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CAN 2012,  Remettez-nous ça !
actuel n°124, vendredi 13 janvier 2012
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Les Lions de l’Atlas courent après le trophée continental depuis 36 ans. Retour sur la belle époque du football marocain.

 

1976. La junte militaire, qui vient de prendre le pouvoir en Ethiopie, organise la Coupe d’Afrique des Nations. Cette année-là, la CAF a réformé la compétition sous la forme d’un championnat en deux tours.

 Après un dĂ©but laborieux et un match nul face au Soudan, le Maroc monte en puissance, bat l’ogre zaĂŻrois, tenant du titre, puis le Nigeria 3 Ă  1 et termine premier de sa poule. Au deuxième et dernier tour, les Lions de l’Atlas gagnent contre l’Egypte et encore contre le Nigeria sur des scores de 2 Ă  1.

 Le dernier match contre la GuinĂ©e devient une vĂ©ritable finale. Si la GuinĂ©e gagne, elle est sacrĂ©e championne d’Afrique, le Maroc pouvant se contenter d’un match nul.

Les Guinéens ouvrent le score à la 33e minute et Smat est expulsé dans la foulée. Les Marocains jouent à 10 contre 11. Mais ils tiennent.

 Il faut pourtant attendre la 86e pour que le Jdidi Baba, alias Ahmed Makrouh, Ă©galise par une incroyable frappe des 40 mètres. Seule une vidĂ©o saccadĂ©e en noir et blanc subsiste de cet exploit sur YouTube. Le camĂ©raman a Ă©tĂ© tellement surpris par le tir opportuniste qu’il arrive Ă  peine Ă  suivre la balle ! Grâce au but de Baba, le Maroc remporte son unique trophĂ©e continental reçu des mains du dictateur Mengestu.

 Depuis, c’est la disette. Une troisième place en 1980, une finale en 2004... l’épopĂ©e africaine des Marocains n’est guère reluisante. Avec, comme point d’orgue, une Ă©limination dès les qualifications pour la dernière Ă©dition... Comment en est-on arrivĂ© là ?

 D’abord on a souvent snobĂ© le foot africain, rĂ©servant nos forces pour les qualifications de la Coupe du Monde. Les clubs du Royaume ne s’engageaient mĂŞme pas dans les coupes d’Afrique. Mais aujourd’hui, mĂŞme l’Europe se passionne pour la CAN... oĂą l’on retrouve les joueurs Ă©voluant dans les plus grands clubs de la Ligue des champions.

 Cette annĂ©e, sur les 23 lions, 18 Ă©voluent bien loin de l’Atlas, entre les Alpes, les Highlands et les polders... « Ce qui reflète bien la valeur de notre championnat », souligne Lino Bacco (voir son interview page 41).

 

Une génération exceptionnelle

En 1976, l’équipe était constituée de stars de la botola. C’était une génération exceptionnelle menée par un attaquant hors pair, au pied gauche légendaire. Auteur de trois buts pendant la compétition, Ahmed Faras, l’avant-centre du Chabab de Mohammédia, avait été élu Ballon d’or africain en 1975.

 La sĂ©lection de 1976 bĂ©nĂ©ficiait aussi d’un entraĂ®neur exceptionnel. Le Roumain Georges Mardarescu Ă©tait un fin psychologue, respectĂ© par les joueurs... et par la fĂ©dĂ©ration.

En 1976, le Maroc suivait la compétition à la radio, et les plus de 45 ans se souviennent avec émotion de ce titre et de l’accueil triomphal à l’aéroport des Lions victorieux. Puis une réception a été donnée par le prince Sidi Mohammed à la wilaya de Casablanca.

 Aujourd’hui, la tĂ©lĂ© amplifie le phĂ©nomène CAN, et on imagine sans peine le dĂ©lire qui s’emparerait du Royaume si les cranes rasĂ©s ou gominĂ©s de Kharja et Chamakh rapportaient le trophĂ©e arrachĂ© par les crinières de lion de la gĂ©nĂ©ration Baba et Faras...

