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50 Marocains Ă la conquĂŞte du monde
actuel n°153, jeudi 2 août 2012
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Sportifs, scientifiques, businessmen, artistes, politiciens ou mĂŞme sex symbol, les Marocains font tourner le monde. Surtout quand ils quittent le Royaume !
Ils sont partout. Et surtout là où on ne les attend pas. C’est un Marocain qui produit les plus grandes pop stars de la planète, c’est une Marocaine qui gagne l’Eurovision. Dans un autre genre, c’est une Marocaine qui a participé à la plus grande découverte scientifique de ces dernières années, le boson de Higgs, la fameuse particule de Dieu, qui explique pourquoi certaines particules ont une masse et d’autres pas. Et c’est un Marocain qui conçoit la première base habitée par l’homme programmée pour 2020 sur la lune. Un juif de Casa, un musulman de banlieue : ce sont deux Marocains qui font plier de rire les Français... et un autre qui fait se bidonner les Canadiens. C’est un Marocain qui vend des jeans aux Américains et un autre qui dirige l’une des plus grandes griffes de haute couture française. C’est une Marocaine qui fait tomber Berlusconi... et c’est une autre qui le soutient mordicus. Ah, j’allais oublier : c’est un Marocain qui pique la femme de Sarkozy. Ce sont des Marocains qui convolent successivement avec la fille de Mitterrand. Champions du monde, on vous dit les Marocains... à partir du moment où ils quittent le pays !
C’est quand même le paradoxe d’un tel palmarès. Nous ne sommes jamais aussi bons que lorsque nous sommes ailleurs. Comme si nos talents ne pouvaient s’éclore que dans un environnement moins sclérosant. Si la famille de Jamel était restée à Oujda, quel aurait été son destin ? Il n’y a même plus de conteurs à Jamaâ El Fna... Si RedOne n’avait pas quitté Tétouan, où serait-il aujourd’hui ? A courir les cachets dans un pays qui ne paye pas ses artistes ? A part à la Nasa, où Kamal Oudghiri pourrait-il partir à la recherche des Martiens ?
Bien sûr, il n’est pas encore question de construire une base spatiale à Dakhla. En revanche, une cité des sciences est bien programmée à Casablanca sous la houlette de Kamal Oudghiri. Jamel, lui, ne cesse de revenir au pays et organise un festival à Marrakech qui commence à acquérir la classe internationale. RedOne s’implique dans Mawazine et la découverte de nouveaux talents marocains. D’autres, mille fois moins médiatisés, ont la même démarche à l’image de Jamal Lahoussain, un ouvrier des Hautes-Alpes qui a changé la vie de dizaines de villages grâce à son ONG.
Le monde leur a beaucoup donné et ils nous le rendent bien. Merci les Marocains du monde !
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Slimane Ammor
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Politique
Souad SbaĂŻ
La laĂŻciste de Berlusconi
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Elles sont deux Marocaines à être dans les grâces de la presse italienne : Ruby, la pulpeuse compagne de jeux sexuels de Berlusconi et Souad Sbaï, qui entretient avec Silvio Berlusconi des relations professionnelles et politiques. Cette députée du parti du Peuple de la liberté, le parti de Berlusconi, s’est fait connaître notamment en présentant un texte de loi qui lui a mis à dos toute la communauté musulmane d’Italie. Sa proposition de loi qui vise à interdire le port de la burqa ou tout autre habit qui masque le visage avait été adoptée par la commission des affaires constitutionnelles de la Chambre des députés en 2011. «Nous devons aider les femmes à sortir de cette ségrégation... et de cette soumission», se défend-elle. Pourtant, cette native de Settat, célèbre pour ses positions laïcistes, est diplômée d’études islamiques.
A.E.A.
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Najat Belkacem
La Dati de Hollande
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Sarkozy a eu sa Rachida Dati, Hollande a choisi Najat Belkacem. Moins polémique que sa compatriote de la droite, Belkacem fait partie désormais du gotha politique français depuis qu’elle a été nommée ministre du Droit des Femmes et porte-parole du gouvernement. L’ancienne porte-parole de Ségolène Royal a vu le jour le 4 octobre 1977 à Béni Chiker, dans la banlieue de Marrakech. Elle émigre ensuite à Amiens, en France, afin d’accompagner son père, dont le métier de maçon permettait juste à la petite famille de survivre. Elève brillante, diplômée de Sciences-Po à 20 ans, elle fait ses premiers pas en politique en tant qu’assistante parlementaire de la députée socialiste Béatrice Marre (Oise). Après avoir usé ses fonds de culotte dans plusieurs mairies socialistes de la région, en 2007, la jeune militante est, à 29 ans, candidate pour les élections législatives à Lyon. Donnée pour favorite, elle s’incline devant Dominique Perben malgré un score confortable de 43% des voix. Elue ensuite conseillère générale du Rhône, puis adjointe déléguée aux grands événements, à la vie associative et à la jeunesse, elle est finalement chargée de régler les questions de société au PS. Au gouvernement français, elle est aujourd’hui à la tête de la réforme sur le harcèlement sexuel et s’est fixé pour objectif de faire disparaître la prostitution.
A.E.A.
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Ahmed Aboutaleb
Le premier maire musulman des Pays-Bas
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Quand Ahmed Aboutaleb futnommé maire de Rotterdam, la presse néerlandaise s’est déchaîné sur ce fils d’imam, né au Maroc de surcroît. Le premier maire musulman du premier port d’Europe a été immédiatement brocardé par Geert Wilders, ce député provocateur de droite qui avait lancé qu’il préférait plutôt le voir élu «maire de Rabat». «Nommer un Marocain maire de la deuxième ville du pays est aussi fou que de nommer un Néerlandais maire de La Mecque!» Cet homme de 50 ans qui a débarqué aux Pays-Bas à l’âge de 16 ans, sans un sou en poche, ne connaissait pas un mot de néerlandais.Il deviendra ingénieur, journaliste, puis porte-parole ministériel. Membre du Parti travailliste, il est nommé, en janvier 2004, échevin (adjoint au maire) d’Amsterdam, en charge de l’enseignement et de la jeunesse. L’homme s’était fait connaître par ses positions iconoclastes, notamment sur la question de l’immigration. Dans l’effervescence qui a suivi le meurtre du réalisateur Theo van Gogh par un fanatique, Aboutaleb avait notamment lancé à l’adresse de ses compatriotes : «Quiconque ne partage pas les valeurs d’un pays ouvert comme les Pays-Bas ferait bien d’en tirer les conséquences et de s’en aller!»
A.E.A.
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Hassan Bousetta
Le sénateur de Sidi Ifni
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Il a 48 ans et est sénateur au Parlement fédéral belge depuis 2010. Hassan Bousetta est né en Flandre, après que ses parents ont quitté Sidi Ifni pour s’installer dans la région liégeoise au début des années 1960. Hassan est le deuxième enfant d’une fratrie de quatre garçons. Titulaire d’un doctorat en sciences politiques et sociales, doublé d’une licence spéciale en gestion des problématiques des pays en voie de développement, notre homme n’a trouvé aucun mal à s’installer confortablement dans le paysage politique belge. Mais il garde toujours un pied au Maroc, plus précisément à Tanger, une ville qu’il fréquente régulièrement depuis son jeune âge.
