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Le Maroc, terre d'accueil des espions 
actuel n°39, samedi 20 mars 2010
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De prĂ©sumĂ©s espions aux arrĂȘts au Maroc, en passant par les rapports de services belges ou hollandais qui accusent les services marocains d’activisme, le moins que l’on puisse dire, c’est que la communautĂ© du renseignement est en Ă©bullition. Ces grands dĂ©ballages au timing bien calculĂ© rĂ©vĂšlent une guerre de l’ombre qui fait rage dans ce monde passionnant de l’espionnage.


Les journalistes, c’est connu, raffolent d’histoires d’espionnage. Les mĂ©dias ibĂ©riques s’en sont donnĂ©s Ă  cƓur joie pour commenter l’histoire scabreuse d’un faux imam marocain installĂ© en Espagne et employĂ© par les services locaux. L’imam de la mosquĂ©e Algar du village de CarthagĂšne, prĂšs de Valence, accusĂ© de harcĂšlement sexuel et de tentative de viol de ïŹllettes marocaines ĂągĂ©es de 6 Ă  11 ans, serait de surcroĂźt un agent des services espagnols.

C’est le quotidien local de Valence La Verdad qui a ouvert le bal en afïŹrmant que les bureaux du CNI (services espagnols) ont tentĂ© d’étouffer l’affaire au lendemain des plaintes dĂ©posĂ©es par des parents. Pour enfoncer le clou, le quotidien espagnol ABC a indiquĂ© que les services espagnols ont recrutĂ© l’imam (Amine B.) en 2004, juste aprĂšs les attentats du 11 mars de Madrid. « Le concernĂ© rĂ©digeait des rapports pĂ©riodiques sur ses compatriotes et sur les islamistes au proïŹt des services espagnols », ajoute le quotidien. On apprend aussi que le faux imam mais vĂ©ritable espion rĂ©sidait en Espagne depuis 18 ans, qu’il Ă©tait rentrĂ© Ă  Tanger le 3 fĂ©vrier dernier et que les agents des services espagnols opĂ©rant au Maroc suivaient tous ses mouvements, de peur qu’il ne rĂ©vĂšle ses connexions espagnoles aux Marocains. Les agents auraient ainsi convaincu l’imam de retourner en Espagne, en lui garantissant une mise en libertĂ© rapide en cas d’incarcĂ©ration


Quelques semaines auparavant, c’est en Belgique que les services de renseignements tentent de retourner la situation Ă  leur avantage en accusant leurs homologues marocains d’avoir concoctĂ© un dossier prĂ©fabriquĂ© pour faire tomber Belliraj et son rĂ©seau. Ce dernier aurait Ă©tĂ© « un tuyauteur en or » pour les services belges. Au lendemain de son arrestation en 2008, le quotidien ïŹ‚amand De Tijd afïŹrmait que Belliraj a « donnĂ© des informations cruciales » Ă  la SĂ»retĂ© de l'Etat, « ce qui a permis de dĂ©jouer un attentat dans un autre pays europĂ©en ». Au Maroc, Abdelkader Belliraj qui a Ă©tĂ© condamnĂ© Ă  la perpĂ©tuitĂ© en 2009, est accusĂ© d'avoir fomentĂ© des attentats avec d'autres suspects.

Au lendemain de son arrestation, le parquet fĂ©dĂ©ral avait qualiïŹĂ© de « sĂ©rieuse » l'enquĂȘte qui a permis aux autoritĂ©s marocaines de dĂ©manteler la cellule terroriste prĂ©sumĂ©e dirigĂ©e par le Belgo-Marocain. Ce qui n’a pas empĂȘchĂ© les services belges, apparemment dĂ©pitĂ©s qu’un de leur agent ait Ă©tĂ© « cuisinĂ© » longuement par les services marocains, de rendre public en janvier 2010 un rapport particuliĂšrement virulent sur l’affaire. Le texte de la SĂ»retĂ© de l’Etat belge (Ă©quivalent de la DGED) est explicite : « Le Maroc peut ĂȘtre citĂ© Ă  titre d’exemple aïŹn d'illustrer ce travail d’activitĂ© de renseignement par un service Ă©tranger vis-Ă -vis d’une communautĂ© en Belgique. En 2008, la SĂ»retĂ© de l’État a demandĂ© le rappel de trois ofïŹciers du renseignement, travaillant sous couverture diplomatique Ă  l’ambassade du Maroc, en raison des activitĂ©s clandestines de renseignement qu’ils menaient en Belgique. »

