvernance efficace et efficiente. Mais pour que ce mode de gestion fonctionne, le conseil de la ville doit s’appuyer sur une administration forte, des fonctionnaires compétents qui maîtrisent les dossiers et, surtout, assurent la pérennité dans la gestion des dossiers. Les élus passent, mais les fonctionnaires demeurent.

Dossier réalisé par Mouna Kably et Khadija El Hassani

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- Les chiffres -

1 615 km2 Superficie.

1 936,09 hab/km2 Densité.

3 728 824 habitants en 2004.

55 % des entreprises locales.

60 % de la main-d’oeuvre industrielle.

35 % de la consommation Ă©lectrique nationale.

55 % Les échanges extérieurs assurés par les ports de Casablanca et de Mohammedia.

51 % des passagers transitent par l’aéroport Mohammed V.

Patrimoine de Casablanca, la grande inconnue

Casablanca est riche, mais elle ignore l’étendue de ses biens fonciers et de son patrimoine. Et pour cause, aucun de ses anciens gestionnaires n’a jugé utile d’initier un recensement. Une lacune en passe d’être rattrapée. Des équipes détachées du ministère de l’Intérieur planchent depuis deux ans sur ce dossier pour évaluer le patrimoine et l’assiette foncière de la ville. « Nous venons de découvrir que Casablanca dispose de biens, non seulement, localement, mais aussi à travers le Maroc ainsi qu’à l’étranger ! », annonce Ahmed Brija, vice-président du maire. Il s’agit en général de dons provenant de différentes sources. Abondant dans le même sens, l’ancien élu Abdelouahed Souheil cite plusieurs exemples dont un terrain situé en face du Dawliz légué par un citoyen de confession juive à la ville. Mais, faute de diligence de cette dernière pour régulariser les papiers et modifier le titre foncier, un des héritiers a porté plainte et récupéré le terrain!

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Une pléthore d’élus analphabètes

Un maquis d’élus dont la majorité a un niveau d’instruction ne dépassant pas le certificat d’études, minimum requis par la constitution… voilà un boulet de plus que traîne la ville et qui bloque son élan. À titre d’exemple, Casablanca compte 147 élus pour 4 millions d’habitants, alors que New York en compte à peine 21 pour 20 millions d’habitants ! Avec une carte politique éclatée, il est aisé d’imaginer les difficultés à surmonter, à chaque fois, pour obtenir le consensus sur certaines questions. Plusieurs responsables de la ville réclament une réduction du nombre à la fois des élus et des arrondissements. Ces derniers pourraient être ramenés de 16 à 8 arrondissements. Autre suggestion : s’inspirer du modèle yankee où la ville est gérée comme une entreprise par un directeur général, salarié, soumis à un cahier des charges précis. Celui-ci serait comptable devant les élus, à chaque fin d’exercice, de ses réalisations et de ses échecs. Une piste qui ferait gagner à la ville, à coup sûr, du temps et de l’argent.

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Billet : Casablanca n’est pas Paris

Quelle histoire que cette unité de la ville ! Ce système qui était censé mettre fin aux dysfonctionnements de la gestion locale, le bon peuple de Casa n’en veut pas. Et on le comprend. Quand on lui parle bonne gouvernance locale, urbanisation harmonieuse, rationalisation des ressources, il répond : « On veut des sous ! » Il croit comprendre que les sous normalement alloués aux ONG locales, ceux réservés à la construction des toilettes publiques du quartier, le fric pour le dispensaire du coin et aussi (pourquoi pas) les sous que le président de la commune – qui a déboursé une fortune pour être élu – est supposé « récupérer », ont été confisqués par la mairie. Ce sentiment excessif se nourrit des imprécations incendiaires que les présidents de commune, désormais soumis à un rôle d’observateurs dépouillés du nerf de la guerre, profèrent à tout va. Résultat, le petit peuple fait le procès du maire, accusé de tirer la couverture à lui sans égard pour ces questions de proximité. Ce dernier, plongé dans un intégrisme bien municipal, néglige toutes ces crispations, étant trop occupé à contenter les exigences personnelles de ses collaborateurs les plus proches quand il n’est pas contraint de se mouiller pour de gros poissons comme la Lydec. Alors ? Faut-il revenir à l’ancien système ? Bien sûr que non ! Sauf qu’on ne gère pas une métropole aussi complexe que Casablanca avec des slogans. Avant de s’aligner sur Paris, il aurait fallu d’abord accoucher d’une véritable vision d’ensemble de la ville pour pouvoir confier Casablanca à un maire qui maîtriserait parfaitement les techniques managériales de la gestion urbaine.

