L’Office fait encore parler de lui après l’agression d’un cadre ayant collaboré avec les enquêteurs de l’affaire Benallou.
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L’année 2012 semble mal engagée pour l’ONDA. Il y règne un climat délétère depuis la réactivation de l’affaire Benallou par la justice. La majorité des cadres est en proie à un profond malaise mais cela n’est pas seulement dû à cette affaire de dilapidation des deniers publics qui entache l’image de l’Office.
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Promesses de réformes non tenues, réorganisation non aboutie, affectations arbitraires et manque de visibilité sur les perspectives de carrière. Autant de facteurs qui minent le moral des troupes et alimentent les tensions internes.
Et voilà que l’une des cadres de l’ONDA, ex-chef du service Inspection, rattachée à la direction générale, se fait agresser en plein jour dans le parking de l’aéroport, en fin de semaine dernière. Bilan : blessures à la tête et diverses contusions ayant nécessité une hospitalisation de 48 heures.
A signaler au passage que l’ONDA a refusé de prendre en charge les frais d’hospitalisation « s’agissant d’une agression et non d’un accident sur le lieu de travail »… Les caméras de surveillance censées filmer la scène n’ont toujours pas livré leurs secrets.
Il se chuchote qu’elles auraient été placées à titre dissuasif et n’auraient jamais fonctionné. Ce qui n’est pas pour rassurer les voyageurs ! « L’agression, entre deux voitures 4x4, n’a pu être filmée par les caméras placées à l’entrée », tente de justifier un employé.
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Elle maîtrise tous les dossiers
L’affaire relèverait du simple fait divers si l’on ne tenait compte de la personnalité de la victime, Habiba Birouk, qui suscite plusieurs questionnements. Cette juriste de formation, spécialisée en droit aérien et titulaire d’un diplôme en sûreté de l’aviation civile de l’université Concordia de Montréal, jouit d’une aura toute particulière auprès des divers corps de métiers de l’aéronautique.
Avec la bénédiction de Dalil Guendouz, Birouk qui maîtrise tous les dossiers de l’ONDA et a accès à toutes les informations sur les marchés et fournisseurs, a collaboré de façon étroite avec les inspecteurs de l’IGF et de la BNPJ, pendant plus de dix-huit mois.
« Dès le début, j’ai eu droit à des avertissements comme les pneus de mon véhicule gonflés à 3,5 kg chacun, des appels anonymes et des violences verbales. » Son engagement lui vaudra des appels à la haine lancés par des hauts responsables interpellés dans le cadre de l’affaire Benallou. Certains n’hésiteront pas à l’accuser publiquement.
« C’est elle qui nous a donnés aux flics ! » Interlocutrice exclusive des enquêteurs, Birouk finit par savoir trop de choses, à la fois sur les pratiques, la consistance des marchés et les liens tissés avec les fournisseurs. Au point qu’elle finira par déranger les dirigeants de l’Office.
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Un directeur menace de la démolir
Dans la foulée, elle s’attire les foudres de deux directeurs accusés d’avoir recouru aux frais de déplacements fictifs comme compléments de salaires. L’un des deux s’emporte et menace de la démolir.
Aussitôt, le 2 décembre 2011, la jeune femme dépose une plainte auprès du procureur en charge de l’affaire Benallou et alerte la direction générale. Pour toute réponse, elle recevra, par huissier, une décision d’affectation auprès du directeur l’ayant menacée quelques semaines plus tôt !
D’après divers témoins, ce n’est pas la première fois que le personnel de l’ONDA est victime d’agression. En 2009, lors de l’opération de départ volontaire lancée par Benallou, un ingénieur de l’aviation civile refuse de libérer son poste et résiste aux pressions de sa hiérarchie. Il sera violemment agressé près de son domicile sans qu’aucun vol ne soit commis. Il déposera sa démission quelque temps plus tard. Birouk sera-t-elle plus tenace ?
Mouna Kably |