Des dossiers en veux-tu en voilà , des personnalités publiques jetées en pâture à la presse, des élus de seconde zone et des lampistes poussés à la barre pour de menus larcins. Que cache ce ramdam ?
A chaque époque ses hommes politiques, à chaque homme politique ses méthodes. Basri nous concoctait chaque année, à la même période, un scandale à la mesure des attentes : la campagne d’assainissement, l’affaire Tabit, etc. Hamidou Laânigri a été chargé de fabriquer des cellules terroristes selon un agenda imaginé à Washington, qui visait à enterrer les islamistes.
Des cellules dormantes pour endormir l’opinion publique. L’idée est peut-être géniale mais il va falloir imaginer une nouvelle IER avant de relâcher dans la nature ces milliers d’islamistes qui rêvent désormais d’en découdre avec l’Etat.
La définition de l’immobilisme (refus de la transformation, du progrès...) correspond parfaitement à la période que nous vivons aujourd’hui.
Le vent de liberté qui souffle sur le Royaume se heurte aujourd’hui à l’opposition plus ou moins résolue de ceux qui se sont longtemps « sucrés » grâce à des monopoles et des avantages acquis. Politiques et affairistes confondus.
Combien d’erreurs managériales ont été imputées à la théorie du complot ou encore à la conjoncture, déresponsabilisant ainsi ceux qui les avaient commises ? Une façon commode de faire oublier l’incapacité des « élites » à prévoir et à composer avec ces bouleversements politiques majeurs qui secouent le monde arabe. Pourquoi cela paraît-il plus dangereux aujourd’hui que jadis ?
Tout simplement parce que ces transformations et autres révolutions sont devenues plus complexes, et que le temps nous est compté. Que des politiciens braquent un œil sur les grondements de la rue et l’autre sur leur carrière, qui pourrait le leur reprocher ?
Mais que la jeunesse du 20-Février cultive la recherche du bouc émissaire, le culte de l’opinion publique à l’état brut, qu’elle se contente de caresser le populisme ambiant dans le sens du poil, voilà qui nous fait redouter des succédanés pires que le vide politique actuel.
Les dérives sont palpables : de cet appel à « stopper les transferts de devises vers le Maroc » lancé par le président de la Plateforme intercontinentale des MRE à l’accusation de complot brandie par les jeunes du 20-Février en passant par le boycott des festivals sous prétexte qu’on y gaspillerait l’argent du peuple.
On parle du mouvement arabe comme d’une révolution. Soit. Sauf que la bataille pour les droits de l’homme, réduite à des slogans incantatoires, n’a jamais apporté la preuve qu’elle pouvait déboucher sur un modèle de société viable.
Dans ce cas de figure, les rapports sont envisagés exclusivement en choc des radicalités. A un moment où nous avons le plus besoin de réinvestir la nation, non pas contre, mais avec elle.
Le pays ne peut s’en sortir que si le 20-Février fait corps avec la nation, et se dote d’une identité progressiste claire, d’une feuille de route précise, conçue en accord avec les autres partenaires politiques. Il a pour cela l’énergie qu’il faut, cet élan qui peut faire du Maroc de demain une valeur sûre.
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