L’arrestation de Mimoun Soussi, un trafiquant de drogue notoire en cavale, a fait tomber plusieurs têtes à Nador, dont deux directeurs de prison.

Les relations incestueuses entre le baron de la drogue Mimoun Soussi et des sécuritaires ont fait tomber treize responsables dans la province de Nador. Le 23 mai 2008, ce dangereux trafiquant avait réussi à s’évader - avec une facilité déconcertante - de la prison agricole de Zaïo (province de Nador) où il purgeait une peine de huit ans de réclusion pour trafic de drogue. Ayant bénéficié d’un faux passeport pour quitter le Maroc via Melilla, Soussi est entré au Maroc il y a un mois pour assister à un événement familial à Dar Kebdani, dans la périphérie de Tétouan. Activement recherché par la BNPJ qui s’intéresse tout particulièrement aux gros bonnets de la drogue, l’homme ne tardera pas à tomber dans les filets des enquêteurs.

Les investigations de la BNPJ ont conduit les enquêteurs à s’interroger sur les complicités dont a bénéficié le baron auprès de fonctionnaires de l’administration pénitentiaire à Nador et d’éléments sécuritaires. Soit plus de treize personnes qui gravitaient autour de Soussi et qui vont être arrêtées à Nador durant ces deux dernières semaines. L’enquête de la BNPJ a d’ailleurs conclu que le vrai faux passeport de Soussi a été élaboré à partir de pièces administratives qui ont transité par l’annexe administrative de Nador, un arrondissement de police et enfin la préfecture de Nador.

Fonctionnaires convoqués

Selon les premières informations qui ont filtré sur les révélations de Soussi, d’autres noms devraient gonfler l’effectif du réseau de Nador où plus de 100 personnes dont des gradés de la gendarmerie et de la marine sont également poursuivis. D’ores et déjà, l’arrestation de Soussi a fait tomber le directeur de la prison de Nador, supérieur hiérarchique du directeur de la prison agricole de Zaïo d’où Soussi s’est enfui. Le directeur de la prison de Nador a été entendu par une commission d’enquête après avoir été convoqué d’urgence à l’administration pénitentiaire à Rabat, il y a deux semaines. Le 10 février, de hauts fonctionnaires des deux prisons ont été convoqués par la BNPJ à Casablanca pour être auditionnés dans le cadre de ce dossier. Leur inculpation sera décidée par un juge selon les preuves de leur implication. Mimoun Soussi est actuellement détenu à la prison de Oukacha, à Casablanca, qui enregistre actuellement la plus importante « promotion » de barons de la drogue incarcérés dans ce pénitencier ; parmi eux, plusieurs sont en instance de jugement à la chambre criminelle de la Cour d’appel de Casablanca.

Mohamed Madani