Slimane Ammor

On pourra voir les matchs sur les chaînes marocaines

La CAN 2012 sera partiellement retransmise par 2M et la SNRT. La sociĂ©tĂ© publique marocaine a rĂ©ussi Ă  trouver un accord avec la chaĂ®ne qatarie Al Jazeera, pour acquĂ©rir les droits de retransmission en direct de 10 matchs dont ceux des Lions de l’Atlas. La transaction a coĂ»tĂ© 10 millions de dollars, soit un million par match.  Pourvu que les recettes publicitaires et la prestation de la sĂ©lection nationale soient Ă  la hauteur.


Groupe C

Qui sera  le roi d’Afrique ?

Coorganisateur de la 28e édition de la CAN, le Gabon veut faire bonne figure. Dans le groupe C, les Panthères affronteront les Lions de l’Atlas le 27 janvier. Un match sur fond de revanche pour le Maroc.

 

***

 

Le foot, ce n’est pas les maths », disait Luis Fernandez. Tous les techniciens du ballon rond s’accordent là-dessus. C’est d’ailleurs sur cette base que les Panthères du Gabon se lancent dans la course au trophée de cette 28e édition de la Coupe d’Afrique des Nations de football.

 

En tant que pays coorganisateur avec la Guinée équatoriale, le onze gabonais est à pied d’œuvre pour la conquête d’une coupe qu’il n’a jamais remportée. Et le fait que la CAN se joue sur le territoire des Panthères donne aux coéquipiers de Roguy Méyé et de Daniel Cousin l’espoir de passer le premier tour et de faire partie du carré d’as de ce grand événement footballistique africain, malgré la présence d’obstacles sérieux sur son chemin comme le Maroc et la Tunisie.

 

En dépit de l’absence de stars internationales dans ses rangs ou d’un palmarès impressionnant sur le continent, le Gabon doit gagner à tout prix.

Qualifié d’office en tant que pays organisateur, le Gabon n’a pas eu à dévoiler force ou faiblesse pendant les éliminatoires.

 

Une qualification d’office qui pourrait créer la surprise auprès de ses adversaires. Mais cela pourrait aussi jouer en sa défaveur compte tenu du manque de compétition dans les jambes. Cela dépendra beaucoup de l’état d’esprit des joueurs. C’est donc en outsiders que les poulains du sélectionneur franco-allemand Gernot Rohr vont entamer cette Coupe d’Afrique des Nations.

 

Au foot, tout peut arriver

Avec cinq participations à son actif, 1994, 1996, 2000, 2010 et 2012, le Gabon a toujours été éliminé au tour préliminaire. Exception faite en 1996, en Afrique du Sud, où il se hisse en quart de finale mais se fait battre aux tirs au but par la Tunisie.

 

Mais l’histoire doit-elle se répéter ? Pas sûr. Car au foot, tout peut arriver. Lors des éliminatoires de la CAN 2010, les Panthères du Gabon ont pris l’ascendant sur les Lions de l’Atlas. Sur le papier, les coéquipiers de l’attaquant Roguy Méyé (photo) avaient peu de chances face à leurs homologues marocains. Et pourtant, sur le terrain, la feuille de match désignait le Gabon vainqueur à l’issue des 90 minutes réglementaires.

 

Et si le Maroc et la Tunisie sont donnés favoris dans ce groupe C, il n’en demeure pas moins que le Gabon et le Niger ont leurs chances. Dans ce genre de poule, la prudence est de mise. C’est pour cela que le président de la Fédération royale marocaine de football (FRMF), Ali Fassi Fihri, a déclaré dans un entretien accordé au site officiel de la FRMF qu’« il n’y avait pas de groupes faciles ».

 

Et compte tenu du sacre et de la qualification aux Jeux olympiques de Londres des Panthères U23 face aux Lionceaux de l’Atlas, les Gabonais ont l’avantage psychologique sur les Lions. C’est un atout considérable. Cependant, un des piliers de la défense gabonaise, Rémy Ebanéga est blessé et contraint au repos.

 

Selon l’entraîneur national Gernot Rhor, qui s’exprimait sur le site de la Fédération gabonaise de football, « Ebanéga bénéficie de quelques jours de repos et de soins, mais on a confiance en son rétablissement pour qu’il soit d’attaque les dix derniers jours de préparation ».

 

Ajoutant à cela les résultats mitigés des matchs amicaux et de préparation – avec une seule victoire contre le Niger –, on se demande quand même si le Gabon pourra sortir le grand jeu et créer la surprise sur son sol.

 

Ferdinand Demba

(Unique supporter « Gaboma Â» Ă  actuel)

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