En Libye, une réincarnation de Néron, menace de faire sauter Tripoli si les rebelles prennent la ville.
En Syrie, une réincarnation de son père massacre chaque jour son peuple et envoie ses sbires attaquer les ambassades de pays qui soutiennent les insurgés du bout des lèvres.
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Dans la corne de l’Afrique, 10 millions de personnes sont menacées de famine par la pire sécheresse qu’ait connue la région depuis 1950.
Le Royaume-Uni est abasourdi en découvrant qu’un tycoon piratait les téléphones des élus qui lui déplaisaient pour en déverser le contenu dans ses torchons périodiques. Une pratique shocking qui en dit long sur une démocratie soit disant exemplaire, vérolée par une presse de caniveau.
La France qui nous avait habitués à une autre teneur dans ses débats démocratiques se passionne pour des rumeurs d’alcoolisme, de mari islamiste, des accusations de viol, de podofétichisme, et mesure à chaque édition de Paris Match le tour de taille de sa first lady. Pendant ce temps, ses soldats tombent comme des mouches dans un pays qu’aucune nation n’est parvenue à mater depuis Alexandre le Grand…
Dans les autres pays du continent, on joue à l’euro-domino. Après la Grèce condamnée à un régime sec pas très crétois, le Portugal joue un fado, l’Italie a des trémolos et la verte Irlande le blues. L’utopie technocratique de la monnaie unique est aujourd’hui remise en cause par certains des anciens adeptes.
Avec en bruit de fond, un relent nauséabond contre la grande Allemagne qui semble le seul pays à savoir tirer les marrons du feu. L’euro passera-t-il l’été ? Ou sa décomposition plongera-t-elle le monde dans une nouvelle crise…
Pendant ce temps, les agences de notation qui terrorisent l’Europe envisagent de dégrader les Etats-Unis si le Congrès ne parvient pas à trouver un accord pour relever le plafond de la dette. La plus grande puissance du monde est soumise au bon vouloir de ses créanciers, surtout chinois.
Avec 1  153 milliards de dollars, Pékin est de loin le premier détenteur de réserves de bons du Trésor américains. Des bons qui commencent à sentir mauvais pour une Chine qui a la hantise de se retrouver avec une montagne de titres dévalués. Et si l’empire du Milieu tousse...
Voilà où en est le monde en ce début d’été. Passons sur la situation en Palestine, oublions les soubresauts des révolutions tunisiennes et égyptiennes, zappons le bulletin de santé des présidents Saleh, Chavez ou Castro, et arrêtons de mesurer la radioactivité de Fukushima si l’on veut garder un semblant d’espoir dans cette planète.
Ce long printemps aura été fertile en bouleversements et en tsunamis, au sens propre comme au figuré. Et cet été s’annonce meurtrier. Le monde ne va pas bien. Et le Maroc n’a guère d’emprise sur ces secousses telluriques qui menacent le château de cartes de la mondialisation.
Mais nous pourrions au moins nous préparer, construire quelques digues, entamer des débats, réfléchir et agir. Les répercussions des soubresauts économiques et géopolitiques pourraient être un des enjeux du prochain scrutin électoral.
Mais vous n’y pensez pas. Une seule controverse agite actuellement la classe politique : la date des élections. Et accessoirement, le casting des candidats. La torpeur estivale et la digestion du référendum annihilent tout autre velléité de débat. Alors autant partir en vacances. Mais il n’est pas sûr qu’au retour, le monde soit dans le même état que celui dans lequel on l’aura laissé...
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