DĂ©ballages

MĂȘme son de cloche du cĂŽtĂ© des services hollandais, l’AIVD, dont le dernier rapport annuel attire l’attention sur « le travail des services de renseignements marocains qui visent surtout Ă  surveiller les processus de radicalisation, la prĂ©vention d’attentats au Maroc et l’afïŹliation Ă  des groupes d’opposition interdits au Maroc ». L’ AIVD rappelle que les renseignements marocains ont tentĂ© de monter un rĂ©seau d’information aux Pays-Bas. Ces services ont Ă©galement essayĂ© d’accĂ©der Ă  des banques de donnĂ©es conïŹdentielles. «Dans ce but, le service de renseignement marocain a, en 2008, recrutĂ© des fonctionnaires de police nĂ©erlandais d’origine marocaine. Sur dĂ©nonciation de l’AIVD, un certain nombre de diplomates marocains en poste aux Pays-Bas ont Ă©tĂ© rappelĂ©s au Maroc », prĂ©cise le rapport. En juillet dernier, les autoritĂ©s nĂ©erlandaises avaient dĂ©cidĂ© de poursuivre en justice Redouane Lemhaouli, ancien commissaire de police de Rotterdam. Le fonctionnaire d’origine marocaine soupçonnĂ© « d’avoir transmis des informations issues des registres de police au gouvernement marocain entre 2006 et mai 2008 » avait Ă©tĂ© dĂ©mis de ses fonctions. Dans la foulĂ©e, deux personnes en poste Ă  l'ambassade du Maroc aux Pays-Bas avaient Ă©tĂ© rappelĂ©es par Rabat aprĂšs des protestations du ministre nĂ©erlandais des Affaires Ă©trangĂšres Ă  ce sujet, qu'il avait qualiïŹĂ© « d'affaire particuliĂšrement fĂącheuse ».

Pourquoi ces dĂ©ballages Ă  rĂ©pĂ©tition et qu’est-ce qui a attisĂ© une guerre des services oĂč les us et coutumes du renseignement font que le linge sale est souvent lavĂ© en famille ? Les spĂ©cialistes de la question voient dans ce regain de tension entre les services marocains et les James Bond Ă©trangers des raisons conjoncturelles dont la discrĂ©tion du palais. « Avec l’avĂšnement du nouveau rĂšgne, les services Ă©trangers n’ont plus rien Ă  se mettre sous la dent. Sous Hassan II, chaque ofïŹcine avait ses entrĂ©es au palais, certains services allaient allĂšgrement au-delĂ  du second cercle et des gens comme Basri ou encore le gĂ©nĂ©ral Harchi, ex-patron de la DGED, avaient des relations Ă©troites avec les patrons des services d’autres pays.

Aujourd’hui, ces mĂȘmes services Ă©trangers sont dans le ïŹ‚ou total par rapport Ă  ce qui se dĂ©cide en haut lieu », analyse un journaliste espagnol bien informĂ©. De plus, les enjeux actuels sont tels que les espions ne s’occupent plus seulement de questions de dĂ©fense, de sĂ©curitĂ© ou de terrorisme mais frayent dans des domaines aussi divers que la stratĂ©gie politique, les enjeux pĂ©troliers ou Ă©conomiques... D’oĂč « cet amour inconsidĂ©rĂ© » pour le Royaume, jugĂ© par les services Ă©trangers comme un pays Ă  la croisĂ©e de centres d’intĂ©rĂȘts. Ceci peut expliquer la recrudescence de cette guerre du renseignement au Maroc devenu un terrain de manƓuvre privilĂ©giĂ© pour les services secrets de nombreux pays.

