A quoi reconnaît-on un bon maire ? En grande partie à sa capacité d’imprimer sa marque sur sa ville. Et à son aptitude à répondre aux problèmes de ses concitoyens. Ces derniers se tournent d’abord vers l’élu de proximité. Au Maroc, les maires ont de la chance : les besoins sont tels qu’ils ont un espace immense pour apposer leur empreinte sur la cité.
A Fès, les fontaines « son et lumière » de Chabat sont devenues l’emblème de l’édile. Le pittoresque maire istiqlalien incarne sans conteste une ville qu’il a su embellir et qu’il dirige d’une main de maître. Il est adulé par la médina et respecté par la bourgeoisie. A l’instar d’un Georges Frêche, grand provocateur de l’autre rive, on lui pardonne ses excès quand on évalue ses résultats.
Que retiendra-t-on de Sajid ? Les grosses boules de pétanque plantées sur la corniche ? On espère qu’à l’issue de son deuxième mandat, le maire UC laissera un souvenir plus probant de son passage, au regard des immenses chantiers que la capitale économique mérite. Mais force est de constater qu’après avoir été (mal) élu, l’homme fort de la capitale économique peine à s’imposer, sauf quand il gèle les processus de décision en bloquant les délégations de signature.
À sa décharge, reconnaissons que sa marge de manœuvre est limitée par le wali et par une agence urbaine omniprésente qui décide de l’avenir de Casablanca dans une relative opacité. Et au moins le maire de la ville blanche donne de sa personne et reste présent sur les événements importants qui jalonnent la vie de la cité.
On ne peut pas en dire autant du jeune maire PAM de Tanger qui brille par son absence à laOn ne peut pas en dire autant du jeune maire PAM de Tanger qui brille par son absence à la tête de la cité du détroit. Que retenir de ses rares apparitions après huit mois de mandat ?
Qu’il change souvent de coiffure mais pas de cravate ! Maigre bilan. Les Tangérois ont élu un fantôme. Peut-être travaille-t-il dans l’ombre, comme l’affirment ses partisans. Mais ce n’est pas ce que les citoyens demandent à un maire. L’élu de proximité doit être disponible et rester à l’écoute de ceux qui l’ont choisi. S’il ne se ressaisit pas, le maire invisible de Tanger est en passe de devenir la plus belle erreur de casting du PAM.
Sa jeunesse explique-t-elle cette apparente immaturité ? Du même parti et d’un an sa cadette, Fatima-Zahra Mansouri prouve, elle, que la valeur n’attend pas le nombre des années. Elle s’attelle avec courage et détermination à faire enfin le ménage dans la ville ocre. Il est vrai quesa marge de manœuvre est facilitée par l’absence d’un tuteur trop envahissant. À Marrakech, le prochain wali devra composer avec une première magistrate légitimée…
Ce bref tour du Maroc prouve que c’est bien l’homme - ou la femme - et pas le titre qui fait la fonction. Handicapé par un système électoral bancal, bridé par des administrations pesantes, ligoté par des alliances parfois contre nature, le maire peut facilement se transformer en chef de pacotille.
Mais un élu charismatique, décidé, peut vraiment faire bouger les choses. À condition d’être bosseur, bien sûr.
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