Abdelmoula Ratibe
Confectionneur pour les grandes marques
La famille Ratibe s’installe à Lille en 1971, alors que Abdelmoula n’a que 15 ans. A sa majorité, il achète sa première usine de textile prêt-à -porter qui emploie à l’époque une vingtaine de personnes. Un pari risqué puisqu’à l’époque, Ratibe n’avait aucune expérience dans ce domaine. Durant les deux premières années, Abdelmoula apprendra les ficelles du métier, mais fera aussi profiter son associé de ses talents de commercial.
En 1991, alors qu’il a déjà comme clients La Redoute et les 3 Suisses, il signe son premier contrat à l’année avec la chaîne de magasins Rive-Droite. Les affaires vont bien. Pourtant, son entourage lui conseille vivement de s’installer au Maroc pour pouvoir faire face à la concurrence. En 1992, il décide d’ouvrir sa première usine au Maroc. Son groupe se développe à une vitesse fulgurante. Aujourd’hui, ses 18 sociétés dont une dizaine d’unités de textile, emploient 3 800 employés. La production est destinée uniquement à l’export, dont 70% vers l’Europe et 30% aux Etats-Unis.
A.M.
Jamal Belahrach
DG Manpower Afrique
Belahrach est né au Maroc le 10 octobre 1962 à Casablanca. Il n’a que 7 ans lorsque son père quitte le Maroc et l’emmène avec lui en France. Là -bas, sa carrière est assurée. De 1987 à 1997, il est directeur marketing et développement d’une compagnie allemande. Il est membre de la Chambre de commerce et d’industrie de Dreux, président de la Jeune chambre économique du pays drouais et sénateur de cette même organisation (membre à vie). Il est également président délégué (par le député-maire de la ville de Dreux) du bassin d’emploi et membres de diverses associations locales. Pourtant, après 28 ans de vie en France, Belahrach décide de revenir au Maroc. Et c’est pour y implanter Manpower, une entreprise spécialisée dans le recrutement. Son sérieux et sa témérité plaisent à ses employeurs à tel point qu’ils le chargent, en 2000, du lancement de Manpower Tunisie. Aujourd’hui, Belahrach est un haut cadre confirmé du groupe. Il a pour mission de développer toutes les filiales du recruteur dans 12 pays. « Cela m’amène à voyager beaucoup mais c’est un challenge pour moi et une reconnaissance du travail qui a été fait, et des résultats obtenus au Maroc », partage-t-il. Pour aider ses semblables, Belahrach fonde le Centre des jeunes dirigeants avec quelques-uns de ses amis. Il est également membre actif de la CGEM. Il milite principalement en faveur d’une loi pour la grève et un code du travail temporaire.
A.M.
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Sghir Bougrine
Propriétaire de Venezia Ice
Né en 1962, Sghir Boughrine est un enfant du quartier populaire de Derb Soltane, à Casablanca. En 1985, il est sélectionné pour faire une classe de Maths Sup à Paris. Seulement, ses ressources financières de l’époque ne lui permettent pas d’aller jusqu’au bout. Il revient alors au Maroc. L’année suivante, Bougrine retente sa chance, cette fois-ci à Amsterdam. Il commence par faire des études en informatique. Il s’attaque ensuite à l’agroalimentaire où il démarre au bas de l’échelle. Sghir est tout d’abord recruté par une entreprise d’environ 150 employés. En plus de son travail pendant la journée, il poursuit des cours du soir pour devenir manager. Ses études lui permettent de gravir les échelons rapidement. Le projet de Bougrine prend forme et il choisit alors de se spécialiser dans les glaces. Pourtant, il décide subitement de revenir au bercail. En 1997, il crée une société d’import et de distribution de produits liés à la pâtisserie et aux glaces (Stargel), puis s’associe avec sa sœur pour monter son premier café glacier sur le boulevard Moulay Youssef : Le Beverly. Malgré la réussite de ce projet, les ambitions de Bougrine ne sont pas encore atteintes. En 1999, il demande un prêt de 5 millions de dirhams à Bank Al Amal auxquels il rajoute 4 autres millions en fonds propres. Venezia Ice voit le jour. Très vite, plusieurs points de vente fleurissent dans d’autres villes. Il décide alors d’ouvrir une unité de production à Nouaceur. L’investissement de base est de l’ordre de 20 millions de dirhams. Aujourd’hui, la franchise Venezia Ice est mature et dispose d’un capital sympathie remarquable.
A.M.