Le Mossad: Éternels cousins

La disparition de l’ex-numĂ©ro deux du Mossad, David Kimche, dĂ©cĂ©dĂ© en IsraĂ«l le 9 mars 2010, a rompu l’une des derniĂšres courroies de transmission entre le Mossad et le Maroc. Ambassadeur informel entre Rabat et Tel-Aviv depuis les annĂ©es 1960, cet espion qui entretenait des relations Ă©troites avec la communautĂ© juive marocaine, en connaĂźt un bout sur l’affaire Ben Barka qui aurait d’ailleurs Ă©tĂ© recrutĂ© par le Mossad comme l’afïŹrme ShmuĂ«l Segev, journaliste israĂ©lien, dans son ouvrage La ïŹliĂšre marocaine. Kimche est aussi dĂ©crit par Ian Black et Benny Morris, auteurs de Guerres secrĂštes d’IsraĂ«l, comme l’homme qui a facilitĂ© l’entrĂ©e du gĂ©nĂ©ral Oufkir dans les bonnes grĂąces du Mossad et lui aurait fourni une aide logistique pour organiser Ă  Paris l'enlĂšvement de Ben Barka devenu trop encombrant pour les IsraĂ©liens. Oufkir comme le gĂ©nĂ©ral Dlimi sont rentrĂ©s Ă  plusieurs reprises en IsraĂ«l, munis d’un passeport israĂ©lien dĂ©livrĂ© Ă  Paris. Mais les relations avec le Maroc n’ont pas toujours Ă©tĂ© au beau ïŹxe. En effet, une effroyable bavure va mettre ïŹ n Ă  ces relations privilĂ©giĂ©es. Le 7 janvier 1974, Ă  Lillehammer en NorvĂšge, Ahmed Bouchiki, le frĂšre du fondateur des Gipsy Kings, est tuĂ© par balles. Il avait Ă©tĂ© confondu avec Ali Hassan Salameh, le cerveau du massacre de Munich. IsraĂ«l reconnaĂźtra la bavure et versera, en 1996, des dommages et intĂ©rĂȘts Ă  la famille Bouchiki. Aujourd’hui, les homme de Dagan recrutent Ă  tour de bras des Marocaines qui hantent les cabarets de luxe libanais pour piĂ©ger des dignitaires arabes.

La DGSE : Chasse gardée !

Ce n’est pas pour rien que l’ex-patron de la direction stratĂ©gie de la DGSE, Bruno Joubert, vient d’ĂȘtre nommĂ© ambassadeur de la France au Maroc. Il connaĂźt bien l’Afrique, le Maghreb en gĂ©nĂ©ral, et le Maroc en particulier. De 1977 Ă  2001, il a travaillĂ© sur les dossiers africains Ă  la Direction gĂ©nĂ©rale de la sĂ©curitĂ© extĂ©rieure (DGSE). « Depuis une dĂ©cennie, la DGSE a profondĂ©ment rĂ©orientĂ© ses missions sur le Maroc », souligne un proche de ces milieux. Qui rappelle que vers la ïŹ n des annĂ©es 90, un bateau-espion, Le Berry, qui patrouillait en MĂ©diterranĂ©e, a Ă©tĂ© utilisĂ© par la DGSE aussi bien pour se faire une idĂ©e prĂ©cise de l’évolution de « la sale guerre » en AlgĂ©rie que pour intercepter toutes les communications en rapport avec des nĂ©gociations de gros contrats au Maroc ou en Tunisie. La DGSE possĂšde des ordinateurs Cray qui permettent de collecter et de fusionner le renseignement tout en cassant les codes de cryptographie. La dĂ©signation par Sarkozy d’un coordonnateur national du renseignement, l'ambassadeur Bernard Bajolet, ne changera rien Ă  la donne puisque la nomination de Patrick Calvar - ancien responsable du renseignement intĂ©rieur et un habituĂ© de Rabat -, comme directeur du renseignement de la DGSE en dit long sur la volontĂ© de l’ElysĂ©e de prĂ©server ses relais au Maroc.

