Le vent de protestation qui souffle et bouscule les rĂ©gimes autoritaires au Proche et au Moyen-Orient comme Ă l’est du Maghreb sĂ©duit autant qu’il inquiète. La chute d’un Ben Ali ou le dĂ©part d’un Moubarak rĂ©pondent Ă
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un irrépressible rendez-vous d’un peuple avec son Histoire. Des décennies de régime liberticide finissent toujours par aiguiser les consciences. Et, quoi qu’il en coûte, libérer la parole.
Celle qui s’exprime de Tunis au Caire, d’Alger à Tripoli, de Manama à Sanaa, de Téhéran à Damas, dans la rue ou sur les réseaux sociaux, n’est certes pas homogène. Elle traduit, ici et là , des situations contrastées, des revendications multiples, des attentes légitimes.
Tolérée ou réprimée, elle interpelle le reste du monde. L’onde de choc qui parcourt ces pays voisins - si proches, si lointains – ne suscite pas seulement l’intérêt de « la communauté internationale », elle nous interpelle tous, individuellement ou collectivement. Le nier serait faire insulte à notre conscience. Et à notre intelligence.
Au petit jeu du domino, si prisé par nos partenaires occidentaux, le Maroc joue gagnant. L’attachement du peuple marocain à son roi constitue le rempart le plus solide à toute situation aventureuse. L’effet domino n’est donc pas d’actualité.
Le champ des réformes initiées ou engagées, l’espace de liberté(s) dont jouissent les acteurs de la société, civile ou politique, le développement économique porté tant par la puissance publique que le secteur privé, font de notre pays une nation qui avance, en dépit des turbulences économiques ou financières internationales, pour satisfaire aux attentes de ses citoyens. Mais si l’effet domino est à écarter, il n’est pas certain que tout effet papillon soit à ignorer.
Il serait bien imprudent de ne pas porter attention à ce qu’exprime ces jours-ci une partie de la jeunesse au cœur des réseaux sociaux. On reste à cet égard confondu par la violence des réactions que suscite l’appel à manifestation pour ce dimanche 20 février.
Ceux-là mêmes qui se réjouissent, ou feignent de se réjouir, du vent de liberté qui s’est exprimé en Tunisie ou en Egypte, sont parfois les plus violents dans la condamnation d’un projet de manifestation(s) susceptible de porter quelques revendications dans la rue. Une violence au vocabulaire outrancier, que rien – et surtout pas la quête d’un indispensable débat – se saurait justifier.
Les menaces, les intimidations, les procès d’intention n’ont jamais fait avancer le débat. De quoi faudrait-il avoir peur ? De voir porter sur la place publique ce dont nos responsables politiques s’accommodent depuis trop d’années avec tant de talent et de constance ?
Faut-il être si peu convaincu de la justesse de sa politique pour craindre ce débat souhaité aujourd’hui par une jeunesse fidèle à son roi, mais impatiente de voir son pays concrétiser des réformes singulièrement inachevées !
L’avenir du Maroc vaut assurément mieux que des insultes ou des anathèmes. D’où qu’ils viennent. Pas plus qu’il ne se règle par le seul jeu du doublement d’une caisse de compensation, ou du recrutement de quelques diplômés chômeurs… C’est de politique dont nous avons besoin. C’est elle qui, aujourd’hui, fait le plus défaut. Et nourrit les impatiences. Jusqu’à quand ?
EXERGUE :
Faut-il être si peu convaincu de la justesse de sa politique pour craindre le débat ! |