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Controverse  Au commence ment Ă©tait le MUR…
actuel n°132, vendredi 9 mars 2012
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Les déclarations à l’emporte-pièce du ministre pjdiste sont inspirées d’une matrice commune : le Mouvement unicité et réforme. Une association de prédication religieuse aux longues tentacules, fondée avant le PJD et dont sont issus la plupart de ses dirigeants.


Pour réprouver le festival Mawazine, Lahbib Choubani, ministre pjdiste des relations avec le Parlement et la société civile recourt, entre autres arguments, au fait que « la retransmission du festival sur les télévisions publiques perturbe les élèves car elle intervient en pleine période d’examens ». Une idée défendue depuis des années déjà par le MUR, considéré comme la matrice du PJD et son bras idéologique.

 

Les récentes sorties de certains responsables du PJD, dont l’élu communal de Tétouan, Amine Boukhoubza, maudissant la mairie qui ose financer des festivals de « prostituées », celles de Mustapha El Khalfi sur le droit de porter le voile à l’écran sur les chaînes publiques, renvoient à des débats moraux qui sont la spécialité du MUR – le militantisme pour le port du voile dans les administrations – et qui rappellent aujourd’hui les liens étroits qui existent entre le parti et le mouvement de prédication religieuse.

« Le système des valeurs du PJD n’a pas changé et puise dans le référentiel du MUR. Il existe une confusion organisationnelle entre le parti et le mouvement. Le PJD est le produit du MUR. Sans le MUR, il n’est rien », estime le politologue Mohamed Darif.

 

Avant le PJD, le MUR…

Après avoir mis un moment en sourdine le discours ultraconservateur des islamistes, « l’aile gouvernementale » du PJD se remet donc à puiser dans l’argumentaire de sa matrice originelle, probablement pour satisfaire la base islamiste du parti.

Le MUR, qui avait adressé avant cela une lettre de félicitations au ton très politique à Abdelilah Benkirane après sa victoire aux élections, remet sur le devant de la scène le concept de « l’art propre ». Mises bout à bout, ces prises de positions convergentes replacent le MUR au cœur du débat politique et sociétal, et interpellent sur la nature de sa relation avec un PJD aujourd’hui au gouvernement.

 

D’ailleurs, la quasi-totalité des membres dirigeants du PJD ont fait leurs armes au MUR : Abdelilah Benkirane, Mustafa Ramid, Abdellah Baha, Mustapha El Khalfi, Bassima El Hakkaoui... Le premier président du MUR, Ahmed Raïssouni, a également été en même temps le président du Conseil national du PJD. Si le parti ne dispose pas d’un journal officiel, ses positions sont officieusement défendues par Attajdid… le journal du MUR (voir encadré).

Le MUR a préexisté au PJD.

Le mouvement est le fruit de la fusion, en 1996, du Mouvement du renouveau et de la réforme (MRR) de Abdelilah Benkirane, l’actuel Sscrétaire général du PJD (et ancien directeur d’Attajdid) avec la Ligue de l’avenir islamique d’Ahmed Raïssouni, ancienne émanation de la Chabiba islamiya. A l’époque, l’objectif était l’entrée dans l’arène politique. Elle a finalement eu lieu avec la création du PJD en 1998.

 

Mêmes combats, discours différents

Prosaïquement, le Mouvement unicité et réforme est une association de prédication religieuse qui a pour objectif « de contribuer à la compréhension de la religion, de ses préceptes au niveau de l’individu, de la famille, de la société et de l’Etat », comme nous l’explique Mohamed Hamdaoui, son président.

Dans les faits, le MUR est un mastodonte qui « collabore et coordonne », selon Mohamed Hamdaoui, avec la section estudiantine islamiste Attajdid Attoulabi, et un rĂ©seau de soixante associations fĂ©ministes rĂ©unies sous la bannière du « forum Azzahrae ». Et qui contrĂ´le aussi, selon Mohamed Darif, le syndicat UNTM dirigĂ© par le pjdiste et membre du MUR Mohamed Yatim. 

Le terrain de prĂ©dilection d’UnicitĂ© et rĂ©forme touche aux mĹ“urs, qu’il s’agisse de la promotion du port correct du voile, du combat contre la prostitution ou encore de la sensibilisation des jeunes aux mĂ©faits de la cigarette, dernière campagne en date menĂ©e par ses adhĂ©rents. 

