Depuis le 20 février, il n’est question que de nos jeunes, de leurs conditions de vie, de leurs difficultés d’accès à un emploi… Mais qu’en est-il de nos personnes âgées ? A trop les négliger, les pouvoirs publics pourraient bien être pris de court par un vaste mouvement de colère des retraités maltraités qui réclameraient plus de dignité et de pouvoir d’achat. Vu la vague contestatrice qui envahit la société, la gronde de cette frange de la population, sans cesse croissante, ne doit être ni écartée ni sous-estimée.
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A chaque fois que le débat sur la réforme du système des retraites rejaillit, il est aussitôt étouffé par les syndicats démagogues, les politiques carriéristes, les patrons opportunistes.
Le dossier qui traîne depuis 2003 constitue pourtant une véritable bombe à retardement. Tous nos gouvernants le savent : en l’absence d’une réforme systémique et d’une refonte de l’architecture globale, le secteur de la retraite court droit à la faillite.
Depuis les premiers signaux d’alerte en 2004, toutes les parties se rejoignent sur le diagnostic désastreux des régimes de retraite. En revanche, six ans de tractations, d’allers-retours, d’études actuarielles sans cesse actualisées, n’ont pas suffi pour dégager un consensus autour du scénario de réforme.
Pourtant, les mesures à prendre sont clairement identifiées et connues de tous : pour faire face aux mutations démographiques, il faut augmenter soit la durée de vie active, soit le niveau des cotisations… soit les deux. Sachant que la plupart des pays de l’OCDE ont opté pour le relèvement de l’âge de la retraite à 65 ans, pour rééquilibrer plus rapidement les régimes, le Maroc devrait s’acheminer vers cette voie.
D’ailleurs, l’annonce avait même été faite au moment de la préparation de la loi de Finances 2011, lancée comme un ballon d’essai, puis aussitôt abandonnée.
Il est vrai que réformer les régimes de retraites est un processus de longue haleine qui peut prendre des décennies. D’autant que ce sont des mesures politiquement périlleuses et socialement douloureuses.
Mais le propre d’un homme politique n’est-il pas de faire preuve de suffisamment de courage pour sensibiliser, convaincre et mettre en œuvre des réformes de fond, au risque de voir sa popularité s’effriter. C’est à ce prix que l’on mesure la carrure d’un homme politique.
Et c’est ce que l’on attend du prochain gouvernement « responsable ». La réforme des retraites pourrait, à cet égard, constituer un test pour la prochaine équipe dès le lendemain des élections. Forte d’une majorité doublée d’une crédibilité politique, elle a tout intérêt à inscrire, au top de ses priorités, la réforme des retraites, et à veiller à la mise en œuvre rapide des mesures, aussi douloureuses soient-elles.
Mais pour réussir cet examen de passage, il faut rompre avec cette quête permanente du consensus derrière laquelle se sont cachés les gouvernements antérieurs, et qui s’est traduite par l’immobilisme.
Plus que jamais, le temps est compté. Et les chances de sauver des régimes aux déficits abyssaux s’amenuisent de jour en jour. Le prochain gouvernement devra garder à l’esprit qu’au-delà des ratios financiers et des variables techniques, c’est de qualité de vie et de dignité humaine dont il est question.
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