Abdellatif El Azizi


Fonctionnaires fantĂ´mes

Faute de profils compétents capables de recouvrer ses créances et impôts locaux, la ville se prive d’une bonne partie de ses recettes. Certes, Casablanca bénéficie de sa quote-part des impôts reversés par l’État. Mais l’encaissement des taxes liées aux exploitations d’espaces publics, de cafés, de parcs ou à l’affichage publicitaire, traîne parfois plusieurs années. Aujourd’hui, les arrondissements disposent d’un nombre suffisant de fonctionnaires qui pourraient se rendre sur le terrain pour recouvrer les créances de la ville, mais ils n’ont ni les moyens financiers ni la personnalité juridique pour le faire. De plus, les équipes ne sont pas motivées pour s’investir dans cette mission supplémentaire ardue. « Plusieurs présidents d’arrondissements jugent inutile de travailler davantage sans rien percevoir en retour », reconnaît Saïd Hasbane. Il suggère l’instauration d’un intéressement au profit des arrondissements qui soit proportionnel aux recettes perçues. Autre facteur grevant le budget de la ville : le poids de la masse salariale. Près de 17 000 fonctionnaires sont employés par la ville de Casablanca contre 20 000 auparavant. Toutefois, la masse salariale demeure faramineuse, car, à elle seule, elle représente plus de la moitié du budget de la ville. Ce qui pèse lourdement sur la capacité d’investissement de la métropole. De plus, celle-ci continue de compter plusieurs « fonctionnaires fantômes ». « Ils sont enregistrés comme employés de la commune alors qu’ils ont d’autres emplois, dans le commerce notamment, ou résident même à l’étranger ! », fustige Hasbane. Depuis le début de son mandat à la tête de l’arrondissement d’El Fida, il en a épinglé cinq ou six. La lutte contre ce fléau nécessite, avant tout, une bonne dose de courage politique. Un pas pourrait être franchi avec la finalisation de l’organigramme de la ville et sa validation par le Conseil lors de la session du 15 juillet prochain. Si tout va bien, l’organigramme devrait être opérationnel début août.

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L’AVIS DES ÉLUS

Ahmed Brija, vice-président du conseil de la ville et président de l’arrondissement de Sidi Moumen.

L’on accuse Mohamed Sajid de tout contrôler. Mais la loi confère au maire tous les pouvoirs et la gestion de tous les budgets. Les élus doivent attendre son feu vert pour lancer leurs projets. Ainsi, chaque arrondissement détermine ses besoins, mais c’est à la mairie de lancer l’exécution des marchés. Ce qui peut provoquer pas mal de tensions. n

Abdelouahed SouhaĂŻl, ancien Ă©lu communal et membre du bureau politique PPS.

Le découpage de la ville qui répondait à des exigences sécuritaires, n’a pas été accompagné d’une vision globale et unifiée de la ville. Du jour au lendemain, chaque commune pouvait décider, en toute autonomie, de ses investissements. Certaines d’entre elles se sont retrouvées avec des excédents financiers colossaux à ne pas savoir quoi en faire. La voie ouverte aux abus. »

Saïd Hasbane, président de l’arrondissement El Fida et chef du groupe MP.

Certains présidents d’arrondissement sont au chômage car aucune connexion n’est établie avec les membres du conseil communal. Il n’y a pas de coordination et encore moins de concertation. Les décisions sont prises de manière unilatérale car les pou¬voirs sont concentrés entre les mains du maire. Paradoxalement, la ville a besoin d’un leader qui développe une vision globale.

Chafik Benkirane, architecte-urbaniste et président du conseil de la région du grand Casablanca, membre du RNI.

Ceux qui disent que Casablanca ne marche pas ont tort. Il faut se rap¬peler de la ville d’il y a vingt ou trente ans et la comparer avec celle d’aujourd’hui. Certes, Casablanca est une ville difficile à gérer, com¬plexe par sa composition et ses besoins. Mais les projets qui sont aujourd’hui lancés dans le Grand Casablanca ne peuvent être réalisés rapidement. »

Saïd Saâdi, président de la commission chargée du dossier Lydec au conseil de la ville, membre du bureau politique du PPS.