A.H.E.
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Jamal Eddine Ryane
Pour la dignité des MRE
C’est la bête noire du CCME et du ministère chargé des MRE. Jamal Ryane, en plus de son activité d’ingénieur en logiciel informatique à Amsterdam, a une autre passion : celle de bombarder tous les officiels marocains de courriels, lettres ouvertes et autres correspondances dès que les droits des MRE sont en jeu. Jamal Eddine Ryane, le président du Mouvement des MRE Démocrates (Pays-Bas) milite notamment pour le droit de vote des expatriés, dont il a fait son principal cheval de bataille. Au cours des discussions de la Commission [de révision constitutionnelle], cette structure avait exigé que celle-ci « s’ouvre aux associations représentant les Marocains du monde », notamment celles qui en sont «les plus représentatives» à l’étranger pour faire valoir «des revendications particulières et spécifiques». Même démarche à la veille des élections législatives quand Ryane a mobilisé un nombre impressionnant d’associations pour revendiquer le droit de vote pour les MRE.
A.E.A.
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Jamal Lahoussain
Ouvrier de cœur
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C’est une belle histoire de retour au pays. En 1984, une usine d’Aluminium des Hautes-Alpes en France ferme. Les ouvriers, en large partie des émigrés originaires de Ouarzazate et d’Agadir, sont renvoyés au bled moyennant une «aide au retour». L’ouvrier Jamal Lahoussain propose à ses collègues, qui ont à cœur d’aider leurs villages, une idée qui changera leurs vies et celle de leurs proches : verser une partie de leur aide au retour dans une caisse commune. Elle servira à créer l’association «Migrations et développement» (MigDev), qui a pour objectif d’améliorer les infrastructures des villages pauvres du Sud. D’autres salariés renforcent l’équipe, dont ceux d’EDF, et proposent d’installer bénévolement des groupes électrogènes dans la région d’Imgoune. Au début des années 1990, une dizaine de villages découvrent ainsi la fée électricité (à l’époque seuls 5 000 villages sur 30 000 au Maroc sont raccordés au réseau).
L’association poursuit son travail et pilote une «bibliothèque du désert», des dispensaires, la construction d’écoles… Toujours en s’appuyant sur cette dynamique sociale migrants/autochtones. Aujourd’hui, l’association « Migrations et développement» lance des projets pour améliorer la production de safran, promeut les énergies renouvelable et facilite l’accès à l’eau potable.
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Z.C.
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Yamila Idrissi
Au-delĂ des traditions
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En juin 2009, Yamila Idrissi, originaire du Rif, est élue au Parlement régional sur la liste du SPA, le parti socialiste flamand. Dans cette région, ils ne sont que trois élus d’origine allochtone (étrangère). C’est dire la singularité du parcours de cette jeune fille arrivée en Belgique dans les années 60 avec ses parents. «A 18 ans, tu seras mariée. Alors, apprends plutôt à coudre», lui dit un jour la directrice de son école. Mais Yamila s’accroche, résiste aux pressions. Elle ira au lycée. Son secondaire achevé, elle s’inscrit à l’université. Une nouvelle étape, plus forte symboliquement, d’autant qu’il faut changer de ville. Quitter Mechlen, en Flandre où la famille est installée, pour Bruxelles, la capitale. Elle doit vivre seule et porter, au passage, un sérieux coup de griffe à la tradition. Elle prépare un diplôme d’assistante sociale, puis passe une licence en droit «pour arracher ses droits». Son entrée en politique puis son élection en tant que députée du parti socialiste flamand, elle les doit à sa ténacité et à son refus de capituler devant les barrières sociales.
A.H.E.
Fatima Houda
Non Ă la charia
Née à Meknès en 1951, Fatima Houda est politologue... et vice-présidente de l’Assemblée nationale du Québec. Ayant grandi au Maroc, elle fait son lycée à Casablanca et obtient son baccalauréat en 1972. Etudiante en sciences politiques à Rabat, elle émigre au Canada et complète ses études à Laval en 1976. Pendant les années 1980 et 1990, elle est consultante pour le gouvernement canadien. De 1996 à 1999, elle est la porte-parole de l’Opposition officielle pour la francophonie et les relations internationales. Mais elle s’est démarquée lors de l’affaire de la légalisation possible de la charia en Ontario. Lors de l’élection générale québécoise du 26 mars 2007, elle est réélue dans la circonscription de La Pinière.
A.H.E.
Mohammed Jabour
Echevin polyvalent
Quand Mohammed Jabour débarque à Bruxelles à quatre ans, il n’y avait pas beaucoup de personnes qui misaient sur ce Tangérois dont la plupart des camarades d’origine marocaine avaient fini délinquants. C’est aussi pour cela que le futur homme d’affaires prospère avait créé « Schaarbeek Al Hijra », une association de quartier qui œuvrait pour empêcher des jeunes de sombrer. L’association « Démocratie », qui allait suivre, avait pour objectif de faciliter l’obtention de la nationalité belge, très difficile d’accès à l’époque. Ayant compris que l’associatif n’était pas le meilleur moyen d’arracher des acquis durables, il va se convertir à la politique en rejoignant le parti socialiste (PS).
A.E.A.
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Kamal
Amakrane MĂ©diateur onusien
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Rien ne le prédestinait à une carrière de diplomate international. Au cours de ses études d’architecture en Belgique, Kamal Amakrane nourrit, pourtant, de l’intérêt pour la politique publique et le développement urbain. Il intègre Sciences Po à Paris pour approfondir ses connaissances dans ces domaines. C’est en soumettant une candidature par email qu’il rejoint le cabinet de Kofi Annan, à l’époque secrétaire général de l’ONU. L’occasion pour lui de se familiariser avec les problématiques multilatérales, notamment de l’immigration, et de côtoyer des compétences de haut niveau. La rencontre avec Amr Moussa lors de la réunion du Conseil de sécurité sur l’Irak imprime un nouveau tournant à sa carrière. Il fera un passage, entre 2002 et 2003, par la Ligue arabe au Caire et travaillera sur le dossier de l’Irak. Avec l’espoir de faire converger les intérêts des grandes puissances. En 2003, il rejoint une nouvelle fois les Nations unies pour négocier la transition politique en Irak et aider ce pays à retrouver sa souveraineté. La manifestation du Safran en 2007 lui offre l’opportunité de découvrir la Birmanie et de mener de longues négociations entre la junte militaire et les opposants. En Afrique, il négocie la paix au Darfour et participe à sa mise en œuvre.
M.K.