Le CNI : Le Maroc Ă  tout prix

Les services de renseignements espagnols n’ont pas assez de leurs dizaines d’espions pour surveiller le Royaume. Le Maroc est la Mecque des barbouzes espagnoles qui n’ont aucun scrupule Ă  se faire remplacer rĂ©guliĂšrement. C’est ce qui s’est passĂ© l’annĂ©e derniĂšre Ă  TĂ©touan et Ă  Nador oĂč ces « honorables correspondants » ont Ă©tĂ© priĂ©s de quitter les lieux en raison d’un prosĂ©lytisme offensif effectuĂ© Ă  dĂ©couvert. Au menu des agents espagnols affectĂ©s au Maroc, la montĂ©e de l'islamisme en Espagne, le dossier de Sebta et Melilla, l'Ă©migration clandestine, le traïŹc de drogue et le Sahara. Au Maroc, le CNI fait feu de tout bois pour recruter au sein des milieux d'af faires, des ONG ou encore parmi les couples mixtes. Dans cette guerre sans merci que se livrent les services des deux pays, les patrons des ofïŹcines se regardent en chiens de faĂŻence. Du cĂŽtĂ© marocain, le gĂ©nĂ©ral Harchi a sautĂ© aprĂšs l’incident de l’ülot Leila. En Espagne, aprĂšs la dĂ©mission d’Alberto Saiz, directeur du CNI (Centre national d'intelligence) en 2009, les mĂ©dias espagnols ont accusĂ© les services marocains d’ĂȘtre derriĂšre une sĂ©rie d'articles Ă  charge du quotidien El Mundo, qui l'accusaient, photos Ă  l’appui, d'utiliser des fonds publics pour ïŹnancer des voyages privĂ©s. Il a Ă©tĂ© remplacĂ© par le gĂ©nĂ©ral FĂ©lix Sanz Roldan, un proche de JosĂ© Luis Rodriguez Zapatero.

Le DRS : Les frĂšres ennemis

Le DRS algĂ©rien qui a remplacĂ© la SĂ©curitĂ© militaire (SM), la police politique du rĂ©gime depuis 1962, est depuis 1990 sous la coupe du gĂ©nĂ©ral major Mohamed MĂ©diĂšne, dit « TouïŹk », un ennemi irrĂ©ductible du Royaume. Ses trois directions principales : la Direction du contre-espionnage (DCE), la Direction centrale de la sĂ©curitĂ© de l’armĂ©e (DCSA), et les services extĂ©rieurs de la DRS, la DDSE dont les agents s’occupent en prioritĂ© du Maroc. ParticuliĂšrement efïŹcaces, les agents de la DRS font preuve d’un activisme Ă©tonnant aussi bien en Espagne, en France qu’aux EtatsUnis oĂč ils traquent le moindre faux pas du Maroc en matiĂšre de droits de l’Homme ou de diplomatie. HĂ©ritiers d’une tradition du KGB communiste, les services algĂ©riens excellent notamment dans la manipulation. En Espagne oĂč la DRS a rĂ©ussi Ă  faire publier pas moins de 60 ouvrages espagnols sur le Polisario sans compter un lobbying actif aux États-Unis. L’affaire Aminatou HadaĂŻr avait Ă©tĂ© menĂ©e de main de maĂźtre par les services algĂ©riens qui ont rĂ©ussi Ă  en faire « une Gandhi sahraouie » alors que, depuis plusieurs annĂ©es, les AlgĂ©riens, par Front Polisario interposĂ©, manipulent des groupes de jeunes Ă  LaĂąyoune notamment, pour provoquer une « Intifada sahraouie »

La CIA : L'Amérique chez elle ?

