Six cents ? Mille ? Des milliers ?... Combien de victimes sont-elles d’ores et déjà tombées sous les balles de Kadhafi ? Au fond, peu importe le décompte macabre de cette folie meurtrière. Mouammar Kadhafi apparaît pour ce qu’il est – et ce qu’il a toujours été – un pseudo-révolutionnaire sanguinaire qui, pour asseoir son pouvoir, et faire main basse sur la manne pétrolière et gazière,
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au profit de sa tribu et de son clan, n’a cessé d’exercer un contrôle absolu sur un pays qu’il a fait sien au terme d’un putsch voici 42 ans. Partis politiques interdits, presse muselée, libertés individuelles bannies, opposition sévèrement réprimée… Le kit du parfait petit dictateur, au service d’un terroriste mythomane aux ambitions africaines démesurées. Un colonel d’opérette, entourée d’amazones puissamment armées, devenu soudain plus fréquentable au prétexte qu’il serait apparu comme un rempart face à la montée de l’islamisme radical, doublé d’un agent local zélé au service d’une lutte européenne contre l’immigration clandestine
Le discours pathétique du leader libyen, servi dans une mise en scène paranoïaque, rappelait furieusement cette scène, relevée par France 24, du film Le dictateur où l’on voit un Charlie Chaplin au sommet de son art, caricaturer un Hitler en Führer démoniaque. Même intonation de voix, même gestuelle, même délire verbal… Et là , soudain, apparaît dans toute la cruauté de la scène, le splendide isolement dans lequel vient définitivement de s’enfermer celui qui n’est plus que l’ombre d’un dirigeant aux abois
Parce que, comme le criait cette semaine un manifestant à Benghazi, « le mur de la peur est tombé », Kadhafi – qui voit déserter nombre de ses affidés – ne sera plus longtemps en mesure de « capturer les rats » et de « purger le pays maison par maison » (sic).
Quand une société est trop longtemps tenue sous le joug de « comités révolutionnaires », résignée à un équilibre précaire savamment entretenu entre des tribus soumises à allégeance, asservie à un pouvoir personnel s’appuyant sur un implacable réseau sécuritaire, vient inéluctablement le temps où le régime ainsi imposé se trouve confronté à l’émergence d’un large mouvement avide de réformes et de liberté. Ce temps-là , en Lybie, semble venu.
A cet instant, revient en mémoire les paroles d’une Rama Yade, alors Ssecrétaire d’Etat aux Droits de l’homme, à la veille de la visite à Paris d’un Kadhafi triomphant : « Le colonel Kadhafi doit comprendre que notre pays n’est pas un paillasson, sur lequel un dirigeant, terroriste ou non, peut venir s’essuyer les pieds du sang de ses forfaits. La France ne doit pas recevoir ce baiser de la mort. » C’était en décembre 2007. Mais la ministre française s’est retrouvée bien isolée face à la realpolitik française et européenne.
Le maître d’œuvre des attentats de Lockerbie (270 morts en 1988 dans l’avion de la Pan Am au dessus de l’Ecosse) et contre un avion français au-dessus du Niger (170 morts dans un vol UTA en 1989) a pu quelque temps duper la communauté internationale en se drapant dans un costume plus conforme aux relations diplomatiques. Mais le masque n’a pas tenu longtemps face aux revendications exprimées au sein de son propre pays qu’il croyait tenir d’une main de fer, faisant éclater les structures de pouvoir traditionnelles. Le ralliement de certains chefs de tribu à l’opposition est là pour témoigner de l’isolement grandissant du leader de Tripoli. Un isolement qui pourrait, le temps venu, le conduire devant la justice pénale internationale. Ainsi doivent finir les dictateurs.
Exergue :
Mouammar Kadhafi apparaît pour ce qu’il est : un pseudo-révolutionnaire sanguinaire.
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