Un mois d’août qui coïncide avec le mois sacré du ramadan, une crise économique qui impacte bien des budgets, une tension sociale qui fait craindre le pire, laissant hésiter plus d’un… L’été 2011 s’inscrit sous le signe de la timidité pour les touristes marocains.
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Nous sommes loin de l’affluence que nous avions enregistrée en 2008 et 2009. Le mois du ramadan est pour beaucoup dans cette baisse. » C’est le constat sur lequel s’accordent de très nombreuses agences de voyage quand on leur pose la question sur les tendances du marché marocain émetteur de touristes.
Certes, de plus en plus de Marocains commencent à investir des destinations aussi lointaines qu’exotiques, comme la Thaïlande, la Malaisie et la Chine, entre autres. Mais la tendance cette année sera aux courts séjours, essentiellement en Europe et en Turquie.
La première destination sera sans doute l’Espagne, qui offre non seulement une grande proximité, mais aussi un niveau de service supérieur à des tarifs compétitifs. « Pour une semaine sur la Costa del Sol cet été, il faut compter 6 000 dirhams par personne », nous explique Mehdi Rouissi, directeur commercial à Transatour, l’une des principales agences de voyage au Maroc.
Ce qui explique le succès grandissant du Sud espagnol auprès de nos touristes. En 2010, quelque 300 000 touristes marocains ont visité cette région du sud de l’Espagne, soit 1,5 million de nuitées enregistrées.
Effet de crise ou simple flair du potentiel encore inépuisé de la « niche » marocaine, les opérateurs espagnols mettent les bouchées doubles pour attirer cette clientèle. Le mois dernier, une centaine d’hôteliers et agents de voyages de la Costa del Sol, conduits par le Patronato de Turismo, organisme de promotion interprofessionnel andalou, étaient en « pèlerinage » de promotion dans plusieurs villes du Maroc.
Depuis 2009, la baisse du marché anglais et la crise en Europe ont amené les opérateurs de cette région à s’intéresser aux touristes marocains avec, à partir de cet été, des offres spécifiques et des brochures dédiées.
S’ils sont conscients de l’impact du mois de ramadan sur les arrivées des Marocains, nos voisins andalous comptent se rattraper avec des formules week-ends, notamment pour les jours de l’Aïd.
Allier vacances et ramadan
Mais la Turquie est une destination encore plus prometteuse. « Destination très abordable, avec des formules de 5 jours à partir de 3 800 dirhams, sans visa ni aucune autre procédure, et avec des vols quotidiens, la Turquie a la particularité d’être de surcroît un pays musulman.
Y passer quelques jours pendant le ramadan serait non seulement agréable, mais permettrait de découvrir d’autres traditions ramadanesques », nous explique Rouissi. Une destination également considérée comme l’une des préférées des Marocains est l’Arabie saoudite. Les Marocains privilégieront cette destination en raison notamment de la Omra, bien que la chaleur dans ce pays pourrait en dissuader plus d’un, notamment les plus âgés.
Quant au pays que les Marocains vont probablement éviter, il s’agit de l’Egypte. En 2009, ils étaient 53 700 à s’y rendre (contre 22 500 en 2005). Mais au vu de la crise politique et de l’instabilité qui y règnent, les voyagistes s’attendent à une chute libre de la demande.
Au grand dam d’un pays où le tourisme représente 11,3% du PIB, 40% des exportations, 19,3% des devises et 12,6% des emplois. Ramadan ou pas, les Marocains voyageront. Pour Lahbib El Eulj, président de la Fédération nationale des agences de voyage au Maroc, les séjours des Marocains à l’étranger représentent 10% du chiffre d’affaires des agences de voyages.
« Les voyages à l’étranger ont atteint le nombre de 700 actuellement. Toutes les agences au Maroc organisent des voyages vers l’Arabie saoudite. Des voyages dont l’objet est principalement la Omra », nous résume-t-il.
Et d’avouer que la demande est en baisse par rapport à l’année dernière. Plusieurs personnes qui avaient l’habitude de passer leurs vacances dans des pays comme l’Espagne ou le Portugal ont opté cette année pour des destinations nationales.
Saïdia, Mazagan ou Fnideq ainsi que tout le Nord du pays arrivent en tête des réservations. Les week-ends au Maroc qui proposent « ftour et animation en famille » représentent 30% des réservations à ce jour.
Le tourisme, c’est aussi une affaire de technologie. En témoigne le succès de sites comme jevoyage.ma qui, la première année de son exercice, a réussi à attirer plus de 2 000 clients. 30% des consommateurs auraient donc recours à l’e-tourisme, mais à la dernière minute.
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