Déclaration gvt très (trop) générale. 4 chiffres en tt, pas de rupture alors que gvt alternance. Donnons leur le temps, mais vigilance. » Signé Ahmed Réda Chami, @Ahmed_R_Chami pour les tweetos, quelques heures après la déclaration de politique générale de Abdelilah Benkirane devant les parlementaires. Pas mieux !
C’est moins le regard du nouveau député USFP qui attire l’attention que l’analyse brève, incisive, et percutante – tweet oblige – du flamboyant ministre sortant de l’Industrie, du Commerce et des Nouvelles Technologies.
Voici donc épinglée, en moins de 140 signes, la tant attendue prestation de Benkirane. Au fond, tout est dit, et les exégètes qui se déploient dans toutes les gazettes et sur tous les médias audiovisuels depuis jeudi dernier pourraient s’en tenir là .
Poussons toutefois l’analyse au-delà du tweet, aussi pertinent soit-il. L’exercice de la déclaration gouvernementale est à l’évidence un exercice délicat. Devant quelque parlement que ce soit. De quelque chef de gouvernement qu’elle émane. La critique est aisée. Mais la contrainte, réelle.
L’opinion publique est toutefois en droit d’attendre de tout nouveau chef de gouvernement qu’il trace une feuille de route conforme aux engagements pris devant les électeurs. Et qu’il affiche, clairement, les voies et moyens qu’il entend emprunter pour atteindre les objectifs assignés à sa nouvelle équipe.
De ce point de vue, la prestation de Benkirane laissera plus d’un observateur sur sa faim. Non pas que le chef de gouvernement ait omis de balayer tous les sujets qui constituent autant de ces « fondamentaux » sans lesquels la politique marocaine ne saurait exister. C’est là un passage obligé.
Mais, à trop « balayer », à trop vouloir agréger ainsi, sans véritable hiérarchie ni mise en perspective, les multiples notes venues de tous les ministères et les amendements de la commission ad hoc – chacun s’efforçant de figurer en bonne place au palmarès des meilleures intentions –, la démonstration perd singulièrement en souffle.
Où est la rupture attendue ? La réponse se fait encore désirer. Pire, le risque est réel – alors même que la situation économique du Royaume, qui ne laisse guère de marge de manœuvre, semble niée par la nouvelle équipe gouvernementale – de voir un PJD incapable de répondre sur le terrain économique et social (où est passé le SMIG à 3000 DH ?) faire diversion, et donner quelques gages à son électorat, à la veille des prochaines échéances électorales.
Des gages qui, pour être crédibles aux yeux du socle de son électorat, pourraient demain impacter les libertés publiques. Celles-là mêmes que quelques zélés partenaires de l’Etat croient déjà devoir écorner, comme lors du récent Festival national du film marocain à Tanger, pour complaire au nouveau maître de la Primature.
Nous n’en sommes pas là . Une telle hypothèse mettrait en danger la cohérence de la majorité. Elle contreviendrait à la nouvelle Constitution. Et contredirait les engagements pris par Benkirane en personne.
Pour autant, le déni de la réalité économique (déficit budgétaire, déficit commercial, chômage, inflation, endettement…), qui obère toute ambition pour une meilleure compétitivité de l’entreprise Maroc, laisse planer un sérieux doute.
La moralisation de la vie publique et la fin de l’économie de rente constituent certes de louables objectifs, partagés par le plus grand nombre. Ils ne sauraient toutefois tenir lieu de seuls viatiques à un gouvernement qui a fait de la réforme son credo électoral.
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