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Violence Que se passe-t-il Ă  Dakhla
actuel n°110, vendredi 30 septembre 2011
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Le bilan des violences survenues à Dakhla est lourd et il est, a priori, légitime de s’inquiéter sur ce qui se passe réellement dans le sud du Royaume. Zoom sur un fait divers aux accents politiques très prononcés.


***

Dimanche 25 septembre en fin de soirée. La rumeur enfle au sujet d’actes de violence suivis de meurtres à Dakhla. Info ou intox ? Les premières photos arrivent effectivement, mais il faudra attendre le lendemain pour que la wilaya de la région Oued-Dahab Lagouira fournisse un premier bilan officiel faisant état de deux morts.

Puis, les événements se succèdent rapidement et le bilan s’alourdit ravivant un mauvais souvenir encore frais dans les esprits : le démantèlement, dans la douleur, du camp de Gdim Izik.

Faut-il vraiment faire le lien ? A l’heure où nous mettons sous presse, les officiels rejettent toute interprétation politique de ce qu’ils présentent comme étant un fait divers, sans plus. Une thèse à prendre avec des pincettes.

 

« Hooliganisme »

Tout commence lors d’un match de football. L’équipe locale de Mouloudia de Dakhla reçoit Chabab Al Massira en match d’ouverture du championnat amateur de première division.

La rencontre se déroule normalement et se solde par une nette victoire des visiteurs par trois buts à zéro. Sauf qu’au moment de quitter le stade, éclate un échange d’insultes suivi de jets de pierres entre jeunes, faisant quelques blessés au passage, selon la version officielle.

« Ce sont des actes de hooliganisme qui peuvent se produire n’importe où à travers le monde », déclarait mardi le porte-parole du gouvernement Khalid Naciri, cité par des médias étrangers.

Toujours selon la même version, des « repris de justice ont profité de ces accrochages mineurs pour s’en prendre aux passants et les agresser en usant de bâtons et d’armes blanche ». Quatre individus ont péri.

Au même moment, des voyous à bord de véhicules tout terrain foncent sur ceux qui se trouvent aux environs du stade, causant la mort de trois autres personnes. Au total, on compte sept morts dont deux éléments des forces de l’ordre, sans omettre les blessés, ou les édifices commerciaux et les voitures saccagés.

Lundi soir, le ministre de la Justice, Taïb Cherkaoui, fait le déplacement à Dakhla. Il tente de calmer les esprits à coups de réunions marathoniennes avec les élus et responsables locaux. Et jeudi, un communiqué de la wilaya annonce l’arrestation de 25 suspects présumés impliqués dans cette affaire. On n’en saura pas plus sur leur identité.

 

Faille sécuritaire

Cette version des faits ne nous dit probablement pas tout, selon certaines sources. En effet, d’aucuns estiment que ces « accrochages mineurs » ont, en réalité, une connotation politique. Un match de foot lors duquel « les séparatistes » s’en seraient pris « aux Sahraouis patriotes »? Une hypothèse à ne pas exclure.

Selon les témoignages d’habitants, en majorité sous couvert d’anonymat, les incidents se sont déclenchés au cours de la rencontre après qu’un groupe de supporters a agressé un Sahraoui. La situation a alors rapidement dégénéré.

Les forces de police, épaulées par des éléments de l’armée, ont tenté de maintenir l’ordre, mais les heurts se sont déplacés dans les quartiers. Deux d’entre eux ont été le théâtre de violents échanges : Al Ouakala, qui regroupe une majorité de Marocains venus du nord du pays (installés sur place au début des années 90 pour participer au référendum d’autodétermination, prévu à l’époque), et Al Masjid dominé par des Sahraouis autochtones.

Des incidents entre les jeunes de ces quartiers avaient déjà provoqué l’annulation du festival de Dakhla en février dernier. « Lundi, les forces de l’ordre ont utilisé les gaz lacrymogènes pour mettre fin aux clashs des deux côtés, mais en vain car les violences se sont étendues à toute la ville », affirme Said Aniba, un habitant cité par l’agence Reuters.

 

Sit-in de protestation

Ainsi, durant toute la nuit de dimanche à lundi, les habitants de Dakhla auraient vécu dans la peur. Certains d’entre eux se plaignent même de la neutralité passive de la police au début des incidents, estimant que l’absence d’intervention a directement conduit aux dérapages.

Dans un communiqué daté de mardi, l’ASADEH (Association sahraouie des droits de l’homme) accuse les forces de l’ordre d’avoir prêté main forte à l’autre camp. Les Sahraouis, selon l’ASADEH, auraient été attaqués à la sortie d’un match de football. Elle cite les noms de plusieurs blessés.

En outre, des sources locales rapportent des sit-in de protestation, mardi, devant le siège de la wilaya de Oued Dahab Lagouira. Des dizaines d’habitants auraient accouru devant la wilaya de Dakhla pour dénoncer le « dérapage sécuritaire ».

 

Le spectre de Gdim Izik

Dans la foulée, des habitants ont menacé de quitter la ville pour… monter un campement dans la localité de Taouarta, non loin de Dakhla ! Face à pareils débordements, certaines voix s’élèvent et avancent la thèse des manigances du Polisario. Mais d’autres pensent à un dérapage incontrôlé et fortuit que les séparatistes n’auraient pas hésité à exploiter ?

A s’en tenir à la version officielle, il ne s’agirait que d’allégations infondées. « Certaines parties sont tentées d’exploiter ces événements pour nourrir l’instabilité », insiste Khalid Naciri, en attendant qu’il s’adresse à la presse nationale.

Cela étant, le black-out informationnel qui caractérise tout ce qui se passe dans le sud du Royaume rend tous les scénarios envisageables, y compris les plus sombres. L’histoire est là pour nous le rappeler. Il y a presque une année, des bandes de voyous ont pris d’assaut – à bord de 4x4 poussiéreux similaires à ceux utilisés dimanche à Dakhla – les camps de protestation pacifique de Gdim Izik près de Laâyoune.

Ces « repris de justice » seraient donc les premiers à se joindre à la partie au moindre soupçon d’insurrection, profitant au passage de la perplexité des autorités devenues (trop ?) indécises face à pareilles situations, car terrifiées à l’idée d’un bain de sang au coût politique et médiatique insupportable pour la cause nationale.

A Gdim Izik, c’est cette même perplexité combinée à un manque de communication qui a causé la mort de 13 personnes, dont 11 jeunes parmi les éléments des forces de l’ordre. Et les images ne se feront pas oublier de sitôt.

Pourtant, on sait que cette tragédie était évitable si les responsables, aussi bien locaux que centraux, avaient pris au sérieux les alertes remontées depuis le terrain et osé interdire l’installation des tentes.

Entre le laxisme et l’indulgence, la nuance est de taille : les enjeux sont des vies humaines ainsi que l’image du Royaume à l’étranger. L’expérience nous l’aura démontré plus d’une fois et il faudra bien en tirer les enseignements nécessaires.

Ali Hassan Eddehbi

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