Ramadan oblige, la saison des mariages démarre cette année au mois de septembre. Cela étant, rien n’empêche les futurs époux de prospecter les tendances les plus en vogue, qu’elles soient « beldi » ou modernes.
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Se marier en grande pompe, c’est bien ; faire appel à des spécialistes, c’est encore mieux ! L’offre créant la demande, beaucoup de gens décident aujourd’hui d’opter pour le « wedding planning ». Dynamiques et branchés, les wedding planners séduisent leur monde et confèrent un côté quasi sitcomesque à l’ensemble des préparatifs. « On fait généralement appel à un wedding planner pour obtenir un résultat plus harmonieux et reposer les familles », explique Sabah El Gendi, à la tête de l’agence Jassmatin. Les prestations étant proposées à la carte, les clients n’ont en principe plus à s’en faire pour ce qui est de l’organisation ; il leur suffit simplement de choisir la formule qui convient le mieux à leurs envies. Là encore, il y a de tout. Cela va de la cérémonie épurée à la fête hybride alliant tous les styles du moment.
« Cette année, ce sont les décorations modernes qui priment avec des tons comme le blanc et le fushia », reprend notre wedding planner. Les mentalités évoluent et les mariés, dont l’âge a tendance à reculer, veulent avant tout s’amuser et profiter comme leurs convives de leur soirée. « La plupart du temps, ceux qui font appel à moi préfèrent zapper les fameux salons marocains et les repas pantagruéliques au profit d’un ameublement plus contemporain et d’un buffet varié », raconte Florence Marty de l’agence Instants magiques.
« Bridezillas »
Faire appel à un wedding planner revient ainsi à se prononcer en faveur d’un peu plus de modernité et à émettre parfois des requêtes originales. Feux d’artifice, mini-reproduction d’une ville étrangère, parade d’animaux… Tous les goûts sont dans la nature. « On m’avait demandé une fois de créer pour la mariée un carrosse identique à celui de Cendrillon. Lors d’un autre mariage, les familles voulaient que j’organise l’arrivée des mariés en hélicoptère. » Propriétaire de l’agence Rêves en fête, Nadia Mountassir ne lésine sur rien pour contenter les « bridezillas » (mariées ultra-perfectionnistes) les plus exigeantes. Pour ce qui est du fameux enterrement de vie de jeune homme ou de jeune fille, le concept n’est pas vraiment répandu.
Les rituels déjantés entre amis n’ont pas encore été adoptés même par les clients les plus open et beaucoup de wedding planners finissent par faire l’impasse sur ce volet. « J’ai arrêté d’organiser ce genre d’événements depuis maintenant dix mois car personne n’y avait recours. Cette prestation n’est pas rentrée dans les mœurs des Marocains qui ne prévoient en général aucun budget pour cela. De plus, l’enterrement de vie de célibataire reste mal perçu et associé à tort à des strip-tease ou à des échanges de sex-toys », poursuit la gérante de Rêves en fête. Il semblerait donc qu’en dépit de toutes les innovations, le mariage reste encore une tradition familiale, réfractaire à certaines excentricités.
La tendance du moment est au rétro-beldi
Même quand les jeunes couples optent pour un mariage « moderne », ils maintiennent certaines traditions. Le must absolu, c’est le palanquin de la mariée, la âmaria. « C’est simple, il n’y a pas de mariage marocain sans âmaria. C’est inconcevable pour les familles », nous dit Sabah El Gendi, qui oscille la plupart du temps entre propositions modernes et traditionnelles. Le jouk, l’orchestre qui interprète un répertoire familier et consensuel, est toujours de la partie ainsi que le neggaf et la neggafa.
D’ailleurs, malgré la concurrence des wedding planners, les neggaf ont toujours le vent en poupe. « Si les wedding planners sont toujours sollicités, cette mode s’est un peu calmée et nous assistons à un retour en force du mariage traditionnel », affirme Mohamed Benjelloun Andaloussi, célèbre neggaf casablancais. Une tendance que confirme Nadia Mountassir : « Le recours aux wedding planners n’est pas véritablement entré dans les mœurs car les familles marocaines adorent organiser elles-mêmes les mariages. » Certaines familles, surtout les plus fortunées, rêvent d’une fête grandiose, organisée par des professionnels, mais qui perpétue les traditions. D’ailleurs, la tendance en ce moment est au rétro-beldi. « Mes clients ont de plus en plus envie de replonger leurs invités dans des ambiances et des coutumes qui datent des années cinquante et soixante », poursuit Mohamed Benjelloun Andaloussi.
On veut désormais des bijoux d’ornement en or au lieu d’argent et de cuivre, des tables en bois massif et des âmarias tapissées de dentelle cousue main. Certains programment même des troupes populaires hmadcha ou aïssawa, préférant un rythme et une ambiance typiques au classique et consensuel jouk. Quant à la mariée, la it-attitude consiste à la faire défiler à bord d’un carrosse plutôt qu’en limousine.
Autre tendance beldi cette année, (re)lancée par les magazines féminins, l’habit chamali (de la région Nord). « Cette tenue plutôt imposante, avec beaucoup d’ornements en or, fera fureur », annonce Samir, neggaf à Agadir. Au final, le fait de trancher pour un mariage moderne ou traditionnel, reste pratiquement soumis aux mêmes coûts, s’élevant de 50 000 à 500 000 dirhams… voire 3 millions de dirhams (et plus) pour ceux qui en ont les moyens. Décidément, un beau mariage, ça se mérite !
Sabel Da Costa et Zakaria Choukrallah |