Droit
Mohammed Bennouna
Un juriste de haut vol
Depuis novembre 2005, Mohammed Bennouna est juge à la Cour internationale de justice. Auparavant, ce juriste de renom occupait le poste d’ambassadeur du Maroc à l’ONU. Spécialiste des conflits territoriaux, qu’ils soient terrestres ou maritimes, Mohammed Bennouna, docteur en droit de l’Université de Nancy, est aussi diplômé de l’Académie de droit international de La Haye et agrégé de droit et de sciences politiques de l’Université de Paris. Après avoir été doyen de la faculté de droit de Rabat et professeur visiteur de plusieurs universités étrangères, il sera nommé juge au Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie, et en tant que juge ad hoc à la Cour internationale de justice dans le conflit opposant le Bénin au Niger. De 1991 à 1998, il dirigera l’Institut du monde arabe à Paris.
Parmi les missions phares de sa longue carrière diplomatique, la défense du dossier du Sahara en octobre 1975 aux côtés de Driss Slaoui et de Ahmed Snoussi, à La Haye. Mission d’ailleurs réussie puisque la Cour a dû reconnaître l’existence de liens d’allégeance, antérieurs à la colonisation espagnole, entre les populations sahraouies et le roi.
M.K.
Espace
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Kamal Oudghiri
Un Marocain Ă la Nasa
Après l’obtention de son bac, Kamal Oudghiri s’envole pour Los Angeles en vue de poursuivre ses études. En 1993, il est sélectionné par Jet Propulsion Laboratory, le laboratoire de recherche adossé à la NASA. Kamal Oudghiri aura la chance de côtoyer les ingénieurs les plus doués de l’agence spatiale américaine. Durant toute la décennie, il travaillera sur les missions « Mars » et « Cassini ». En 2007, il est nommé directeur de projets auprès du Bureau des communications spatiales pour les missions habitées. Sous ses directives, quelque 80 chercheurs s’activent pour concevoir l’architecture de communication qui servira au retour de l’Homme sur la Lune en 2020, avec pour objectif d’y installer une base permanente. Une base qui servira de départ pour la première mission habitée de l’Histoire vers Mars en 2030. Oudghiri vient d’être décoré par le roi du Grand cordon du Ouissam Al-Arch de l’ordre d’officier. Son ultime mission est de créer une Cité des Sciences à Casablanca.
A.M. |
Economie
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Richard Attias
Monsieur communicator
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Richard Attias est né à Fès en novembre 1959. Ingénieur de formation, diplômé de l’INSA de Toulouse, il intègre IBM en 1983 avant de rejoindre Econocom. De là , il se lance dans la communication évènementielle. Homme d’affaires accompli, il effectue un parcours brillant dans ce domaine en dirigeant Nephtalie, puis Global Event System. Il remportera le jackpot en organisant le forum de Davos en 1994 pour le World Economic Forum. Publicis rachète son agence Nephtalie et il devient président de Publicis Events Worldwide. Il fonde ainsi un réseau mondial spécialisé dans la communication évènementielle, dédié aux conférences internationales, manifestations institutionnelles et marketing de grands groupes. En 2007, Richard Attias lance une agence dédiée aux évènements les plus prestigieux du monde.
M.K.
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Sidney Toledano
Un parcours cousu de fil blanc
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Sidney Toledano, originaire de Casablanca, est né en 1951. Fils d’un industriel, président de la communauté juive de Casablanca, il poursuit ses études en France. Diplômé de l’école Centrale Paris, il effectuera un long parcours dans le monde de la mode après avoir été consultant marketing chez Nielsen International. Il travaillera pour les célèbres marques Kickers, puis Lancel, avant de rejoindre Bernard Arnault pour diriger Christian Dior Couture et y développer la maroquinerie. En devenant PDG, Toledano s’attachera à donner un coup de jeune à la prestigieuse marque tout en conservant l’héritage et l’esprit de son créateur, Christian Dior. La stratégie qu’il inculquera à la griffe, voulue par son créateur soixante ans plus tôt, est axée sur le grand luxe.
M.K.
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Fatine Layt
Madame médias
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Diplômée de l’Institut des études politiques en 1988 et major de sa promotion, Fatine Layt se lance dans le monde de la finance en tant que trader obligataire dans la société de Bourse Legrand Legrand. En 1989, elle intègre la holding Euris pour la gestion d’un fonds d’investissement. Entre 1992 et 1994, elle est nommée PDG de la maison d’édition de beaux livres EPA et dirigera plusieurs sociétés en parallèle dans l’audiovisuel, l’édition et la photo de presse. C’est en 1999 qu’elle crée sa société conseil en ingénierie financière spécialisée dans les médias, Intermezzo. Parmi les missions phares menées avec succès, la vente de l’hebdomadaire Le nouvel Economiste et la recapitalisation du quotidien Libération en ouvrant son capital à El Mundo et au Nouvel Observateur.
M.K.
Fatéma Hal
L’ambassadrice culinaire
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Le Mansouria, le restaurant de Fatéma Hal à Paris, n’est plus à présenter pour les amateurs de cuisine marocaine. Ouvert depuis 1984 par cette Oujdie d’origine, Le Mansouria a su conquérir le palais des gourmets de l’Hexagone et a a fait de Fatéma Hal une célébrité dans son domaine. Passionnée de cuisine, Hal a aussi pensé à diffuser et partager son savoir-faire culinaire via une série de publications dédiées. En véritable ambassadrice de la gastronomie marocaine, elle donne aussi des conférences un peu partout dans le monde. En 2011, elle signe une autobiographie, « Fille des frontières », où elle raconte sa vie et son parcours, et est décorée de la légion d’honneur.
K.E.H.
Mustapha Haddouch
L’épicier de Seattle
En 32 ans de vie aux Etats Unis, Mustapha Haddouch n’a jamais vraiment quitté le Maroc. En 1980, alors qu’il n’avait que 19 ans, il part faire ses études aux USA avec seulement 600 dollars en poche. En arrivant, il abandonne ses études car trop chères. Il est alors obligé de faire une multitude de petits boulots, car il n’est pas question pour ses parents de l’aider financièrement. Haddouch sera, 17 ans plus tard, à la tête d’une entreprise, Haddouch Gourmet Import, basée à Meknès et Seattle, qui exporte les produits du terroir marocain et les commercialise aux Etats-Unis. Epices, câpres, huile d’olive et d’argan, toute la richesse de la cuisine marocaine est exposée sur son site Internet.
A.M.
Paul Marciano
Le rêve américain
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Derrière la célèbre marque de prêt-à -porter Guess se cache le nom d’un Marseillais d’origine marocaine : Paul Marciano. Tenté par le rêve américain, il s’installe dès les années 80 avec ses trois autres frères à Los Angeles, où il réussit rapidement à bâtir la success story de prêt-à -porter et d’accessoires aujourd’hui de renommée mondiale : Guess. Son secret ? Revisiter le jean, vêtement emblématique américain, le remettre au goût du jour et … le vendre aux Américains. Pour cela, il exploite la technique du stone-washed (délavage avec des pierres volcaniques). Le succès était au rendez-vous dès les premières mises sur le marché. Depuis, la petite entreprise familiale, cotée à Wall Street en 1996, a fait son chemin. L’ex-marque de jeans est devenue une griffe de prêt-à -porter pour femmes, hommes et enfants. Et Marciano se diversifie rapidement dans les accessoires et produits dérivés, parfums, bagages et maroquinerie, lunettes, bijoux, sous-vêtements...