« Le recours à l’emprunt obligataire par Lydec est un constat d’échec de la concession. Le délégataire se fait financer localement alors qu’il transfère ses fonds à l’étranger, sous couvert d’assistance technique. Même à l’étranger, la gestion déléguée a montré ses limites. Paris a fini par « remunicipaliser » ces services et c’est la ville qui en assure la gestion directe. »


Ubuesque Lydec

Expérience tumultueuse du premier délégataire au Maroc. Le bras de fer entre Lydec et les élus locaux n’a jamais cessé. Mais il est aggravé par plusieurs zones d’ombres qui entachent la relation. Cas d’école de la gestion la plus ubuesque de Casablanca.

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La gestion déléguée des services de base de Casablanca est l’histoire d’un long bras de fer entre l’autorité délégante et Lydec, aggravé par le non-respect des engagements des deux parties. En fait, les rapports entre élus locaux et délégataire ont été houleux dès le lancement de la concession, marqué par quelques zones d’ombres qui ont ouvert la voie à diverses interprétations et, au fil du temps, exacerbé le manque de confiance entre les partenaires. Dès le départ, l’attribution directe à Lydec de la gestion déléguée à la fois de l’eau, de l’électricité et de l’assainissement liquide a fait couler beaucoup d’encre.

Nous sommes en 1997 et c’est Driss Basri, ancien ministre de l’Intérieur, qui prend le dossier en main. Il sera la cheville ouvrière de la convention initiale conclue entre la communauté urbaine et le gestionnaire privé, pour une durée de 30 ans. Par la suite, avec l’adoption du système de gestion basé sur l’unité de la ville, les communes urbaines de Casablanca, Mohammedia et Aïn Harrouda prendront le relais comme autorité délégante du service de distribution d’eau potable, d’électricité et d’assainissement liquide.

Bien plus tard, un avenant à la convention initiale sera conclu en 2003, qui permettra de concéder, toujours par voie d’attribution directe à Lydec, l’éclairage public, pour parer à l’inefficacité des communes. Dès l’année suivante, Lydec lève, pour le compte de l’autorité délégante, un emprunt obligataire d’un montant de 1, 050 milliard de dirhams pour financer une partie du coût de transfert du régime de retraite vers le Régime collectif d’assurance retraite (RCAR) évalué à 2,5 milliards de dirhams. Le produit de l’émission a été affecté en totalité au financement de l’opération d’externalisation de la caisse de retraite. « Mais cela a donné lieu à l’un des conseils de la ville les plus mémorables, en présence d’élus, ni préparés ni informés sur la problématique, et la séance aura duré plusieurs heures, sans que le débat n’aboutisse à une décision qui fasse l’unanimité », se rappelle Souhaïl, membre du bureau politique du PPS et ancien élu local. Au final, Lydec qui exigeait, en contrepartie de sa contribution à l’opération, une réduction de 10 % du programme d’investissement initial, finira par avoir gain de cause.

Entre 2006 et 2009, la révision de la convention pour tenter d’équilibrer les droits et obligations des deux parties fera l’objet de dures tractations entre Lydec et les conseils des villes de Casablanca, Mohammedia et Aïn Harrouda. Les rapports sont tendus et la suspicion est à son paroxysme face, notamment, au retard du programme d’investissement promis par le gestionnaire. Les négociations de la nouvelle convention devaient permettre de fixer, à la baisse, les tarifs de l’eau, de l’électricité et de l’assainissement.

Écart de recettes

« Une commission constituée d’élus du PPS, de l’USFP et du PJD, et pilotée par Saïd Saâdi avait exigé un audit des réalisations de Lydec pour évaluer le respect des engagements, avant d’entamer la révision de la convention », indique Abdelouahed Souhaïl. La commission lancera un appel d’offres pour désigner les cabinets d’études en charge de l’audit. Auditas et Fudicia remporteront le marché. « Mais les documents financiers nécessaires à l’évaluation des comptes et au bon déroulement de la mission n’ont jamais été fournis par le délégataire », assure-t-il. Toutefois, la commission estimera l’écart d’investissement à 1,5 milliard de dirhams pour la période 1997- 2006. Cet écart concerne essentiellement les investissements dans le domaine de l’assainissement qui aurait dépassé 1 milliard de dirhams ; pour un objectif initial de 2,4 milliards de dirhams, autrement dit, 60 % des investissements n’ont pas été réalisés sur la période. De son côté, Lydec invoque un écart de recettes encaissées de 2,7 milliards de dirhams par rapport aux prévisions initiales.

