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Droits humains : Sale temps pour les immigrĂ©s  
actuel n°147, vendredi 22 juin 2012
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Les autoritĂ©s mĂšnent une guerre sans merci aux sans-papiers depuis trois semaines. Les associations dĂ©noncent et appellent Ă  une politique migratoire respectueuse de l’ĂȘtre humain. Quelles sont les raisons de ce tour de vis ?

  

A l’heure du dĂ©jeuner ce lundi, on sert du tiĂ©bou dieun, le plat national sĂ©nĂ©galais. Nous sommes au petit marchĂ© de la vieille mĂ©dina de Casablanca, sur l’avenue des FAR. Les commerces des immigrĂ©s subsahariens ont dĂ©sormais pignon sur rue. Les filles se font des tresses dans la boutique de coiffure du coin, tandis que Mohamed Mustapha GuĂšye, le premier SĂ©nĂ©galais Ă  s’installer dans ce marchĂ© en 2009, s’affaire a confectionner les costumes et habits traditionnels et de ville dont il maĂźtrise la technique. L’ambiance est dĂ©tendue et les affaires marchent. Le courant semble passer entre les nouveaux gĂ©rants des boutiques spĂ©cialisĂ©es dans les produits « africains » et les vendeurs marocains de DVD et d’accessoires de tĂ©lĂ©phone.

 

Entre 500 Ă  600 expulsions

Mais au-delĂ  de cette apparente quiĂ©tude, se cache un profond malaise des immigrĂ©s subsahariens. Depuis environ trois semaines, les associations font Ă©tat d’une large campagne d’arrestation d’immigrĂ©s sans papiers et dĂ©noncent des dĂ©lits de faciĂšs. Les rafles ont concernĂ© d’abord la ville de Casablanca, puis Rabat, FĂšs, Tanger ou encore Taourirt. Mais c’est cette derniĂšre localitĂ© qui s’est particuliĂšrement distinguĂ©e.

Un rapport de l’AMDH (Association marocaine des droits humains), publiĂ© le 14 juin, dĂ©nonce une violente campagne d’arrestation dans cette petite ville proche de Nador. L’association accuse les autoritĂ©s de Taourirt d’avoir montĂ© les habitants contre les immigrĂ©s, en brĂ»lant notamment leurs bagages devant la foule !

A Hay Salam Ă  Oujda, les Marocains qui hĂ©bergent des Ă©trangers « clandestins » ont Ă©tĂ© menacĂ©s de poursuites pour « assistance et hĂ©bergement de personnes en situation irrĂ©guliĂšre ». RĂ©sultat : les habitants ont peur de louer des logements aux Subsahariens, mĂȘme Ă  ceux qui sont en situation rĂ©guliĂšre.

 

D’autres incidents ont Ă©tĂ© signalĂ©s notamment dans la gare de FĂšs ou 150 immigrĂ©s ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s. Plusieurs autres associations, dont l’OMDH, le syndicat ODT et les associations de Subsahariens dĂ©noncent cette « chasse » aux clandestins. Une pĂ©tition circule et un rassemblement devait se tenir jeudi 21 juin devant l’ambassade marocaine Ă  Paris.

En tout et pour tout, « 500 Ă  600 immigrĂ©s ont Ă©tĂ© conduits au poste frontiĂšre d’Oujda en prĂšs de trois semaines », croit savoir Hicham Rachidi, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du GADEM (Groupe anti-raciste d’accompagnement et de dĂ©fense des Ă©trangers et des migrants). Selon les estimations des ONG, il y aurait entre 12 000 et 15 000 immigrĂ©s en situation irrĂ©guliĂšre sur le territoire national. Et ces derniers temps, il ne fait pas bon en faire partie.

 

Vols de passeports, bakchichs


Cette campagne a installĂ© un climat de terreur dans les milieux des immigrĂ©s. Au souk de la vieille mĂ©dina de Casablanca,  Malik, vendeur de colliers sĂ©nĂ©galais est Ă  bout de force. Il envisage de rentrer au plus tĂŽt dans son pays aprĂšs deux ans passĂ©s au Maroc. « On est fatiguĂ©, il y a trop de problĂšmes. Je passe mon temps Ă  contourner la police dans la rue. » Comme nombre de ses concitoyens, il trouve toutes les difficultĂ©s du monde Ă  renouveler sa carte de sĂ©jour.

Mohamed Mustapha GuĂšye est lui aussi condamnĂ© Ă  se cacher en attendant sa carte. « Chaque annĂ©e, ils demandent de nouveaux documents. Je suis le premier commerçant Ă©tranger ici. Je fais travailler des Marocains et des Subsahariens. Ils veulent des bulletins de salaire, mais un contrat de bail devrait suffire ! Je suis pour mettre dehors les gens qui font des trafics, mais moi je ne fais pas de zigzag. Je ne suis pas un mafiosi », s’insurge-t-il.