La marque débarque ensuite en Europe. Et depuis une dizaine d’années Guess a commencé à s’implanter en Chine. Là où elle passe, le succès est toujours au rendez-vous.
M.K.
Hassan Bouod
Ambassadeur du halal
Originaire de la région d’Agadir, oû il est né en 1964, Hassan Bouod débarque clandestinement en France en novembre 1983. Il a alors en poche un certificat d’aptitude professionnelle. Personne ne se doute un seul instant de la destinée qui attend ce jeune immigré. BHM, une boucherie avec un seul salarié, voit le jour, deux ans plus tard, en 1985. Quinze ans plus tard, Bouod contrôle un groupe spécialisé dans la charcuterie Halal employant 80 salariés, et générant 30 millions d’euros de chiffre d’affaires. Aujourd’hui, BHM n’a pas peur d’affronter les plus grands groupes mondiaux.
A.M.
Mohamed El Khayat
L’informaticien entrepreneur
Dans sa ville d’accueil, il passe désormais pour un patron modèle. Mohamed El Khayat, né en 1960, près de Tétouan, n’est plus à présenter dans le milieu des affaires québécois.
Parti du bas de l’échelle en tant que commercial, ce natif de Tétouan, a créé en 1992, avec deux partenaires, une entreprise informatique, EBR. Figurant parmi les plus importantes localement, elle brasse un CA annuel de 45 millions de dollars et emploie plus de 80 personnes. Elle compte un portefeuille clientèle de plus de 500 administrations et entreprises dont l’avionneur Bombardier. En 2000, El Khayat s’est vu attribuer le prix « Bâtisseur québécois », puis, en 2001, celui de «l’Immigrant du monde».
K.E.H.
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Abderrahim Loukili
Emissaire des nouvelles technologies
Abderrahim Loukili est un de ces Marocains qui font régulièrement parler d’eux au Canada. Son entreprise, eVision, spécialisée dans les logiciels de pointe de recherche scientifique, s’est vu décerner, en 2010, le prix de l’Entreprise du monde. Ce prix organisé à Québec par la chambre de commerce de la ville, et parrainé par la Caisse populaire Desjardins, consacre les entreprises employant des immigrés et qui ont réussi à s’imposer. Loukili avait déjà réussi à s’illustrer, en 2008, en remportant le prix de l’Entrepreneur de l’année. Détenteur d’une licence en mathématiques appliquées de l’université Mohamed V à Rabat (1983), d’une maîtrise en informatique (1986), et d’un MBA de l’Université de Laval (1995), il fait partie des rares Marocains reconnus par la communauté québécoise comme acteur de son développement.
A.M.
Saâd Zouak
Un ingénieur à New York
Après un parcours sans faute dans l’école publique à Meknès, Saâd Zouak s’est envolé pour New York pour des études d’ingénieur spécialisé dans l’environnement dans les années 90. Il décroche un Bachelor of Chemical Engineering au Texas et un Master en environnement, avant d’intégrer un grand cabinet, Detail Associate. Il vole de ses propres ailes en 1988 en créant le cabinet Eartek où il compte parmi ses clients, la ville de New York, des banques américaines basées aux Etats-Unis et en Chine, des multinationales, ainsi que nombre de cabinets d’architectes, hôpitaux et entreprises de travaux publics. Aujourd’hui, Eartek emploie plus de 60 ingénieurs et réalise un chiffre d’affaires de 15 millions de dollars par an en moyenne.
M.K.
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Chercheurs
Mohamed Amrani
Un homme de cœur
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Durant ces quinze années d’exercice comme cardiologue en Grande-Bretagne, Mohamed Amrani aurait pu se contenter d’une vie confortable. Cependant, c’est tout le contraire qu’il a choisi. A commencer par la difficile tâche de tout remettre en cause, y compris son savoir-faire. Une remise en question qui lui a permis de réinventer la chirurgie cardiovasculaire et de transplantation. La méthode à mini-invasive, fruit de plusieurs années de recherche, lui a permis de devenir une référence mondiale en la matière. Cette méthode consiste à opérer sans ouvrir le sternum. Aujourd’hui, les meilleurs chirurgiens au monde font appel à ses conseils ou suivent ses conférences. Malgré cette réussite internationale, Amrani reste attaché à son pays. A chaque fois qu’il en a l’occasion, le chirurgien ne cache pas son souhait de partager son savoir-faire avec ses confrères marocains. D’ailleurs, il donne régulièrement des conférences au Maroc, pour encourager et former la relève. A.M.
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Abderrahman El Fouladi
Monsieur climat
Nul n’est prophète en son pays. Abderrahman El Fouladi, expert en climatologie installé au Canada, pourrait faire de cette expression, sa propre devise. Topographe, puis cartographe au Maroc, il s’installe définitivement au Canada, dès 1991 (après sa retraite anticipée). Il y poursuit des études couronnées par un doctorat en climatologie, puis mène une carrière de consultant en changements climatiques, notamment en impacts de la hausse future du niveau moyen de la mer sur les installations côtières. Il a aussi à son actif plusieurs publications de recherche et une autobiographie : « De Boujniba à Montréal. Parcours du combattant d’un va-nu-pieds ». Fouladi garde des liens solides avec son pays natal. Il a ainsi proposé, l’année dernière au Maroc, un projet de monitoring de la côte marocaine face aux aléas climatiques, dans le cadre d’un forum des compétences marocaines résidant au Canada. Malheureusement, sa proposition aurait été accueillie froidement par les autorités marocaines. Or, le programme des Nations unies (PNUD) vient de lui accorder, cette année, un contrat pour le même projet, suite à un appel d’offres international. Et le climatologue marocain est actuellement à Haïti pour appliquer la méthodologie proposée aux Marocains gratuitement ! K.E.H.
Samira Hassani
Une physicienne au chevet du monde
Samira Hassani est un pur produit de l’école publique. Elle effectue toutes ses études à Oujda où elle décroche un DEA en physique des particules en 1999, avant d’obtenir une bourse de mérite du CNRS pour poursuivre sa thèse de doctorat au laboratoire de l’accélérateur linéaire d’Orsay en France. Elle rejoint en 2004 le Commissariat à l’énergie atomique où elle occupe un poste de responsabilité.
