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Botola  La fin de l’amateurisme
actuel n°48, samedi 22 mai 2010
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Le championnat amateur, la Botola 2009-2010,  a tenu en haleine les fans du ballon rond jusqu’au bout. Les limites de l’arbitrage, la gestion hasardeuse des clubs ou la valse des entraĂ®neurs ont gâchĂ© bien des spectacles. Mais le championnat est sur les rails. Bilan.

Le suspense aura duré jusqu’au bout, mais c’est finalement le Wydad de Casablanca qui est sorti grand vainqueur de la saison 2009-2010 de la Botola. Il lui aura fallu pour cela vaincre le Fath de Rabat à domicile lors de la 30e et toute dernière journée (1-0), mais aussi attendre une défaite du Raja à Rabat devant les FAR sur le même score. Tout comme il a fallu que l’autre prétendant, le Difaâ d’El Jadida accuse un match nul (1-1) devant l’Ittihad Zemmouri. Quoi qu’il en soit, les Rouges ont enfin pu renouer avec la victoire, quatre ans après le dernier championnat remporté, et glaner ainsi leur 12e titre. La joie observée dans tout Casablanca samedi 15 mai renseigne non seulement sur le soulagement des centaines de milliers de supporters du club, mais aussi sur la popularité retrouvée d’une Botola mal-aimée depuis de nombreuses années. Le fait marquant de la « finale » du championnat de cette année reste le retour du spectacle. « Il est évident que cette saison a également été plus réussie que ses précédentes, du point de vue technique et de la qualité du jeu », constate l’universitaire et chercheur en sport Moncef El Yazghi.

Au total, 480 buts ont été marqués en 240 matchs, soit une moyenne de 2 buts par rencontre. « Nous sommes loin des scores européens puisque le champion n’a cumulé que 54 points sur les 90 possibles. Cette saison a été celle des matchs nuls par excellence. La preuve en est qu’un club donné pouvait se permettre trois défaites consécutives et garder son classement », nuance Najib Salmi, analyste et chroniqueur sportif tout en partageant le même constat. Le championnat de cette année n’a pas échappé aux critiques les plus acerbes. Des techniciens comme Abdelkhalek Louzani, ancien sélectionneur national, ou encore M’Hamed Fakhir, pointent du doigt non seulement le peu de buts marqués, mais aussi les changements records d’entraîneur enregistrés cette année. Chaque équipe a opéré au moins deux changements de coach, avec un record de quatre fois pour l’Olympique de Safi. Pour se défendre, Rachid Ouali Alami, membre fédéral en charge de la commission provisoire de gestion de la Botola lance un défi. « Tout n’est certes pas parfait, mais qu’on remonte le temps et qu’on me dise quand est-ce qu’on a assisté à un championnat aussi plaisant, avec autant de public dans les gradins et devant les écrans de télévision », dit-il (voir interview page 46). Autre membre fédéral, Karim Alem veut également y croire : « Même classé 12e, le FUS figure parmi les quart de finalistes à la Ligue africaine. Cela en dit long sur le saut qualitatif marqué par notre championnat. »

Retransmission en direct

CĂ´tĂ© positif, on retiendra la manière dont la programmation des matchs a Ă©tĂ© menĂ©e. Cela a commencĂ© avec un tirage au sort des rencontres qui, en gage de transparence, a Ă©tĂ© diffusĂ© en direct Ă  la tĂ©lĂ©vision. Les dates, tant du dĂ©marrage que de la clĂ´ture du championnat, ont Ă©tĂ© respectĂ©es. La prouesse est Ă  mettre Ă  l’actif d’un certain Ahmed El GhaĂŻbi, prĂ©sident de la commission de l’arbitrage et de la programmation au sein de la FRMF.  EvĂ©nement sans prĂ©cĂ©dent dans ce sens, la retransmission intĂ©grale et en direct par la SNRT de toutes les rencontres du championnat. « Cela a non seulement ressuscitĂ© l’intĂ©rĂŞt des tĂ©lĂ©spectateurs mais a effacĂ© les craintes que la tĂ©lĂ© puisse tuer l’affluence aux stades puisque c’est exactement le contraire qui s’est produit », dit Karim Alem. MĂŞme son de cloche auprès de Najib Salmi. « Si le jeu a Ă©tĂ© amĂ©liorĂ©, c’est parce que tous les matchs Ă©taient retransmis », remarque-t-il. On retiendra aussi le climat de transparence qui a rĂ©gnĂ© lors des matchs dĂ©cisifs. D’aucuns savent que dans le passĂ©, certaines rencontres Ă©taient gagnĂ©es, ou perdues, d’avance.

Mais l’arbitrage continue de susciter l’ire de nombreux clubs. « Il est clair que le problème est bien lĂ . Mais nous avons assistĂ© Ă  de nombreuses victoires Ă  l’extĂ©rieur, ce qui prouve que les arbitres sont nettement plus Ă  l’aise. La rediffusion par la tĂ©lĂ©vision de tous les matchs  a Ă©galement participĂ© Ă  la moralisation des

rencontres car les arbitres se sentaient protĂ©gĂ©s, mais aussi surveillĂ©s », dit Alem. Le jeu s’installe comme Ă©tant le seul critère de rĂ©ussite. D’oĂą les investissements records de certains clubs en matière de recrutement. Des budgets comme les 41 millions de dirhams dont a disposĂ© le Raja de Casablanca cette saison sont devenus la règle. Les clubs Ă©voluent, mais pas forcĂ©ment leurs modes de management.  Pour cela, il faut attendre le projet de professionnalisation du championnat (voir encadrĂ©).           

Tariq Qattab

 

Professionnalisme : peut-on y croire ?

« Nous avons assisté à une fin en beauté du championnat amateur. Mais tout l’enjeu aujourd’hui est de gagner le pari de la transition vers le professionnalisme. » C’est ainsi que résume Moncef El Yazghi le passage à négocier dès la prochaine saison vers un championnat professionnel. Si des clubs y sont préparés, d’autres sont loin du compte. Ayant retrouvé le groupe d’élite cette même saison, la Jeunesse Kasbat Tadla manque par exemple de tout, y compris d’un stade pour abriter ses matchs. « Ce n’est pas gagné. En plus de l’année de transition 2010-2011, une période de flottement de 3 ans nous attend », commente notre analyste.

Pour se prĂ©parer, la fĂ©dĂ©ration a mis en place un code dĂ©limitant les responsabilitĂ©s des intervenants  et des sanctions en cas d’infraction. Et le cahier des charges relatif Ă  la ligue professionnelle est en voie de finalisation. « Nous mettons en place les règles vers lesquelles les clubs doivent converger, en termes d’infrastructures, de gestion contractuelle des joueurs, de formation des techniciens, de budget minimum et de forme juridique des clubs qui deviendront des sociĂ©tĂ©s Ă  but sportif avec des actionnaires, et non pas des adhĂ©rents comme dĂ©cideurs », explique Alem. PassĂ© la transition, les clubs qui ne s’y conforment pas seront automatiquement rĂ©trogradĂ©s. Amen. 

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