Cent mille euros par mois ! Plus de 14 millions de dirhams par an, hors primes et avantages divers. Qui dit mieux ?...Heureux Chamakh qui ne fait pas seulement rêver les accros du foot ! Oublions Chamakh dont le salaire – comme celui des grandes stars du foot, ou du sport mondial – pourrait être considéré comme une insulte au bon sens. S’ils en rêvent, nos footballeurs sont confrontés à une tout autre réalité. Les ressources des clubs demeurent encore modestes et leur politique salariale très en deçà de celle pratiquée chez nos voisins méditerranéens les plus proches. L’enquête exclusive réalisée cette semaine par actuel démontre à l’envi que le sort de nos stars du ballon rond – exception faite de quelques joueurs – ne ressemble en rien à celui de leurs homologues étrangers.
Faut-il s’en étonner ? Il en est, après tout, des footballeurs comme des autres salariés. La notion de salaire est fragile. Une fragilité universelle selon que l’on se place du côté de l’employeur, ou de l’employé. D’un salaire, on attend d’abord qu’il soit juste. C’est-à -dire qu’il corresponde, au minimum, au marché. Et qu’il prenne en compte les éléments de qualification, d’expérience, d’ancienneté. Et, à l’évidence, l’environnement économique où s’inscrit tel ou tel secteur d’activité. Bref, qu’il ne soit susceptible de souffrir d’aucun soupçon d’iniquité.
Les entreprises marocaines ont amplement progressé sur cette voie au cours de ces dernières années. Et les nouvelles directions des ressources humaines des grandes entreprises, industrielles ou de services, s’appliquent à mettre en œuvre des politiques en phase avec les meilleures pratiques internationales. Il n’est pas sûr toutefois que ces bonnes pratiques soient communément partagées par la majorité de nos entreprises. Et les débats qui traversent les partenaires sociaux ont parfois de quoi surprendre.
Trois exemples nourrissent ces jours-ci la question des salaires. On est ainsi en droit de s’interroger sur le comportement de ces employeurs qui se sont refusés à répercuter la baisse de l’IGR. Quand le gouvernement s’attache là à soutenir le pouvoir d’achat des salariés, singulièrement des plus modestes, on n’attend pas des employeurs qu’ils en conservent le bénéfice pour améliorer leurs marges ! De même peut-on regretter de voir se multiplier les cas de ces employeurs qui, prétextant une baisse de l’IGR, s’affranchissent de toute revalorisation de salaire. Enfin, tout salaire impliquant cotisations sociales, on reste parfois confondu devant le nombre des manquements observés, au détriment qui de la CNSS, qui de la caisse de retraite, qui de la mutuelle… C’est avoir une bien piètre idée de sa responsabilité sociale – à l’égard des organismes sociaux comme des salariés – que de manquer à cette obligation. Or, force est de constater que nos entreprises n’hésitent pas parfois à s’en affranchir, souvent en toute impunité.
Le débat engagé sur l’idée d’un smic régional ou sectoriel ne manque pas également de surprendre. Certes, certains acteurs économiques peuvent être tentés de surfer sur le thème très tendance de la régionalisation. Mais la Nation peut-elle s’assujettir à une disparité salariale fondée sur le seul lieu de résidence ? C’est toute la cohésion sociale, déjà fragilisée, qui serait alors menacée.
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