Après la débâcle aux Jeux olympiques de Pékin 2008 d’où la délégation marocaine est rentrée presque bredouille, les compteurs sont remis à zéro pour les JO de Londres. Le point sur les espoirs de médaille.
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Le compte à rebours a commencé. Il ne reste plus que quelques jours avant la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Londres, prévue le 27 juillet. Pour mettre fin à la série des désillusions marocaines, les petits plats ont été mis dans les grands. En effet, la délégation marocaine compte un nombre record de 76 sportifs évoluant dans 12 disciplines différentes. Le Comité national olympique marocain (CNOM) s’est aussi vu allouer une enveloppe de 330 millions de dirhams pour la préparation des sportifs qualifiés. Tous les ingrédients sont donc réunis pour débloquer le compteur des médailles, en boxe, en natation et surtout en athlétisme. Retour sur le parcours de quatre étoiles qui pourraient illuminer le London Olympic Stadium.
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En demi-fond, pas de demi-mesure
Avec 30 athlètes en course dont 13 femmes, l’athlétisme est la discipline la mieux représentée et celle sur laquelle presque tous les espoirs de médaille reposent. Aujourd’hui, et plus que jamais, les projecteurs sont braqués sur Meryem Alaoui Selsouli. La crack du demi-fond a mis tout le monde d’accord le 6 juillet dernier lors de la Ligue de Diamant de Paris, en réalisant la meilleure performance mondiale du 1 500 mètres avec 3 min 56 sec 15/100e. Elle bat par la même occasion son record personnel. « Meryem peut descendre sous la barre des 3 min 54, j’en suis certain ! », s’enthousiasme son entraîneur et époux, Rachid Chemlal. Quatre mois plus tôt, elle avait décroché la seconde place lors des Championnats du monde d’athlétisme indoor à Istanbul. L’athlète a réussi à rebondir après deux ans de traversée du désert.
En 2009, elle a été contrôlée positive aux Championnats du monde d’athlétisme à Berlin, ce qui lui a valu une suspension de deux ans. Quatre ans plus tard, son entraîneur, qui garde un goût amer de cet épisode, crie au complot : « Il y a beaucoup de zones d’ombre dans cette histoire. Meryem était visée par un groupuscule marocain qui voulait nuire à sa réputation et à celle de la fédération marocaine d’athlétisme. » Dévouée corps et âme à la course, la vice-championne du monde junior du 3 000 m (Kingston 2002) tourne cette page sombre de son histoire et en entame une nouvelle qui, on l’espère, sera parsemée d’exploits et de médailles.
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Comme un poisson dans l’eau...
En brasse, en nage libre ou en quatre nages, la tornade Sara El Bekri rafle tout sur son passage au niveau africain et arabo-maghrébin. Elle est championne d’Afrique en titre à Casablanca en 2010 sur 50 m et 100 m brasse, vice-championne d’Afrique en nage libre, médaillée d’or aux derniers Jeux panarabes en 2011 sur 50 m, 100 m et 200 m brasse, 200 m papillon, 400 m quatre nages… et la liste est longue.
Haute comme trois pommes, Sara plonge dans l’univers de la natation. Très vite elle se fait remarquer et intègre le club du Wydad où elle sera entraînée par Mohamed Rachidi et supervisée par Abderezzak Marsoul, directeur technique du club. Entre les deux hommes, le courant ne passe pas ; ce qui déclenche une guerre froide. Elle rejoint alors le club du Raja avec son entraîneur et déclenche les foudres de Marsoul et de la Fédération royale marocaine de natation (FRMN). Cet acte lui vaut l’exclusion de toute compétition pendant six ans.
Le baccalauréat en poche, elle décide d’aller en France pour poursuivre des études d’ingénierie à Lyon. Elle reprend alors la natation et ça lui réussit. Depuis deux ans, elle a intégré le prestigieux club Lagardère Paris Racing, où elle est encadrée par le franc-tireur Philippe Lucas, ancien entraîneur de Laure Manaudou. Jusqu’en 2009, la fédération a joué au « je t’aime moi non plus » avec Sara El Bekri (exclusion de son entraîneur des JO de Pékin, gel de sa bourse de préparation pour les JO de Londres…).
Malgré ces incidents, la nageuse a tenu bon. Aujourd’hui, tout semble rentrer dans l’ordre. « Sara El Bekri avait des contentieux avec la précédente direction de la fédération (qui a été remplacée en 2009). Elle est cependant en bons termes avec l’équipe fédérale actuelle », explique Mohamed El Bekri, secrétaire général de la FRMN.
« Mohamed A(li)rjaoui »
Gauche, droite. Gauche, droite. Gauche droite… Cet enchaînement rythme la vie de Mohamed Arjaoui, boxeur prodige qui fera, sans aucun doute parler de lui, lors des prochaines olympiades dans la catégorie poids lourds (+91kg). Sa success story commence dans un bidonville paumé de Mohammédia. Gamin, il a pris l’habitude de traîner dans le club municipal de boxe. Il prend goût à ce sport et décide de s’y consacrer dès 2004. Il a alors en tête un seul objectif : décrocher le titre de champion du Maroc junior. Un an plus tard, pari gagné pour le Mohammadi, qui réitère l’exploit l’année suivante. Arjaoui est lancé, personne ne peut plus l’arrêter. En 2007, il entre dans la cour des grands en arrachant le titre de champion du Maroc senior. En confiance, le boxeur place dans sa ligne de mire les JO de Pékin où il s’incline en quart de finale devant l’Américain Deontay Wilder, à cause d’un avertissement jugé injuste par l’intéressé. Il sort grandi de cette épreuve et remet le turbo en marche. A 25 ans à peine, le boxeur devient vice-champion d’Afrique en 2011. Avec lui, la boxe marocaine a de beaux jours devant elle…
Ceinture en or, argent ou bronze ?
La nouvelle est tombée la semaine dernière. La jeune taekwondoïste Wiam Dislam fera partie des porte-drapeaux nationaux. Aujourd’hui, elle s’impose comme le maillon fort du taekwondo marocain. Pourtant, ses premières foulées sur un tatami, à l’âge de 12 ans, se sont faites plus par nécessité (pour se défendre) que par passion. En parallèle, elle pratiquait d’autres sports : le tennis (son père est champion de tennis), la natation et le basketball. Quelques mois plus tard, sa décision est prise : ce sera le taekwondo et rien d’autre. Elle enchaîne alors les compétitions nationales. En 2002, elle remporte sa première médaille (bronze) au championnat national junior. Wiam Dislam déploie ses ailes et part à la conquête des tournois internationaux. Elle débute par l’Open de Bruxelles où elle décroche l’or. En 2005, elle devient championne d’Afrique à Tana (Madagascar). Elle remet le couvert en 2006 en raflant la médaille d’or aux Jeux panarabes. La petite Dislam récidive en 2010 en arrachant la médaille d’or aux Championnats d’Afrique. Très constante, Wiam Dislam garde toujours la même cadence, même intensité de jeu et surtout le même objectif : gagner !
Kaouthar Oudrhiri |