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Le vice de la vertu 
actuel n°113, vendredi 21 octobre 2011
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Devinette. Pouvez-vous citer l’un des derniers livres interdits d’entrée au Maroc ? Le grand malentendu de Ali Amar ? Le jour du roi de Abdellah Taïa ? Vous n’y êtes pas. C’est La revanche du clitoris. Avec un tel titre, on imagine un livre porno ou une incitation à la débauche. Que nenni ! Il s’agit d’un essai féministe écrit par un sexologue et une journaliste.


***

Mais il faut croire que les services de publication du ministère de la Communication ne se contentent de lire que les titres... En revanche, les livres de Ali Amar et de Abdellah Taïa n’ont jamais été interdits. Simplement, personne n’a pris le risque d’importer le premier.

Et le second est resté dans les limbes quelque temps, sans autorisation ni interdiction, avant que la remise du prix de Flore, la combativité de Abdellah Taïa et les pressions médiatiques – actuel y avait pris part – arrachent l’autorisation de diffusion.

Ce qui advient du Dernier combat du captain Ni’mat, le très beau roman posthume de Mohamed Leftah, rappelle étrangement les mésaventures du Jour du roi. Voilà un livre lauréat – à l’unanimité ! – du prestigieux prix de la Mamounia, introuvable dans le pays de son auteur.

L’ouvrage, qui raconte la passion dévorante d’un pilote retraité de l’aviation égyptienne et de son jeune serviteur, est estampillé « pur souffre » sur la jaquette de l’éditeur. Ce pourrait être un bon candidat à la censure. Mais comme le montre notre enquête, aucune interdiction véritable ne frappe ce livre, on s’est contenté de renvoyer les exemplaires à l’éditeur...

On ignore pourquoi, et le ministère de la Communication... ne communique pas sur cette affaire en dépit de nos appels insistants depuis deux semaines. Si ce n’est pas de la censure, cela y ressemble fortement comme les deux lames d’une paire de ciseaux. Mais c’est une censure sournoise qui n’a pas besoin d’oukazes.

Comme si malgré tous les changements que connaît le Maroc et, en dépit de l’article 25 de la nouvelle Constitution qui stipule que « sont garanties les libertés de pensée, d’opinion et d’expression sous toutes ses formes. Sont garanties les libertés de création, de publication et d’exposition en matière littéraire et artistique et de recherche scientifique et technique », les vieux instincts liberticides perdurent.

Mais à quoi sert cette censure molle dans un siècle où tout ce qui est interdit... finit par se retrouver en libre accès sur Internet ? Pire, chaque coup porté à la liberté de pensée amplifie la publicité autour de ce qu’on voudrait cacher. La censure est l’expression ultime de la bêtise, elle provoque le contraire de l’effet recherché.

Cette volonté de régenter nos cerveaux est aussi un symptôme d’une société qui refuse d’avancer. Ce n’est plus le Makhzen qui pilonne, mais des mini-caïds qui croient savoir ce qui est bon pour autrui. Nous avons encore nos milices de la vertu qui s’autorisent à verbaliser (ou à bakchicher) le quidam qui s’achète un pack de Spéciale.

Les mêmes utilisent sans vergogne l’article 490 du code pénal, qui punit d’emprisonnement toute personne ayant des relations sexuelles hors mariage, pour rançonner les couples en voiture alors que la loi, par ailleurs en contradiction flagrante avec les pactes internationaux ratifiés par le Maroc, précise que l’infraction doit prouver la relation sexuelle.

La vertu a ses vices et la censure n’est plus l’apanage d’un arbitraire étatique mais un réflexe atavique. Nous avons inventé une censure diffuse, impalpable, fourbe. La censure est devenue la grimace de la vertu.

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