Elle participe au travail des chercheurs du CERN à Genève. Le 4 juillet dernier est une date mémorable pour elle et la communauté scientifique. L’équipe du CERN découvre le boson de Higgs, cet élément central du Modèle Standard qui explique l’origine de la masse de l’ensemble des particules élémentaires, au moment du Big Bang. Hassani, 38 ans, est bien évidemment fière d’avoir contribué à cette découverte essentielle pour comprendre la naissance du monde. Aujourd’hui, elle se fixe d’autres défis, celui de définir les caractéristiques du boson de Higgs, puis de découvrir de nouvelles particules qui expliqueraient d’autres phénomènes encore mal compris. M.K.
Sport
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Mounir El Hamdaoui
On a trouvé notre Cap’tain Majid
Sur une surface de réparation, Mounir El Hamdaoui fait fureur. Après plusieurs passages à vide, l’international marocain a, enfin, trouvé sa voie. A 20 ans, il quitte l’Excelsior Rotterdam (Pays-Bas), où il a été formé, pour Tottenham (Angleterre). Un peu perdu, le jeune attaquant peine à trouver sa place. Il sera alors prêté à un club de 2e division (Derby County). Dans la foulée, coup de tonnerre, il se blesse gravement et sera contraint de mettre entre parenthèses sa carrière (de 2005 à 2007). De retour en Hollande, en 2007, il signe avec l’AZ Alkamaar. Il retrouve ses sensations, c’est la résurrection ! En 3 saisons il marque 85 buts, ce qui lui vaut le titre de meilleur buteur du championnat hollandais en 2008 et le soulier d’Or (Pays-Bas) l’année suivante. En 2010, l’international marocain rejoint l’Ajax Amsterdam, où il s’impose rapidement. Mis sur le banc de touche cette saison, l’attaquant décide de signer avec la Fiorentina. Sabotage de transfert de la part de l’Ajax, et poursuites judiciaires s’ensuivent. Mais aujourd’hui c’est officiel, Mounir El Hamdaoui jouera sous les couleurs du club italien. Une nouvelle aventure commence. K.O.
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Khalid Rahilou
L’homme aux gants d’or
On remonte le temps pour restituer l’histoire d’un oublié. Il s’agit de Khalid Rahilou. Un boxeur d’exception qui s’est illustré en full-contact et en boxe anglaise. Né en 1966 à Argenteuil, Khalid n’avait d’yeux et d’oreilles que pour le football. Sa carrière était toute tracée, jusqu’au jour où il se blesse au genou. Son rêve de devenir footballeur vole en éclats. Mais le jeune Khalid a plus d’un tour dans son sac. Il opte pour la boxe pieds poings. Il travaille sans relâche pour atteindre les sommets. 1987 : le jour de gloire est arrivé. Il devient champion du monde de full-contact (super léger). Assoiffé de gloire, il se tourne vers la boxe anglaise, une discipline qu’il juge plus médiatique. Il enchaîne les compétitions et le succès est au rendez-vous. Il est champion d’Europe 1994 et 1995. Deux ans plus tard, il se trouve au sommet de la boxe anglaise avec son titre de champion du monde. Après une série de défaites, il dépose les gants en 2002, non sans regret… Il vit aujourd’hui entre la France et le Maroc. K.O.
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Marouane Chamakh
Le crooneur du foot marocain
Sur une échelle de 0 à 10 de sex-appeal, les jeunes filles en fleur peuvent facilement attribuer à Marouane Chamakh un 13 ! C’est que le Gunner a beaucoup de succès auprès des filles et il en joue. Sur le terrain, ça se passe un peu moins bien. Cette saison, il a eu du mal à s’imposer, face à des Van Persie ou Theo Walcott. Cela dit, ça ne gâche en rien son talent et il l’a d’ailleurs prouvé, à maintes reprises, quand il était avec les Girondins de Bordeaux. Ce club, c’est un peu comme une seconde famille pour lui. En effet, à 16 ans, il intègre le centre de formation des Girondins. Trois ans plus tard, il entre dans la cour des grands et joue avec l’équipe première. Il lui a fallu deux saisons pour devenir un maillon fort du club. Il est sacré meilleur footballeur marocain en 2004 et 2009. Avec les Girondins, il a gagné, entre autres, deux Coupes de la Ligue (2007 et 2009) et le titre de champion de France en 2009. En politique, le cœur de Marouane bat MoDem ; il figurait, d’ailleurs, sur la liste du partie en Gironde en 2010, ça ne lui a pas réussi. Restera ou restera pas ? Son avenir à Arsenal demeure en suspens. K.O. |
Musique
Momo Cat
Du reggae sans frontières
Dans un pays gorgé de soleil, truffé de palmiers et gros producteur de ganja, on peut s’étonner de la discrétion du reggae dans la musique populaire. Heureusement, Momo Cat est là pour rattraper le coup… Né au Maroc, élevé en France, expatrié en Finlande, Momo s’est fait connaître en assurant le chant et la guitare au sein du groupe Saganor sans oublier, à côté, d’écrire en solo. Avec Saganor, Momo a organisé le premier concert de reggae de l’histoire de l’Estonie, rassemblant 30 000 personnes. En 1997, il a signé son premier contrat chez une grosse maison de disques. L’année suivante, il a parcouru les festivals du monde. Une escapade qui a fini par payer : en 2000, son album Payback Time s’est vendu à 500 000 exemplaires en quelques semaines. Une sacrée performance pour un disque de reggae. Et puis consécration parmi les consécrations, en 2005, il s’est qualifié pour les demi-finales de l’Eurovision en représentant la Finlande. Et maintenant ? Maintenant, Momo Cat continue de tracer sa route, dreadlocks au vent… N.S
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Laureen
Abba version rouge et vert
En mai 2012, c’est la Suède qui a remporté le concours de musique de l’Eurovision, regardé par plus de cent millions de terriens. Mais c’est en partie aussi la victoire du Maroc. Laureen, 28 ans, a représenté la Suède et remporté le concours avec sa chanson techno-pop « Euphoria ». Lorine Zineb Noka Talhaoui, le patronyme véritable de Laureen, a elle représenté le Royaume lors de cette 57e édition qui a eu lieu en Azerbaïdjan. Cette fille d’immigrés marocains née à Stokholm en 1983 n’a a priori aucun lien avec son pays natal. On ne retrouve pas le Maroc dans son influence musicale, plus proche de Abba que de Hajja Hamdaouia. Pourtant, la jeune femme n’oublie pas ses racines et affirme : « Quand je suis au Maroc, je me sens incroyablement suédoise, mais quand je suis en Suède, je sens que je suis d’un tempérament différent […] Pour moi ce n’est pas négatif, parce que je n’aime pas les frontières. Il est bon de mélanger les cultures. » Z.C.