Inventaire

Au final, les deux parties solliciteront l’arbitrage de l’autorité de tutelle, à savoir, le ministère de l’Intérieur, pour trouver un compromis. Parmi les nouveautés de la nouvelle convention, l’éclairage public devient un service délégué. De plus, les biens de retour (qui restent propriété de l’autorité délégante à l’expiration du contrat en 2027) couvrent non seulement les ouvrages, canalisations, terrains et constructions, mais aussi, entre autres, les progiciels informatiques de base et les logiciels développés en interne par Lydec. En outre, ces biens doivent faire l’objet d’un inventaire régulier transmis au conseil de la ville. Autre innovation : les contrats d’assistance technique doivent être soumis à l’autorité délégante avant exécution. D’après la dernière note d’information visée par le CDVM, deux filiales du groupe, Elyo et SEOER ont facturé à Lydec, entre 2007 et 2009, en moyenne 6 millions de dirhams par an au titre de la location d’une villa et d’une convention d’entretien de matériel.

La nouvelle convention met aussi l’accent sur le devoir de contrĂ´le par le conseil de la ville du respect des engagements de Lydec. Mais faute de ressources humaines, ce dernier continue d’être le maillon faible du dispositif. « En rĂ©alitĂ©, nous sommes out car le contrĂ´le et le suivi ne peuvent ĂŞtre assurĂ©s que par des sorties sur le terrain. C’est avant tout le travail des Ă©lus. Mais faute de structure dĂ©diĂ©e, le contrĂ´le reste inefficace et Lydec tire son Ă©pingle du jeu en rĂ©alisant le minimum », reconnaĂ®t Mohamed Chafik Benkirane, prĂ©sident du conseil rĂ©gional du Grand Casablanca. Pour bĂ©nĂ©ficier d’une prestation de qualitĂ© auprès de Lydec, des prĂ©sidents d’arrondissements prĂ©fèrent faire jouer leurs relations personnelles, au lieu de se rĂ©fĂ©rer aux dispositions du cahier des charges. L’éclairage public, par exemple, reste largement dĂ©fectueux et met en pĂ©ril la sĂ©curitĂ© de quartiers entiers, mais le contrĂ´le reste dĂ©faillant. « La ville vient d’affecter un service dĂ©diĂ© au contrĂ´le, un comitĂ© technique et de suivi permanent, mais les Ă©lus n’ont pas encore assimilĂ© le concept de gestion dĂ©lĂ©guĂ©e », dĂ©plore Ahmed Brija, vice-prĂ©sident du conseil de la ville. Pour SaĂŻd Saâdi, prĂ©sident de la commission en charge du dossier Lydec au sein du conseil de la ville, c’est un leurre que de vouloir contrĂ´ler le dĂ©lĂ©gataire car c’est avant tout un problème de rapport de force. D’autant que Lydec est seule Ă  connaĂ®tre tous les paramètres (prix de revient, structure des coĂ»ts…). Autre innovation majeure de la nouvelle convention : l’application des frais intercalaires sur tout Ă©cart d’investissement, relevĂ© Ă  chaque fin d’exercice, qui produisent Ă  leur tour des intĂ©rĂŞts. Enfin, le taux de rentabilitĂ© interne garanti a Ă©tĂ© ramenĂ© de 14,6 % Ă  9,49 % sur les 2 annĂ©es Ă  venir.

Pour rappel, la convention initiale prévoyait la garantie d’un retour sur investissement de 14,6 % (taux de rentabilité interne) pour les travaux à réaliser par Lydec.

Pour autant, si Lydec n’a pas respecté l’échéancier d’investissement initial, la ville n’aurait pas non plus, rempli son cahier des charges. La révision du contrat est censée mieux verrouiller les responsabilités des uns et des autres mais la réalité est tout autre. Novembre 2009, Lydec décide d’augmenter les tarifs de consommation de l’eau pour les particuliers, comme le prévoit le contrat, en cas de hausse des tarifs du fournisseur, l’ONEP. Les tarifs de l’électricité et de l’assainissement, eux, restent inchangés. En revanche, les industriels subiront une hausse pour l’ensemble des services. Pourtant en 13 ans, le groupe a eu le temps de dégager des gains de productivité suffisants pour en faire bénéficier à la fois ses actionnaires et les Casablancais. Ces derniers devront encore attendre.

