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Boursiers FME :  PrĂŞts pour l’ascenseur social !
actuel n° 120, vendredi 9 décembre 2011
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Passer d’un établissement de protection sociale à une grande école privée, est-ce possible ? Depuis dix ans, la Fondation marocaine de l’étudiant aide des bacheliers prometteurs, mais démunis, à prendre l’« ascenseur social ».


Dix-huit ans, l’âge du bac. Pour les enfants des Etablissement de protection sociale (EPS : orphelinats, Dar Attalib…), c’est aussi l’âge auquel ils doivent quitter leur maison d’accueil et se débrouiller seuls. Qu’ils soient orphelins ou issus de familles indigentes n’y change rien, c’est le moment de partir.

Une alternative s’offre cependant aux plus méritants : intégrer gratuitement une école supérieure privée pour un cursus de 5 ans, et bénéficier d’une bourse d’études allant jusqu’à 1 000 dirhams, grâce à la Fondation marocaine de l’étudiant (FME). En 10 ans, cette fondation a décerné 346 bourses, et espère pouvoir en offrir 1 000 d’ici 2018.

Toujours plus haut

Depuis deux ans, elle est présidée par Hamid Ben Lafdil, le directeur du Centre régional d’investissement. Il n’est pas président de la fondation par hasard. L’ « ascenseur social », même s’il ne trouve pas d’expression équivalente en darija, il y croit. Jeune bachelier gadiri, d’une famille modeste, il a intégré les classes préparatoires aux écoles d’ingénieurs du lycée Lyautey de Casablanca, s’est rendu en France pour passer les concours, et a intégré l’Ecole Centrale de Paris.

Tout cela grâce à ses excellents résultats, mais aussi grâce à un fonds mis en place par les anciens élèves marocains des grandes écoles d’ingénieurs françaises. Aussi, l’homme estime avoir « une dette envers (son) pays », et envers les jeunes boursiers de la FME à qui il donne un conseil : « Prenez l’ascenseur, allez le plus haut possible. Une fois arrivés là, les autres vont vous accepter. »

Passer de l’EPS à une école privée qui accueille l’élite du pays n’est pas si facile. Mais malgré la « fragilité culturelle » qu’évoque le président, ces enfants qui ont dû « tout arracher depuis le début, ne baissent jamais les bras ». 70% d’entre eux sont d’ailleurs majors de leur promotion. Des exemples à suivre !

LaĂŻla Ahrida

Vouloir, c’est pouvoir


Nous avons rencontré deux boursiers de la Fondation marocaine de l’étudiant, qui ont accepté de se dévoiler… Pudiquement, ils nous ont donné une petite leçon de courage et de persévérance.

Essadia Ait Moulay Bbih, Ă©tudiante en master 1 au Management and Technological Canadian Institute (MATCI).

1,55 m. 42 kg de force et de détermination. Ne pas se fier à son gabarit, ni à ses grands sourires de petite étudiante inoffensive, heureuse de vivre. Essadia, du haut de ses 22 ans, a fait ses choix et ne reviendra pas en arrière. Dans une société où il est mal vu d’abandonner ses proches, elle a quitté sa famille de la région de Taroudant pour étudier à Casablanca.

Cette grande ville qui l’a sidérée, remuante, bruyante, effrayante de monde et de véhicules, où elle ne peut pas aller à l’école à bicyclette, comme elle le faisait chez elle, là-bas dans le Sud. « Mon père était sur son lit de mort quand j’ai quitté la maison. Mais rester ne l’aurait pas guéri, et j’y aurais tout perdu. » Alors, elle est partie, son bac SVT en poche, passer une licence à l’Institut des hautes études en banque, finance et assurances (HBFA). Un cursus de trois ans. Une nouvelle vie, avec des garçons et des filles qui se côtoient, se mélangent… A Taroudant, « ils sont timides, on ne voit pas ça ».

Arracher sa liberté

La peur de la mégalopole, la solitude : sa mère, sa sœur, le vélo, la modestie des Roudanis, leur naïveté, qu’elle ne retrouve pas dans sa nouvelle vie. Mais elle avance, toujours. Après sa licence, Essadia s’est battue pour décrocher une place en master dans une autre école. La MATCI qui lui a ouvert ses portes, gratuitement car elle est une très bonne étudiante de la FME.

D’ailleurs, c’était la rentrée ce jour où nous l’avons rencontrée. Où elle nous a parlé d’elle, de ses parents petits agriculteurs, de la mort du père, des conseils des voisins à la mère : « Ne laisse pas tes filles partir, elles doivent rester avec toi, t’aider. » Mais la mère n’écoute pas, malgré la peur « des voleurs, des bus, du Ghoul » que représente Casablanca. Elle a dû élever seule un enfant d’un premier mariage. Sa fille doit étudier, être indépendante.

La fierté d’être boursière de la FME. D’en parler, malgré les tentatives de dissuasion de ses six colocataires de l’appartement du quartier Oulfa, paniquées à l’idée de la voir « à la télé », d’être associées à elle, que les gens déduisent qu’elles sont également boursières… parce que « les Casaouis sont des "haggaras" (méprisants) », parce que les écoles supérieures privées où elles vont ne reçoivent que du beau monde. Mais Essadia, elle, n’a pas l’habitude de vivre dans le regard de l’autre.

 

Saïd, étudiant en 3e année dans une école supérieure de gestion de Casablanca.

Nous l’appellerons Saïd, mais ce n’est pas son vrai prénom. Il préfère ne pas être stigmatisé, fiché « boursier » de la FME, démuni, ancien interne de Dar Attalib de Tafraout. La photo ne le rassure pas, « on me reconnaîtra à ma veste ». Mais il a joué le jeu, avec beaucoup de pudeur, et nous a raconté sa vie à Casablanca, entre son appartement de l’ancienne médina qu’il loue avec trois autres « gars », et son école, à laquelle il se rend à pied.

Mais c’est son parrain à la fondation qui nous apprendra que derrière la modestie de Saïd se cache un deuxième de la classe, qui ne l’a sollicité qu’une seule fois en deux ans, pour une broutille qu’il a oubliée.

Saïd parle peu de sa famille, de son père – mort en 2009 – épicier dans un douar près de Tahala, dans les environs de Tafraout. De sa maman qui, maintenant, élève seule deux de ses six enfants. De la famille de son père, tous instruits, docteurs, médecins, mais « discrets » quand il s’agit d’aider.

Rêves d’avenir

Lui aussi a décidé de suivre le chemin des études supérieures. A Casablanca, car il n’y a pas de « bonnes écoles dans (sa) région », et parce que son grand frère travaille à El Jadida. Faire ses valises, partir, ça ne le dérange pas, il a l’habitude. Les vacances d’été, l’Aid El Kebir, il les passe chez sa mère.

Le reste du temps, il ne rate pas une occasion de bûcher, d’apprendre… Parce qu’il est « persévérant », parce qu’il « aime les défis ». Et il compte bien devenir expert-comptable : « Je suis berbère, non ? »

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