RĂ©da Oulamine
Avocat d’affaires à Casablanca
En 1991, Réda se rend en France pour poursuivre des études de droit. Il décide six ans plus tard de les compléter par un cursus aux Etats-Unis. Depuis son départ, l’idée de revenir au Maroc ne l’a pas quitté. Il fera une première tentative en 1999. Durant deux années, il essayera de s’intégrer et de réussir son challenge au Maroc. « A cette époque j’étais révolté et très malheureux », se rappelle encore Oulamine. Révolté, il l’était contre tout ce qui lui paraît aujourd’hui normal : comportements irresponsables, lenteur des administrations, etc. S’il y a aujourd’hui un conseil que Réda Oulamine souhaite donner aux MRE désireux de revenir au bercail, c’est bien celui de ne pas comparer le Maroc à leur pays d’accueil. La différence est énorme et le choc est souvent violent. Dégoûté, il retourne aux Etats-Unis, histoire de mieux préparer son come-back. Son retour en 2004 lui semble plus facile, car il sait à quoi s’attendre. Inscrit aux barreaux de New York et de Paris, Réda Oulamine est cependant plus que jamais décidé à ouvrir son cabinet au Maroc. Pour y arriver, il sollicite l’aide de son employeur au Maroc. « C’est mon ancien patron, un Américain, qui m’a autorisé à ouvrir mon cabinet au Maroc alors que j’étais encore salarié. C’est la seule personne qui m’ait vraiment aidé. Sans cela, je n’aurais peut-être jamais réussi », affirme Oulamine. Aujourd’hui, il lui arrive encore de sombrer dans le désespoir et de songer à un retour définitif au pays de l’oncle Sam. Pour chasser à jamais cette idée, il vient de créer l’Association « Pour un Maroc plus juste ».
A.M.
M’Hamed Idoulahiane
Le doyen des hĂ´teliers
M’Hamed Idoulahiane est le parfait exemple du self- made businessman. En 1960, il se rend en Allemagne avec 100 dirhams en poche. En 1962, il s’envole pour Paris et travaille dans une usine. Trois ans plus tard, il achète sa première épicerie. Son réseau comptera rapidement 4 supérettes. Puis Idoulahiane se lance dans la restauration. En 1976, il a déjà deux restaurants en France. L’histoire d’Idoulahiane commence réellement lorsqu’il décide de revenir au Maroc. Dès son retour au pays, il commence par racheter l’hôtel Plazza. Il s’initie à la finance et à la Bourse en prenant des participations dans Algemen Bank et la BMAO. En 1981, il démarre les travaux de l’hôtel Idou Anfa qui ouvrira ses portes en 1984. Son projet nécessite des fonds importants. Il emprunte 40 millions de dirhams pour le réaliser. Une somme colossale à l’époque. Aujourd’hui, Idoulahiane opère dans plusieurs autres secteurs, dont l’immobilier et la distribution.
A.M.
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Karima Elaji
Fondatrice de Cadolik.ma
Dès l’obtention de son baccalauréat, à l’âge de 17 ans, elle part en France en 2001, afin d’y poursuivre des études supérieures. Et c’est à la faculté d’économie de l’Université de Picardie Jules Verne à Amiens qu’elle choisit d’effectuer un master professionnel en Management de la Net Economie, qui sera immédiatement suivi d’études doctorales en sciences de gestion. En parallèle, elle enseigne à la fac et prend en charge la communication dans une PME à Amiens, puis dans une grande entreprise à Paris. Karima se rappelle encore ses premières semaines en France. « C’était difficile au début, au point que j’envisageais même de revenir dès la fin de la première année universitaire. » L’idée sera abandonnée après quelques mois d’adaptation. Vers la fin de son cursus universitaire, elle commence même à apprécier sa nouvelle vie en France. Pourtant, elle n’a jamais pu vraiment oublier son pays natal. « Avant même de partir en France, je m’étais fixée comme objectif de revenir au Maroc directement après mon diplôme », assure-t-elle.
Pour réussir son retour, Karima use de toute l’aide disponible en France et au Maroc : Maroc Entrepreneurs, Association des femmes entrepreneurs du Maroc (AFEM), etc. Son projet finira par être incubé au sein de l’AFEM. Comme beaucoup de jeunes qui choisissent de rentrer, Karima sera également choquée par le « rythme auquel vont les choses et le processus de prise de décision au Maroc ». Mais cela n’entamera en rien sa volonté de réussir. D’ailleurs, son premier client sera une entreprise publique. Un signe positif qui lui donne de l’espoir et l’encourage à aller de l’avant. Son conseil : se débarrasser des idées reçues et foncer dans le tas. « Le monde de l’entrepreneuriat n’est pas inaccessible », assure Karima Elaji.