M. K. et K. E. H.

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Le terrain de la discorde

Lydec a besoin de quelques dizaines d’hectares pour renforcer ses réseaux et réaliser des projets de dépollution dont celui de Casa-Est. Les besoins en terrain foncier sont estimés à 85 hectares portant sur 11 lots. Le concessionnaire sollicite donc la mairie pour le rachat de ces terrains et les mettre à sa disposition. Le financement sera assuré par le Fonds de travaux appartenant à la ville et géré par Lydec. Dans les faits, les terrains continueront à appartenir à la ville puisqu’il n’y a pas de transfert de propriété. Mais la commission en charge du dossier, sera, une fois de plus, confrontée, à la réticence de Lydec à communiquer le fond de dossier ainsi que les détails du projet pour évaluer, à son tour, la superficie globale des terrains nécessaires… Rendez-vous le 15 juillet où une commission multipartite, spécialement créée pour ce projet, validera ces terrains.

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Lydec pompe les capitaux locaux

Après le premier emprunt obligataire lancé en 2004 pour financer, pour le compte de l’autorité délégante, le transfert du régime des retraites vers le RCAR, le gestionnaire vient de lancer auprès d’institutionnels locaux, du 2 au 6 juillet, un deuxième emprunt pour, cette fois-ci, réaliser son programme d’investissement. L’emprunt comporte deux tranches de 1,2 milliard de dirhams chacune, l’une cotée et l’autre non cotée. La maturité est fixée à 15 ans et le taux d’intérêt à 5,62 %. Les taux faciaux intègrent une prime de risque de 150 points de base, liée à la qualité de la signature de Lydec. Contrairement au premier emprunt qui devait permettre au conseil de la ville de rembourser les arriérés de la caisse de retraite, ces fonds seront affectés aux investissements, estimés à 2,5 milliards de dirhams, entre 2010 et 2013. Les détracteurs de Lydec l’accusent alors de recourir allègrement à la distribution de dividendes depuis 2003 (au lieu de 2008 prévu par le contrat) et aux transferts déguisés au titre de l’assistance technique assurée par les filiales du groupe Suez. Des marchés attribués en direct, sans appels d’offres. Sur 1,2 milliard de dirhams de transferts réalisés entre 1997 et 2006, 150 millions seulement ont été validés par l’Office des changes.

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Interview de Jean-Pierre Ermenault, directeur général de Lydec.

« Lydec ne peut pas autofinancer les projets d’investissements »

Le recours à l’emprunt obligataire par Lydec soulève un tollé. Le délégataire invoque son incapacité à financer les projets programmés, mais passe sous silence la distribution des dividendes et les transferts de fonds à l’étranger.

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Actuel : Quels sont les investissements réalisés à ce jour ?

Jean-Pierre Ermenault : Entre 1997 et 2009, nous avons réalisé plus de 8 milliards de dirhams d’investissements. La priorité a été donnée à la lutte contre les inondations. En termes d’infrastructures électriques, nous avons réalisé des projets comme les postes de transformation et la plateforme de surveillance et de pilotage à distance des réseaux et des installations. Ainsi, nous avons amélioré la qualité de service puisque le nombre de coupures a été divisé par 5 entre 1997 et 2007. En eau potable, Lydec a réalisé, en 2009, plus de 83 000 analyses sur 178 points de contrôle surveillés quotidiennement, soit plus que ce qui est exigé par la norme marocaine.

Pour l’éclairage public, un programme de mise à niveau permettra de réorganiser le service, de fiabiliser les installations et de maîtriser la consommation en énergie. Pour relever les défis de l’INDH, notre direction dédiée « INDH-Inmae » identifie des solutions techniques et financières afin de donner l’accès aux services d’électricité, d’eau et d’assainissement à domicile à 85 000 foyers vivant dans les quartiers d’habitat informel, que les autorités ont décidé de maintenir sur place. À ce jour, des solutions ont été trouvées et des investissements réalisés au bénéfice de 32 000 foyers.

