Faut-il en rire ou en pleurer ? L’annonce, par Salaheddine Mezouar, de la création d’une « Coalition pour la démocratie » regroupant, aux côtés du RNI, du PAM, de l’UC et du MP, des formations aussi hétérogènes que le Parti travailliste, le Parti de la gauche verte, le Parti du congrès socialiste et… le Parti de la renaissance et de la vertu (PRV) – formé par d’ex-dissidents du PJD, salafistes purs et durs – , ressemble fort à un aveu de faiblesse.
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L’objectif, louable, de constituer une coalition en vue d’emporter l’adhésion des électeurs, sur la base d’un programme et de valeurs partagées, vaut pour toutes les compétitions démocratiques.
Les élections législatives auxquelles nous serons conviés le 25 novembre prochain mériteraient assurément une telle démarche. Avec la constitution de cette improbable coalition, dont l’un des associés s’est rallié à la toute dernière seconde, nous en sommes loin !
Annoncée comme « historique », elle l’est assurément en ce qu’elle semble avoir été concoctée pour garantir à ses conjurés une place au soleil dans le futur gouvernement. Rien dans les positionnements avérés de ses membres, et encore moins dans leurs valeurs respectives, ne permet de nourrir un programme cohérent, de nature à séduire des électeurs en attente de vrais changements au lendemain d’une période riche en débats et réflexions. Qu’y a t-il de commun entre Salaheddine Mezouar et l’inénarrable auteur de fatwas Abdelbari Zemzemi ?
A ce petit jeu – un peu de référence sociale, un peu de référence libérale, une touche de référence socialiste, un soupçon de référence verte, une petite pincée d’islamisme pour rester tendance auprès d’une population attachée aux valeurs fondamental… istes – , les membres de cette nouvelle coalition de circonstance prennent un bien grand risque. Ou plutôt plusieurs.
D’abord, celui de se heurter à l’incrédulité d’un corps électoral assurément plus éclairé que ses leaders politiques. Ensuite, celui de donner, demain, naissance à une majorité hétéroclite à l’israélienne. Effectuant ainsi un véritable hold-up électoral au détriment d’un débat démocratique transparent sur la base de convictions réellement partagées.
La symbolique ne justifie pas tout. La communication et le marketing politique encore moins. La recherche du plus petit dénominateur commun dans la profession de foi cosignée par les huit associés, de nature à ne mécontenter personne, témoigne d’une coupable indigence intellectuelle. On y cherche en vain la moindre idée susceptible, au-delà des poncifs éculés, de séduire une opinion publique en quête de renouveau.
Ajoutez à cela qu’à quelques encablures des législatives, on ne sait encore rien. Ni du découpage électoral ni des futurs candidats, et encore moins des programmes. Cela n’empêche pas nombre de ministres en exercice d’être déjà dans les starting-blocks, voire de battre la campagne.
Dans un mélange des genres pour le moins immoral, la moitié de nos ministres laissent ainsi vacantes leurs fonctions pour se mettre « au service de leur circonscription ». Comme l’autre moitié s’occupe de les soutenir dans leur précampagne, c’est un gouvernement fantôme qui expédie les affaires courantes. Au point de remettre la confection d’une loi de Finances aux calendes grecques. Les (dernières) illusions d’aujourd’hui pourraient bien nourrir les désillusions de demain.
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