Que fait la CIA au Maroc ? Le journal The Washington Post avait rĂ©vĂ©lĂ© quelques mois Ă  peine aprĂšs le 11 septembre l'existence d'un rĂ©seau mondial de prisons secrĂštes, gĂ©rĂ© par l’agence amĂ©ricaine. Le quotidien prĂ©cisait que de telles prisons se trouveraient entre autres au Maroc, en Afghanistan et dans des pays d'Europe de l'Est. Au-delĂ  de ces connexions conjoncturelles, le Maroc est un centre nĂ©vralgique pour les services amĂ©ricains. Ce n’est donc pas Ă©tonnant que la CIA ait une antenne au Maroc. Depuis 2001, plusieurs dĂ©lĂ©gations reprĂ©sentant diffĂ©rents services amĂ©ricains de renseignement dont le FBI, la CIA et la NSA ont effectuĂ© des visites secrĂštes au Maroc dans le cadre de la coopĂ©ration antiterroriste avec les services marocains. Les hommes de Leon Edward Panetta ont un bureau Ă  Rabat qui tourne Ă  plein rĂ©gime pour mener des activitĂ©s d’espionnage et n’hĂ©sitent pas Ă  entretenir des « rapports cordiaux » avec des hommes politiques, la sociĂ©tĂ© civile et mĂȘme des journalistes. Ce qui n’est pas une exception : les services de renseignements des États-Unis ont mis au point une mĂ©thodologie d’ingĂ©rence qui leur permet de pĂ©nĂ©trer et d’inïŹltrer tous les secteurs de la sociĂ©tĂ© civile dans des pays prĂ©sentant des intĂ©rĂȘts Ă©conomiques et stratĂ©giques. C’est justement le cas du Maroc oĂč la base d’écoute de la National Security Agency (NSA), et les drones qui surveillent les frontiĂšres algĂ©ro-marocaines sont d’un apport prĂ©cieux qui complĂšte le travail des agents de la CIA. En plus de la NSA, le NRO (National Reconnaissance OfïŹce) est l’oreille de l’AmĂ©rique dans le monde. GrĂące notamment Ă  ses satellites espions de reconnaissance et d’écoute (Keyhole, Lacrosse ou Rhyolite) qui permettent la transmission des images en temps rĂ©el.

Dossier réalisé par Abdellatif El Azizi

Le spleen de nos agents

Agent secret, le mĂ©tier ne fait plus rĂȘver si l’on en croit les Ă©chos qui nous parviennent de tous les services
 Cela fait bien longtemps que les candidats ne se bousculent plus au portillon. La normalisation des services - notamment la DGED oĂč les dĂ©rapages ne sont plus permis et oĂč les agents sont non seulement tenus Ă  une culture du rĂ©sultat mais Ă©galement soumis Ă  des restrictions ïŹnanciĂšres drastiques -, a Ă©loignĂ© les mĂ©tiers du renseignement des clichĂ©s vĂ©hiculĂ©s par le cinĂ©ma ou les romans de gare. Les salaires ne sont pas mirobolants mĂȘme si les primes sont consĂ©quentes et surtout, les temps ont bien changĂ©. « Depuis l’arrivĂ©e de Yassine Mansouri, il reste difïŹcile, mĂȘme pour un gradĂ© des services de se servir de ses fonctions pour s’enrichir, comme le faisaient allĂšgrement les anciens qui ont bĂąti des fortunes colossales », prĂ©cise un cadre. RĂ©sultat, ces emplois trĂšs spĂ©ciaux qui exigent, de plus en plus, des compĂ©tences techniques, linguistiques et psychologiques pointues font que l’espionnage Ă  la marocaine manque cruellement de bras et de cerveaux. Alors que plus que si des services comme la CIA ou le Mossad proposent des offres d’emploi sur le Net, et que le FSB russe offre (ofïŹciellement) des primes allĂ©chantes aux agents doubles, chez nous, le recrutement reste toujours aussi discret. Les fonctionnaires et contractuels du renseignement qui Ă©taient notamment recrutĂ©s parmi les ïŹ‚ics, les ofïŹciers de l’armĂ©e, les historiens ou les politologues d’antan, n’ont plus la cote ; aujourd’hui, les services apprĂ©cient davantage les journalistes, les sociologues et mĂȘme les ingĂ©nieurs en informatique Ă©lectronique ou les scientiïŹques.

