| Ramadan oblige, la saison des mariages dĂ©marre cette annĂ©e au mois de septembre. Cela Ă©tant, rien n’empĂŞche les futurs Ă©poux de prospecter les tendances les plus en vogue, qu’elles soient « beldi » ou modernes. *** Se marier en grande pompe, c’est bien ; faire appel Ă  des spĂ©cialistes, c’est encore mieux ! L’offre crĂ©ant la demande, beaucoup de gens dĂ©cident  aujourd’hui d’opter pour le « wedding planning ». Dynamiques et branchĂ©s, les wedding planners sĂ©duisent leur monde et confèrent un cĂ´tĂ© quasi sitcomesque Ă  l’ensemble des prĂ©paratifs. « On fait gĂ©nĂ©ralement appel Ă  un wedding planner pour obtenir un rĂ©sultat plus harmonieux et reposer les familles », explique Sabah El Gendi, Ă  la tĂŞte de l’agence Jassmatin. Les prestations Ă©tant proposĂ©es Ă  la carte, les clients n’ont en principe plus Ă  s’en faire pour ce qui est de l’organisation ; il leur suffit simplement de choisir la formule qui convient le mieux Ă  leurs envies. LĂ  encore, il y a de tout. Cela va de la cĂ©rĂ©monie Ă©purĂ©e Ă  la fĂŞte hybride alliant tous les styles du moment. « Cette annĂ©e, ce sont les dĂ©corations modernes qui priment avec des tons comme le blanc et le fushia », reprend notre wedding planner. Les mentalitĂ©s Ă©voluent et les mariĂ©s, dont l’âge a tendance Ă  reculer, veulent avant tout s’amuser et profiter comme leurs convives de leur soirĂ©e. « La plupart du temps, ceux qui font appel Ă  moi prĂ©fèrent zapper les fameux salons marocains et les repas pantagruĂ©liques au profit d’un ameublement plus contemporain et d’un buffet varié », raconte Florence Marty de l’agence Instants magiques. « Bridezillas » Faire appel Ă  un wedding planner revient ainsi Ă  se prononcer en faveur d’un peu plus de modernitĂ© et Ă  Ă©mettre parfois des requĂŞtes originales. Feux d’artifice, mini-reproduction d’une ville Ă©trangère, parade d’animaux… Tous les goĂ»ts sont dans la nature. « On m’avait demandĂ© une fois de crĂ©er pour la mariĂ©e un carrosse identique Ă  celui de Cendrillon. Lors d’un autre mariage, les familles voulaient que j’organise l’arrivĂ©e des mariĂ©s en hĂ©licoptère. » PropriĂ©taire de l’agence RĂŞves en fĂŞte, Nadia Mountassir  ne lĂ©sine sur rien pour contenter les « bridezillas » (mariĂ©es ultra-perfectionnistes) les plus exigeantes. Pour ce qui est du fameux enterrement de vie de jeune homme ou de jeune fille, le concept n’est pas vraiment rĂ©pandu. Les rituels dĂ©jantĂ©s entre amis n’ont pas encore Ă©tĂ© adoptĂ©s mĂŞme par les clients les plus open et beaucoup de wedding planners finissent par faire l’impasse sur ce volet. « J’ai arrĂŞtĂ© d’organiser ce genre d’évĂ©nements depuis maintenant dix mois car personne n’y avait recours. Cette prestation n’est pas rentrĂ©e dans les mĹ“urs des Marocains qui ne prĂ©voient en gĂ©nĂ©ral aucun budget pour cela. De plus, l’enterrement de vie de cĂ©libataire reste mal perçu et associĂ© Ă  tort Ă  des strip-tease ou Ă  des Ă©changes de sex-toys », poursuit la gĂ©rante de RĂŞves en fĂŞte. Il semblerait donc qu’en dĂ©pit de toutes les innovations, le mariage reste encore une tradition familiale, rĂ©fractaire Ă  certaines excentricitĂ©s. La tendance du moment est au rĂ©tro-beldi MĂŞme quand les jeunes couples optent pour un mariage « moderne », ils maintiennent certaines traditions. Le must absolu, c’est le palanquin de la mariĂ©e, la âmaria. « C’est simple, il n’y a pas de mariage marocain sans âmaria. C’est inconcevable pour les familles », nous dit Sabah El Gendi, qui oscille la plupart du temps entre propositions modernes et traditionnelles. Le jouk, l’orchestre qui interprète un rĂ©pertoire familier et consensuel, est toujours de la partie ainsi que le neggaf et la neggafa. D’ailleurs, malgrĂ© la concurrence des wedding planners, les neggaf ont toujours le vent en poupe. « Si les wedding planners sont toujours sollicitĂ©s, cette mode s’est un peu calmĂ©e et nous assistons Ă  un retour en force du mariage traditionnel », affirme Mohamed Benjelloun Andaloussi, cĂ©lèbre neggaf casablancais. Une tendance que confirme Nadia Mountassir : « Le recours aux wedding planners n’est pas vĂ©ritablement entrĂ© dans les mĹ“urs car les familles marocaines adorent organiser elles-mĂŞmes les mariages. » Certaines familles, surtout les plus fortunĂ©es, rĂŞvent d’une fĂŞte grandiose, organisĂ©e par des professionnels, mais qui perpĂ©tue les traditions. D’ailleurs, la tendance en ce moment est au rĂ©tro-beldi. « Mes clients ont de plus en plus envie de replonger leurs invitĂ©s dans des ambiances et des coutumes qui datent des annĂ©es cinquante et soixante », poursuit Mohamed Benjelloun Andaloussi. On veut dĂ©sormais des bijoux d’ornement en or au lieu d’argent et de cuivre, des tables en bois massif et des âmarias tapissĂ©es de dentelle cousue main. Certains programment mĂŞme des troupes populaires hmadcha ou aĂŻssawa, prĂ©fĂ©rant un rythme et une ambiance typiques au classique et consensuel jouk. Quant Ă  la mariĂ©e, la it-attitude consiste Ă  la faire dĂ©filer Ă  bord d’un carrosse plutĂ´t qu’en limousine. Autre tendance beldi cette annĂ©e, (re)lancĂ©e par les magazines fĂ©minins, l’habit chamali (de la rĂ©gion Nord). « Cette tenue plutĂ´t imposante, avec beaucoup d’ornements en or, fera fureur », annonce Samir, neggaf Ă  Agadir. Au final, le fait de trancher pour un mariage moderne ou traditionnel, reste pratiquement soumis aux mĂŞmes coĂ»ts, s’élevant de 50 000 Ă  500 000 dirhams… voire 3 millions de dirhams (et plus) pour ceux qui en ont les moyens. DĂ©cidĂ©ment, un beau mariage, ça se mĂ©rite ! Sabel Da Costa et Zakaria Choukrallah |