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RedOne
Hit the dance floor
Ce n’est un secret pour personne, le producteur de musique marocain le plus en vogue en ce moment, c’est Nadir El Khayat alias RedOne. Il est derrière les hits les plus enflammés sur lesquels vous vous êtes déhanchés en boîte, au boulot ou dans votre salle de bain : Poker Face de l’excentrique Lady Gaga, On the Floor des latinos Jennifer Lopez et Pitbull ou encore More du don Juan américain Usher. Né à Tétouan en 1972, RedOne a très vite compris que son avenir était ailleurs. A 18 ans, il met les voiles direction la Suède où il se consacre à la musique et gravit pas à pas les échelons. Il décide ensuite d’aller aux Etats-Unis, épicentre de l’industrie de la musique. Son ascension démarre à la vitesse grand V dès 2008 avec les tubes de Lady Gaga ou Akon. Depuis, la liste de ses collaborations avec des poids lourds de la musique pop et hip-hop n’en finit pas de s’allonger : Michael Jackson, Lionel Richie, Christina Aguilera, Mika et bien d’autres ont collaboré avec lui. En 2011, il a décroché deux Grammy Awards et trois Brit Awards. Et ce n’est qu’un début… K.O.
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Belles lettres
Safia Azzeddine
La rebelle
Elle est belle, elle passe sur tous les plateaux des télévisions françaises dès qu’elle sort un livre ou juste à l’annonce d’un nouveau projet ! Mais Safia Azzeddine n’est pas seulement une jolie fille, elle est romancière et a du talent. Née au Maroc en 1979 à Agadir, elle s’est aussi essayée au cinéma en tant que comédienne et récemment en tant que réalisatrice. Dans une écriture épurée, la sociologue se sert des travers de sa société pour écrire des livres. Confidences à Allah, Mon père est femme de ménage, La Mecque-Phuket, Héros anonymes, ses romans sont souvent adaptés au théâtre, à la télévision et font parler d’eux. D’abord pour leurs qualités littéraires, ensuite pour le charisme de l’auteure qui n’a pas peur de défendre ses idées. Traduite en espagnol, en suédois et en italien, le phénomène Safia Azzeddine gagne du terrain au-delà du Maroc et de la France. A.G.K.
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Tahar Ben Jelloun
Notre Goncourt national
Contrairement à la plupart des écrivains, TBJ comme on l’appelle, n’attend pas la nuit pour coucher ses histoires sur du papier. L’auteur, qui n’arrive pas à citer le nombre d’opus écrits depuis 1971 à ce jour, tellement il est prolifique, n’a jamais entretenu de bons rapports avec la pénombre, cette aveuglante absence de lumière... La nuit, ce bout de temps qui peuple la plupart de ses romans, l’obsède… La nuit de l’erreur, La nuit sacrée parachèvent le parcours de Tahar Ben Jelloun et le couronnent du prix Goncourt 1987. Ce Tangérois, né en 1944, est aussi un sociologue. Docteur en Psychiatrie sociale, il explore des thématiques se rapportant aux droits de l’homme... et aux troubles psychologiques des immigrés depuis qu’il a décidé de s’installer au nord de la Loire voici plus de trente-cinq ans. Depuis quelques années, TBJ est membre de l’Académie du Prix Goncourt. A.C.B.
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Rachid Benzine
Le réformiste
Il est né en 1971 à Kénitra. Rachid Benzine est islamologue. Son domaine de prédilection est l’herméneutique coranique contemporaine. Le mot paraît compliqué et austère mais Benzine sait rendre lisible et audible l’explication et l’interprétation des textes sacrés. Codirecteur de la collection Islam des lumières aux éditions Albin Michel, il est l’un des penseurs qui ont enrichi intellectuellement la pensée musulmane. S’inscrivant dans une longue lignée de réformistes, Benzine appelle à penser la religion et à s’éloigner de l’interprétation littérale du Coran. Ses publications sont autant de réflexions et de méditations. Nous avons tant de choses à nous dire (Ed. Albin Michel) ou encore Les nouveaux penseurs de l’Islam en témoignent. Enseignant, Benzine éclaire sur la religion et prône l’ouverture intellectuelle. A.G.K.
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Abdellatif Laâbi
Homme de tous les combats
Il a le don des mots. On a l’impression que ses écrits viennent de loin, du Fond de la jarre ou d’Un continent humain, tout simplement. Les titres des œuvres de Laâbi révèlent souvent l’homme, ses combats. Connu pour ses positions politiques tranchées, son franc-parler, Laâbi n’est pas seulement écrivain mais un grand tribun et un intellectuel, fortement attaché à sa terre, profondément humain. Si le poète est très apprécié autant au Maroc qu’à l’étranger, c’est parce qu’il reste fidèle à ses engagements. « La poésie n’est pas prête à rendre les armes », répète-il à qui veut l’entendre ! Le fondateur de la revue Souffles a également créé l’Association de recherche culturelle (ARC), avec son acolyte Abraham Serfaty. Ses opinions l’emmènent tour à tour en prison (de 1972 à 1980) ou au sommet de la gloire : prix Goncourt de la poésie (2009), Grand prix de la francophonie de l’Académie française en 2011. Les distinctions pleuvent sur Laâbi, le romancier, le traducteur, le poète… l’humain, tout simplement. A.G.K.
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Fouad Laroui
S’exiler pour mieux observer
Il n’a pas fini de se méfier des parachutistes... Fouad Laroui, figure emblématique de la littérature francophone marocaine, a préféré les lettres aux chiffres, les chroniques-vérité à la veulerie démagogue, et l’humour incisif qui convoque l’Histoire dans chacun de ses romans, aux récits plats d’un « observateur » qui a choisi l’exil à Amsterdam à l’usine de phosphate de Khouribga. Khouribga, là où tout a commencé, là où l’ingénieur lauréat de l’Ecole nationale des Ponts et Chaussées a percé son trou dans la littérature avec Les dents du topographe, son premier roman, publié bien plus tard. Ras-le-bol des mines et de la carrière conformiste qui ne collaient aucunement au profil de caricaturiste littéraire que s’est découvert Laroui. A 31 ans, cet Oujdi lâche les maths et l’algèbre pour les sciences économiques et les grandes valeurs de la Hollande. Doctorat en poche, le littéraire dans un corps de scientifique enchaîne les romans, loin du microcosme littéraire français et du lobbying des grandes maisons d’édition, jusqu’en 2010, où son opus Une année chez les Français a été retenu parmi la première sélection du prix Goncourt. Aujourd’hui, chroniqueur littéraire à Jeune Afrique, la revue Economia et la radio Medi 1, Laroui vient de sortir La vieille dame du riad, une œuvre foisonnante qui signe définitivement le talent singulier de l’auteur. A.C.B.
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Abdellah TaĂŻa
La différence
Il a pris tout le monde de court le jour où il a décidé de faire la couverture d’un hebdo marocain sous le titre « Homosexuel, envers et contre tous ». Une homosexualité déjà révélée dans ses romans et sous-entendue lors de certains passages sur des chaînes françaises. Mais Abdellah Taïa n’est pas homme à se suffire de nuances. Lui, le Slaoui, l’enfant modeste de Hay Salam, a eu le courage d’assumer sa « différence », et même de l’expliquer à sa mère, dans une lettre ouverte publiée dans la presse. Né en 1973, Taïa ne quitte le Maroc pour la première fois qu’en 1998 pour poursuivre des études en littérature française en Suisse, puis à la Sorbonne. De Mon Maroc au Jour du roi, roman qui lui a valu le prix de Flore en 2010, toutes les œuvres de ce jeune homme frêle sont à son image. Une image vraie qui ose rêver d’un Maroc différent où chacun aurait le courage d’être soi. A.C.B.