Technologies Les miracles des Ă©coutes

ParanoĂŻaques, ne lisez pas ce qui suit. En juillet 2008, une vingtaine de parlementaires sont Ă©pinglĂ©s pour corruption et frappĂ©s d’inĂ©ligibilitĂ© lors du renouvellement du tiers de la Chambre des conseillers. Une premiĂšre qui a fait jaser Ă  l’époque. Et pour cause : ce coup de ïŹ let spectaculaire a Ă©tĂ© rendu possible grĂące aux Ă©coutes tĂ©lĂ©phoniques. À l’instar de tous les pays du monde, les diffĂ©rents services de renseignements marocains disposent d’un important arsenal pour ïŹ ltrer nos conversations tĂ©lĂ©phoniques, mails, sms et allĂ©es et venues quand la sĂ©curitĂ© nationale est en jeu ou quand une enquĂȘte est ouverte. Depuis les attentats du 16 mai 2003, cet attirail a Ă©tĂ© renforcĂ© grĂące notamment Ă  l’expertise amĂ©ricaine. Peu d’informations ïŹltrent sur les dĂ©dales trĂšs secrets de nos chambres d’écoutes. Si la NSA (National Security Agency) amĂ©ricaine dispose de hubs connectĂ©s aux plus grands opĂ©rateurs nationaux, le Maroc a Ă©galement fait du chemin en la matiĂšre. Au quartier gĂ©nĂ©ral de la DGST Ă  TĂ©mara, les opĂ©rateurs de la PCR (Police des communications radioĂ©lectriques) fournissent chaque jour des rapports sur les communications nationales et internationales
 et ce depuis les annĂ©es 1960, quand Hassan II a modernisĂ© ce service pour se prĂ©munir des coups d’État. Le modus operandi est Ă  la fois simple Ă  comprendre et difïŹcile Ă  maĂźtriser par nos services vu le ïŹ‚ot de donnĂ©es. Au sein de super serveurs informatiques, un tri par mot clĂ© est effectuĂ© grĂące aux technologies de reconnaissance vocale et d’écriture (pour les mails et les fax par exemple). En dehors des murs de la DGST, la traque continue. Si auparavant il fallait un branchement ïŹlaire pour capter les discussions, le GSM fournit dĂ©sormais des informations bien plus prĂ©cises. MĂȘme s’il est en veille, un tĂ©lĂ©phone mobile fournit la position (grĂące Ă  l’antenne relais), sans parler de l’heure des appels, des numĂ©ros contactĂ©s, etc. GrĂące Ă  la biomĂ©trie (carte nationale, passeport), la police dispose d’informations consultables en un clic. Si on ajoute Ă  cela les camĂ©ras de surveillance qui Ă©quipent de plus en plus l’espace public (dans le jargon, on appelle cela « surveillance par CCTV », closed circuit television system, systĂšme de tĂ©lĂ©vision en circuit fermĂ©), il va de soi que Big Brother a les moyens de nous surveiller. Z. C

Données personnelles Des secrets de polichinelle

Au-delĂ  de l’incident diplomatique qu’elle a provoquĂ©, la rĂ©cente liquidation du dirigeant du Hamas Mahmoud al-Mabhouh Ă  DubaĂŻ interpelle sur le respect des libertĂ©s publiques. Les minutes prĂ©cĂ©dant l’assassinat, perpĂ©trĂ© probablement par des agents du Mossad (service de renseignement externe israĂ©lien), ont Ă©tĂ© ïŹlmĂ©es au dĂ©tail prĂšs par les camĂ©ras de surveillance de l’hĂŽtel. Et l’identitĂ© des tueurs prĂ©sumĂ©s a Ă©tĂ© rendue publique quelques heures aprĂšs l’exĂ©cution. Ce qui a servi Ă  dĂ©noncer de prĂ©sumĂ©s assassins, peut trĂšs bien ĂȘtre utilisĂ© Ă  l’encontre de simples citoyens. Au États-Unis, le Patriot Act a grandement facilitĂ© l’interception des conversations tĂ©lĂ©phoniques. En France, on estime Ă  200 000 le nombre d'Ă©coutes sauvages non autorisĂ©es dans un cadre lĂ©gal. Soit dix fois plus que celles qui transitent normalement par un juge... Qu’en est-il pour le Maroc ? La loi antiterroriste votĂ©e au lendemain des attentats de 2003 et bien avant elle le code de procĂ©dure pĂ©nale (adoptĂ© le 14 juin 2001) ont mis Ă  mal l’article 11 de la Constitution qui stipule que la correspondance est privĂ©e. Les articles 40 et 49 de la loi antiterroriste donnent toutes les latitudes « a u Parquet pour agir Ă  travers les Ă©coutes tĂ©lĂ©phoniques et l'interception des correspondances via les divers moyens de communication » . En guise de garde-fou, une loi sur la protection des donnĂ©es personnelles a Ă©tĂ© promulguĂ©e. Elle n’attend plus que la mise en place d’une commission pour ĂȘtre exĂ©cutable. Mais lĂ  encore, les impĂ©ratifs de « sĂ©curitĂ© nationale » la dĂ©samorcent et facilitent les dĂ©passements. Bref, la loi existe mais ne met personne Ă  l’abri. Que ce soit au Maroc ou ailleurs. Z. C.