A.M.
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Youness Fikri
directeur de YF Environnement
Né en France, Youness Fikri bénéficie de la double nationalité. Après des études supérieures à la faculté des sciences de Nancy où il obtient un master en biologie, il intègre une école de commerce. L’envie de s’installer au Maroc se manifeste juste après avoir réalisé un stage de fin d’études au Maroc. Il devra cependant patienter, le temps d’acquérir une expérience professionnelle. En 2009, il obtient le Trophée de l’Entrepreneuriat du concours tremplin Maroc (organisé en France) pour son projet de création d’une filière de collecte, de traitement et de revalorisation des huiles alimentaires usagées (HAU). Les difficultés d’intégration, Youness Fikri en sait quelque chose. Ses premières semaines au Maroc ont été difficiles. Et pour cause, « la communauté marocaine porte un regard différent sur les MRE. Pour nos concitoyens, nous sommes des Européens de par notre mode de pensée et de fonctionnement, surtout au niveau professionnel », affirme-t-il. De temps en temps, il lui arrive de penser à plier bagage. « Mais le Maroc reste de loin un choix réfléchi. D’autant plus que je m’y épanouis », déclare-t-il. Fikri souhaite voir plus de structures offrant des services d’accompagnement aux MRE, afin de faciliter leur retour. Il déplore le manque cruel d’information sur les documents administratifs nécessaires et les démarches à entreprendre pour mener à bien son projet. C’est pour cette raison qu’il conseille aux autres MRE de bien préparer leur retour. « Il faut être un peu débrouillard et ne pas hésiter à communiquer avec les autres sur son projet. » C’est pour lui le seul moyen de mûrir son idée et de développer son réseau rapidement.
A.M.
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Mohamed Ezzouak
la voix des Marocains du monde
Né à Taounate, Mohamed Ezzouak émigre en France à l’âge de 2 ans dans le cadre du regroupement familial. Il grandit à Oyonnax, la capitale européenne de la plasturgie. Jusqu’à l’adolescence, à l’aise dans ses baskets dans cette petite ville industrielle au pied des Alpes, il ne se pose pas vraiment de questions : «A la maison, on parlait darija et on vivait dans le mythe du retour au pays. A l’extérieur, j’étais un jeune Oyonnaxais, bien dans ma peau, sans questionnement identitaire.» Rien à voir avec les jeunes qu’ils côtoient et qui se revendiquent arabes en parlant trois mots de la langue de leurs parents...
Mais à 16 ans, changement d’ambiance, il doit aller demander sa carte de séjour. La France lui fait comprendre qu’il est encore un étranger, à sa grande déception.
S’il obtient sans difficulté la nationalité française à 18 ans, il sait désormais qu’il reviendra au Maroc. Le mythe devient un objectif. Allié à un autre rêve : créer son entreprise. Devenu informaticien à Paris, il développe seul Yabiladi en mars 2002 : «Je voulais un lieu d’échanges pour les Marocains comme moi qui avaient besoin de se retrouver.» Le site est déjà un portail, avec des forums, une revue de presse, des services…
Mais Mohamed Ezzouak attendra quatre ans avant de rapatrier Yabiladi au Maroc. Quatre ans de bénévolat, de week-ends et de nuits blanches… La greffe marocaine sera un succès, et aujourd’hui quinze personnes (dont sept journalistes) travaillent pour le site qui affiche 11 millions de pages vues par mois. Même si la vie n’est pas toujours un long fleuve tranquille quand on a été formaté en France. «Ici les relations sociales sont fondées sur les rapports de force. On est dans une société très hiérarchisée où les rapports entre classes sont assez violents. On traite mal son subordonné, le gardien de voiture ou sa bonne, et on va être obséquieux avec son supérieur. Ce rapport féodal se reproduit à tous les niveaux. Avec ses collaborateurs, ses partenaires, dans la rue, il faut hausser le ton !» Ce n’est pas dans sa nature, mais il s’acclimate. Comme il s’est adapté à l’administration tatillonne qui n’a pas évolué depuis le protectorat, et aux retards de paiement qui ont failli couler la boîte au début. Ayant survécu, il développe aujourd’hui une déclinaison en arabe et Yabiladies pour les femmes du Maghreb. Entrepreneur au Maroc, Mohamed Ezzouak a atteint ses deux objectifs. Et il en a de nouveaux…
A.M. |