Quel est votre programme d’investissements à moyen et long terme ?

Un volume global de 12,5 milliards de dirhams est prévu pour la période 2007-2027 dont 70 % seront consacrés au renforcement des infrastructures et aux extensions des réseaux. Plus de la moitié de l’enveloppe sera dédiée à l’assainissement et 53 % des investissements réalisés entre 2010 et 2015. Pour faire face à la demande croissante en eau potable, il faut sécuriser la distribution en augmentant l’autonomie de réserve, et renforcer la desserte en eau des zones d’extension en créant 8 nouveaux réservoirs d’une capacité additionnelle de 100 000 m3 (la capacité actuelle est de 620 000 m3). En électricité, nous allons créer 3 nouveaux postes sources (Yacoub El Mansour, Hay Mohammadi et Sbata). Concernant l’assainissement, les principaux projets sont la création de l’intercepteur de Sidi Bernoussi (pour supprimer les rejets directs entre le Port de Casablanca et Mohammédia), la réalisation de 3 stations d’épuration à Mansouria, Médiouna et Nouaceur et des ouvrages de transfert des eaux usées de Dar Bouazza à la station d’El Hank. De nouvelles zones sont ouvertes à l’urbanisation (Nouaceur, Anfa, Zénata, Sidi Moumen…). Ce qui requiert de gros effort pour adapter tous nos schémas directeurs, nos programmes d’investissements et leurs modes de financement. Cette adaptation de notre programme d’investissements se fait en fonction des priorités définies par notre autorité délégante.

Justement, comment comptez-vous financer tous ces investissements ?

Pour réaliser nos obligations au titre du contrat de gestion déléguée, nous avons lancé, du 2 au 6 juillet, une émission d’un emprunt obligataire d’un montant de 1,2 milliard de dirhams. Cet emprunt s’inscrit dans un programme de financement global de 2,5 milliards d’investissement à mettre en oeuvre sur la période de 2010 à 2013. En effet, nous devons recourir à l’emprunt car, entre 1997 et 2013, l’autofinancement de Lydec n’est pas, et ne sera pas suffisant pour financer les investissements.