Show Biz
Jamel le terrible
C’est l’enfant terrible du Maroc. Il dit tout haut ce que les autres pensent tout bas. Et même s’il ne fait pas rire tout le monde, beaucoup de jeunes s’identifient à lui. Jamel Debbouze séduit par son parcours atypique et sa sincérité. L’humoriste, acteur et producteur, a également su profiter de sa notoriété pour propulser la carrière de débutants. A Paris, boulevard Bonne-Nouvelle, le Jamel Comedy Club est devenu un endroit prisé. La longue file à l’entrée de la salle de spectacle témoigne de la réussite du concept 100% Debbouze. Mais la générosité de l’humoriste ne s’arrête pas là . Depuis quelques années déjà , un nouveau rendez-vous s’est installé, Le Marrakech du Rire où, tous les ans, Jamel présente lui-même des jeunes en qui il croit et ce n’est pas seulement pour rire qu’il le fait ! L’enfant de Taza revient toujours au pays, clame son identité en gardant bien les pieds sur terre et la main sur le cœur. En ce moment, Jamel s’essaye à la réalisation, un film dont il ne veut encore rien dévoiler. Shut, silence, action ! A.G.K.
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Gad Elmaleh
Oh my God !
Aujourd’hui, on peut dire sans trop prendre de risque que le grand dadais aux yeux bleus s’est imposé comme l’humoriste préféré des Marocains. Difficile d’imaginer le jeune Gad, à la limite de l’autisme, mal à l’aise dans notre monde, se faire systématiquement virer des collèges et lycées de sa jeunesse. Bien sûr, il raconte cette période en rigolant aujourd’hui, imitant son mutisme de l’époque dans les salles de classe, qui lui valait les foudres de ses professeurs. La suite, on la connaît. A 17 ans, il quitte Casablanca pour faire ses études à Montréal, quitte Montréal pour devenir comédien à Paris, devient comédien à Paris, enchaîne les rôles au cinéma et écrit des spectacles qui le consacrent aux yeux du public. Dans ses sketches, quand il ne chante pas, il se moque tendrement des blédards et des Fassis, de leur accent et de leurs manies, pour le plus grand plaisir des Marocains. N.S.
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Rachid Badouri
Comédien-né
Les issues de secours sont situées en tête et en queue de l’appareil… » Pendant environ cinq ans, la longue litanie des consignes de sécurité demeure le seul sketch des journées de travail de Rachid Badouri, steward pour une compagnie aérienne. Malgré un job plutôt prenant, le jeune Québécois d’origine marocaine est pourtant déjà féru de comédie, amateur notamment de théâtre d’improvisation. En 1999, il monte son premier numéro. Sans surprise, il y parle d’immigration, de son intégration dans un pays majoritairement blond. Le comédien se découvre un public sans trop de problème. N.S.
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Ali Baddou
Bien sous tous rapports
Ali Baddou est le cousin germain de l’ex-ministre de la Santé, Yasmina Baddou. Prof de philo à Sciences Po Paris, c’est ainsi que se définit le jeune homme de 38 ans. Pourtant Ali Baddou est bien plus que cela. Il est surtout une star auprès du public marocain qui l’a découvert en 2005, aux côtés de Choumicha, présentant le Sidaction sur 2M, puis, au Festival international du film de Marrakech. Les Français, eux, connaissent plutôt ce chroniqueur au « Grand Journal » de Canal+, fils de diplomate marocain et natif du 14e arrondissement. A tout juste 26 ans, le descendant d’Istiqlaliens a collaboré avec Jack Lang au sein du cabinet du ministère de l’Éducation nationale de l’époque. A.C.B.
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Sidi Larbi Cherkaoui
L’explorateur
Il faut voir ses spectacles pour comprendre qui est Sidi Larbi Cherkaoui. Danseur, chorégraphe ? Contorsionniste ? Le Maroco-Belge a abordé le monde de la danse assez tard (il avait déjà 16 ans) mais a très vite compris ce qu’il voulait faire de son corps.
Il a d’abord commencé par lui infliger les postures les plus improbables, à chercher l’équilibre dans le déséquilibre ; une fois ce point trouvé, il n’a pas cessé de réinventer le mouvement. Depuis ses débuts dans la troupe du célèbre Wim Wandekeybus, de l’eau a coulé sous les ponts. Sidi Larbi a trouvé son propre langage, sa propre façon de faire parler le corps. Aujourd’hui, il est devenu un véritable phénomène de la danse contemporaine. Issu d’une double culture, le chorégraphe Cherkaoui explore le monde, voyage à travers le corps. Son nouveau spectacle, Puz/zle, en ce moment à Avignon, est une nouvelle consécration. A.G.K.
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Inclassables
Yasmine
A star is porn
Casino-No Limit », ça vous dit quelque chose ? Non, ce n’est pas un Scorsese, mais LE plus gros budget du X en France sorti en 2008 (230 000 euros) ! Yasmine est à l’affiche du film réalisé par Marc Dorcel – une autre célébrité qui n’a rien à voir avec Scorsese. Hafida El Khabachi, son véritable nom, est née au Maroc en 1973 et a émigré très tôt, à l’âge de 15 mois, en France avec ses parents. Elle commence sa vie professionnelle par un travail d’aide soignante et cumule les petits boulots jusqu’à rencontrer son mari, Alexandre Legland (sic !) qui la lance dans le milieu du X. Un dépucelage mental pour la jeune femme qui affirme apprécier le libertinage. C’est tout naturellement qu’elle devient une des actrices de charme les plus courues, avec une filmographie « honorable ». Elle confiera cependant aux Inrocks : « Tu donnes ton image et en même temps tu cèdes tes droits pour 99 ans, autant dire que tu meurs avec des images trash de toi qui font le tour du monde [...] seuls les producteurs et ceux qui gravitent autour ramassent du fric. » Elle se lance donc dans la production. Yasmina en a dans la tête autant qu’elle en a sous le soutien-gorge. Dans cette même interview, elle fustige l’hypocrisie sexuelle au Maroc, dont la sodomie pour préserver la virginité, le tabou de l’homosexualité… Le sexe, ça se passe d’abord dans le cerveau. Z.C.
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Samir Bargashi
Tous kif-kif
Ce frêle Tangérois de 25 ans, à la voix fluette, est un grand timide qui mène pourtant une révolution des mœurs quasi inédite dans les pays arabes : il est le président de Kif-Kif, l’association marocaine de défense des droits des gays et lesbiens (LGBT), qui officie à partir de l’Espagne. Non content de hérisser les poils des moins conservateurs des conservateurs avec son combat d’avant-garde pour un pays comme le Maroc, le jeune homme s’est aussi illustré en lançant Mithly, le premier mensuel gay arabe. Grâce à lui, le débat sur l’homosexualité est un peu moins tabou même ci certains l’accusent de « susciter la fitna en terre d’islam ». Z.C.