 

Daouda Mbaye, lui, est journaliste. Il est installĂ© au Maroc depuis plus de vingt ans avec sa petite famille dans un appartement qu’il a achetĂ©. Ses enfants sont de nationalitĂ© marocaine. Tout cela ne lui Ă©pargne pas les tracasseries administratives et policiĂšres. Il dĂ©nonce la multiplication des dĂ©lits de faciĂšs. « J’ai Ă©tĂ© contrĂŽlĂ© par la police une ou deux fois mais, heureusement, j’avais mes papiers. Il faut ĂȘtre en rĂšgle, on est d’accord ; mais le hic est que les dĂ©marches sont fastidieuses et Ă  Casablanca, quatre ou cinq policiers s’occupent des formalitĂ©s administratives de tous les Ă©trangers et sont dĂ©bordĂ©s. Ça favorise les trafics », explique Daouda. Les trafics que dĂ©noncent les immigrĂ©s vont du vol de passeport par des bandes organisĂ©es aux bakchichs pour obtenir par exemple de fausses dĂ©clarations Ă  la caisse sociale.

 


 Racket et viols !

Qu’ils soient en attente de papier ou sans papiers, les immigrĂ©s vivent dans la peur. S’ils sont arrĂȘtĂ©s, ils attendent au poste pendant 48h la dĂ©cision d’expulsion du juge en vertu de la loi 02-03 qui fixe les modalitĂ©s du retour au pays d’origine. « On nous prend quatre photos, comme si on Ă©tait des criminels », s’insurge une jeune femme dont la sƓur a fait les frais de ces arrestations. Les immigrĂ©s sont la plupart du temps emmenĂ©s en bus Ă  Oujda ou « ils sont refoulĂ©s aux frontiĂšres », explique Pierre Delagrange, prĂ©sident du Collectif des communautĂ©s subsahariennes. Il ajoute qu’ils finissent par revenir, en passant par d’autres chemins, en prenant le risque de subir des tirs de sommation des gardes-frontiĂšres algĂ©riens. « Les arrestations collectives et les refoulements sont normalement interdits par la loi. Le renvoi aux frontiĂšres algĂ©riennes est illĂ©gal. Il faudrait enquĂȘter au cas par cas, les mettre dans un avion Ă  destination de leur pays. Malheureusement, l’Union europĂ©enne, qui veut combattre l’immigration, donne les moyens de la rĂ©pression mais ferme les yeux sur le respect des procĂ©dures », renchĂ©rit Hicham Rachidi, qui rĂ©clame la rĂ©gularisation de la situation de tous les immigrĂ©s.

 

L’absence de politique migratoire favorise les rĂ©seaux de mafias, dĂ©nonce un autre militant. Les immigrĂ©s sont rackettĂ©s, les femmes subissent des viols, et certaines jeunes femmes tombent sciemment enceintes pour ne pas ĂȘtre expulsĂ©es, car la loi interdit le renvoi dans ce cas. Quid donc de l’avenir de ces enfants qui naissent sur le sol marocain et devront aller Ă  l’école, Ă  l’hĂŽpital ? On l’aura compris : l’immigration est devenue un vĂ©ritable enjeu sĂ©curitaire mais aussi humanitaire pour le Maroc. Le Royaume Ă©tant passĂ© de pays de transit Ă  une terre d’accueil des immigrĂ©s, comment gĂ©rer les flux d’arrivĂ©e ? Quelle politique migratoire adopter ? Les solutions ponctuelles ont fait leur temps


Zakaria Choukrallah

 

Les immigrĂ©s, un risque terroriste ?


Comment s’explique ce tour de vis ? « C’est Ă  lier Ă  la derniĂšre rĂ©union des pays sahĂ©lo-sahariens au Maroc. A chaque rĂ©union officielle, le Royaume veut faire dĂ©monstration de sa politique prĂ©ventive. En 2004, une importante campagne d’arrestations a Ă©tĂ© menĂ©e dans les forĂȘts du Nord. C’était une semaine avant l’arrivĂ©e de Zapatero », estime Hicham Rachidi.

D’autres sources avancent comme argument le risque terroriste que font planer les groupes armĂ©s du Sahel, renforcĂ©s aprĂšs la chute du rĂ©gime de Kadhafi. Le dĂ©putĂ© socialiste Abdelhadi Khairate a mĂȘme adressĂ© une question orale au gouvernement oĂč il s’inquiĂšte des « armes libyennes qui Ă©quipent des candidats Ă  l‘immigration clandestine embusquĂ©s au Maroc ». Des dĂ©clarations jugĂ©es « scandaleuses » et « stigmatisantes » par les associations. « Cela m’étonne de la part d’un dĂ©putĂ© de gauche. Si c’est le cas, pourquoi les autoritĂ©s ne procĂšdent-elles pas Ă  des coups de filet dans ce milieu en nous montrant ces armes ? », s’insurge Rachidi, qui y voit une tentative de prĂ©parer l’opinion publique Ă  ces campagnes.

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