EditoNouvelle GénérationDossierEconomiePolitiqueSociétéTendances & CulturePortraitBdVDiaporamaArchives
 
Follow actuel_maroc on Twitter
Follow actuel_maroc on Twitter
Fantasmes 
actuel n°132, vendredi 9 mars 2012
| More

Ca ressemble à un méchant chewing-gum, longtemps mâché et remâché par une Marine Le Pen en quête d’un nouveau souffle – « 100% de la viande distribuée en Ile-de-France est de la viande halal, et c’est un véritable scandale » – et jeté, là, sur le chemin de la course à l’Elysée. Un méchant chewing-gum aussitôt écrasé par un Nicolas Sarkozy, bien en peine de s’en débarrasser au point de s’en accommoder.


« Le premier sujet de préoccupation et de discussion des Français, je parle sous votre contrôle, c’est cette question de la viande halal », avant de s’essuyer les pieds sur François Fillon pour qui, soudain, « les religions devraient réfléchir aux traditions ancestrales qu’elles appliquent ». Un Premier ministre donc pour qui « l’abattage halal et casher sont des traditions qui ne correspondent plus à grand-chose aujourd’hui ». Voilà comment la campagne pour l’élection présidentielle française élève le débat depuis trois semaines. Sur la route qui mène à l’Elysée, pas un candidat qui n’ait échappé à ce chewing-gum bien encombrant. A droite, seul Alain Juppé a su l’esquiver en estimant que la question de la viande halal était « un faux problème ».

Bien vu, monsieur le Premier ministre ! Que ne le dites-vous au président sortant ?... Mais qu’y a-t-il de mieux qu’un « faux problème » clivant une société en désarroi pour éluder les « vrais » problèmes auxquels les Français, dans leur grande majorité, se trouvent chaque jour un peu plus confrontés ? Du halal à toutes ces civilisations « qui ne se valent pas », cela finit par faire beaucoup de chewing-gums sous les semelles des ténors de la droite et de la droite extrême. A les voir ériger le halal au rang de « première priorité » des Français, on comprend mieux pourquoi ces mêmes Français ne trouvent pas, majoritairement, cette campagne « intéressante ». Et se disent volontiers affligés par le niveau d’un débat qui les prive de perspectives sur les questions de l’emploi, du pouvoir d’achat, du logement, de l’éducation, de la lutte contre la précarité... Autant de priorités qui devancent pourtant largement dans les sondages d’opinion – j’écris sous votre contrôle, Monsieur le président – la question du halal.

L’irruption des religions dans la dernière ligne droite de cette campagne présidentielle, dans un pays où le chef de l’Etat est le garant d’une laïcité censée nourrir le « vivre ensemble », ne manque pas de surprendre. Et la stigmatisation des communautés musulmane ou juive, qui ont tôt fait de dénoncer des déclarations « stupéfiantes » conduisant à une politique du « bouc émissaire », dessert assurément ses auteurs.

L’offre halal mérite un tout autre débat. Au demeurant, elle ne semble guère offusquer ces millions de touristes européens, dont près d’un demi-million de Français qui, chaque année, découvrent et apprécient la gastronomie marocaine, pour ne citer qu’elle. A la vérité, la montée en puissance du halal en France ne résulte pas d’une prétendue « islamisation » de la France mais bien d’une simple logique de rentabilité dans un environnement économique et concurrentiel exacerbé. Les chiffres concernant l’abattage des bovins, ovins et autres volailles, selon telle ou telle pratique, étant pour le moins contradictoires, on observera simplement que le combat de la rentabilité économique entre éleveurs, abatteurs et distributeurs contraint ces différents acteurs à éviter une traçabilité (sur le mode d’abattage, et non sur la qualité de la viande) aux effets inflationnistes majeurs. Pour autant, l’opacité actuelle nourrit tous les fantasmes. Or, les rayons de la grande distribution font désormais une place croissante aux produits halal, un marché estimé en France à plus de cinq milliards d’euros. Cette « segmentation » économique doit-elle nourrir une « discrimination » sociétale ? Ce débat-là, qui mérite certes une plus grande transparence, n’aurait jamais dû quitter le terrain consumériste.

