Nous y sommes. Voilà très exactement un an que le nouveau code la route est entré en vigueur. « Pourvu que ça marche ! » titrait actuel sur sa couverture (n°62) en consacrant un dossier au long combat mené, souvent en solitaire, et alors courageusement, par Karim Ghellab.
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Nous y sommes. Un an plus tard, les statistiques des accidents de la circulation démontrent à l’envi le fiasco de la mise en œuvre d’un code qui se voulait exemplaire en termes de sécurité routière.
Surtout, la triple aggravation – sur la période du 1er octobre 2010 au 31 août 2011 – du nombre d’accidents mortels (+1,67%), du nombre de personnes tuées sur les routes ou en centre-ville (+0,32%) et du nombre de blessés graves (+2,72%), témoigne cruellement d’un triple échec, humain, politique, moral.
Echec humain. Les routes marocaines sont parmi les plus accidentogènes au monde ? Rien à f….. ! La route appartient aux barbares, sous l’œil bienveillant des forces de police ou de gendarmerie.
La peur du gendarme, ou du policier, n’aura duré que le temps d’un modeste trimestre. D’octobre à décembre 2010, le nombre d’accidents mortels (-22%) et celui des personnes tuées (-18,5%) auront effectivement baissé de façon significative. Et laissé espérer, enfin, une amélioration à moyen-long terme.
Celle-ci aura été de courte durée. Les automobilistes auront, sans tarder, repris leurs plus mauvaises habitudes. Retour à la loi de la jungle. Feux rouges franchis sans vergogne, stops grillés allègrement, comportements routiers totalement irresponsables : vitesse, dépassements par la droite, conduite sur la file de gauche, absence de clignotant lors de changements de direction, etc.
Conducteurs (et conductrices !) de voitures particulières, chauffeurs de taxis grands et petits, de camions, ou de bus et autocars : tous coupables ! Je roule, donc je suis ! Onze mois plus tard, le verdict est sans appel. Plus d’accidents, plus de morts, plus de blessés graves.
Echec politique. En imposant le nouveau code de la route, Ghellab n’a fait que la moitié du chemin. Ministère de l’Intérieur et Gendarmerie royale, dont la responsabilité est d’assurer la sécurité publique, y compris sur la route, se devaient de mettre en place les dispositions nécessaires pour veiller à la bonne application du code de la route.
Et imposer la force de la loi. Or, tout automobiliste sait aujourd’hui qu’il peut transgresser allègrement les règles les plus élémentaires du code de la route sans être outre mesure inquiété. Combien de points retirés sur les permis ? Combien de permis de conduire annulés ?
Combien de voitures de chauffards immobilisées ? Combien de poursuites engagées en justice pour conduite irresponsable ? Mystère. Circulez… y a rien à voir. Mutisme c omplet au ministère de l’Equipement et des Transports. Politiques aux abonnés absents…
Echec moral. Face à tant de comportements irresponsables, pour ne pas dire criminels de la part d’automobilistes inconscients, on aimerait que les pouvoirs publics fassent preuve de détermination pour – ainsi qu’il en est dans tout pays civilisé – que soit exercée l’indispensable répression à l’encontre des délinquants routiers.
Cette répression qui, seule, est en mesure de venir à bout des plus rétifs aux bons comportements routiers. De même, aimerait-on que les vœux pieux exprimés sur la lutte contre la corruption, toujours en vigueur, soient enfin exaucés. Nous en sommes loin !
Makassib ? Des morts et des blessés graves en plus grand nombre, Monsieur le futur ex-Premier ministre. Des morts et des blessés…
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