Entre les sombres histoires de dopage et les piètres prestations sportives, les JO de Londres ont pris une nouvelle tournure où le sport marocain est relégué au rang des faits divers.
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A quatre jours de la fin des Jeux, les athlètes marocains semblaient ne devoir rentrer au pays qu’avec une seule médaille. Seul athlète à avoir sauvé in extremis l’honneur : Abdelaati Iguider. En arrachant la troisième place lors de la finale du 1 500 m, l’athlète natif d’Errachidia s’est posé en exemple pour toute une délégation qui aura singulièrement failli. Cette performance n’aura toutefois en rien dissipé le malaise. Les têtes des sportifs marocains sont tombées les unes après les autres. Même les responsables sportifs reconnaissent la débandade. Le vice-président du Comité national olympique marocain (CNOM), Kamal Lahlou, nous confie être « très déçu par les résultats des boxeurs et des judokas ». De son côté, Mohamed Ouzzine, ministre de la Jeunesse et des Sports, accuse le coup et préfère rester prudent : « A l’heure actuelle, je n’ai pas envie de jeter de l’huile sur le feu, ça risque de déstabiliser les sportifs. »
Les bombes sont amorcées
Loin des résultats, une autre polémique a refait surface, mettant encore plus à mal la participation marocaine. Le magistrat français Patrick Ramël a remis sur le devant de la scène le dossier de l’assassinat de Mehdi Ben Barka, et son fameux mandat d’arrêt émis contre le général Hosni Benslimane, président du CNOM. Le buzz est très vite retombé, car Hosni Benslimane est revenu au pays. Mais les atteintes à l’image de la délégation marocaine perdurent. Rien n’aura été épargné au sport marocain.
Mardi 7 août, deux autres polémiques ont éclaté au grand jour. La première concerne une sombre affaire d’accréditations. Il s’agit, selon les révélations du journal électronique good.ma, du « retrait d’accréditions à la dernière minute » de deux anciens champions olympiques, Khalid Sekkah et Brahim Boutayeb, par le CNOM. Motif ? « Leur position très critique vis-à -vis de la politique menée par Abdeslam Ahizoune, président de la Fédération royale marocaine d’athlétisme. » Dans la foulée, un autre champion olympique s’est exprimé avec sa franchise habituelle. Dans un entretien accordé à Al Massae, Saïd Aouita appelle à la démission de Abdeslam Ahizoune et affirme –  accusation grave – que « la fédération encourage le recours au dopage », et promet de « révéler de gros secrets le 12 août, jour de clôture des JO ». Des déclarations que préfère ne pas commenter Kamal Lahlou : « Demandez à Aouita lui-même […] Sincèrement, je ne peux pas me prononcer sur une affaire dont je ne connais rien… » Une chose est sûre : si Aouita dit vrai, la fédération d’athlétisme ne manquera pas d’entrer en zone de fortes turbulences.
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Et demain ?
Du côté du ministère des Sports, conscient des résultats particulièrement décevants de ce rendez-vous olympique, on affiche l’ambition de remettre les pendules à l’heure. Ouzzine assure que « des décisions et des sanctions seront prises le moment venu ». Kamal Lahlou se veut tout aussi ferme et ajoute que « des enquêtes sur les athlètes dopés et leur entourage seront effectuées… Les coupables seront bien sûr punis ». Mais la question des contrôles a priori devra bien être posée.
Au-delà de cette nouvelle fermeté affichée, le bilan apparaît plus que nuancé, en dépit de l’engagement de 38% des 330 millions de dirhams alloués au Comité national olympique, dans le cadre du programme national des sports de haut niveau. Son président se veut optimiste. « Nous travaillons à long terme, et puis il n’y a pas que les JO de Londres. Nous nous préparons pour les prochains Jeux méditerranéens, les Jeux d’hiver de 2014, mais aussi les JO de Rio 2016. » Et de rappeler que le programme en cours n’a été mis en place qu’en 2009… Trois ans, c’est peut-être, en effet, un peu tôt pour juger de la pertinence de la politique suivie. Il n’empêche, la déroute londonienne devra servir d’électrochoc pour les athlètes comme pour les responsables des fédérations.
Kaouthar Oudrhiri |
La course contre les seringues
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Le furosémide, un produit dopant, interdit par la Fédération internationale d’athlétisme, a fait des ravages dans les rangs des athlètes marocains. Première à ouvrir le bal, et ce avant même le début de la compétition, la coureuse de demi-fond, Meryem Alaoui Selsouli. Grand espoir de médaille, l’athlète avait réalisé quelques semaines auparavant la meilleure performance mondiale du 1 500 m au meeting de Paris. Elle risque la suspension à vie, car ce n’est pas la première fois qu’elle se fait prendre : elle a été suspendue pendant deux ans en 2009. Trois jours plus tard, le marathonien Abderahim Goumri est à son tour suspendu pour quatre ans en raison d’analyses douteuses. Dernier athlète à succomber au furosémide, Amine Laalou. Il devait s’aligner aux épreuves du 1 500 m et avait de fortes chances de décrocher une médaille. L’athlète a été exclu et provisoirement suspendu. En refusant d’effectuer un test antidopage, le sprinteur Aziz Ouhadi s’est vu écarter des séries du 100m. |
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