A travers cet engagement sociétal et le vaste réseau mis en place par ses « frères », le MUR permet ainsi aux dirigeants du PJD « d’être présents dans le champ de l’establishment tout en restant proches de la base », écrit Malika Zeghal dans son ouvrage Les islamistes marocains, le défi à la monarchie (Ed. La Découverte, 2005).

Cela Ă©tant, rĂ©duire le PJD a une simple caisse de rĂ©sonance du MUR serait trop simpliste car le passage en politique Ă  travers les Ă©lections locales, puis les lĂ©gislatives, et enfin l’arrivĂ©e au gouvernement des islamistes ont « provoquĂ© une distinction de plus en plus nette entre les deux structures », estime le politologue Youssef Belal qui rappelle que l’argumentaire est diffĂ©rent entre les deux instances. Le PJD a un discours politique basĂ© sur un argumentaire Ă©conomique ou sur l’application de la loi, tandis que le MUR est liĂ© Ă  la tradition religieuse et relève du discours moral. 

 

Le PJD saute le MUR

Les islamistes marocains dits modérés ont même innové, et évolué, dans la mesure où c’est le politique qui commence à prendre le pas sur la prédication, « contrairement à Ennahda qui avoue vouloir s’inspirer du PJD ou des Frères de Jordanie qui restent otages de la Da’wa », conclut Belal.

Une Ă©volution des discours, perceptible au MUR lui-mĂŞme. « Nous convergeons sur le projet sociĂ©tal dans le cadre d’un partenariat stratĂ©gique mais avec une totale indĂ©pendance entre nos deux instances. Une situation comparable Ă  la relation qui existe entre les associations de dĂ©fense de l’environnement et les partis verts en Europe », dixit Mohamed Hamdaoui. 

La seule « nuance Ă  apporter Ă  cette nuance » est dans le fondement mĂŞme de l’islamisme politique, aussi Ă©voluĂ© soit-il : le parti, s’il n’est pas l’otage de l’association de prĂ©dication, reste liĂ© Ă  quelque chose de plus grand que lui et dont le projet englobe le politique, l’art, la religion dans un tout. C’est ce qui explique les pics moralisateurs de ministres Ă©minemment politiques. 

« Il ne peut y avoir de séparation entre le politique et le sociétal chez les islamistes, autrement ils deviendraient laïques », ironise Darif. Le pragmatisme politique du PJD a donc une limite qui s’appelle le MUR. Ce qui le conduit à ne jamais abandonner la rhétorique et les thématiques moralisatrices propres au courant islamiste. Nous voilà prévenus.

Zakaria Choukrallah

Attajdid, journal officieux du PJD

Le Mouvement unicitĂ© et rĂ©forme dispose d’un site web et de deux journaux : un trimestriel, Al-Fourqan, et surtout le quotidien Attajdid. Ce dernier diffuse modestement 2 726 exemplaires selon les chiffres de l’OJD mais bĂ©nĂ©ficie paradoxalement d’une influence certaine, due Ă  ses prises de positions Ă©ditoriales ultraconservatrices. 

Et aussi, parce que c’est le journal officieux du PJD, qui véhicule ses opinions. Du temps où il était dirigé par Abdelilah Benkirane en personne, le quotidien avait provoqué une tempête médiatique en considérant que le tsunami qui avait frappé l’Asie du Sud-Est était… une punition divine due au tourisme sexuel !

Depuis, le journal s’est assagi et le successeur de Benkirane à la direction, Mustapha El Khalfi (actuel ministre de la Communication), a même reconnu que c’était « une erreur ». Attajdid est l’enfant de la fusion du Journal du MRR, Arraya et de Assahwa, porte-voix de la Ligue de l’avenir islamique de Raïssouni.

Il est l’héritier de l’hebdomadaire interdit par Hassan  II, Al Islah, ancêtre de la presse islamiste et fondé dans les années 1980 par Benkirane & Co. Le PJD a même abandonné ses projets de journaux en français et en arabe, et sa publication Al Misbah mise uniquement sur le Net.

Une position avant-gardiste dont sont encore incapables les autres partis. « Le parti-pris du PJD est intelligent et moderne : c’est mieux de disposer d’un journal qui exprime une orientation et une sensibilité idéologique plutôt que d’un journal qui diffuse les positions d’un parti », estime Youssef Belal. Un bon point pour le tandem MUR/PJD.

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