actuel

| More
Archives Edito
N°173 : Mauvaise vague  
N°172 : Nouveau souffle  
N°171 : CondamnĂ© Ă  rĂ©ussir 
N°170 : Urgence 
actuel N°169 : Le syndrome argentin 
N°168 : Hypocrisies 
N°167 : L’esprit ouvert 
N°166 : DĂ©gradants 
N°164/165 : Manque d’audace 
N°163 : Bravo l’artiste 
N°162 : Nouvelles du front 
N°161 : Baril de poudre 
N°160 : Choisir son camp 
N°159 : Capitalisme frileux  
N°158 : L’heure de vĂ©ritĂ© 
N°157 : Voyage au pays des bi 
N°155 : Un Etat grippĂ© 
N°154 : Capitalisme dĂ©pressif  
N°153 : Ramadanophobie 
N°152 : Excès de zèle  
N°151 : Le modèle samba  
N°150 : Il faut sauver le soldat Istiqlal 
N°149 : Vent liberticide 
N°148 : Win-win 
N°147 : Cannibales 
N°146 : Du pain et des jeux 
N°145 : Fâcheux oubli 
N°144 : Diversion islamiste 
N°143 : Du Nasdaq Ă  Casa 
N°142 : Symbole 
N°141 : A quitte ou double 
N°140 : La langue de Voltaire 
N°139 : Ministres ou militants ? 
N°138 : Aveuglement 
N°137 : Passages Ă  l’acte 
N°136 : Gouverner 
N°135 : Après nous le dĂ©luge 
N°134 : Ben Laden pas mort 
N°133 : Lettre Ă  Amina 
N°132 : Fantasmes 
N°131 : Les masques tombent 
N°130 : Vive la crise ! 
N°129 : LibertĂ©, mode d'emploi 
N°128 : De Davos Ă  Taza 
N°127 : Dans deux ans 
N°126 : L’envers du dĂ©cor 
N°125 : Vigilance 
N°124 : Un flĂ©au meurtrier 
N°123 : Premier faux pas 
N° 122 : Le douar des Noirs 
N°121 : Volte-face 
N° 120 : Nous sommes les 10% 
N°119 : Etat de grâce 
N°118 : La Ligue qatarie 
N°117 : La fin de la peur 
N°116 : Effet papillon 
N°115 : Qui osera  
N°114 : De la charia 
N°113 : Le vice de la vertu 
N°112 : Immature 
N°111 : Hold-up Ă©lectoral 
N°110 : Un triple Ă©chec 
N° 109 : La politique du pire 
N°108 : Triangle d’or ou… des Bermudes 
N°107 : Les politiques se cachent pour mourir 
N° 106 : MĂŞmes causes... mĂŞmes effets 
N° 104/105 : (DĂ©) raison d’Etat 
N°103 : EtĂ© meurtrier 
actuel 102 : RetraitĂ©s Ces grands oubliĂ©s  
actuel 101 : Faisons un rĂŞve 
N°100 : L’âge adulte 
N°99 : Tetes de Turc 
N° 98 : Nos ancĂŞtres les Berbères 
N° 97 : Urgence Marrakech 
N° 96 : Confusion 
N° 95 : Aux urnes citoyens 
Actuel n°94 : Confiance 
N°93 : Apprentis sorciers et chasse aux sorcières 
Actuel n°92 : ResponsabilitĂ© 
Actuel n°91 : L’heure des comptes a sonnĂ© 
Actuel n°90 : LuciditĂ© 
Actuel n°89 : Manager le changement 
Actuel n°88 : Encore plus royalistes que lui 
Actuel n°87 : Extrait du DOSSIER SPECIAL IMPOTS:   HALTE Ă€ LA FRAUDE
Actuel n°86 : Les faux amis 
Actuel n°85 : Â« M9 » 
Actuel n°84 : Osons! 
Actuel n°83 : Folie meurtrière  
Actuel n°82 : Effet papillon 
Actuel n°81 : Intifada numĂ©rique 
Actuel N°72 : Leçons d’un chaos 
Actuel n°69-70 : Urgence Ă  Laâyoune 
Actuel n°68 : SolidaritĂ© 
Actuel n°67 : Sous le soleil, exactement... 
Actuel n°66 : Retraites, le piège 
Actuel n°65 : Un parlement, pour quoi faire ? 
Actuel n°64 : Que fait la police ? 
Actuel n°63 : L’autre rĂ©forme 
Actuel n°62 : Fin du permis de tuer  
Actuel n°61 : Viva la restituciĂłn ! 
Actuel n°60 : Mouna et Sakineh 
N°59 : Garder espoir 
N°58 : Les stars et les racailles 
N°57 : Turbulences 
N°56 : Tous hypocrites ? 
N°55 : MĂ©pris 
N°54 : Le dĂ©bat politique : un match nul 
N°53 : Halte au prĂ© carrĂ© ! 
N°52 : Attention danger ! 
N°51 : Tunis, capitale culturelle du Maroc 
N°50 : Bon anniversaire ! 
N°49 : L’intolĂ©rance est intolĂ©rable 
N°48 : Mawazine galvanise 
N°47 : DĂ©mission 
N°46 : En toute impunitĂ© 
N°45 : Saga Africa 
N°44 : Vivre ensemble 
N°43 : L'UMA avant l'UPM 
N°42 : "Desert People" 
N°41 : Faire Preuve d’imagination 
N°40 : Discrimination positive 
N°39 : Monsieur 10% 
N°38 : Ascenseur bloquĂ© 
N°37 : DĂ©shĂ©rence sociale 
N°36 : Le Duo Infernal 
N°35 : PrĂ©somption d'innocence 
N°34 : Boss c’est bien, bosseur c’est mieux 
N°33 : CohĂ©sion sociale 
N°32 : Le tour des vices 
N°31 : Tous Sahraouis 
 
 
actuel 2010 Réalisation - xclic
A propos Nous contacter