Propos recueillis par Khadija El Hassani

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N°130 : Le rĂ©veil des salafistes  Demain la charia ?
N°129 : Dilapidation des deniers publics:  Benallou et l'ONDA... pour commencer
N°128 : DSK   Le marocain
N°127 : Conservation foncière : pièges, magouilles, corruption
N°126 : Les enfants perdus  de Casablanca
N°125 : PJD  Les rois du marketing
N°124 : Le 20-FĂ©vrier s'essoufle...  mais le Maroc bouillonne
N°123 : Protectorat,   Cent ans sans solitude
N° 122 : Formation du gouvernement,  Ca coince et ca grince
N°121 : Portables, Internet, documents biomĂ©triques…  Flicage, mode d’emploi
N° 120 : Sondage exclusif :  Benkirane, Monsieur 82%
N°119 : Pourquoi le Maroc ne sera pas   islamiste
N°118 : Mohammed VI versus al-Assad,   Au nom du père
N°117 : Gouvernement :   Cabinets ministĂ©riels, de l’ombre Ă  la lumière
N°116 : Plan social :  les sacrifiĂ©s de la RAM
N°115 : Coup d’Etat :   Skhirat, L’histoire du putsch revue et corrigĂ©e
N°114 : Politique fiction  Et le gagnant est ...
N°113 : Le dernier combat de   Mohamed Leftah
N°112 : Portrait Abdelbari Zemzmi
N°111 : Harcèlement sexuel et moral  Un sport national
N°110 : Bilan  Le code de la dĂ©route
N° 109 : L’ONDA  Grosses tensions et petites combines
N°108 : Placements Comment sauvegarder son patrimoine  
N°107 : ImpĂ´t sur la fortune El Fassi lance un pavĂ© dans la mare  
N° 106 : Interview 
N° 104/105 : Presse Ă©trangère/Maroc Le grand malentendu  
N°103 : Le temps de l’amazigh  
actuel 102 : RĂ©fĂ©rendum Ecrasante victoire du Oui  
actuel 101 : FatĂ©ma Oufkir : Le roi et moi 
N°100 : 100 indignations et 100 solutions pour le Maroc 
N°99 : Projet constitutionnel Le roi et nous  
N° 98 : PĂ©dophilie  : Tolerance zero 
N° 97 : Gad, Jamel & co Pourquoi les Marocains font rire le monde
N° 96 : L’horreur carcĂ©rale 
N° 95 : Enseignement privĂ© : Le piège  
Actuel n°94 : Moi, Adil, 25 ans, marchand de chaussures et terroriste  
N°93 : Ces cliniques qui nous ruinent 
Actuel n°92 : RĂ©volutions et attentats Sale temps pour Zenagui 
Actuel n°92 : Mais que veulent les jeunes ? 
Actuel n°92 : Il n’y pas que le 20-FĂ©vrier…  
Actuel n°92 : Qui cherche Ă  dĂ©stabiliser le pays ?  
Actuel n°92 : Â«â€‰Nos attentes sont plus grandes que le 20-FĂ©vrier »  
Actuel n°92 : Trois jeunesses 
Actuel n°92 : Attentat : Le jeudi noir de la ville ocre  
Actuel n°91 : Le grand nettoyage 
Actuel n°90 : Le retour des adlistes 
Actuel n°89 : Ruby : sexe, mensonges et vidĂ©o 
Actuel n°88 : ImpĂ´ts : Halte Ă  la fraude 
Actuel n°87 : Hassan II TV c’est fini 
Actuel n°86 : Marine Le Pen : L’islam, les Arabes et moi 
Actuel n°85 : Vive le Maroc libre 
Actuel n°84 : Rumeurs, intox : Ă  qui profite le crime ? 
Actuel n°83 : ET MAINTENANT ? Une marche pour la dĂ©mocratie
Actuel n°81 : Sale temps pour les tyrans 
Actuel N°72 : Aquablanca : La faillite d’un système  
Actuel n°69-70 : Benguerir sur les traces de Settat 
Actuel n°68 : Art, sexe et religion : le spectre de la censure 
Actuel n°67 : Dans les entrailles de Derb Ghallef 
Actuel n°66 : Ces FQIHS pour VIP 
Actuel n°65 : RNI, le grand politic show 
Actuel n°64 : Bourse de Casablanca, des raisons d’espĂ©rer 
Actuel n°63 : Ex-ministres :  y a-t-il une vie après le pouvoir ?
Actuel n°62 : Le code de la route expliquĂ© par Ghellab
Actuel n°61 : La vie sexuelle des Saoudiennes… racontĂ©e par une Marocaine
Actuel n°60 : Chikhates, shit et chicha 
N°59 : Eric Gerets, la fin du suspense ?
N°58 : Onze ans, onze projets 
N°57 : Raid sur le kif 
N°56 : Sea, Sun & Ramadan 
N°55 : Casablanca, mais qui est responsable de cette pagaille ?
N°54 : Ces ex-gauchistes qui nous gouvernent 
N°53 : Au cĹ“ur de la prostitution marocaine en Espagne 
N°52 : DiplĂ´mĂ©s chĂ´meurs : le gouvernement pris au piège
N°51 : 2M : Succès public, fiasco critique
N°50 : L’amĂ©rique et nous 
N°49 : Crise, le Maroc en danger ?
N°48 : Les 30 Rbatis qui comptent 
N°47 : Pourquoi El Fassi doit partir 
N°46 : Chirurgie esthĂ©tique :  plus belle, tu meurs
N°45 : McKinsey dans la ligne de mire  
N°44 : Trafic sur les biens des Ă©trangers 
N°43 : Avec les Ă©vadĂ©s de Tindouf 
N°42 : GCM / Tamesna : Un scandale en bĂ©ton !
N°41 : ONA - SNI: Ils ont osĂ©
N°40 : Enseignement: Missions Ă  tout prix
N°39 : Le Maroc, terre d'accueil des espions 
N°38 : Bleu Blanc Beurk 
N°37 : Boutchichis Les francs-maçons du Maroc
N°36 : Hamid Chabat rĂ©veille les vieux dĂ©mons
N°35 : Vies brisĂ©es 
N°34 : Maires Ceux qui bossent et ceux qui bullent
N°33 : Botola Combien gagnent nos joueurs
N°32 : Sexe, alcool, haschich, jeux… Les 7 vices des Marocains
N°31 : Tanger Le dossier noir des inondations
 
 
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