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Azul Amazigh  
actuel n°170, jeudi 29 novembre 2012
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Que devra contenir la loi sur l’officialisation de l’amazigh et que va-t-elle changer ? Justice, administrations, écoles, médias… plusieurs secteurs se préparent déjà à la révolution tifinagh.

 

La loi organique qui consacre l’officialisation de l’amazigh a des airs de serpent de mer ; on en entend souvent parler sans que le dĂ©bat ne soit jamais tranchĂ©. ProgrammĂ©e onzième sur les dix-neuf lois organiques, elle ne verra probablement pas le jour avant la fin 2013. En dĂ©pit de cette Ă©chĂ©ance lointaine, le dĂ©bat dĂ©chaĂ®ne les passions : pour la seule annĂ©e 2012, pas moins de douze rencontres ont Ă©tĂ© organisĂ©es par des associations et des partis pour traiter la question. La dernière en date s’est tenue Ă  l’initiative de la Chambre des reprĂ©sentants le 21 novembre. La mĂŞme semaine, Lahcen Daoudi, ministre de l’Enseignement supĂ©rieur, s’est attirĂ© les foudres des Amazighs en remettant en cause le choix du tifinagh. Des dĂ©clarations qui ont provoquĂ© un tollĂ© gĂ©nĂ©ral car elles remettent sur le tapis un dĂ©bat pourtant tranchĂ©. « Daoudi s’est exprimĂ© Ă  titre personnel. Ce n’est pas la position de son parti. La standardisation, la gĂ©nĂ©ralisation, l’obligation de l’amazigh et l’adoption de l’alphabet tifinagh sont arrĂŞtĂ©s depuis longtemps », explique Meryam Demnati, secrĂ©taire gĂ©nĂ©rale de l’Observatoire amazigh des droits et libertĂ©s (OADL).  MalgrĂ© ces couacs, les formations politiques prĂ©parent toutes, en ce moment, des propositions de loi. Un petit parti, le PRE, a mĂŞme dĂ©jĂ  dĂ©gainĂ© le premier avec un texte qui reprend largement les idĂ©es du mouvement culturel amazigh. Cette « course » inquiète Meryam Demnati : « Il ne faut pas de concurrence pour formuler des propositions de loi organique. Nous avons besoin de textes rationnels, rĂ©flĂ©chis et concertĂ©s. » Bien plus qu’une loi, l’officialisation de l’amazigh, garantie par l’article 5 de la nouvelle Constitution, rentre aussi dans le cadre de la « rĂ©habilitation », pense Ahmed Assid, militant amazigh et membre de l’Ircam (Institut royal de la culture amazighe). « On ne peut plus enseigner l’histoire du Maroc en commençant par Idriss 1er et ignorer les rois amazighs. C’est pour cela que l’officialisation de l’amazigh est intimement liĂ©e Ă  la transition dĂ©mocratique », assure Assid. C’est aussi une question d’apprentissage. Non pas seulement du tifinagh mais Ă©galement de nouveaux comportements. C’est ainsi qu’à l’avenir, un fonctionnaire de l’état civil ne pourra plus refuser un prĂ©nom amazigh !

 

Enseignement

Selon les chiffres officiels, révélés en août par le ministère de l’Education nationale, seulement 2% des écoles enseignent l’amazigh à nos petites têtes brunes, soit 4 000 établissements. Au total, 14 000 enseignants ont été formés. Ils inculquent la langue amazighe à quelque 545 000 élèves, soit 15% de l’ensemble des enfants scolarisés. Le Maroc est donc très loin de la généralisation de l’enseignement de cette langue, objet de la convention signée entre le ministère de l’Enseignement et l’Ircam en 2003. « C’est la priorité à laquelle doit s’atteler la future loi organique », estime Ahmed Assid. Selon lui, cet échec est dû à l’absence de protection juridique. Il fallait une loi et pas seulement une convention. La future loi organique doit donc imposer un agenda précis. Il existe aujourd’hui des manuels, un lexique scolaire et tous les supports pédagogiques, mais le principal problème réside dans le manque de ressources humaines. Assid propose de pallier cette carence en formant des instituteurs spécialisés dans cette langue, et non de recycler des enseignants déjà formés à une autre discipline, comme c’est le cas aujourd’hui. « Au lieu de dix-huit instituteurs par école, il n’en faudrait plus que deux spécialisés », explique Assid. L’enseignement supérieur fait aussi l’objet de débats. Meryam Demnati pense qu’il faut créer des postes budgétaires pour les lauréats des filières et des masters d’études amazighes ainsi que des départements de la langue et de la culture amazighes au sein des universités.

 

Justice

Les tribunaux sont souvent confrontés au problème de la « traduction » pour des citoyens qui ne parlent que l’amazigh. Le problème s’est posé avec une telle acuité que Mohammed VI a dû émettre une décision en 2011, autorisant le recours à des traducteurs. Malheureusement, la décision n’a pas pu être mise en œuvre faute de moyens. La loi organique est donc appelée à corriger cette anomalie. Omar Louzi, président de l’Institut amazigh des études stratégiques, préconise de former tous les fonctionnaires de l’Etat et surtout ceux de la Justice, à la maîtrise de cette langue. « La Justice est un service payé par le contribuable qui a le droit d’user de sa langue reconnue comme langue officielle », argumente Louzi. Le militant va même plus loin et réclame que la loi oblige ceux qui briguent les fonctions suprêmes à parler l’amazigh : « Si on aspire à représenter le Maroc en tant que chef du gouvernement ou ministre, il faudrait savoir lire et écrire les deux langues officielles du pays, l’arabe et l’amazigh. »

 

Administration

Les administrations publiques, quant à elles, arborent de plus en plus des inscriptions en tifinagh sur leurs devantures. D’autres mesures nécessiteront plus de temps, comme la signalétique routière par exemple. « Il a fallu dix-huit ans à la stratégie de la marocanisation pour arabiser l’administration après l’indépendance. Il faudra sûrement une quinzaine d’années à l’amazigh aussi », estime Assid. « Mais cela ne doit pas servir de prétexte et l’on peut, par exemple, imaginer une contrainte légale d’un maximum de trois ans pour que les panneaux de signalisation soit aussi en amazigh », poursuit-il. Un signe qui ne trompe pas : le géant américain de l’informatique, Microsoft, a d’ores et déjà inclus l’alphabet tifinagh dans son système d’exploitation Windows 8 sorti cet automne.

 

MĂ©dias

En 2006, les deux chaînes publiques signaient le premier cahier des charges les obligeant à diffuser des programmes en amazigh. En 2010 a été lancée Tamazight, la chaîne consacrée à la culture amazighe qui diffuse dans les deux langues officielles. Il y a donc déjà une expérience sur laquelle il est possible de capitaliser. Le premier défi est celui de la constance, notamment en termes de volume horaire. « L’absence d’obligation juridique a permis aux chaînes de rogner sur les programmes en amazigh. Une loi organique protègera mieux cette langue », explique l’Observatoire amazigh des droits et libertés. Ainsi, quand la nouvelle loi organique verra le jour, elle induira systématiquement un amendement des cahiers des charges. « Le cahier des charges de l’audiovisuel proposé par Mustapha El Khalfi, ministre de la Communication, mélange langue officielle et dialecte en imposant une part de 30% d’amazigh, de hassania et de darija, sans distinction, s’insurge Assid. L’amazigh et l’arabe étant, toutes deux, des langues officielles, leur part devrait en toute logique être de 30% pour l’arabe, 30% pour l’amazigh, et le reste consacré au français et aux autres langues étrangères. »

Zakaria Choukrallah

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