Le renseignement pour les nuls

Agent de pénétration

C’est le summum du renseignement : tous les services du monde rĂȘvent de pouvoir placer un tel agent dans un service de renseignement Ă©tranger dans le but d’y collecter le maximum d’informations. Ces gĂ©nies de l’espionnage, principalement attachĂ©s Ă  analyser les qualitĂ©s et la psychologie des hommes qui les entourent, doivent ĂȘtre capables de saisir l’ambiance rĂ©gnant dans un pays, une organisation ou un systĂšme politique.

Agent double

Dans le jargon des ofïŹcines, tous les patrons craignent le processus MICE (Money, Ideology, Constraint, Ego). La peur de voir un agent de renseignement retournĂ© par une agence d’un pays adverse, et amenĂ© Ă  trahir tout en continuant Ă  travailler dans son service. Les motivations sont souvent liĂ©es Ă  l’argent, Ă  l’idĂ©ologie politique ou au chantage (sexuel, entre autres).

Diplomates

Faux diplomates et vrais espions, les professionnels du renseignement qui opĂšrent sous une couverture dite lĂ©gale, dans une ambassade en tant qu’attachĂ©s militaires, directeurs de n’importe quel service sont lĂ©gion. Leur activisme est surveillĂ© de prĂšs et en cas de dĂ©rapage, ils sont priĂ©s de quitter illico le pays hĂŽte.

Spécialistes de la provoc

Ces fauteurs de troubles professionnels doivent d’abord inïŹltrer des groupes clandestins avant de leur faire commettre des actes illĂ©gaux, qui ont pour objectif essentiel de les discrĂ©diter auprĂšs de l’opinion publique. Les salaïŹstes de tout poil en connaissent un bout sur le procĂ©dĂ©.

Lobbyistes

Ils sont recrutĂ©s dans le but de promouvoir les intĂ©rĂȘts d’un pays donnĂ©. Hommes politiques, Ă©crivains, dĂ©putĂ©s, ils sont approchĂ©s en fonction de l’inïŹ‚uence ou plus encore de l’autoritĂ© qu’ils reprĂ©sentent pour tenter d’inïŹ‚ uencer l’opinion publique.

Agent dormant

« La taupe » est le type mĂȘme de l’agent secret implantĂ© dans un pays Ă©tranger, exerçant une activitĂ© normale, « une sorte de monsieur tout le monde », dont les activitĂ©s sont gelĂ©es pour une pĂ©riode donnĂ©e, avant d’ĂȘtre « rĂ©veillĂ©es » pour une mission prĂ©cise.

Honorable correspondant

Un honorable correspondant est un collaborateur bĂ©nĂ©vole des services secrets. Il s'agit d’autochtones, travaillant dans de grandes entreprises nationales ou le plus souvent dans des sociĂ©tĂ©s privĂ©es Ă  l'Ă©tranger, qui acceptent de collaborer avec les services.