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Ruby can’t fail
On ne présente plus Ruby, à peine 18 ans, et rendue célèbre par les frasques de Berlusconi dont elle était l’accompagnatrice. « Ruby, la Marrocchina », « le charme mauresque », Karima El Mahroug, cette jeune fille originaire de Fqih Ben Saleh et qui a grandi dans une banlieue pauvre de Sicile, s’est hissée aux sommets du people et du show business après avoir été payée « 47 000 euros par semaine » par Il Cavaliere, selon l’aveu même de la principale intéressée. La presse italienne croit même savoir que son silence a été acheté plusieurs millions d’euros par l’ancien président. Z.C.
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Layla El
The queen
C’est la déesse des rings aux Etats-Unis. Layla El, 32 ans, est de mère d’origine marocaine et de père espagnol. Le métissage est réussi : elle est belle lors de ses matchs de catch, mais aussi quand elle apparaît sur les couvertures des magazines où elle fait le mannequin. Mais attention, Layla ne fait pas que distribuer des baffes et poser devant des objectifs. Elle est aussi danseuse et a fait des études de théâtre et de comédie. Elle a même été basketteuse. Et à la NBA s’il vous plaît ! Aux USA, sa notoriété est faite : une figurine à son effigie est commercialisée et son personnage est présent dans les jeux vidéo. Z.C.
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Sara Chafak
Habibi Fino
Deux Sara représenteront le Maroc au concours de Miss Univers 2012, qui aura lieu le 17 décembre 2012 à Tempa en Floride. Sara Moutamid, 19 ans, aux couleurs du Royaume et Sara Chafak, 21 ans… aux couleurs de la Finlande ! Cette dernière, est une Fino-Marocaine de père amazigh et de mère scandinave élue le 29 janvier 2012 Miss Finlande 2012. La brunette est mannequin mais aussi étudiante en marketing international. Elle parle cinq langues (Sara Moutamid aussi), dont le finnois, l’anglais et l’arabe. Elle adore faire la cuisine marocaine et jouer au football. Deux miss pour le prix d’une, qui dit mieux ? Z.C.
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Cinema, Arts et style
Mohamed Ulad-Mohand
Un œil engagé
A son actif, on ne dénombre pas moins d’une trentaine de documentaires et de courts métrages qu’il a produits en France, et trois métrages réalisés par l’artiste himself, mais ce qui a fait connaître ce Marocain de là -bas, c’est son procès judiciaire aux relents politiques contre l’héritier de l’empire du sac Kelly. Hercule contre Hermès, le dernier documentaire de Mohamed Ulad-Mohand porte sur une histoire de féodalité néocoloniale. Hercule, un paysan trentenaire du Nord marocain, vivote avec sa famille sur un lopin de terre perché sur les hauteurs d’une plage d’Asilah, et refuse de céder aux avances de son unique voisin qui a acheté tous les terrains alentour, un certain Patrick Guerrand-Hermès qui poursuit le cinéaste pour diffamation… Compagnon de Mazarine Pingeot, la fille de François Mitterrand, avec laquelle il a eu trois enfants, Ulad-Mohand est un réalisateur-producteur marocain bardé de diplômes. Lauréat du top 50 du très prestigieux magazine américain Variety, cet Amazighe a été récompensé à plusieurs reprises. A.C.B.
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Zem fait son cinéma
Loin des clichés du banlieusard malfamé et aigri, Roschdy Zem a su imposer son empreinte dans le monde du cinéma français. Du marché aux puces – où il vendait des jeans à l’arraché – aux planches des théâtres parisiens, il n’y a qu’un Zem. A 20 ans, il décide d’entrer dans l’arène du spectacle. Deux ans plus tard, il fait une première apparition dans le film de Josianne Balasco, Les keufs. En 1991, il décroche son premier rôle dans J’embrasse pas, d’André Téchiné. Xavier Beauvois lui offre un des rôles qui feront décoller sa carrière avec En avoir ou pas de Laetitia Masson. Dans le premier, il joue un toxicomane complètement déluré et dans le second, un veilleur de nuit. Il enchaîne avec des films d’auteur mais aussi des comédies grand public un peu ratées. En 2006, c’est la consécration, il obtient le prix d’interprétation masculine à Cannes, qu’il partage avec ses partenaires, pour Indigènes. Ni une ni deux, il se lance dans la réalisation avec Mauvaise foi, puis Omar m’a tuer en 2011. Aujourd’hui, il est à l’affiche de Mains armées, un polar de Pierre Jolivet. Et pleins de projets se profilent devant lui. K.O.
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Chourouk Hriech
A la conquĂŞte du monde
Dans ses dessins, à l’encre de chine ou à la gouache, Chourouk Hriech aborde l’espace qui l’entoure comme une mer de possibilités. Elle l’observe, s’en imprègne et le codifie en fonction d’un plan instantané. Avant d’intégrer les Beaux-Arts de Lyon, l’artiste a suivi des études en histoire et histoire de l’art, ce qui l’a aidée à mieux appréhender sa pratique artistique. Elle monte sa première exposition au Centre régional d’art contemporain de Sète en 2002. Un an plus tard, elle publie son premier livre de dessins The Pink Book. Elle rentre au bercail en 2004 où elle effectue une résidence, au labo artistique l’Appartement 22 à Rabat, qui donne naissance à l’exposition « Bendir, l’eau à la bouche ». Tel un samouraï en jupons et basket, Chourouk dégaine ses pinceaux. Elle conquit alors la Fiac ou la Frieze Art Fair de Londres en 2007. Elle gagne le Prix Es Saadi pour l’art contemporain à Marrakech Art Fair en 2011. A tout juste 35 ans la Marseillaise d’origine marocaine se démène pour se frayer son petit chemin, elle s’en sort plutôt bien. K.O.
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SaĂŻd Mahrouf
Au Musée
Des lignes droites, des plis qui ne suivent pas les courbes du corps, des tissus qui tombent et qui le subliment… C’est à ce monde que nous convie Saïd Mahrouf. Le styliste s’adonne à ce jeu dans ses collections de prêt-à -porter ou de haute couture. La Mahrouf touch est facilement reconnaissable ! Né au Maroc en 1973, c’est à Amsterdam qu’il étudie le stylisme avant d’aller à New York. Dès ses premières collections, l’artiste a connu la consécration. Ses vêtements sont exposés au Musée d’art moderne d’Amsterdam, au Musée d’art contemporain et au Musée national du design Cooper Hewitt de New York, au Central Museum d’Utrecht... En très peu de temps, Mahrouf s’est fait un nom et sa touche est devenue une griffe ! A.G.K. |
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