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N° 120 : Sondage exclusif :  Benkirane, Monsieur 82%
N°119 : Pourquoi le Maroc ne sera pas   islamiste
N°118 : Mohammed VI versus al-Assad,   Au nom du pĂšre
N°117 : Gouvernement :   Cabinets ministĂ©riels, de l’ombre Ă  la lumiĂšre
N°116 : Plan social :  les sacrifiĂ©s de la RAM
N°115 : Coup d’Etat :   Skhirat, L’histoire du putsch revue et corrigĂ©e
N°114 : Politique fiction  Et le gagnant est ...
N°113 : Le dernier combat de   Mohamed Leftah
N°112 : Portrait Abdelbari Zemzmi
N°111 : HarcĂšlement sexuel et moral  Un sport national
N°110 : Bilan  Le code de la dĂ©route
N° 109 : L’ONDA  Grosses tensions et petites combines
N°108 : Placements Comment sauvegarder son patrimoine  
N°107 : ImpĂŽt sur la fortune El Fassi lance un pavĂ© dans la mare  
N° 106 : Interview 
N° 104/105 : Presse Ă©trangĂšre/Maroc Le grand malentendu  
N°103 : Le temps de l’amazigh  
actuel 102 : RĂ©fĂ©rendum Ecrasante victoire du Oui  
actuel 101 : FatĂ©ma Oufkir : Le roi et moi 
N°100 : 100 indignations et 100 solutions pour le Maroc 
N°99 : Projet constitutionnel Le roi et nous  
N° 98 : PĂ©dophilie  : Tolerance zero 
N° 97 : Gad, Jamel & co Pourquoi les Marocains font rire le monde
N° 96 : L’horreur carcĂ©rale 
N° 95 : Enseignement privĂ© : Le piĂšge  
Actuel n°94 : Moi, Adil, 25 ans, marchand de chaussures et terroriste  
N°93 : Ces cliniques qui nous ruinent 
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Actuel n°92 : Mais que veulent les jeunes ? 
Actuel n°92 : Il n’y pas que le 20-FĂ©vrier
  
Actuel n°92 : Qui cherche Ă  dĂ©stabiliser le pays ?  
Actuel n°92 : Â«â€‰Nos attentes sont plus grandes que le 20-FĂ©vrier »  
Actuel n°92 : Trois jeunesses 
Actuel n°92 : Attentat : Le jeudi noir de la ville ocre  
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Actuel n°90 : Le retour des adlistes 
Actuel n°89 : Ruby : sexe, mensonges et vidĂ©o 
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Actuel n°87 : Hassan II TV c’est fini 
Actuel n°86 : Marine Le Pen : L’islam, les Arabes et moi 
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Actuel n°84 : Rumeurs, intox : Ă  qui profite le crime ? 
Actuel n°83 : ET MAINTENANT ? Une marche pour la dĂ©mocratie
Actuel n°81 : Sale temps pour les tyrans 
Actuel N°72 : Aquablanca : La faillite d’un systĂšme  
Actuel n°69-70 : Benguerir sur les traces de Settat 
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Actuel n°67 : Dans les entrailles de Derb Ghallef 
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Actuel n°64 : Bourse de Casablanca, des raisons d’espĂ©rer 
Actuel n°63 : Ex-ministres :  y a-t-il une vie aprĂšs le pouvoir ?
Actuel n°62 : Le code de la route expliquĂ© par Ghellab
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 racontĂ©e par une Marocaine
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N°59 : Eric Gerets, la fin du suspense ?
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N°53 : Au cƓur de la prostitution marocaine en Espagne 
N°52 : DiplĂŽmĂ©s chĂŽmeurs : le gouvernement pris au piĂšge
N°51 : 2M : SuccĂšs public, fiasco critique
N°50 : L’amĂ©rique et nous 
N°49 : Crise, le Maroc en danger ?
N°48 : Les 30 Rbatis qui comptent 
N°47 : Pourquoi El Fassi doit partir 
N°46 : Chirurgie esthĂ©tique :  plus belle, tu meurs
N°45 : McKinsey dans la ligne de mire  
N°44 : Trafic sur les biens des Ă©trangers 
N°43 : Avec les Ă©vadĂ©s de Tindouf 
N°42 : GCM / Tamesna : Un scandale en bĂ©ton !
N°41 : ONA - SNI: Ils ont osĂ©
N°40 : Enseignement: Missions Ă  tout prix
N°39 : Le Maroc, terre d'accueil des espions 
N°38 : Bleu Blanc Beurk 
N°37 : Boutchichis Les francs-maçons du Maroc
N°36 : Hamid Chabat rĂ©veille les vieux dĂ©mons
N°35 : Vies brisĂ©es 
N°34 : Maires Ceux qui bossent et ceux qui bullent
N°33 : Botola Combien gagnent nos joueurs
N°32 : Sexe, alcool, haschich, jeux
 Les 7 vices des Marocains
N°31 : Tanger Le dossier noir des inondations
 
 
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